30 mai 2014

Netanyahu et le dalaï-lama, à nouveau réunis



Le Grand Soir | par André Lacroix | 30 mai 2014

On se souvient que les funérailles de Nelson Mandela s’étaient déroulées en l’absence remarquée du premier ministre israélien et du 14e du dalaï-lama (voir LE GRAND SOIR du 19/12/2013, http://www.legrandsoir.info/deux-absences-remarquees-aux-funerailles-d...). Voilà que ces deux messieurs se trouvent à nouveau réunis, cette fois par leur réaction fort semblable à l’élection du nouveau premier ministre indien.


Le 16 mai 2014, le nationaliste hindou Narendra Modi remportait les élections en Inde. Dès l’annonce de cette victoire, les premiers à l’en féliciter ont été Benjamin Netanyahu et … le dalaï-lama.

L’hommage de Netanyahu était attendu. Entre « le seul État démocratique » du Proche-Orient et « la plus grande démocratie » du monde, les liens ne datent pas d’hier, comme le rappelle la journaliste indépendante Aditi Bhaduri : La visite d’État de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon en 2002 - le premier et jusqu’à présent seul Premier ministre israélien à se rendre en Inde - était un tournant dans les relations bilatérales. Des liens ont été depuis de bon ton (…) Israël est le plus grand fournisseur d’armes de l’Inde et les deux pays cherchent la coopération dans un éventail de secteurs, notamment l’agriculture (voir site « i24 news » du 17/05/2014).

Et surtout, le BJP, le parti nationaliste hindou de Modi n’a jamais caché son admiration pour l’Etat juif. Durant les dix années où il a dirigé l’État du Gujarat, Narendra Modi s’est fait remarquer non seulement par ses succès économiques, mais aussi par son discours islamophobe. Au nom de l’hindouisme, il a pratiqué vis-à-vis de ses concitoyens musulmans une politique extrêmement dure qui n’est pas sans rappeler la politique menée par Israël au nom du judaïsme vis-à-vis des populations palestiniennes.

Les 175 millions de musulmans que compte l’Inde ont sans doute quelques soucis à se faire. Car comme l’écrit Christophe Jaffrelot, Directeur de recherche au CNRS, le but [des nationalistes hindous du Gujarat] n’était pas seulement de piller et de détruire des biens privés – même si cela a aussi eu lieu – mais bien de massacrer et de chasser les intrus (…) Il s’agissait bien d’éliminer toute trace de présence musulmane (Les violences entre hindous et musulmans au Gujarat in Revue Tiers Monde, t. XLIV, n° 174, avril-juin 2003, p. 361). Modi pourrait-il appliquer à l’Inde entière cette politique de purification ethnique qui fait inévitablement penser à celle pratiquée par le gouvernement israélien en Cisjordanie et sur le plateau du Golan ? Peut-être pas : étant donné que l’Inde fait aujourd’hui partie du BRICS multiethnique et multiculturel, Modi sera sans doute obligé de modérer ses pulsions confessionnelles.

Le deuxième personnage à s’être manifesté au soir du 16 mai n’est autre que le dalaï-lama qui, dans une lettre à Modi, l’a félicité de son élection à la tête de la plus grande nation démocratique au monde. Mais l’Inde, c’est aussi un pays où travaillent 40 millions d’enfants et où des dizaines de milliers de paysans, livrés au chantage de Monsanto, se sont suicidés. Le dalaï-lama n’aurait-il pas pu y faire allusion auprès de Modi, justifiant ainsi sa réputation compassionnelle ? Aurait-il craint d’indisposer les nouveaux dirigeants d’un État qui lui accorde l’hospitalité depuis plus d’un demi-siècle ?

Par ailleurs, que pensent de cet axe bouddho-hindouiste les Hui (musulmans chinois) vivant au Tibet depuis des siècles ? Il convient de rappeler qu’il y a deux grandes mosquées à Lhassa, la verte et la rose : qu’adviendrait-il de la minorité musulmane si ‒ ce qu’à dieu (!) ne plaise ‒ le Tibet devenait un État bouddhiste régi par le dharma ? Cette hypothèse reste heureusement à l’état de fantasme : tant qu’ils seront protégés par leur statut de citoyens de la République laïque de Chine englobant la Région autonome du Tibet, les musulmans tibétains pourront vivre en paix.

Dernière question : le dalaï-lama n’a-t-il pas déclaré solennellement en 2011 qu’il renonçait à toute activité politique ? Sous sa robe religieuse, il n’a pas cessé pour autant de multiplier les prises de position politiques partout dans le monde. Derniers exemples : le 5 novembre 2013, il se mêle du conflit territorial opposant le Japon et la Chine sur les îles Diaoyou. Le 21 février 2014, il est reçu par Obama. Le 22 avril 2014, il apporte son soutien au premier ministre conservateur du Japon Shinzo Abe et à … sa politique nucléaire. Ne serait-il pas temps que l’« Océan de sagesse » prenne exemple sur l’ex-pape Benoît XVI en se retirant dans un monastère et en cessant de se produire sur un échiquier géopolitique manipulé par d’autres ?
André Lacroix
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Lire également sur le Grand Soir
http://www.legrandsoir.info/au-japon-le-dalai-lama-apporte-un-soutien-inattendu-au-nucleaire-25372.html

28 mai 2014

Communiqué des médias libres et du journalisme de résistance



Le Lot en Action | 28 mai 2014

Voici le communiqué de presse rédigé collectivement à l'issue des rencontres des médias libres et du journalisme de résistance, qui se sont déroulées à Meymac le week-end dernier. Le Lot en Action y était ! Nous y reviendrons dans notre prochain numéro.

