31 janvier 2012

Un Traité pour enfoncer l’Europe dans la crise

Attac | 30 janvier 2012 

« Tourner la page de la crise de la dette », c’était le mot d’ordre du Sommet européen qui s’est achevé lundi à Bruxelles. Tout porte à croire qu’il s’apprête au contraire à enfoncer d’un cran supplémentaire l’Europe dans l’austérité, la récession, la crise économique, sociale et démocratique.

A l’issue du Sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement sont tombés d’accord sur le nouveau Traité. Ce « Pacte fiscal » est censé peaufiner un arsenal anti-crise dont on a jusqu’à présent pu constater l’efficacité avec le naufrage sans fin de la Grèce. Il s’apprête en fait à en imposer et en généraliser les « potions amères » à l’ensemble de l’Europe.

L’austérité s’avère-t-elle à la fois destructrice et injuste, partout où elle est mise en œuvre ? Elle sera désormais gravée dans le marbre d’un Traité qui organise la surveillance des budgets nationaux par des instances technocratiques, au mépris de principes démocratiques élémentaires. Et qui impose, au prétexte de « rassurer les marchés », l’inscription dans les législations nationales d’une politique économique qui mène l’Europe droit dans le gouffre.

Inutile de préciser que l’adoption de ce nouveau Traité ne fera pas l’objet d’une consultation démocratique. Il faut dire que les dirigeants européens ne semblent plus faire grand cas de la démocratie. En témoigne l'arrivée au pouvoir, dans les pays en crise, de dirigeants ayant la confiance des marchés pour leur capacité à imposer la mise en œuvre de plans d'austérité… ou encore les déclarations récentes du ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui évoque une nécessaire mise sous tutelle européenne de la Grèce avec droit de véto sur les décisions de politiques économiques.

« Tourner la page de la crise de la dette » ? C’est tout le contraire. Véritable krach démocratique, le nouveau Traité de Sarkozy et Merkel enferme l’Europe dans un cercle vicieux et destructeur, qu’il est désormais urgent de rompre. A cet effet, les mouvements sociaux, porteurs de véritables alternatives économiques, sociales, écologiques et démocratiques, doivent se mobiliser massivement en France et en Europe pour changer la donne.

C’est pourquoi Attac développe en France, avec le collectif d’audit citoyen de la dette, une vaste campagne d’éducation populaire pour avancer de véritables alternatives à la crise, et c’est pourquoi Attac sera au côté des mouvements sociaux européens, réunis la deuxième quinzaine de Mai à Francfort, pour protester devant la BCE contre les politiques iniques de l’austérité généralisée.

Attac France,
A Paris, le 31/01/12



En savoir plus sur la campagne d’Attac sur l’audit citoyen de la dette publique : http://www.france.attac.org/sortir-du-piege-de-la-dette

Sénégal: WADE met le feu au village

Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l'Afrique (MOLTRA)| samedi 28 janvier 2012

Sénégal: Abdoulaye WADE met le feu au village

Par Komla KPOGLI

Abdoulaye Wade vient de faire valider sa candidature par la "Cour constitutionnelle" qui, du coup, a écarté celle du chanteur Youssou N'dour. Aussitôt après cette décision de la cour, et c'est prévisible car Wade a décidé de violer la Loi fondamentale, le pays s'est enflammé. Des villes et des quartiers de la capitale, Dakar s'insurgent contre cette double parodie de justice qui valide d'un côté une candidature qui ne devrait pas l'être et invalide celle qui devrait être validée. Ces manifestations ont déjà enregistré au moins un mort et de lourds dégâts matériels.

Dans la culture africaine, une personne âgée ne met pas le feu à la case. Elle ne divise pas la maison. Elle ne monte pas les membres de la famille les uns contre les autres. Elle ne détruit pas le village avant de rejoindre les ancêtres. A fortiori le pays. A 86 ans, Abdoulaye Wade fait exactement le contraire et montre combien ces laquais à qui on a confié la direction des territoires africains ont rompu avec notre peuple. Bien sûr que c'est une gageure que de croire que son départ à la tête du Sénégal ferait de ce territoire, un pays libre où le peuple jouera un rôle dans les décisions. Bien sûr que le départ de Wade à la tête territoire du Sénégal ne signera pas la fin de son rôle de point focal de la françafrique d'où part très souvent des mauvais coups que la France assène à l'Afrique. Mais en forçant le passage, Wade renforce le système et fragilise davantage la renaissance africaine qu'il aime tant vanter.


Cette attitude butée de Wade confirme la nécéssité pour nous de globaliser le combat, de renforcer les instruments de lutte dans une solidarité agissante car aucun peuple ne peut sortir seul face au système colonial. Le cas du territoire de Côte d'Ivoire est là pour nous le rappeler.


Komla KPOGLI

L’âge de faire la transition…

 Le Lot en Action | 5 janvier 2012 | par Bluboux

L’âge de Faire c’est une association, qui publie un mensuel national du même nom, tiré à 4.000 exemplaires et diffusé de façon militante. L’équipe de L’âge de Faire est un peu la « marraine » du Lot en Action. Leur ligne éditoriale est d’ailleurs très proche de la nôtre : « écologie, citoyenneté, solidarité »… ou encore « Je peux, tu peux, il peut… nous pouvons changer, notre monde peut change ! Entrons dans l’âge de faire ! ». Depuis plusieurs années ils relayent les initiatives citoyennes qui naissent et grandissent en France et sont évidemment un maillon important de la Transition.
Nous sommes nombreux à réfléchir, inventer et travailler sur cette transition, puisque la relocalisation de l’économie, la remise en question de nos modes de consommation est au cœur des préoccupations des citoyens qui ont compris que les solutions ne viendront ni des acteurs économiques majeurs, ni des responsables politiques actuels. L’équipe de l’âge de faire lance un vaste projet, totalement délirant mais tellement simple qu'il en devient génial, en faisant appel aux citoyens pour qu’ils créent eux-mêmes les outils indispensables au développement de l’économie solidaire en France, dans nos régions, nos départements, nos cantons. Nous vous livrons ici un résumé de ce plan ESSE (économie sociale solidaire et écologique) et vous invitons à consulter leur site internet pour en savoir plus .


Le Plan ESSE

La sortie durable des crises écologique, sociale et financière, toutes liées à la répartition injuste des richesses et à notre niveau de consommation excessif, passe inéluctablement par un changement profond de nos pratiques économiques et de nos modes de vie. L’économie sociale et solidaire qui doit aujourd’hui intégrer l’écologie à ses valeurs (ESSE), a vocation à participer largement à cette mutation. Créer les conditions d’une évolution ambitieuse et significative de son emprise (passer en 20 ans des quelque 8 % actuel du PIB à 35 %), tel est la raison d’être du Plan ESSE.

Le projet est étonnamment simple, eu égard aux enjeux et aux changements que l’on est en droit d’en attendre. De manière résumée, on distingue 3 axes d’actions complémentaires et coordonnées :

1) Localement, à l’échelle d’un territoire restreint, (le canton par exemple, qui est à taille humaine), attachée à un lieu dénommé Maison de l’ESSE, une association de citoyens motivés et d’associations ouvertes à la mutualisation, crée un emploi qualifié*. Avec lui, ils vont progressivement établir des conditions propices à un fort développement d’initiatives citoyennes, d’activités économiques et autres, en privilégiant les urgences écologiques, sociales et humanitaires, ainsi que l’émancipation et l’épanouissement humain. La relocalisation des productions et des échanges sera toujours privilégiée. Ce modèle économique souffrant principalement de n’être pas assez connu, il conviendra d’abord de relayer localement la campagne permanente d’éducation populaire à l’ESSE lancée par ailleurs au niveau national, tâche grandement facilitée par la mise à disposition d’outils adéquats d’emploi facile.

2) Au niveau national, le Plan ESSE favorise l’essaimage en mettant à disposition des acteurs de terrain :
a) Un mensuel national très grand public à fort tirage initial (300 000 ex.), diffusé localement à petit prix (0.20€) par un réseau de coopérateurs (sur le modèle de l’âge de faire qui a fait ses preuves : 1700 personnes ont contribué à son succès). Un numéro zéro est en chantier et doit sortir au printemps 2012.
b) Un site Internet local propre à chaque territoire, lui aussi pensé pour devenir très populaire en répondant d’abord aux attentes de la population tout en intégrant bien sûr un contenu informatif, contributif et interactif sur les possibilités d’implication de chacun dans le développement local de l’ESSE. Un prototype est en chantier pour être testé au printemps 2012.
c) Des visuels beaux et pertinents (logo, flyers, banderoles, fond de stand… pour donner de la visibilité et faciliter l’essaimage des valeurs de l’ESSE au sein de la population.
d) D’autres outils sont prévus et d’autres à inventer pour compléter la caisse commune à toutes les Maisons.

