26 juillet 2009

COMMUNIQUE du Comité de soutien à Alain Refalo

COMMUNIQUE
du Comité de soutien à Alain Refalo
et du Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique
Alain Refalo, professeur des écoles à l'école Jules Ferry de Colomiers, qui a comparu en commission disciplinaire le jeudi 9 juillet à l'inspection académique à Toulouse vient de se voir signifier une sanction disciplinaire de catégorie 2 : abaissement d'un échelon, soit la sanction qui a le plus de conséquences financières sur son traitement. S'ajoutant à la promotion qui lui a été refusée au mois de février, et indépendamment des 19 jours de salaire qui lui ont déjà été soustraits, cette sanction représente pour les quatre ans qui viennent une perte d'au moins 7 000 euros, alors qu' Alain Refalo a effectué l'intégralité de son service devant les élèves et que les rapports pédagogiques de ses inspecteurs sont élogieux. Les faits reprochés à Alain Refalo sont les suivants : refus d'obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective, attaque publique contre un fonctionnaire de l'Education Nationale. Il s'agit donc bien d'une sanction politique pour briser professionnellement l'initiateur du mouvement de résistance pédagogique et bâillonner la liberté d'expression des enseignants.
Le comité de soutien à Alain Refalo et le Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique considèrent cette sanction, décidée par le ministre Luc Chatel, comme une attaque directe à l'encontre de tous les enseignants en résistance et plus largement de tous les citoyens et les élus qui se sont mobilisés massivement le 9 juillet pour soutenir Alain Refalo et défendre l'école publique. L'inspecteur d'académie de la Haute-Garonne qui avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas de sanction disciplinaire à l'encontre d'Alain Refalo, et qui, le vendredi 10 juillet, lors de son point de presse, avait souhaité s'inscrire dans une démarche d'apaisement, a doublement menti.
Luc Chatel qui ne cesse d'afficher une posture d'ouverture et de dialogue en direction des enseignants vient de montrer toute la duplicité de ses propos. La porte du dialogue que nous avions toujours laissée entrouverte est pour l'heure fermée de part la volonté du ministre qui devra en assumer toutes les conséquences dès la rentrée. Cette grave et injuste décision n'entamera pas la détermination d'Alain Refalo et celle de milliers d'enseignants du primaire en résistance dont les coordinateurs de toute la France se réuniront à la fin du mois d'août à Montpellier pour décider des initiatives communes de résistance aux "réformes" scélérates qui déconstruisent l'école publique.

Blog Résistance pédagogique pour l'avenir de l'école
http://resistancepedagogique.blog4ever.com/blog/index-252147.html
Comité de soutien à Alain Refalo
Patrick Jimena : 06 81 84 39 97
jimpat3@hotmail.com
Le 24 juillet 2009

source: CNR Midi-Pyrénées

8 juillet 2009

Appel à l'intelligence de chacun et à l'intelligence collective



Communiqués

Chers amis,


10% de la population en prison, autant dans les hôpitaux psychiatriques, ça fait beaucoup. C'est moins qu'aux Etats-Unis, mais c'est beaucoup trop d'autant que la plupart des enfermés sont des étrangers.
Ces dernières semaines particulièrement, j'ai été témoin de violences, violences policières, violences administratives et comme par hasard, à l'endroit d'immigrés.
Des injustices frappent aux vues et aux sus de tout le monde et les seuls qui s'arrêtent, ceux sont des étrangers. Les français semblent sourds, aveugles, muets à ce qui se passe sous leurs yeux. Il y a scission.
Pourtant, avril de cette année, Amnesty International (télécharger ici) et La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) (télécharger ici) rendaient chacun public un rapport qui dénonce la violence impunie que s'octroie la police Française, essentiellement à l'adresse des immigrés, et avec la complicité des magistrats. Et alors ?
Alors, voici la réponse que nous donne Sarkozy en juin : Hortefeux au ministère de l'intérieur ! Nous connaissons déjà son zèle pour les quotas d'expulsions.