Ce week-end du 23 et 24 mai se sont déroulées à Meymac (Corrèze) la troisième édition des rencontres des médias libres et du journalisme de résistance. À l’issue de celles-ci, les participantes et participants présents proclament ces rencontres médiatiques comme permanentes et se fédèrent par l’intermédiaire de l’association « Rencontres Médiatiques », organisatrice de l’évènement.

Ce rendez-vous s’est déroulé dans la continuité des précédentes initiatives : rencontre des médias du tiers-secteur en 2006, Etats-généraux du pluralisme de 2008, rencontres nationales de la presse pas pareille à Marseille fin 2013.

À la suite des constats déjà dressés, nous observons que les médias dominants ne remplissent plus leur fonction démocratique dans la société. Pour que vive le débat, nous sommes indispensables car nous remplissons de fait des missions d’utilité publique. Nos valeurs communes sont la justice, l’égalité, la lutte contre toutes les formes de discriminations et de domination. Notre démarche reste toujours tournée vers l’éducation populaire et l’émancipation de toutes et tous. En conséquence, nous ne pouvons nous satisfaire d’être maintenus dans la précarité et la survie permanentes et réclamons des moyens financiers pour exister, notamment via la refondation du système des aides à la presse et aux médias.

Nous appelons toutes les structures qui se reconnaissent dans notre démarche à venir grossir les rangs de ce front commun des Médias Pas Pareils (dits du tiers-secteur) qui ne sont ni des médias publics d’Etat, ni des médias privés à but commercial. Nous invitons également à nous rejoindre les citoyennes et citoyens, usagères et usagers des médias qui doivent avoir toute leur place dans ce mouvement et à l’intérieur de ces médias. Les organisations syndicales, politiques et professionnelles doivent elles aussi assumer leurs responsabilités et se saisir de cette question éminemment politique et centrale.

Pour asseoir nos revendications, nous créons une coordination permanente des médias Pas Pareils et une plateforme web commune qui sera très rapidement mise en ligne. Nous lancerons également d’ici deux semaines un appel détaillant nos propositions et les moyens d’action. Nous nous engageons à faire vivre collectivement cette démarche.

Fait à Meymac, le 25 mai 2014

Premiers signataires : Acrimed, À contre Courant, Adiu sud Gironde, Adiu TV, Cassandre/hors Champs, CDRLP, L’insatiable, le Ravi, Hexagones, Lutopik, Friture Mag, Le Nouveau Jour J, La Lettre à Lulu, Le Lot en Action, Les Pieds dans le PAF, Michel Fizbin, Hexagones, Pierre Merejkowski, Inform’action, Reflets.info, Rézonances TV, Reporterre, Rencontres médiatiques, Ritimo, Denis Robert, Sisyphe vidéo, TV Bruits, ZdF, Zelium, des journalistes, des militants des ZAD, des citoyennes et citoyens...
 

27 mai 2014

L'arnaque de la dette publique enfin dévoilée




Le collectif pour un audit citoyen de la dette publique publie aujourd’hui son premier rapport d’audit. Celui-ci est disponible ici : http://www.audit-citoyen.org/?p=6291

Sa principale conclusion : 59% de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs. Vous en trouverez un résumé ci-dessous.

- Le rapport est par ailleurs en Une de Mediapart : http://www.mediapart.fr/journal/france/270514/sous-la-dette-publique-larnaque-neoliberale

- Une vidéo est disponible sur le site de Marianne : http://www.marianne.net/Thomas-Coutrot-59-de-la-dette-publique-est-illegitime_a239104.html

L’équipe du Collectif Audit Citoyen (CAC).

* * *

59% de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs

Tout se passe comme si la réduction des déficits et des dettes publiques était aujourd’hui l’objectif prioritaire de la politique économique menée en France comme dans la plupart des pays européens. La baisse des salaires des fonctionnaires, ou le pacte dit « de responsabilité » qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses publiques, sont justifiés au nom de cet impératif.

Le discours dominant sur la montée de la dette publique fait comme si son origine était évidente: une croissance excessive des dépenses publiques.

Mais ce discours ne résiste pas à l’examen des faits. Dans ce rapport nous montrons que l’augmentation de la dette de l’État – qui représente l’essentiel, soit 79%, de la dette publique – ne peut s’expliquer par l’augmentation des dépenses puisque leur part dans le PIB a chuté de 2 points en trente ans.