3) L’ALLIESSE, alliance nationale, regroupe de manière informelle toutes organisations, syndicats, associations… concernés par cette dynamique, afin de porter à la connaissance de leur réseau ce Plan ESSE, de manière attrayante, pour contribuer ainsi au recrutement des participants.
La France comptant plus de 4000 cantons, le Plan ESSE consiste donc à mailler progressivement le territoire national d’un réseau de Maisons, avec tous les avantages et la puissance d’action correspondants, ainsi que la satisfaction de savoir qu’ailleurs, beaucoup agissent de concert pour la réalisation d’un objectif global commun. Une structure nationale, SCIC probablement, ouverte aux associations volontaires, sera créée au moment opportun afin de gérer le projet dans sa phase exécution au niveau national. En se réappropriant progressivement l’économie, nous allons la relocaliser et la réorienter vers les vrais besoins de manière durable, au service des peuples dans le respect de leur environnement.


1) Dix personnes suffisent à initier le projet sur un territoire.

2) Il faudra 10 000 coopérateurs pour lancer le mensuel, cela fait en moyenne 3 personnes par canton.

3) Le financement : de l’ordre de 3000 € par mois seront nécessaire au fonctionnement de chaque Maison. Après une période de démarrage aidée (subvention, un an ?), le temps de faire connaître et de donner l’envie du lieu aux habitants, il est prévu un financement local, autonome pour le fonctionnement des Maisons et plusieurs sources sont envisagées : contributions citoyennes (petits dons à partir de 5 €/mois) mais aussi des ressources directes générées par la rémunération des actions de relocalisation et de soutien à la création d’activités économiques. L’économie solidaire est aussi avantageuse économiquement pour les consommateurs.
4) Une formation est prévue pour les animateurs.


En conclusion

Il s’agit d’un projet très concret pour amener ce modèle économique bienfaisant, où homme et nature font bon ménage et sont respectés, à gagner du terrain de manière significative face au modèle dominant.

Le Plan ESSE considère le changement d’économie comme un passage obligé vers les indispensables remises en question de nos modes de vie, notamment notre addiction à la consommation par la redéfinition de nos vrais besoins et, autant que possible, leur relocalisation.

Le Plan ESSE considère que le principal obstacle au développement de l’ESSE est la méconnaissance de ses vertus auprès du plus grand nombre.

Il innove en ce qu’il considère comme essentiel d’associer à cette transition :

1) En tant que porteurs du projet, toutes les sensibilités du monde associatif concernées par le devenir de la planète et des peuples, la plupart étant confrontées dans leurs actions au même « mur de l’argent ».

2) En tant qu’interlocuteur de la campagne de sensibilisation, l’ensemble de la population, sous peine de se cantonner encore à des cercles de convaincus. Pour cela seront créés des outils et un dispositif adaptés décrits plus loin, indispensables à une vraie campagne permanente d’éducation populaire ciblant toutes les couches sociales. Ce faisant, seront stimulée les valeurs humaines dont sont riches les populations habituellement en marge des alternatives.

3) Il innove encore dans l’option citoyenne retenue pour le financement du fonctionnement des Maisons.

Le Plan ESSE n’est pas une proposition d’alternative sur une problématique particulière mais un dispositif ouvert, polyvalent et puissant pour généraliser progressivement toutes les alternatives. Il s’agit de construire ensemble une infrastructure favorisant fortement le développement d’initiatives de toutes sortes, économiques bien sûr mais aussi citoyennes, environnementales, humanitaires, caritatives, culturelles…

C’est une offre de service aux porteurs de projet de toutes tailles souhaitant étendre leur influence. Tous en ont besoin pour grandir sans qu’aucun ne soit en mesure de le créer seul.

Le Plan ESSE est simple eu égard à son ambition. Ce n’est pas un gros projet mais la réunion de beaucoup de petits projets identiques. Une dizaine de personnes motivées suffiront à lancer le projet et le rendre désirable sur leur territoire (canton ?) avant d’être rejoints et d’essaimer. Il est réaliste pourvu qu’il soit porté rapidement (sans gros moyens) à la connaissance du plus grand nombre. Vous pouvez aider à impulser cette initiative vitale de diverses manières :
• en adhérant à l’ALLIESSE en tant que structure : associations, éditeur presse, coopérative…
• en diffusant la présentation résumée du projet à vos lecteurs, dans vos réseaux, à votre entourage, par un lien entre sites Internet, sur Twitter, Facebook et autres réseaux...
• en participant aux forums, liste de discussion pour faire part de vos remarques, connaissances et expériences…
Bien compris, le plan ESSE est porteur d’espérance voire d’enthousiasme. Il s’adresse à vous, à tous et ne réussira qu’avec votre participation à sa large diffusion.

FMI Niger main basse sur les ressources

CADTM | 30 janvier | par Pauline Imbach

Comment le FMI fabrique la misère et la cache sous le tapis ?

Du Niger à l’Islande : petit voyage en compagnie de Christine Lagarde

Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), s’est rendue au Nigeria, puis au Niger du 18 décembre au 22 décembre 2011. Sa visite au Niger avait pour objectif d’ « assurer l’avenir économique du Niger dans une conjoncture mondiale incertaine ». Pour cela, un véritable tapis rouge a été déployé : Mme Lagarde a pu rencontrer des représentants des institutions financières et du secteur privé, prendre part à un conseil des ministres et prononcer un discours à la chaire de l’Assemblée Nationale. Pas étonnant dans ces conditions qu’elle se dise « très satisfaite du degré de coopération du partenariat qui existe entre le Niger et le FMI. Nous sommes en accord sur l’essentiel ».

Qu’importe la langue de bois, main basse sur les ressources

A Niamey, devant le président nigérien Mahamadou Issoufou, Christine Lagarde a déclaré que « le Niger se trouve à un moment décisif de son évolution (...) Il faut se rendre à la difficile évidence que relativement peu de pays ont réussi à bien gérer leurs ressources naturelles » dénonçant « les investisseurs peu scrupuleux qui ont investi au détriment des populations locales ». Pour le FMI la solution réside alors dans l’utilisation « avec intelligence et précaution, [de façon] durable et soutenable, des ressources naturelles au bénéfice du plus grand nombre ».

Ce n’est pas un hasard si pour sa première visite en Afrique Mme Lagarde, ancienne ministre française de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, s’est rendue au Niger. Ancienne colonie française, le pays constitue le pré-carré de la Cogema puis d’Areva qui, depuis des décennies, exploitent de manière peu scrupuleuse l’uranium. Le nucléaire, question clé de la campagne présidentielle française de 2012 a très largement besoin de l’uranium nigérien : près d’un tiers de l’uranium des centrales nucléaires françaises provient du Niger. Le pays est le premier fournisseur d’Areva : la moitié de sa production de 2010 était assurée par ses sites nigériens ... La multinationale française loin d’exploiter les ressources du Niger de manière intelligente, durable, soutenable, et au profit du plus grand nombre est largement responsable d’un énorme scandale écologique et social. En décembre 2003, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) a effectué une mission scientifique au Niger afin d’enquêter sur l’impact radiologique des activités d’extraction de l’uranium conduites depuis plus de 40 ans par des filiales du groupe Areva. « Bien que le matériel de mesure ait été confisqué par les autorités, [cette enquête a permis de] mettre en évidence des pollutions radioactives manifestes, dans la région des villes d’Arlit et Akokan notamment. Les travailleurs des mines d’uranium sont exposés à la radioactivité, mais la contamination de l’air, de l’eau, des sols, au voisinage des mines expose en réalité l’ensemble de la population à des radiations. Il s’agit de faibles doses, mais qui peuvent à la longue avoir des conséquences sanitaires multiples. » |1|

Last but not least, le Niger est devenu en novembre 2011 producteur de pétrole avec des sites de forages dans l’est du pays.

Grâce à la surexploitation de ses ressources naturelles et à l’abandon de sa souveraineté politique et économique, le Niger pourrait connaître en 2012 l’une des plus fortes croissances économiques du monde (14%) ... de quoi faire des envieux dans le contexte de marasme économique mondial.


Austérité mon amour

Lors de sa visite, Mme Lagarde s’est également rendue à Boubon, à l’ouest de Niamey, où elle a rencontré des potières qui font la renommée de ce village. Elle y a joyeusement déclarée que le FMI « n’est pas seulement une institution désincarnée qui prescrit des mesures d’austérité à travers le monde » il est « très sensible aux particularités » de chaque pays ... Malheureusement pour Madame Lagarde, le FMI ne trompe aujourd’hui plus personne, et si c’est dans les vieux pots qu’on fait les bonnes soupes, cette visite au Niger n’annonce rien de bon pour la population qui va une fois de plus payer les pots cassés des mesures d’austérités drastiques.

Le Niger est l’un des pays les plus pauvre de la planète avec 16 millions d’habitants dont six millions sont menacés par la famine. Il apparaît quelque peu cynique pour la directrice générale du FMI d’expliquer que la pauvreté et la famine sont le fâcheux résultat d’une mauvaise météo : « la vie n’est pas toujours facile, je sais que les questions alimentaires en particulier sont un vrai problème, la saison des pluies a été faible ». Le FMI ne fait pas le beau temps et il est en grande partie responsable de la crise alimentaire qui touche de nombreux pays du Sud. Dès le début des années 80, le FMI et son amie la Banque mondiale ont contraint les pays du Sud à adopter des politiques d’ajustement structurel qui se sont révélées dramatiques à de nombreux égards : réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, fragilisation des économies par une extrême dépendance aux évolutions des marchés mondiaux, forte réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de base, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales… |2|


Du Sud au Nord, le FMI est responsable de la crise

Le FMI semble s’inquiéter d’une « conjoncture mondiale incertaine », or il est largement responsable de la crise de la dette qui touche les pays du Nord comme ceux du Sud.