Je connais des gens qui organisent des apéros, d'autres des pic-niques et chacune de leurs rencontres amène plus de monde, quand les réunions politiques se désertent de jours en jours.
Les associations de défense des droits des étrangers, la Cimade, le Gisti sont en train d'être démantelées par le gouvernement et nous laissons faire. Qui va maintenant nous renseigner sur nos droits ? Qui va prendre le relaie et défendre juridiquement les dossiers de nos frères notamment ceux des sans-papiers?

Lamine, 25 ans, décédé d'un arrêt cardiaque dans un fourgon de la police française. Le rapport : la police n'y est pour rien, c'est un arrêt cardiaque! Ils se jouent de nous. Avec la complicité des médecins.
Pour Lamine et les autres, justice et vérité doivent être rendues.
C'est grave, trop grave. Ils peuvent nous tuer sans autre forme de procès. Ils s'en tirent avec de la démagogie et des faux-semblants de justice, quand ce n'est pas la faute de la victime. Et ça passe. Nos vies ne valent donc rien que l'on se défense pas ?

Et une autre scission : celles des étrangers qui veulent faire leur vie ici, passer inaperçus, faire oublier d'où ils viennent et qui ferment eux aussi les yeux sur ce que leurs frères endurent. Où sont les immigrés double nationalité et les cartes de séjour? On ne les voit pas dans les partis politiques français, on ne les voit pas dans les luttes des sans-papiers.
Si nous laissons s'installer la division entre étrangers assimilés et étrangers clandestins, tout le monde le paiera. On le paie déjà : même les enfants d'immigrés nés en France ne sont pas regardés comme français, le délit de faciès arrête de bon père de famille ...
Même les étrangers entre eux sont divisés : les africains noirs, les africains blancs, les blancs, les jaunes...chacun pour soit!
Ne tolérons pas cette division, les juifs français, allemands, ont commis cette même erreur en 1939. Ceux qui avaient des papiers n'ont pas protégé ceux qui n'en avaient pas mais ils ont tous été envoyés à l'abattoir.

Alors voilà :
Nous ne faisons plus confiance aux partis politiques, nous ne faisons plus confiances aux syndicats, les élus nous ont lâchés, il y a trop de magouilles, chacun tire la couverture à soi, ils se servent de nous mais est-ce qu'on les arrête ? Est-ce qu'on le leur dit ? Non!
On ne fait que s'arracher entre nous, se bousculer jusqu'à ne même plus nous faire confiance.
Et que n'a t'on laissé passer ces trois dernières décennies:

*Des quotas d'immigration à l'immigration choisie,

*De la criminalisation de l'entraide et de la concertation,

*Des fichiers : d'associations, d'individus,

* Des prélèvements ADN...

Nous sommes des lâches et des imbéciles, incapables de préserver nos droits et nos libertés. Incapables de protéger les nôtres. Des minables.
Va-t-on attendre d'être complètement coincés pour réagir ? Va-t-on attendre qu'il y ait plus de morts et de blessés ? Une déclaration de guerre peut-être ?
Où es passé notre dignité ?

Je crie, je hurle cette déception de la nature humaine, cette souffrance que l'on inflige à ceux qui ne peuvent pas se défendre, que je n'ai pas la force et les moyens de défendre. Et mes cris et d'autres cris comme les miens se perdent dans la nature parce que nous ne crions pas ensemble, parce que nous n'avons pas de porte-voix, pas de représentants, pas d'échos... rien, une voix toute fluette.