Si la dette a augmenté c’est d’abord parce que tout au long de ces années l’État s’est systématiquement privé de recettes en exonérant les ménages aisés et les grandes entreprises : du fait de la multiplication des cadeaux fiscaux et des niches, la part des recettes de l’État dans le PIB a chuté de 5 points en 30 ans.

Si l’État, au lieu de se dépouiller lui-même, avait maintenu constante la part de ses recettes dans le PIB, la dette publique serait aujourd’hui inférieure de 24 points de PIB (soit 488 milliards €) à son niveau actuel.

C’est ensuite parce que les taux d’intérêt ont souvent atteint des niveaux excessifs, notamment dans les années 1990 avec les politiques de « franc fort » pour préparer l’entrée dans l’euro, engendrant un « effet boule de neige » qui pèse encore très lourdement sur la dette actuelle.

Si l’État, au lieu de se financer depuis 30 ans sur les marchés financiers, avait recouru à des emprunts directement auprès des ménages ou des banques à un taux d’intérêt réel de 2 %, la dette publique serait aujourd’hui inférieure de 29 points de PIB (soit 589 milliards €) à son niveau actuel.

L’impact combiné de l’effet boule de neige et des cadeaux fiscaux sur la dette publique est majeur : 53% du PIB (soit 1077 milliards €). Si l’État n’avait pas réduit ses recettes et choyé les marchés financiers, le ratio dette publique sur PIB aurait été en 2012 de 43% au lieu de 90 % comme le montre le graphique ci-contre.

Au total, 59% de l’actuelle dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêts excessifs.

La hausse de la dette publique provient pour l’essentiel des cadeaux fiscaux et des hauts taux d’intérêt


Source : Insee, comptabilité nationale ; calculs CAC

Le rapport d’audit propose aussi une évaluation des impacts des paradis fiscaux ainsi que de la crise financière de 2008 dans l’envolée de la dette publique.

Au total, il apparaît clairement que la dette publique a été provoquée par des politiques économiques largement favorables aux intérêts des créanciers et des riches, alors que les sacrifices demandés aujourd’hui pour la réduire pèsent pour l’essentiel sur les salariés, les retraités et les usagers des services publics. Cela pose la question de sa légitimité.

Le rapport se conclut par une série de propositions destinées à alléger le fardeau de la dette (près de 50 milliards d’euros d’intérêts par an et plus de 100 milliards de remboursements) pour rompre avec le cercle vicieux des politiques d’austérité et financer les investissements publics dont l’urgence sociale et écologique n’est plus à démontrer.

La réalisation d’un audit de la dette publique effectué par les citoyens ou sous contrôle citoyen, devrait permettre d'ouvrir enfin un véritable débat démocratique sur la dette publique. Ce débat devrait amener à déterminer quelle partie de cette dette est jugée par les citoyens comme illégitime. Les premières évaluations ici proposées par le groupe de travail du Collectif pour un audit citoyen se veulent une contribution à ce débat. 
 

L’échec du Front de gauche tient à lui-même



L’échec du Front de gauche tient à lui-même


27 mai 2014 | Par Pierre Khalfa

Avec 6,33 % des voix aux élections européennes, le Front de gauche (FdG) connaît un échec. Celui-ci apparaît d’autant plus grave si on le met en relation avec l’espoir un moment affiché que ces élections soient l’occasion de faire du FdG la première force à gauche, opérant ainsi un rééquilibrage porteur d’une future alternative gouvernementale. Comment expliquer, alors que le PS connaît une défiance profonde, que le FdG n’en tire pas les bénéfices, alors même qu’il porte une critique féroce d’une politique gouvernementale elle-même massivement rejetée ? (...)

 

Catastrophe nucléaire en cours aux USA



USA : une catastrophe nucléaire en cours à 655 mètres sous terre au centre de stockage de déchets radioactifs du Nouveau Mexique

 

20140206__WPPnidnt-0206_p2.jpgDepuis le 5 février 2014, une catastrophe nucléaire est en cours au centre de stockage profond de déchets radioactifs au Nouveau Mexique (USA). Un incendie dans la zone nord puis, 9 jours plus tard, un relâchement de radioactivité dans la zone sud se sont produits au WIPP (Waste Isolation Pilot Plant) qui est prévu pour entasser 176 000 m3 de déchets transuraniens contenant notamment de l’Américium et du Plutonium, issus d’activités nucléaires de défense (recherches militaires et production d'armes nucléaires). Un ou plusieurs containers se sont ouverts, à 655 mètres sous terre, suite à une explosion d’origine chimique. La radioactivité la plus terrible - Plutonium, Americium - s’est échappée et s’échappe encore. (...)

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26 mai 2014

Depuis 2008, le niveau moyen des plus démunis a diminué de 400€



Observatoire des inégalités | 26 mai 2014

La France populaire décroche, qui s’en soucie ?

Depuis 2008, le niveau de vie des plus démunis diminue diminue. Une crise qui alimente les tensions sociales, mais n’inquiète pas plus que ça les couches favorisées, dont les revenus continuent à augmenter. Par Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.