La crise de la dette que connaît aujourd’hui l’Europe contient les même ingrédients que celle qui frappe les pays du Sud depuis les années 80 ... Le FMI a lancé il y a quelques jours (le 18 janvier 2012) un appel pour collecter plus de 500 milliards de dollars pour faire face à la crise de la dette en zone euro. Le FMI intervient en Europe au sein de la Troïka (avec la Banque centrale et la commission européenne) en octroyant des prêts aux pays sur-endettés pour que ceux-ci puissent rembourser les banques privées (dans le cas de la dette espagnole, italienne, grecque et portugaises, les banques privées créancières sont principalement allemandes et françaises, ce qui explique en partie l’agitation du couple Merkel-Sarkozy, occupé à sauver les banques privées de leurs pays ....) En échange des prêts du FMI, les états sur-endettés doivent se soumettre à un plan d’austérité, dont le contenu est bien connu des peuples du Sud : privatisation, licenciement des fonctionnaires, augmentation de la TVA, etc.

Bref difficile de croire que le FMI « n’est pas seulement une institution désincarnée qui prescrit des mesures d’austérité à travers le monde » , l’histoire montre simplement le contraire.

La crise de la dette en Europe a remis l’institution sur pied car depuis les années 2000 elle était bien mal en point. D’une part, le FMI s’était fait une très mauvaise réputation en raison des plans d’austérité sévère qu’il a imposés aux pays du Sud et dans les années 2000, différentes luttes populaires ont poussé des gouvernements, comme celui de l’Argentine, à mettre l’institution à la porte. D’autre part, à partir de 2004, la conjoncture favorable des prix des matières premières a permis à de nombreux pays (tels que l’Algérie, le Brésil, le Venezuela ou la Russie) de se défaire de ses engagements avec le FMI par des remboursements anticipés. Ainsi en quelques années, les montants des prêts du FMI ont brutalement chuté, passant en 2003 de 107 milliards de dollars à 16 milliards de dollars en 2007. Au moment ou Dominique Strauss Kahn en a pris les rênes 15% du personnel soit 380 personnes ont été licenciées et l’institution a été contrainte de vendre une partie de son stock d’or.

En avril 2009, le G20 de Londres décide de confier au FMI le rôle principal de gestionnaire de la crise de la dette en Europe et de porter à 750 milliards sa capacité de prêt qui était de 250 milliards. Fin 2011, les montants des prêts du FMI s’élèvent à 254 milliards de dollars ... de quoi retrouver d’importants bénéfices ...

Quand les peuples refusent de payer la dette, l’austérité recule


La dette est un mécanisme d’accaparement des richesses. Pour refuser l’austérité il parait essentiel de se pencher sur la question du remboursement de la dette et de mener des audits citoyens |3|. Des exemples existent et ils montrent qu’il est possible pour les citoyen-ne-s de proposer des alternatives. Quand les peuples refusent de payer la dette, c’est l’austérité qui recule et les droits sociaux qui reprennent le dessus.

En Équateur, en 2007 le pouvoir exécutif décide de mettre en place une commission d’audit intégral sur la dette portant sur la période 1976-2006. A l’issue de ce travail, le président de l’Équateur a déclaré qu’il ne paierait pas la part de la dette commerciale jugée illégitime. L’audit a permis à l’Equateur de racheter pour 900 millions de dollars des titres qui en valaient 3,2 milliards. Résultat : une économie cumulée entre capital et intérêts d’environ 7 milliards de dollars. Ces sommes ont été réinvesties dans les dépenses sociales et notamment dans la santé, l’éducation et les aides sociales. Par ailleurs, la part du budget de l’Etat pour le paiement de la dette est passée de 32% à 15% et celle concernant les dépenses sociales de 12 à 25%.

L’Islande, le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers connait des perspectives économiques pour 2012 tout à fait intéressantes. Le pays a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, il connaitra un taux de croissance trois fois supérieure à celui de l’Union Européenne en 2012. Loin de faire de la croissance un cheval de bataille, il est quand même intéressant d’observer que le pays qui atteint la sacro-sainte croissance tant vantée par le FMI et ses compères est celui qui refuse de payer pour les banquiers...

Eux ou nous ... Il n’y a pas vingt chemins pour se réapproprier notre souveraineté politique et économique. Il faut exiger de toute urgence l’ouverture des livres de comptes et refuser de payer la dette, le sauvetage des banques, la baisse des impôts des plus riches et des grandes entreprises.

Ce n’est pas un choix, puisqu’il s’agit en clair de nos écoles, nos hôpitaux, nos emplois, nos droits ou de leurs profits. Nous devons avancer, en solidarité avec tous les peuples du monde, vers une vraie démocratie où l’intérêt commun, le partage des richesses et les droits sociaux sont inaliénables. L’acte un reste à poser : nous devons refuser de payer la dette aux créanciers !
 

30 janvier 2012

dépénaliser l'usage de drogue

Le Monde.fr | 30 décembre 2011 | par Jean-Michel Costes, sociologue

Il faut dépénaliser l'usage de drogue

depenalisation-de-la-drogue-1.jpegLa baisse du nombre d'usagers de produits illicites et de personnes ayant une consommation problématique d'alcool d'ici à 2011 constitue (...) l'objectif central du plan gouvernemental." Tel était le principe directeur du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011 qui arrive à échéance. Quel bilan peut-on en dresser, alors qu'en rupture avec ses prédécesseurs ce plan insistait sur le rappel de l'interdit pesant sur l'utilisation des drogues illicites ? L'objectif est-il atteint ?

Force est de constater qu'il ne l'est pas et qu'on s'en est plutôt éloigné. Chez les Français, la consommation de tabac, qui était à la baisse, semble reprendre, la consommation problématique d'alcool est orientée à la hausse, la consommation de cannabis est restée stable à un des plus hauts niveaux européens et celle de la cocaïne a progressé à un rythme très élevé.

Le seul indicateur que l'on pourrait mettre au crédit de l'objectif attendu est celui de la consommation de cannabis parmi les jeunes de 17 ans, qui a poursuivi une décroissance amorcée depuis 2002. Mais, en ce domaine, on constate la confirmation de la tendance observée depuis 2002. Si on pouvait mettre cette rupture de tendance à l'actif d'une politique publique, il serait honnête de l'imputer à la stratégie en cours avant la date du changement, c'est-à-dire le plan gouvernemental 1999-2002, qui mettait en avant une approche centrée sur la réduction des risques. Et cette relative bonne nouvelle ne doit pas masquer les "mauvaises" concernant la progression des produits licites. C'est tout le problème d'une politique publique obsédée par le cannabis et qui oublie que les méfaits principaux des "drogues" sont à mettre à l'actif des deux produits les plus consommés : le tabac et l'alcool.

Un autre indicateur majeur d'évaluation d'une politique publique sur les drogues serait celui qui permettrait d'apprécier l'évolution de la mortalité liée aux usages des drogues. Or le bilan est tout aussi négatif. Le nombre de décès liés aux usages de drogues illicites a progressé ces cinq dernières années. Combien faudra-t-il de morts supplémentaires pour se rendre à l'évidence que l'approche actuelle mène à une impasse et pose un problème de santé publique ?
depenalisation-de-la-drogue-2.jpg
Par sa posture répressive, cette politique renforce la stigmatisation des usagers, considérés comme des "coupables" et accentue leur précarisation, liée à une moindre accessibilité aux dispositifs de prévention et de soin qu'induit la pénalisation de leur comportement. Cette politique a échoué. Aussi est-il raisonnable de penser et d'espérer que cette phase régressive de la stratégie sur les drogues ne soit que transitoire. Une autre politique, pragmatique, fondée sur des données probantes, est en effet possible. Pour réussir, elle devra s'attacher à respecter plusieurs principes.

Elle doit d'abord renoncer à clamer vouloir éradiquer l'usage de drogues. Il s'agit de s'employer à réduire les aspects néfastes des usages de drogues. Il convient pour cela de clarifier les principes directeurs de l'action à mettre en oeuvre : on "lutte contre les drogues" parce qu'elles posent un problème de santé ; sinon, la société n'aurait pas à intervenir à ce sujet. L'approche de "santé publique" doit donc guider cette politique. L'approche "sécurité publique" doit être mise au service de celle-là. On peut donc continuer à envisager de faire la guerre à la drogue, mais il est irresponsable de continuer à faire la guerre aux usagers.