Alors j'interpelle les intellectuels. Où sont-ils les intellectuels qui défendent la dignité du pauvre, qui désignent l'injustice et la combatte sur le terrain, qui donnent leurs savoirs, leur idées et leurs voies, qui nous protègent et se battent avec nous ? Qui pour nous éclairer dans ce brouillard ?
Pourquoi sont-ils seuls, chacun dans leur coin ? La plupart sont déjà morts et il en reste si peu à continuer le combat et je les interpelle, Badiou, Chomsky, Morin et les autres ..., travaillez ensemble, travaillons ensemble ! Il y a urgence.
Il y a eu les Marx, Fanon, Sartre, le Parti communiste... Ils se sont levés pour la dignité du pauvre, la justice, la liberté, il y avait une voix et une voie, un langage, des représentants et ce qu'ils voulaient ce n'était pas devenir comme les riches, d'avoir, d'être, de vivre comme les riches, ça non alors ! Ils combattaient l'accumulation des biens personnels, du pouvoir personnel au détriment des plus faibles, de ceux qui se font avoir, de ceux qui en crèvent.
A cette époque là il y avait des classes, aujourd'hui nous n'avons plus aucune classe! Et celui qui ne peut pas devenir riche est condamné à l'exclusion, dissout dans une masse gigantesque, mondiale, qui crie mais ne sait pas parler, qui se débat mais ne sait pas se battre.
Nous sommes des imbéciles qui creusons nos propres cercueils !
L'Europe est en train de cracher sur la pensée universelle qu'elle a fait naître. Les lumières, les droits de l'Homme, l'égalité, la liberté, la fraternité... Elle crache sur son propre passé et ses plus belles idées. Et si nous qui y croyons encore nous ne les portons pas, la tête haute, qui va les porter ?

Comme tout le monde aujourd'hui, je suis fatiguée de me tromper. Je ne supporte plus les déceptions des élans de conviction qui se dissoudent à force de mesquineries et de bêtises.
J'attends de nous que nous soyons à la hauteur. Et je commence par inviter tout un chacun à pratiquer un enseignement que je dois à mon papa Bamba Gueye Lindor :

*Si tu vois une injustice, ne la laisses pas passer,

*Si tu vois quelqu'un mentir, tricher, ne le laisses pas faire,

*Si tu vois quelqu'un qui se bat pour ses droits, pour sa vie, encourages le de toutes tes forces

J'en appelle à ce que nous arrêtions de tricher les uns avec les autres,
J'en appelle au partage, à la franchise, à l'honnêteté dans nos forces et nos faiblesses, à l'entraide et à la solidarité pour de vrai, en actes.
Nos besoins sont énormes. Ce n'est pas le RSA qui nous sortira de là. Nous devons être ensemble, soutenir l'autre sans attendre de lui un retour immédiat, ne soyons pas comme les libéraux qui ne prêtent qu'aux riches! La richesse c'est l'individu, c'est le collectif, les savoirs, c'est la vie, comment avons nous pu oublier cela!

Aujourd'hui aussi, je veux répondre à ceux qui me demandent ce que je fais parmi les Damnés de la Terre, si je comprends ce combat, si je connais Franz Fanon... Si vous me le demandez, si vous vous le demandez, c'est parce que ma peau est blanche.
Alors je vous réponds une bonne fois pour toutes :
Mes grands-parents sont arrivés en France à la fin des années 30, ils étaient sans-papiers.
L'une de mes grand-mères a survécu à plus de deux ans d'Auschwitz et il n y a pas loin des camps de rétention aux camps de la mort.
Les Damnés de la Terre ne sont pas noirs. Ceux sont des hommes, des femmes, des enfants qui sont en train de se faire écraser.

Alors j'en appelle à l'intelligence de chacun, et à l'intelligence collective, à la force, la conviction et la générosité de chacun :
Nous devons nous organiser, créer des liens qui n'existent pas, nous renforcer parce que nous avons à nous confronter face à face, « d'Hommes à Hommes », à ceux qui nous tuent.
Nous connaissons nos faiblesses, faisons-en une force! Créons nos partis, entrons dans les partis, parlons à nos élus, exigeons d'eux, investissons l'espace, invectivons les policiers qui frappent, protégeons nous les uns les uns autres, ne nous laissons plus faire, ne nous laissons plus seuls!

Pour finir, je tiens à dire que je n'accepterai jamais que le continent le plus riche du monde en matières premières reste le continent où les personnes sont les plus pauvres du monde. Tant que nous acceptons cela, tant que nous supportons même cela, nous supporterons notre propre misère.

Luttons ici, luttons là-bas, partout où l'injustice frappe. Et luttons de toutes nos forces parce que personne ne se battra pour nous et nous avons déjà trop laissé passer.



Yaël FRYDMAN, le 3 juillet 2009
source: Les Damnés de la Terre

 

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