+ 1 800 euros annuels pour les 10 % les plus riches, - 400 euros pour les 10 % les plus pauvres. Le bilan de l’évolution des revenus sur la période 2008-2011 [1] est sombre pour les milieux populaires. La « baisse généralisée du pouvoir d’achat » [2], tant médiatisée, est une imposture : le pouvoir d’achat augmente pour les plus riches et diminue pour les plus pauvres.

Bien des catégories sont à l’abri de la crise. Elle ne frappe qu’une partie de la population : les plus modestes, déjà fragilisés par des décennies de chômage. Les jeunes, les ouvriers et les employés, la main d’œuvre peu qualifiée travaillant dans les petites entreprises du secteur privé et les immigrés sont en première ligne. Et pourtant, on entend essentiellement le bruit des couches aisées qui continuent d’oser se plaindre d’être matraquées par les impôts. Le gouvernement, dont l’action est formatée par les sondages, a entendu le « ras-le-bol-fiscal ». Il a perdu le sens de la réalité sociale. Les politiques mises en œuvre sont totalement décalées par rapport à la hauteur de l’enjeu.




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Pour que vive Acrimed


Souscription exceptionnelle : 40 000 euros pour que vive Acrimed !


le 25 mai 2014, par le Collectif d'animation d'Acrimed

Nous ne vous le cacherons pas : après dix-huit ans de bons et loyaux services, ACRIMED menace de se trouver dans une situation très périlleuse d’ici quelques mois et, en tout cas, avant la fin de l’année, en raison de la fonte de ses ressources.

Alors que la presse dominante est gavée d’aides publiques distribuées en dépit du bon sens, nous ne pouvons compter que sur les dons de celles et ceux qui nous soutiennent et sur les cotisations de nos adhérent-e-s. Nous ne recevons aucune subvention ; les mécènes et autres philanthropes ne goûtent vraisemblablement pas notre critique. Nous refusons toute forme de publicité, et la consultation de notre site, enrichi presque quotidiennement, demeure entièrement gratuite. Quant à notre magazine trimestriel, Médiacritique(s), il offre, espérons-le, un agrément de lecture à ses acheteurs, mais ne rapporte qu’un bénéfice symbolique à l’association…

C’est pourquoi nous sommes contraints de lancer un appel à souscription de 40 000 euros, destinés à pérenniser les deux emplois salariés indispensables au bon fonctionnement et au développement de l’association et du site internet.
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40 000 euros, un objectif ambitieux mais réaliste, qui équivaut à… 0,25 % des aides publiques versées au Figaro et au Monde en 2013 (plus de 16 millions d’euros pour chacun des deux titres).

40 000 euros, un objectif que nous pourrons atteindre si celles et ceux qui apprécient et soutiennent notre travail ou, tout simplement, le jugent utile, contribuent, à la hauteur de leurs moyens, en versant quelques dizaines… ou quelques milliers d’euros !

Nous le savons, la conjoncture, minée par la crise et plombée par l’austérité, ne nous est pas favorable, et nombreux doivent être celles et ceux qui se sentent requis par d’autres urgences personnelles et d’autres combats collectifs. Raison de plus, à nos yeux, pour ne rien lâcher, et pour réaffirmer la nécessité de critiquer des médias qui, pour l’essentiel, accompagnent la révolution conservatrice qu’on nous impose au prétexte de la crise.

Le succès de la souscription dépendra largement de la mobilisation de toutes et de tous.

Nous vous invitons donc à visiter notre boutique pour effectuer un don par carte bancaire : http://boutique.acrimed.org/14-faire-un-don.html, et au-delà, à adhérer, avec ou sans abonnement à Médiacritique(s) : http://boutique.acrimed.org/4-adhesion.html. Le tout avec déduction fiscale, désormais possible (voir ci-dessous).

Celles et ceux qui souhaiteraient nous faire parvenir un chèque - à l’ordre d’Acrimed - peuvent nous l’adresser au 39 rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010 Paris.

Nous comptons sur vous pour convaincre vos ami-e-s, camarades, collègues, contacts et abonné-e-s des réseaux sociaux, de faire de même. N’hésitez pas à solliciter également votre famille, votre voisin-e, votre député-e, votre patron-ne ou votre éditocrate préféré-e.
 
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Qu’on se le dise : Acrimed a besoin de vous, Acrimed a besoin de sous !
Paris, le 20 mai 2014

Le Collectif d’animation d’Acrimed

Suite, exonération fiscale ....

25 mai 2014

La Grande Parade Métèque s'est déroulée à Romainville



L'association 1/4 organisait hier pour la toute première fois "la Grande Parade Métèque"


« Grande Parade Métèque »Les Lilas, Romainville, Pantin, Pré-Saint-Gervais

De 14h à 17h 30 - depuis la Cité Cachin à Romainville

Le rendez-vous était à la cité Marcel Cachin à Romainville (15mn à pieds de la station de métro Mairie des Lilas ; cf : le plan ci-joint et ci-dessous). le rendez-vous pour les jeunes majeurs du 93, de Paris et de l'Ile-De-France à 13h30 à la sortie du métro.