Cela amène au nécessaire débat sur la "dépénalisation" de l'usage des drogues, à ne pas confondre avec celui de la "légalisation" (le rendre légalement accessible). La loi du 31 décembre 1970 sur les drogues est une loi d'exception. C'est le seul domaine dans lequel un individu est passible d'une peine d'emprisonnement pour un dommage qu'il se fait à lui-même. Peut-on en effet imaginer sur le plan éthique de prévenir et d'agir sur le suicide en mettant en prison ceux qui en commettent des tentatives ?

Améliorer l'accès aux soins
Dépénaliser ce comportement, c'est se donner plus de chances d'atteindre ce public et de rendre plus efficaces les dispositifs sanitaires sociaux. Dépénaliser les "usages" ne veut pas dire supprimer l'interdit sur les "drogues". La dépénalisation est compatible avec une volonté de contrôle sur l'offre de drogues. Au regard des lacunes du système de prévention et de soin existant, une nouvelle stratégie sur les drogues devrait s'articuler autour de quatre axes : contrôler/réguler l'offre, prévenir les usages nocifs, réduire les dommages et améliorer l'accès aux soins et leur qualité.

L'ensemble des acteurs du champ de la prévention et du soin a fait des propositions cette année dans le cadre d'un Livre blanc sur les addictions. L'Inserm a mené une expertise collective et fait des recommandations pour améliorer le dispositif de réduction des risques. Il serait temps que la structure administrative chargée du dossier drogues rompe son isolement, renoue avec les professionnels et prenne en compte ces travaux pour préparer le prochain plan du gouvernement.

A la croisée d'un plan du gouvernement sur les drogues qui s'achève et d'une campagne électorale qui démarre, il serait salutaire que les candidats puissent s'emparer du sujet dans sa complexité, au-delà du faux consensus énonçant que tout le monde est contre "la drogue". Il est vrai que le lobby des usagers de drogues est peu puissant. Mais cette absence de visibilité masque une inquiétude générale et beaucoup de souffrance. Espérons un peu de courage. Au moins, ouvrons le débat.


Jean-Michel Costes a fondé en 1995 et dirigé jusqu'en avril 2011 l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Ancien directeur de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanie.

les mauvais comptes du président-candidat

Attac |

TVA=13, TTF=1 : les mauvais comptes du président-candidat

Nicolas Sarkozy a tranché : avec la hausse prévue de la TVA, les patrons verront leurs coûts salariaux diminuer de 13 milliards d'euros. En revanche, la fameuse taxe Tobin à la française ne rapporterait qu'1 milliard d'euros. Même en y ajoutant la hausse de la CSG sur les revenus du capital (qui devrait rapporter moins de 2 milliards), le compte n'est pas bon pour la justice fiscale.

En effet qui va payer la hausse de la TVA ? Pour l'essentiel, les consommateurs. Certes, le candidat-président s'est dit « prêt à prendre tous les paris » qu'il n'y aurait pas de hausses de prix. Malheureusement, il est vraisemblable que les entreprises en profitent pour améliorer leurs marges en ne baissant pas les prix hors taxes. Telle est sans doute l'intention des chefs d'entreprise ou du Medef, qui réclament depuis bien longtemps cette mesure à cor et à cri.

La TVA « sociale » réduira donc la consommation et aggravera la récession dans laquelle la France est engagée depuis quelques mois. C'est la première raison de la rejeter. La deuxième tient à son injustice : en augmentant la TVA, on réduit encore la progressivité du système fiscal. Car la TVA pèse plus lourdement sur les ménages populaires, qui consomment tout leur revenu, que sur les ménages aisés qui en épargnent une bonne partie.

Cette stratégie de TVA « sociale » s'inscrit dans la logique de dumping social et fiscal caractéristique de l'Union européenne et de la mondialisation néolibérale : or c'est précisément la course vers le bas des coûts salariaux qui entraîne l'Europe et son modèle social vers le gouffre. La hausse de TVA, déjà pratiquée en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, n'est qu'un volet des plans d'austérité qui sont en train d'enfoncer l'Europe dans la dépression.

Quant à la taxe sur les transactions financières, elle rapportera certes plus que le dérisoire impôt de Bourse, qu'avait supprimé le même Nicolas Sarkozy en 2008. Mais elle ne s'appliquera ni aux transactions sur les obligations, ni à celles sur les devises, et de façon marginale aux produits dérivés, qui sont surtout échangés à Londres et à Francfort. Le produit servira à combler les déficits et pas à financer les politiques de solidarité et de préservation de la planète : ce qui sera prélevé à la finance lui sera redistribué en intérêts de la dette publique. On est bien loin d'un projet crédible et efficace, qui suppose une réelle volonté de désarmer la finance et de redistribuer les richesses.

Attac France, le 30 janvier 2012

Pour plus d’information :

- Le dossier d’Attac France sur la TVA Sociale

- Le dossier d’Attac France sur la TTF

29 janvier 2012

Libye : torture généralisée

Amnesty International | 27/01/2012

Libye : morts de détenus dans un contexte de torture généralisée
 
Morts en détention et torture en  Libye© AFP/Getty Images
Les délégués d’Amnesty International se sont entretenus en Libye avec des prisonniers incarcérés à Tripoli et aux alentours, à Misratah et à Gheryan. Ils présentaient des marques visibles indiquant qu’ils avaient subi des actes de torture au cours des derniers jours et des dernières semaines, notamment des blessures ouvertes sur le crâne, les bras et les jambes, le dos et d’autres parties du corps.

Ces actes de torture sont infligés par des entités militaires et des services de sécurité officiellement reconnus, ainsi que par un grand nombre de milices armées opérant en dehors de tout cadre légal.
 
Après toutes les promesses faites de placer les centres de détention sous contrôle, il est affligeant de constater qu’il n’y a pas d’amélioration concernant le recours à la torture.
 
Donatella Rovera (depuis la Libye), principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.

Nous n’avons connaissance d’aucune véritable enquête menée sur les cas de torture, et ni les victimes ni les familles des prisonniers morts en détention n’ont eu de recours en vue d’obtenir justice ou des réparations pour ce qu’elles ont subi.

Si de nombreux détenus nous ont raconté les tortures qu’ils ont subies, certains étaient trop effrayés pour se confier, craignant des sévices encore plus violents s’ils parlaient, et se sont contentés de nous montrer leurs blessures.

Des témoignages accablants

Les prisonniers, des Libyens et des ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, ont raconté à Amnesty International qu’ils avaient été suspendus dans des positions contorsionnées, battus des heures durant avec des fouets, des câbles, des tubes en plastique, des bâtons, des chaînes et des barres métalliques, et qu’ils avaient reçu des décharges électriques infligées à l’aide de câbles sous tension et de pistolets semblables à des Taser.

Les types de blessures observées corroborent leurs témoignages. Les rapports médicaux qu’a pu consulter Amnesty International confirment également le recours à la torture contre plusieurs détenus, dont certains sont morts en détention.

La majorité des prisonniers pris pour cibles sont des Libyens qui seraient restés fidèles au colonel Mouammar Kadhafi au cours du récent conflit. Quant aux étrangers, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, ils continuent d’être placés en détention de façon aléatoire, notamment en raison de leur situation irrégulière, et sont parfois torturés.

Les détenus sont généralement torturés au moment de leur arrestation par des milices armées locales et plus tard lors des interrogatoires, y compris dans les centres de détention officiels. Jusqu’à présent, ils n’ont pas été autorisés à consulter un avocat. Plusieurs d’entre eux ont raconté à Amnesty International qu’ils avaient « avoué » des crimes qu’ils n’avaient pas commis, uniquement pour qu’on cesse de les torturer.

À Misratah, les détenus sont torturés dans un centre d’interrogatoires géré par la sécurité militaire nationale (Amn al Jaysh al Watani), ainsi qu’aux sièges des milices armées.

Le 23 janvier, les délégués d’Amnesty International se sont entretenus avec des détenus à Misratah, torturés quelques heures auparavant. L’un d’entre eux, toujours incarcéré, a expliqué :
"Ce matin, ils m’ont emmené en haut pour m’interroger. Cinq hommes en civil se sont relayés pour me rouer de coups et me fouetter. […] Ils m’ont suspendu par les poignets en haut d’une porte pendant environ une heure, tout en continuant à me frapper. Ils m’ont aussi donné des coups de pied."
Un autre prisonnier a raconté qu’il avait été frappé sur les blessures qui lui avaient été infligées le mois précédent par des miliciens. Voici son témoignage :
"Hier, ils m’ont frappé avec un câble électrique, alors que j’avais les mains menottées derrière le dos et les pieds attachés. Ils ont menacé de me renvoyer aux mains des miliciens qui m’avaient capturé, qui me tueraient."

Morts en détention

Plusieurs détenus sont morts aux mains de milices armées à Tripoli et aux alentours, et à Misratah, dans des circonstances laissant à penser qu’ils ont été torturés.

Les proches d’un ancien policier, père de deux enfants, originaire de Tajura, à l’est de Tripoli, ont raconté à Amnesty International qu’il avait été arrêté par une milice armée locale en octobre 2011 et qu’ils n’avaient pas pu savoir où il se trouvait pendant près de trois semaines, jusqu’à ce qu’il puisse appeler sa femme.