L'association « un sur quatre » est un collectif d'habitants, de voisins, d'amis des Lilas, de Romainville, de Pantin et du Pré-Saint-Gervais. Elle organisait le 24 mai, la première édition de la Grande Parade Métèque, qui a traversé ces quatre villes. L'objectif était de valoriser, transmettre et partager les bienfaits de l'immigration, de clamer la fierté de vivre dans un pays riche de populations d'origines et de cultures différentes. « Pas besoin d'être français pour se sentir français, pas besoin d'être étranger pour se sentir étranger »

L'association 1/4 organisait pour la toute première fois "la Grande Parade Métèque" dans l'espoir de valoriser, transmettre et partager auprès des publics les plus larges possible les bienfaits de l'immigration … autrement.

Les Amoureux au ban public participaient à l’événement et vous attendaient nombreux ! Le collectif d'Île-de-France a construit un char que vous avez eu la joie de découvrir samedi, nous étions également présent sur le village avec un stand dédié aux couples franco-étrangers et vous avons présenté également le film documentaire de Nicolas Ferran, réunissant 13 témoignages.


Signons, diffusons cet appel et mobilisons-nous ! Appel:

La haine de la différence envahit les murs, les médias, la rue, les citoyens et plus particulièrement les jeunes désespèrent. Et pourtant une multitude de personnes s'engagent pour les autres, l'intérêt général, la diversité, le respect.

Et si nous manifestoyons tous ensemble pour affirmer que nous voulons vivre ensemble dans le respect de nos différence.

Il s'agit de rappeler que l'égalité politique pour tous est un fondement de la République française.

Nous invitons toutes les personnes qui ressentent comme nous ce besoin de se montrer unies, nous demandons

L'appui de tous les réseaux, les collectifs, les associations, les fanfares, les groupes de musiques les poètes, les savants, les fous, pour une grande parade.Tout le monde pouvait participer

La Grande Parade était soutenue par les municipalités des villes traversées, et par de nombreuses associations et ONG (le MRAP, RESF, la Ligue des Droits de l'Homme, les Amoureux au ban public, la Cimade, Migreurop …), le collège Gustave Courbet, le Conservatoire de Romainville, des artistes, des collectifs de sans-papiers, ...

La parade se voulait légère et festive. Les citoyens ou collectifs ont pu construire leur propre char et déguisements pour accompagner ceux réalisés par l'organisation (chars à motricité humaine, animale ou électrique uniquement). Une aide était possible tous le samedi de 14h à 18h dans notreusine, au 39 rue Carnot à Romainville, on y trouvait aussi des conseils, des outils et des matériaux. La parade s'est terminée dans le Parc de Romainville et a été suivie d'un débat dans une Agora et d'un grand bal en soirée.

Mettons de la couleur dans nos vies !! Participons tout-e-s et tous à la Grande Parade Métèque !!
 

Gitanes sans filtre


Femmes de ménage occupant le ministère des Finances. Athènes, le 23 mai (Greek crisis)


Par Panagiotis Grigoriou | Greek crisis | 24 mai 2014 | Voir en ligne

La campagne se termine. Dans les cafés, on discute parfois politique avec la même verve que jadis. Entre autres seulement. La ville d’Athènes est recouverte d’affiches, misère en papier cadeau. Les partis politiques ont encore organisé ces rassemblements ouverts à l’ancienne, mais le succès fut parfois mitigé. Vendredi 23 mai, le meeting d’Antonis Samaras et de sa Nouvelle démocratie place de la Constitution, a tourné au fiasco. Images trompeuses du pays trompé.

Et d’après une partie de la presse grecque (par exemple epikaira.gr), les banques internationales s’en mêlent désormais jusqu’au bout, en... administrant (indirectement) leurs consignes de vote, tel le Crédit Agricole lequel au moyen d’un courrier adressé à une partie de sa clientèle française, insiste sur “le risque de déstabilisation qu'impliquerait une large victoire de SYRIZA en Grèce” (aussi sur in.gr au 22 mai).

Les violons s’accordent alors, même lorsqu’il s’agit de la parodie démocratique des élections dites européennes. Les maîtres du jeu ou leurs exécutants, multiplient les déclarations “mettant en garde contre les populismes”, du ministre Schäuble, jusqu’à l’agence de notation... ou plutôt de connotation Fitch, laquelle vient de relever cette semaine la note de la Grèce de B- à B, il y a de quoi... ressusciter nos morts de la crise.

 Sur les affiches d’Alekos Alavanos et du parti de gauche du Plan-B, le message est clair: “Non à votre euro, non à notre chômage”, cependant, à travers la sociologie de la gauche grecque, les attitudes s’entredéchirent... sous le linceul de l’histoire. Takis par exemple, estime que “la participation aux élections européennes tient déjà du paradoxe, puisqu'elle légalise symboliquement une instance qui sert à maquiller le caractère dictatorial du pouvoir illégitime de la Commission européenne et de l'imposture démocratique de l'UE”.