Quelques jours plus tard, sa famille a été informée par un hôpital de Tripoli que son corps y avait été transféré.

Amnesty International a vu des photos de sa dépouille, qui présentait de graves contusions sur tout le corps et les bras et les jambes, ainsi que des blessures ouvertes sur la plante des pieds, semble-t-il causées par la falaqa (coups assénés sur la plante des pieds), une méthode de torture fréquente en Libye.

À la connaissance d’Amnesty International, la dernière personne morte en détention des suites de torture est Ezzeddine al Ghool, colonel de 43 ans et père de sept enfants, arrêté par une milice armée à Gheryan, à 100 kilomètres au sud de Tripoli, le 14 janvier.

Son corps, couvert de bleus et de blessures, a été restitué à sa famille le lendemain. Les médecins ont confirmé qu’il avait succombé à ses blessures. Plusieurs autres hommes détenus à la même période auraient eux aussi été torturés. Huit d’entre eux avaient des blessures graves, qui ont nécessité leur hospitalisation.

Amnesty International a reçu des informations concernant des cas similaires sur lesquels elle mène des recherches.

L’absence d’enquêtes

Malgré les demandes formulées à maintes reprises par Amnesty International depuis mai 2011, les autorités libyennes de transition, tant au niveau local que national, n’ont pas mené d'enquêtes dignes de ce nom sur les cas de torture et les morts en détention survenues dans des circonstances suspectes.

Dans tout le pays, la police et la justice demeurent défaillantes. Tandis que dans certaines régions, il semble que les tribunaux traitent des affaires civiles, les affaires dites "sensibles" en lien avec des enjeux politiques et de sécurité ne sont pas prises en compte.

Un éventail d’organes pour la plupart non officiels, n’ayant pas de statut légal, notamment les "comités judiciaires", mènent des interrogatoires dans divers centres de détention, en dehors de tout contrôle du système judiciaire.
"Jusqu’à présent, force est de constater que les personnes exerçant le pouvoir se sont montrées totalement incapables de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la torture et aux mauvais traitements infligés aux détenus et amener les responsables présumés de ces agissements à rendre des comptes."

Donatella Rovera

Nous ne sous-estimons pas les défis que doivent relever les autorités libyennes de transition afin de rétablir le contrôle sur la multitude de milices armées opérant dans tout le pays, mais elles doivent agir de manière décisive pour mettre un terme à la torture. Afin d’édifier une nouvelle Libye fondée sur le respect des droits humains, cette question ne saurait être reléguée au dernier rang des priorités.
 
 
Amnesty International invite de toute urgence les autorités libyennes à :

• ordonner la fermeture de tous les centres de détention non officiels et instaurer des mécanismes chargés de placer tous les centres sous le contrôle des autorités et de surveiller efficacement les procédures et les pratiques en matière de détention ;

• veiller à ce que soient menées dans les meilleurs délais des enquêtes sur tous les cas recensés ou signalés de torture et de mauvais traitements, suspendre immédiatement les auteurs présumés de leurs fonctions en rapport avec la détention dans l’attente des conclusions de ces investigations, et lorsque les éléments de preuve recevables sont suffisants, traduire en justice les suspects dans le cadre de procès équitables, sans recourir à la peine de mort ;

• garantir que tous les détenus puissent consulter un avocat ;

• veiller à ce que les prisonniers bénéficient régulièrement d’examens médicaux et à ce que des certificats médicaux décrivant leurs blessures, éventuellement causées par des actes de torture, soient délivrés aux détenus et aux autorités judiciaires.


Le Qatar et l’Arabie au secours de la "liberté" !

Par K. Habib | Le Quotidien d’Oran| via Info-Palestine

Le Qatar et l’Arabie au secours de la liberté !

 Le comportement de la Ligue arabe dans la crise syrienne est absolument confondant. En apparence, cette organisation donne l'impression d'agir à l'unisson de ses Etats membres. En réalité, ceux-ci sont totalement divisés sur la question et la solution de sortie de crise à préconiser.

C'est un secret de Polichinelle que le plan endossé par cette organisation prévoyant le départ de Bachar el-Assad dans les deux mois et son remplacement par le vice-président Farouk El-Charah, qui se chargerait de mettre en place un gouvernement d'union nationale destiné à organiser des élections législatives et présidentielles, qu'elle a transmis à l'ONU, est contesté et rejeté de partout. Par des Etats membres de la Ligue arabe autres que le Qatar, l'Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe. Mais aussi et à la fois par le régime de Damas et les oppositions qui mènent la révolte contre lui. Ce plan ne peut dans ces conditions être présenté comme celui de la Ligue arabe, ainsi que le font les puissances occidentales qui s'en prévalent pour tenter de forcer la main aux membres du Conseil de sécurité et obtenir de celui-ci le feu vert à l'intervention internationale. Le scénario de ce plan est l'œuvre du Qatar, appuyé en sous-main par l'Arabie Saoudite. Il est pratiquement à l'identique de celui que ces deux Etats ont mis en œuvre dans la crise yéménite.

L'activisme de ces deux monarchies, aux régimes encore plus obscurantistes et antidémocratiques que celui de Damas, doit interpeller les consciences dans le monde arabe. L'Arabie Saoudite et le Qatar prétendent défendre le peuple syrien contre l'oppression dont il est victime de la part d'El-Assad et de son régime. En vérité, ils poursuivent un tout autre but que la protection de ce peuple ou la démocratisation de la Syrie. Le Qatar et l'Arabie Saoudite sont parties prenantes d'une stratégie dont les concepteurs ne sont ni à Doha ni à Riyad, mais à Washington et Tel-Aviv.

Que l'on se comprenne : il ne s'agit pas en disant cela de défendre le régime syrien. Celui-ci a perdu toute légitimité et rien ne doit être fait ou soutenu qui va dans le sens de son maintien au pouvoir. Il s'agit tout simplement de faire voir une évidence qui est que le Qatar et l'Arabie Saoudite roulent pour des intérêts autres que ceux du monde arabe dans les crises qui le secouent. Les deux monarchies sont dans le camp américano-israélien et œuvrent à faire aboutir ses dessins géopolitiques pour le Moyen-Orient. Il n'y a que les naïfs et totalement aveugles d'entre les citoyens arabes pour croire que le Qatar et l'Arabie Saoudite se sont convertis à la libération des peuples et à l'avènement de la démocratie dans le monde arabe.

Le Qatar et l'Arabie Saoudite ont pour mission, sous couvert d'appui aux révoltes populaires arabes, d'activer une recomposition politique régionale au profit des intérêts de l'Amérique et d'Israël. Le régime d'El-Assad à la tare d'être vomi par son peuple. Il aurait été néanmoins épargné, comme le sont ceux du Qatar et de l'Arabie Saoudite, s'il avait fait choix de renoncer à ses alliances politico-militaires dans la région avec des Etats et des organisations dont l'Amérique et Israël veulent la destruction.

Riyad et Doha se sont totalement investis dans cette destruction programmée. Ce qui leur vaut la compréhension et la protection de leurs maîtres à penser et le statut de régimes intouchables, même quand la situation des peuples qatari et saoudien est aussi condamnable que l'est celle des Syriens.

27 janvier 2012

Plan C: Une vrai démocratie par une Constitution Citoyenne

Par Etienne Chouard

Tirer au sort nos représentants, au lieu de les élire

On n'est pas préparés à cette idée : la première fois qu'on nous parle de tirage au sort en politique, on ouvre tous des yeux incrédules et on se demande quelle est cette nouvelle lubie. Le mythe de l'élection est très puissant et il n'est pas facile de s'en déprendre, même quelques minutes pour voir.

Portant, je vous conseille chaleureusement de laisser une chance à l'idée et de lire seulement quelques lignes sur le sujet : vous allez vite sentir en vous-même que, loin d'être une nouvelle lubie, c'est une bonne idée, et même une très bonne —et très vieille— idée, bien connue de nos aïeux et bien testée (pendant des siècles !) avec d'excellents résultats.
 

26 janvier 2012

Des prisonniers aux Etats-Unis sont morts après une grève de la faim.


Par Michele Claverie | Radio Havane Cuba| 26 janvier 2012

New York, 21 janvier (RHC) –Lyvita Gomes, âgée de 52 ans, détenue dans une prison de la banlieue de Chicago est morte après une grève de la faim, le 3 janvier. D’origine indienne, elle vivait dans un hôtel de Vernon Hills, quand elle a été arrêtée le 14 décembre dernier car elle ne s’était pas présentée à une citation à la cour. Une information publiée sur le site Internet du journal The Huffington Post a rendu compte du fait, mais ni la Maison Blanche, ni le Département d’Etat ne s’en sont préoccupés, pas plus que de ce qui est arrivé à trois grévistes de la faim en Californie.

En Californie il y a eu une grève de la faim massive des prisonniers qui s’est terminée par la mort en novembre dernier de trois d’entre eux. Ils étaient en grève depuis le 22 septembre. Johnny Owens Vick et un autre prisonnier ont été confinés à l’Unité Spéciale de Sécurité de Pelican Bay. Hozel Alanzo Blanchard était reclus dans l’Unité de Ségrégation Administrative de Calipatria(ASU).