Son amie Anna, Syriziste convaincue, estime au contraire que “même si en France ou en Allemagne on peut se permettre le luxe d'une telle attitude, en Grèce par contre, ce vote, comme celui aux élections locales, constituent une étape dans la bataille décisive. Personne ne doit manquer à l'appel”. Après tout, Alexis Tsipras a déclaré récemment que l’appartenance de la Grèce à l’euro et autant à l’OTAN ne seront pas mises en cause en cas de victoire de SYRIZA et cette phrase d’Alexis a aussitôt été utilisée dans un spot électoral du KKE (PC grec), pour faire comprendre aux électeurs de ce large éventail... de la petite gauche grecque... que le “choix authentique aux élections européennes c'est le KKE”.

Et tandis que l’étrange figure politique de l’inconnu Jean-Daniel Colombani, tente sa chance en se portant candidat au Conseiller municipal à Agia Paraskevi, dans les quartiers nord de l’agglomération d’Athènes, loi et plus précisément à Skouries (région de Chalkidiki), dans cette contrée symbole de la lutte contre les mines d’or, le KKE a présenté son propre candidat.

Pourtant, le contexte est limpide, voire tranchant, le candidat et maire sortant Christos Pachtas proche des exploitants de la mine (46,95% dimanche dernier) affrontait le candidat du mouvement local et forcement populaire, issu du collectif formé depuis presque deux ans, Yannis Michos (élu avec 51,79%). C’est ainsi que le candidat KKE Yannis Trikaliotis, s’est contenté d’un petit 1,92% et d’un si grand ridicule, “le KKE contre le Soviet local” ont alors ironisés certains.

 Partout en Grèce mais loin des... Soviets, on prépare en ce moment les caïques de la grande famille ancestrale de petits bateaux rustiques, ainsi que les autres bateaux, l’été est là. Les professionnels de la mer et du tourisme craignent toutefois... l’ampleur dévastateur des bas tarifs et des réductions qui se généralisent lorsque leurs frais ne baissent pas.

Et entre les plus nantis des quartiers Sud, on peut alors prendre son café à la marina, lire le cas échéant le vieux quotidien “Hestia” de la paléo-droite des Colonels, et s’intéresser donc, autant aux nouvelles, qu’aux investissement supposés prometteurs, par exemple la construction en Grèce de toute une pléiade de complexes hôteliers médicalisés, pour un “séjour spécialisé” de très longue durée, “une aubaine, les retraités aisés venus d'Allemagne ou d'Angleterre s’installeront chez nous, le business est prometteur Petros, écoute-moi”.

Le fiasco de Samaras place de la Constitution. Athènes, le 23 mai

 Loin je dirais des préoccupations des nantis, on ironise encore du fiasco du rassemblement d’Antonis Samaras du 23 mai, preuve à l’appui, entre les plans construit par la télévision et les photos... réellement existants. Sauf que tout notre univers, relève de la construction numérique et du lifestyle.

C’est ainsi que la “Rivière”, le nouveau parti extrémiste dans l’imposture démocratique du journaliste hyper-systémique et Merkelochrome Stavros Théodorakis, fait campagne au moyen de spots télévisés ouvertement sexistes, ou plus exactement, explicitant le désir sexuel suivant les codes de la pire pornographie publicitaire. Vasso Kindi et Périclès Vallianos, tous deux universitaires et candidats “riviériste”, ont exigé mais en vain, le retrait de ce spot “odieux, et d'ailleurs, la ‘Rivière’ devrait présenter toutes ses excuses à chaque femme, ainsi qu'a toute personne encore digne dans ce pays” (naftemporiki.gr du 20 mai).

Stavros Theodorakis a aussitôt répliqué que “de tels spots font la promotion de la joie de la vie”, tandis que Martin Schulz, de l’Allemagne, de l’Empire et de la social-démocratie des pires extrémismes avérés, a alors déclaré ceci: “Je suis heureux de voir la 'Rivière', cette nouvelle force politique sérieuse, progressiste et pro-européenne, prendre toute sa part dans cette bataille contre les forces des ténèbres et de la haine” (Quotidien “Kathimerini”). 

 Et parmi les... forces de la haine, ces femmes courageuses, licenciés du ministère des Finances il y a plus d’un an et dont récemment la justice a jugé le licenciement illégal ; elles occupent une partie de “leur” ministère depuis cette semaine, sans doute, le gouvernent... de l’illuminé Samaras attend le lundi (après les élections) pour... faire le ménage. 

 Le jeune Alexis Tsipras aurait un peu vieilli depuis les élections législatives de 2012, étant donné que notre âge politique devient alors un multiple de notre âge biologique par cette... historicité décidément accélérée. Ceux de la gauche auront remarqué dernièrement en distribuant des tracts à Athènes, combien les plus jeunes sont moins réceptifs, voire très hostiles aux arguments et symboles de la gauche, chez les 15-20 ans l’Aube dorée... c’est dès lors leur mythe.

Les grandes surfaces exhibent déjà le matériel de camping, été oblige, et d’une manière presque très ironique, le slogan sur un mur proche, incite les jeunes et les moins jeunes à “agir dans la rue”, dans l’indifférence... la plus totale chez les futurs campeurs. 