Les prisonniers des cellules voisines ont été témoins de la mort de ces hommes. Les gardiens n’ont prêté aucune assistance ni aux prisonniers de Pelican Bay ni à Blanchard. Les gardiens ont ignoré plusieurs heures les cris qui demandaient du secours, de celui qui n’est pas identifié de Pelican Bay et quand finalement ils se sont rendus dans sa cellule il était mort.

Leurs familles, ainsi que leurs avocats ont des difficultés pour obtenir une information sur les circonstances de leurs morts. Le Département de Correction et de Réhabilitation, CDCR, est obligé de faire une autopsie dans le cas de morts suspectes et de faire un rapport annuel sur tous les décès dans le système.

La grève de la faim de septembre, à laquelle ont participé au moins 12 000 prisonniers dans au moins 13 prisons de la Californie, à été organisée dans le cadre de cinq appels demandant de mettre fin aux pratiques de châtiment en groupe, aux longues périodes de confinement solitaire et aux abus pour la validation des prisonniers et la demande d’information.

« Si le public et les congressistes ne continuent pas de faire pression sur le CDCR, le Département pourrait facilement tout cacher sous le tapis » a dit Emily Harris la Coordonnatrice de l’Etat en Californie de l’Organisation Union pour un Budget Responsable.





25 janvier 2012

Bulletin d’Alerte FUKUSHIMA‏

L'éveil 2012 | 24 janvier 2012


Séismes à Fukushima: explosions d’hydrogènes?

 

 

En cours au 24 01 2012

Centrale Nucléaire Fukushima Japon
Suspicion que les 4 tremblements de magnitude 4.5, 5.1, 5.1 et 4.5 qui ont frappé dans les dernières 24h la centrale nucléaire de Fukushima soient 4 explosions hydrovolcaniques ou d’hydrogènes.

Fukushima-diary


TEPCO confirme une très forte augmentation de l’activité radioactive à 70 millions de becquerels par heure notamment du césium libéré dans l’atmosphère ces dernières 24h pour les réacteurs nr 1 à 3.


In situ face à une situation qui semble inexorablement se détériorer de jour en jour les gens ont le sentiment qu’il se passe maintenant des choses importantes à Fukushima qui sont peut être annonciatrices d’autres évènements plus graves. 

Possible fire at Fukushima

Préoccupant cette histoire…Rappelons qu’il y a eu 12 séismes dans les 7 derniers jours dans cette région. Les effets du corium dans le sol commence p-e à se faire sentir. À suivre!


Next up News



24 janvier 2012

Après SOPA et PIPA, ACTA arrive au Parlement européen

La quadrature du net | 23 janvier 2012

Après SOPA et PIPA aux États-Unis, ACTA arrive au Parlement européen
 
Paris, 23 janvier 2012 – Après l'impressionnant mouvement d'opposition aux draconiens projets de loi anti-partage SOPA et PIPA, en discussion aux États-Unis, le Parlement européen entame ses travaux sur leur équivalent international : ACTA, l'accord commercial anti-contrefaçon. Les citoyens de toute l'Europe doivent lutter contre cet accord illégitime, voué à remettre en cause la liberté d'expression en ligne, ainsi que l'accès à la connaissance et l'innovation au niveau mondial.

Demain, la commission « développement » du Parlement européen (DEVE) tiendra son premier débat sur le projet de rapport pour avis1 relatif à ACTA, présenté par le rapporteur Jan Zahradil2, un conservateur euro-sceptique de la République Tchèque.

Ce désastreux projet de rapport pour avis est trompeur en ce qu'il tente de justifier des mesures répressives extrémistes pour protéger un régime dépassé du droit d'auteur, des brevets et du droit des marques3.

Plus inquiétant encore, la version de travail du rapport fait complètement l'impasse sur les très nombreuses critiques émises contre ACTA4, venant non seulement d'ONG défendant l'accès aux médicaments, comme OXFAM ou Health Action International, mais également des principaux partenaires commerciaux de l'UE.
 
Étrangement, le projet de rapport pour avis ne remet pas en question le bien-fondé d'ACTA, et n'émet aucune critique sur la manière dont il a été négocié. La commission DEVE trouve-t-elle normal que des fonctionnaires non-élus proches des lobbyistes de l'industrie négocient de mesures pénales sans véritable contrôle démocratique ? Ou que les pays émergents et en développement aient été totalement exclus du processus ?

Le projet de rapport pour avis DEVE doit être amendé pour refléter les problèmes majeurs soulevés par l'ACTA. Même l'étude commanditée par le Parlement européen lui-même reconnaît qu'ACTA ne peut être accepté en l'état5.

« Encouragé par les même lobbies extrémistes que PIPA et SOPA aux États-Unis, ACTA est une initiative globale visant à protéger des industries rentières qui dominent l'économie mondiale. Le projet de rapport pour avis présenté par M. Zahradil en commission DEVE néglige tous les problèmes cruciaux posés par ACTA : son absence de légitimité démocratique, la vision dépassée du commerce international qu'il promeut, son impact sur l'accès aux médicaments dans les pays en développement, mais aussi sur la liberté d'expression et l'innovation de par le monde. Les membres du Parlement européen, à commencer par la commission en charge du développement, doivent prendre pleinement en compte ces différents problèmes et rejeter ACTA une fois pour toutes. Les citoyens doivent agir pour s'assurer que le Parlement européen reçoit le message. », déclare Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.

Pour savoir comment agir contre ACTA maintenant, rendez vous sur notre page de campagne dédiée.

 

23 janvier 2012

Roland DESBORDES, CRIIRAD -conférence le 08 février

Roland DESBORDES, Président de la CRIIRAD sera à Cahors le 08 février (Bourse du Travail)


Un stage formation Compteur GEIGER et une conférence-Débat sont au programme.
1) Réservez dès maintenant vos places pour le stage.

(Vu que les personnes inscrites à ce jour connaîssent déjà le problème de la radioactivité, ce stage se voudra plus pointu et complémentaire à un stage normal)

( limité à 15 personnes)

A savoir que si s'inscrivent des néophytes, ils seront épaulés pour une connaissance parfaite du compteur;
et que si nous avons trop de monde, il pourra se faire deux stages: un de base et un plus poussé car nous ferons venir un second intervenant.


2) FAITES NOUS SAVOIR LES THEMES QUE VOUS VOULEZ ABORDER en plus de Fukushima pour la conférence

Bien entendu, vous pourrez poser à Roland toutes les questions que vous désirez.

Si nécessaire, nous organiserons la soirée en conséquence.

Le CA d'MCLSDN.

 
PROGRAMME:

14h30 -18h30 Utilisation d'un compteur GEIGER

Coûlt : 30€ par personne
Durée : 4 heures


• Comprendre les notions d'activité, d'irradiation, de dose et
d'équivalent de dose


• Comment effectuer les mesures et prendre en compte
les fluctuations statistiques


• Comment contrôler le bon fonctionnement de l'appareil


• Champ d'applications et limites de l'appareil


• Savoir interpréter les résultats et repérer des situations anormales


• Savoir évaluer les risques et s'en protéger



20h30 Conférence-Débat


«Fukushima»

Situation au Japon / Impact en France


L'objectif est d'informer sur les retombées de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi et sur les enseignements à tirer de la façon dont cette crise a été (est encore) gérée.


Au programme :

La situation au Japon 

Les carences graves dans le contrôle de la contamination

Les insuffisances encore plus graves dans la mise en œuvre des mesures de protection

Le compte rendu de la mission d'étude du laboratoire de la CRIIRAD (23 mai - 3 juin).



L'impact en France :

Le bilan de la contamination ;

L'analyse critique du plan de surveillance et des informations diffusées par les services officiels.

Le rôle du réseau de balises de surveillance de la radioactivité de la CRIIRAD

Les garanties demandées par la CRIIRAD pour la gestion des futures contaminations


+ les questions sur les thèmes que vous désirerez.




22 janvier 2012

L'ombre de Fukushima s'agrandit


Par François Leclerc | blog de Paul Jorion | 22 janvier 2012

 
Le bilan est sans nuance : il ne reste plus que cinq réacteurs nucléaires en activité sur les 54 du parc japonais. Quatre unités supplémentaires doivent être stoppées d’ici mai prochain, la totalité d’entre elles pourrait même être arrêtée l’été prochain, période de pic de la consommation en raison de la climatisation des locaux et habitations.

Les autorités japonaises reconnaissent ne pas avoir de plan de remise en service des réacteurs, stoppés par précaution ou par des opérations de maintenance. Car leur redémarrage est soumis à la réalisation préalable de tests de résistance et doit être approuvé par les autorités locales, qui n’y sont pas favorables. Elles-mêmes sont sous la pression d’une opinion publique qui ne s’exprime que peu ouvertement mais n’en pense pas moins : le choc créé par la catastrophe de Fukushima est plus profond que n’en laisse paraître l’absence de réaction.

A l’arrivée, le Japon est en passe de réaliser une sortie inédite de l’électro-nucléaire, en dépit des résistances très fortes du lobby de cette industrie, une grande première à observer de près. Celle-ci sera provisoire ou définitive, suivant l’évolution du rapport de force, et pourra impliquer, si elle se confirme, une redéfinition des modèles de consommation et de production énergétique.

Dans l’immédiat, les conséquences de la catastrophe de Fukushima se révèlent dans toute leur étendue.

Sur le site même de la centrale, la situation n’est stabilisée qu’en apparence. L’opérateur contrôle celle-ci du bout des doigts et avec des moyens de fortune. Le système de refroidissement des réacteurs et des piscines est précaire et les structures des installations sont fragilisées, la menace que représenterait un nouveau puissant séisme est en conséquence toujours présente.

Fukushima-Daïchi est devenu une machine à fabriquer de l’eau contaminée en énorme quantités, dont l’évacuation et le stockage posent de tels problèmes que Tepco, l’opérateur, a cherché à en déverser à nouveau dans la mer. Les installations fuient de partout et l’eau contaminée a envahi les sous-sols techniques et ruisselle dans les sols et très probablement dans la mer. Il n’est pas donné d’information sur la cadence à laquelle l’eau est décontaminée, comparée au rythme de sa production.

Plus problématique, la situation des trois coriums reste une inconnue. La tentative de commencer à la déterminer de visu grâce à un endoscope a tourné court. Le réacteur numéro 2 avait été choisi, car le niveau des radiations y est inférieur, mais ce dernier a néanmoins perturbé les observations en raison des artefacts visuels qu’il a provoqués. La méthode n’a pas fonctionné. Faute d’évaluation précise de l’état interne des réacteurs et de la situation des coriums, il n’est pas possible de concevoir les technologies qui permettront un jour – dans dix ans est-il prévu – de les extraire, dans le cadre des opérations de démantèlement actuellement estimées durer 40 ans.

L’évaluation des effets de la contamination radioactive créée par la catastrophe ainsi que les problèmes liés à la décontamination sont passés au premier plan. En premier lieu en raison de la découverte de pollutions alarmantes qui se renouvellent, montrant que le danger peut être partout. Cela a en premier lieu été dans l’alimentation, dont la chaîne n’était pas strictement contrôlée, ou bien à l’occasion de la découverte de plaques géographiques, voire de lieux restreints, où elle est concentrée. Des bêtes envoyées à l’abattoir ont été contaminées par du fourrage provenant de la zone interdite. Un immeuble de logement a été récemment construit avec du béton radioactif utilisant du gravier prélevé dans celle-ci un mois après la catastrophe. Il en ressort que la dissémination de la contamination n’est pas 100% contrôlable quand elle a atteint une telle échelle. Créant un sentiment d’insécurité permanent.

Elle l’est d’autant moins que les conditions dans lesquelles la décontamination est effectuée sont problématiques. Les aspersions d’eau sur les façades ou les trottoirs ou les arasions de terre et de revêtement des sols ne font souvent que déplacer le problème, l’eau contaminée ruisselant dans les égouts et vers les nappes phréatiques, la terre et les débris étant stockés dans des excavations creusés dans le sol et exposés aux intempéries, donc aux ruissellements.

C’est semble-t-il le prix à payer pour que tout rentre en apparence et rapidement dans l’ordre. Dans la même intention, le gouvernement voudrait symboliquement favoriser le retour prochain d’une partie des 80.000 réfugiés dénombrés dans les lieux de la zone interdite, où la contamination est estimée la moins élevée.

Mais l’impact d’une décision prise par le gouvernement au début de la catastrophe trouve actuellement un nouvel éclairage. Celui-ci a alors promulgué un relèvement de la zone admissible d’exposition aux radiations, augmenté à 20 millisieverts par an, avec pour intention de limiter les évacuations de population et de minimiser ses conséquences.

Un rapport de l’Académie des sciences américaine vient de mettre en cause l’idée selon laquelle l’exposition à de faibles doses de radiations serait sans effet. Il montre comment, à la longue, celle-ci pourrait avoir des effets importants, tout spécialement sur les enfants et les femmes (et donc plus particulièrement les jeunes filles). Nous rappelant que les données utilisées pour mesurer la dangerosité d’une exposition aux faibles doses reposent sur une exposition concentrée dans le temps (une explosion atomique par exemple) et non à la longue et donc cumulée.

Enfin, le moment des décisions est arrivé en ce qui concerne le volet économique et financier. En dépit de ses résistances, l’opérateur privé Tepco devrait être nationalisé, ne pouvant faire face aux conséquences de la catastrophe qu’il doit assumer aux titres de l’indemnisation des victimes et du démantèlement de la centrale. Il est question d’une nationalisation provisoire pendant dix ans, qui s’apparenterait à la prise en charge par l’Etat de ces opérations avant que l’entreprise soit reprivatisée dans des conditions qui ne sont pas précisées.

Faisant suite à d’autres aides financières, un fonds auquel participe l’Etat et des opérateurs privés de l’électro-nucléaire doit prochainement injecter l’équivalent de 10,3 milliards d’euros dans Tepco, nationalisant l’entreprise dans l’immédiat, mais seulement de fait. Celle-ci a cherché à emprunter sur le marché, mais les banques auraient posé comme condition, selon la presse, une augmentation de 10% des tarifs d’électricité et le redémarrage du parc des réacteurs nucléaires !

Essentiellement centré concernant le Japon sur le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé des régions entières, le rapport sur les « risques globaux » rédigé dans le cadre du prochain Forum économique mondial de Davos pratique l’art de l’escamotage. Il y décèle prioritairement une interrogation sur « le rôle du leadership, un défi à la communication en cet âge de l’information et la nécessaire conception de modèles économiques résilients en réponse aux crises de grandeur imprévue. »
voir en ligne: www.pauljorion.com/blog/?p=33051

illustration: http://inspirationfeed.com/

Pourquoi le silence sur ce qui se passe dans le Détroit d’Ormuz ?

par Raoul Marc Jennar | 22 janvier 2012

Jusqu’il y a peu consultant en relations internationales, je continue à recevoir des informations sur certains grands dossiers du monde. Hier, j’ai pris connaissance d’une note de synthèse sur la situation militaire dans le Détroit d’Ormuz. Après avoir procédé aux recoupements d’usage lorsqu’on reçoit une information aussi sensible, je peux confirmer que cette note décrit bien ce qui se passe réellement dans cette région hyper sensible du monde.

Mais d’abord il n’est pas inutile de rappeler pourquoi il y a lieu de s’intéresser au Détroit d’Ormuz .

Comme le pas de Calais en Europe, comme les Détroits de Malacca, de la Sonde et de Lombok en Asie du Sud-Est, le Détroit d’Ormuz, au Moyen-Orient, est un point de passage d’une importance stratégique de première importance puisqu’il voit transiter 30% du commerce mondial de pétrole. C’est l’accès au Golfe Persique. Il est bordé par trois pays : les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman au sud, l’Iran au nord. C’est l’Iran, qui, en vertu de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, doit assurer avec le Sultanat d’Oman, le libre passage, même si, pour des raisons liées à la profondeur des eaux, l’essentiel du trafic maritime se fait le long des côtes omanaises du détroit.

En décembre 2011, l’Iran a menacé de fermer le détroit si de nouvelles sanctions contre son programme nucléaire frappaient ses exportations de pétrole.

Concentration exceptionnelle de moyens militaires nucléaires

Voici la note qui m’a été communiquée le 20/1.

« Il y a trois jours, un avion Dassault Mirage 2000D (ou 2000N selon les sources) français, équipés pour des missions de frappe nucléaire à grande distance de leur base, a percuté un Boeing F-15* de la Royal Saudi Air Force, dans le nord du royaume saoudien, lors d’un exercice aérien. Les trois pilotes (un saoudien et deux français) n’ont souffert que quelques égratignures légères.
 
« Il s’agit d’un exercice conjoint entre un Mirage appartenant aux armées françaises et un F-15 saoudien, peut-on lire dans une dépêche officielle, et les deux pilotes se sont éjectés sans encombre **».



Question : l’OTAN prépare t-il une intervention en Syrie ou en Iran ? Pourquoi avoir utiliser ce Mirage 2000, spécialement équipé pour des frappes nucléaires à grande distance ?
 


Rappelons que l’OTAN dispose dans le détroit d’Ormuz depuis trois semaines du USS Carl Vinson, du USS John C. Stennis et du USS Abraham Lincoln***, quatre ou cinq croiseurs et destroyers anti missile Aegis, plus un nombre important de sous marins, frégates et destroyers et navires de soutien. Plus les navires d’assaut USS Makin Island, capables de lancer des assauts sous marins, le USMC Harriers avec des hélicoptères d’attaque et d’assaut.

Plus encore, le USS New Orleans et le USS Pearl Harbor.*
***


En outre, la marine français a dépêché sur place le Charles De Gaulle, la marine britannique a renforcé sa flotte avec le porte avions HMS Daring.