 Enfin Maria, originaire du centre du pays, prétend que dans sa région, prétend que “la Nouvelle démocratie de Samaras distribue de billets de 50 euros à nos concitoyens gitans en vue du vote de demain et que cette pratique n'est guère isolée”.

De la politique... sans filtre, images trompeuses du pays trompé. 

 

24 mai 2014

Les dessous de l'affaire Boko Haram


« Sauvons notre fric ! »

21 mai 2014

Voter pour dire non au Grand Marché Transatlantique



Agoravox

Européennes : les élections qui peuvent changer votre vie (Tout ce qu’il faut savoir sur le Grand Marché Transatlantique)

 Les élections européennes sont sans soute les plus importantes cette année et on ne vous le dit pas ! Les futurs eurodéputés diront oui ou non au Traité de Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement. Voter à ces élections est le seul moyen dont nous disposons, nous, citoyens d’Europe, pour faire en sorte que ce traité, qui remettrait en cause notre mode de vie, ne soit jamais signé.
Les élections européennes se déroulent le dimanche 25 mai 2014. Depuis des semaines, les médias ne nous parlent que, avec une gravité feinte, de l’abstention qu’ils annoncent massive et, avec une délectation à peine dissimulée, du score du FN qu’ils prédisent stratosphérique.

Du fond et des idées, on commence à peine à parler et les jours sont maintenant comptés avant le scrutin. Alors, il faut aller à l’essentiel.

Ces élections ne sont pas une péripétie de la vie « démocratique » nationale et européenne.

La raison est simple : les députés qui seront élus devront, dans quelques mois, se prononcer pour ou contre le traité de Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement.

Ce traité est aussi appelé TTIP pour « Transatlantic Trade and Investment Partnership », GMT pour « Grand Marché Transatlantique » ou encore TAFTA pour « Transatlantic Free Trade Area”.

Si vous fréquentez les arrière-cours du net, vous avez déjà entendu parler de ce traité et de ses dangers depuis des mois voire des années. Si vous vous contentez de la télé et de la radio, il est probable que vous avez découvert son existence il y a peu.


L’origine : l’échec des négociations de l’OMC au niveau mondial

A la suite de l’échec des négociations menées au niveau de l’OMC (cycle de Doha), les Etats-Unis ont décidé de mettre en place des accords régionaux ne risquant pas de rencontrer l’opposition des états émergeants. Deux traités sont donc négociés : Le Partenariat Trans-Pacifique (PTP) implique principalement, outre les USA, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande … et le partenariat transatlantique qui implique les Etats de l’Union Européenne.

Les Etats-Unis font le pari que les règles les plus libérales de l’OMC, rendues applicables dans ces deux marchés, s’imposeront de fait au reste du monde et notamment aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).


Des négociations opaques et sous l’influence des multinationales  

Côté européen, c’est la Commission qui négocie l’accord avec les américains.

Pour cela, la Commission a reçu un mandat des Etats, mandat qu’elle a elle-même préparé et rédigé en collaboration étroite avec les représentants des milieux patronaux et financiers (93 % des 130 réunions préparatoires se sont tenues avec des multinationales).

Le mandat a été formellement adopté par les Etats au mois de juin 2013. Ont officiellement connaissance du contenu de ce mandat, les chefs d’Etats et la Commission. Ont officieusement connaissance du mandat, les lobbies qui ont participé à sa rédaction et qui assistent la Commission dans les négociations et les Etats-Unis puisqu’il est établi qu’ils espionnaient les institutions européennes et certains chefs d’Etat comme la Chancelière allemande. Sont officiellement tenus dans l’ignorance du contenu du mandat, les parlementaires européens et nationaux et bien évidement les citoyens européens …

Concrètement, c’est le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, qui négocie pour l’Europe. Karel De Gucht est un ultralibéral adepte du tout marché et de la dérégulation, soupçonné de fraude fiscal dans son pays …

Officiellement, le secret qui entoure ce mandat et ces négociations est justifié par la nécessité de ne pas dévoiler à l’autre partie les marges de manœuvre dont on dispose. On sait ce qu’il en est du secret du mandat vis-à-vis des grandes oreilles américaines…

La vraie raison de ce secret et de l’absence de débat public sur ce sujet est que si les citoyens étaient informés, ils s’opposeraient à ce projet de traité.

François Hollande l’a bien compris, lui qui a déclaré lors d’un voyage officiel à Washington : "Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations".

Pourquoi donc devrions-nous avoir peur ?

Une remise en cause programmée de notre mode de vie

Ce traité, s’il entre un jour en vigueur, bouleversera nos vies et nos sociétés.

Le mandat donné à la Commission stipule :

« L’Accord prévoira la libéralisation réciproque du commerce des biens et services ainsi que des règles sur les questions en rapport avec le commerce, avec un haut niveau d’ambition d’aller au-delà des engagements actuels de l’OMC. »

Pour atteindre ces objectifs, il est prévu deux types de mesures.