En tout, environ le tiers des avions de frappe nucléaire du monde entier se trouve en ce moment basé près du Détroit d’Ormuz. »

* produit par Boeing depuis que McDonnel-Douglas qui l’a créé a été absorbé par Boeing ; l’aviation saoudienne possède 87 exemplaires du F-15 C, une version monoplace.

** le communiqué cité évoque le sort des deux pilotes français.

*** il s’agit de trois porte-avions, ce qui implique au moins deux groupes de combat aéronaval, sinon trois.

**** transporteurs d’engins amphibies.

Pourquoi une telle concentration d’armes occidentales de destruction massives ?

On le sait, le programme nucléaire iranien inquiète les Occidentaux et Israël directement menacé dans des déclarations incendiaires des dirigeants iraniens. L’armée israélienne, dont l’aviation a déjà détruit le réacteur nucléaire d’Osirak (en Irak) en juin 1981, a mis au point des plans de destruction des principaux sites nucléaires iraniens. Et nombreuses sont les indications qui confirment que la tentation est grande à l’Etat-Major des forces israéliennes comme dans le plus à droite des gouvernements israéliens de passer à l’acte, au nom de la survie de l’Etat d’Israël et du peuple juif.

Aux Etats-Unis, où on a assisté à une inversion complète de la politique annoncée dans le célèbre discours du Caire, l’Administration Obama se retrouve sur des positions pro-israéliennes identiques à celles de son prédécesseur. Début de ce mois a commencé le déploiement de 9.000 soldats américains en Israël sous prétexte d’un test de missiles. Parmi ces milliers de soldats, bien sûr des marine’s, mais aussi des aviateurs, des équipages intercepteurs de missiles, des marins, des agents de renseignement.

En septembre dernier, les USA avaient installé un système de radars en Israël. De nouveaux types d’armements ont été fournis à l’Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, fidèles alliés et fournisseurs de pétrole.

En Europe, France et Grande-Bretagne s’alignent sur les USA comme relevé dans la note ci-dessus.

On apprend que des officiers américains ont rejoint tous les centres de commandement de l’armée israélienne et que des officiers israéliens viennent d’arriver à Stuttgart où se trouve le centre de commandement en Europe des forces américaines. Ce centre (EUCOM) se confond avec le SACEUR, le Commandement suprême des forces alliées en Europe, responsable du commandement général des opérations militaires de l’OTAN.

Un bruit de bottes que la presse conventionnelle n’entend pas

Il ne faut pas être un spécialiste des relations internationales ou des questions stratégiques pour se rendre compte qu’une attaque contre l’Iran, qu’elle soit le fait d’Israël seul ou d’une coalition incluant Israël, les Etats-Unis et l’Europe aurait d’immenses répercussions militaires, politiques et économiques dans la région, mais également dans le monde entier. Et pourtant, très peu de médias se saisissent du sujet. Très peu d’acteurs politiques soulèvent la question. Une des plus formidables concentrations d’armes de destruction massive s’opère à des fins soigneusement cachées et personne ne s’en inquiète. Alors que le déclenchement éventuel d’un nouveau conflit au Moyen-Orient concerne toutes les populations de la planète, vu les suites difficilement mesurables aujourd’hui qu’il pourrait entraîner.

Le régime qui impose sa dictature en Iran ne m’inspire aucune sympathie. Les théocraties islamiques, chrétiennes ou hébraïques me répugnent. Mais le recours à la guerre comme méthode de résolution des conflits est toujours un recul de la civilisation. Et un immense malheur pour les peuples. Il faut l’empêcher en réclamant un débat public dans les parlements nationaux, au Parlement européen, à l’ONU.

Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage (Jean Jaurès).

Raoul M. Jennar
 

Pollution radioactive à Golfech : les associations portent plainte

Golfech - EDF S.A. hors la loi !



Rendez-vous le 26 janvier 2012 à 14 h devant le tribunal de police de Castelsarrasin (82) où se tiendra l’audience en première instance.
Une conférence de presse se tiendra à l'issue de l'audience..
Les centrales nucléaires rejettent de façon chronique dans l'environnement des éléments chimiques et radioactifs, ainsi que de la chaleur.

Ces rejets nocifs sont théoriquement encadrés par la loi, mais depuis le lancement du programme nucléaire EDF SA commet impunément des infractions, "bricole" la loi pour l'adapter à ses besoins industriels... et reçois l'aval des autorités de contrôle.

Le 18 janvier 2010, selon un auto-contrôle du centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Golfech, 450 litres "d'effluents" radioactifs provenant de la centrale ont été accidentellement déversés dans le milieu naturel. Pour les radioéléments (2) à vie courte contenus dans ce rejet, les réglementaires phénomènes de décroissance radioactive n'ont pu être respectés suite à un rejet environnemental dans la nappe phréatique sans passage par les grosses cuves prévues à cet effet.
Quelques mois avant ce déversement, les associations locales avaient démontré la présence de tritium (forme radioactive de l'hydrogène) en aval de la centrale nucléaire de Golfech.
Cette fuite pose le problème des faibles doses de radioactivité : En effet pour les associations signataires, l'exposition régulière à des doses de radioactivités dites "faibles", combinées aux rejets annuels de milliers de tonnes de résidus chimiques dans l'environnement constituent le chaînon manquant entre la présence des centrales et les excès de leucémies et de cancers infantiles constatés aux environs de ces centrales nucléaires. Ce phénomène sanitaire, statistiquement étudié en Allemagne et en Angleterre depuis des décennies vient enfin d'être confirmé par une étude produite le 5 janvier 2012 dans "International Journal of Cancer" (3).  
L’Autorité de Sûreté Nucléaire limite globalement sa pression à travers des courriers sans grand effet sur les opérateurs du nucléaire. Aujourd'hui ce sont donc des associations (1) qui se substituent à l'Autorité défaillante pour tenter de faire respecter la loi. Elles ont saisi M. le Procureur de la République afin qu'il diligente une enquête sur ces dysfonctionnements inacceptables

(1) La plainte est portée par le Réseau "Sortir du nucléaire", la SEPENLOG FNE Lot-et-Garonne, FNE Midi-Pyrénées et les Amis de la Terre Midi-Pyrénées.

Ces associations sont également soutenues par de nombreuses associations locales : Sortir du nucléaire du Gers, du Lot, du Tarn, du Tarn-et-Garonne, Serenes Sereines (Aveyron), Mouvement citoyen lotois pour la sortie du nucléaire, Vivre sans le danger nucléaire de Golfech (Lot-et-Garonne), Confédération paysanne Lot-et-Garonne (syndicat agricole), SEPANSO 47.


(2) Tableau Page 8 : http://saint.aroman.marc.free.fr/Darpe%20Golfech/Darpe%20Golfech%202005.pdf



(3) http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijc.27425/abstract

Contacts presse :
Daniel Roussée 06 61 97 83 28
Marc Saint Aroman 05 61 35 11 06

20 janvier 2012

Le site de Montauban piraté par les "Homonimous"

 Têtu | mardi 17 janvier 2012

Le site de Montauban piraté aux dépens de la députée-maire UMP

Pas de chance pour Brigitte Barèges, l'auteur de la célèbre phrase sur le mariage homo «Et pourquoi pas avec des animaux?». Alors qu'elle croyait avoir réparé le piratage de son site officiel, il l'est à nouveau cet après-midi…

 D'après les captures d'écran du site Montauban.com, réalisées ce matin par la «Dépêche du midi».
 
Le site de la ville de Montauban a été piraté ce matin par un groupe baptisé «Homonimous», à l'aide de photos montrant des gays en train de s'embrasser et d'un montage représentant la députée-maire UMP Brigitte Barèges devant un portrait d'Adolf Hitler.

Brigitte Barèges, membre de la Droite populaire à droite de l'UMP, a suscité la controverse récemment. C'est elle qui avait déclaré, à propos d'un texte socialiste visant à autoriser le mariage homosexuel: «Et pourquoi pas des unions avec des animaux?» (lire notre article) La semaine passée, elle a ému des associations comme SOS Racisme en soumettant l'accès à l'emploi à une «préférence nationale», expression longtemps utilisée par le Front national.

Un second détournement


«C'est peut-être parce que je parle librement»

Peu avant ce second détournement, la mairie avait indiqué qu'elle allait porter plainte. Brigitte Barèges s'est dite à la fois «meurtrie» et «fatiguée». Candidate à sa réélection aux législatives, elle s'est déclarée persuadée que le piratage de mardi était lié à la campagne électorale et visait à l'«intimider». «Je pense depuis le début, depuis l'affaire Strauss-Kahn, que cette campagne ne sera pas propre», a-t-elle dit à l'AFP…

Se gardant d'accuser directement ses adversaires politiques, elle a tout de même demandé que le PS «condamne ces agissements». «Les attaques sont très lourdes contre moi», a déclaré Mme Barèges, «je ne sais pas si c'est parce que je suis un des rares points bleus dans cet océan de rose (…), peut-être aussi parce que je parle librement des fois». Elle a rappelé qu'après ses propos sur le mariage homosexuel, la mairie a été assaillie de coups de fil parodiques…

 

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