Tout d’abord, la suppression des droits de douane. Cette mesure impactera essentiellement l’agriculture européenne l’exposant à des importations massives de produits agricoles américains bon marchés car produits selon des normes sociales, sanitaires et écologiques plus basses que celles en vigueur en Europe. Ceci contribuera, dans une course à la productivité, à une industrialisation maximum de l’agriculture impliquant un recours accru aux engrais et pesticides.

Le second type de mesures consiste à réduire « les barrières non tarifaires ». Concrètement, cela veut dire éliminer toutes les normes jugées inutiles pouvant gêner le commerce. On touche là au cœur du problème car ces barrières non tarifaires ne sont rien d’autre que nos normes sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales, techniques …

L’objectif est d’arriver à une harmonisation des réglementations. La norme la moins contraignante deviendra dans la majorité des cas la règle commune. On imagine mal en effet, un traité ayant pour objectif de favoriser le commerce imposer à l’une des parties des règles plus contraignantes que celles jusque-là en vigueur.

Or, majoritairement, ces normes sont moins contraignantes aux Etats-Unis notamment en matières sociale, alimentaire ou environnementale. Les USA n’ont pas ratifié les conventions de l’organisation Internationale du Travail (OIT). Les USA n’ont pas ratifié le Protocole de Kyoto….

Concrètement, ce traité conduira immanquablement à une dérégulation, à une baisse des standards dans de nombreux domaines. Les victimes en seront les consommateurs, les salariés, l’environnement …

Il ne sera ainsi plus possible de refuser l’exploitation du gaz de schistes, l’importation de bovins élevés aux hormones, la culture d’OGM, l’importation de volailles lavées au chlore, la vente libre des armes … toutes restrictions qui seront qualifiées d’entraves inutiles au commerce !

Les partisans du traité argueront du fait que plusieurs fois le texte mentionne la protection des droits sociaux et environnementaux. Ils oublieront de vous préciser qu’il s’ agit toujours de vœux pieux non contraignants.

Ce traité, du fait de l’application maximum des principes de l’OMC, notamment celui du traitement national, conduira à un mouvement de privatisations dans les domaines de l’éduction, de la santé et de la sécurité sociale.


Une justice sur mesure pour les multinationales

Pour faire respecter ce traité est prévu un « mécanisme de règlement des différends entre Etats et investisseurs ».
Si une multinationale estime qu’un Etat viole le traité, par exemple en prenant une loi trop protectrice de l’environnement dont le respect engendre un surcoût pour elle, elle pourra porter le litige, non pas devant une juridiction étatique nationale mais devant des arbitres privés. C’est une déclinaison du système de l’arbitrage pratiqué dans le monde des affaires, le dossier Tapie ayant démontré les merveilles que peut produire ce mode de règlement des litiges …

Un Etat sera donc jugé par des arbitres privés dont la décision ne sera pas susceptible d’appel. Si l’Etat est reconnu coupable, il devra soit renoncer à sa loi, votée par les représentants du peuple, soit payer une amende de quelques millions voire milliards d’euros pour dédommager la multinationale privée du gain espéré.

Un tel mécanisme existe déjà dans le cadre de l’ALENA, l'accord de libre-échange liant les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. En 20 ans de pratique, l’Etat canadien a été attaqué 30 fois par des multinationales. Le Canada a perdu 30 fois.

Ce système est taillé sur mesure pour les multinationales qui pourront imposer aux Etats ou toutes collectivités publiques de renoncer à des règles prises dans l’intérêt général.


Des avantages impossibles à démontrer


Comment justifie-t-on économiquement ce traité ? Car favoriser le commerce pour favoriser le commerce c’est un peu court.

La Commission a donc mandaté un organisme « indépendant », le Center for Economic Policy Research. Celui-ci a conclu qu’à l’horizon 2027, on pouvait attendre une augmentation de 0,5 % du PIB européen et la création de 400.000 emplois.

Vous avez bien lu ! Dans 13 ans, on peut espérer que le traité transatlantique aura généré un misérable gain de 0,5 % du PIB européen et créé 400.000 emplois alors que l’Europe compte aujourd’hui 26 millions de chômeurs !

On pourrait penser que c’est un adversaire du monde des affaires qui a réalisé cette étude mais non. Le directeur du CEPR, Guillermo de la Dehesa, est conseiller de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs depuis 1988, membre du comité exécutif de la banque Santander, conseiller du laboratoire pharmaceutique Lily, président des Assurances Aviva depuis 2000. Il était aussi un des dirigeants de la branche Europe de Coca Cola de 2004 à 2006.

On peut en conclure que cette étude est très optimiste…

Ce traité n’aura donc pas ou peu d’impact sur le volume de notre économie.

Faisons le bilan de tout cela.

Qui va y gagner ? Réponse : les multinationales qui verront les contraintes sociales, sanitaires et environnementales fondre comme neige au soleil, leur permettant de produire à moindre coût.

Qui va y perdre ? Réponse : nous les citoyens qui verront les normes protectrices reculer, les services publics attaqués, notre souveraineté bafouée.

Ce sont 200 ans de progrès sociaux, les fondements de notre République qui sont remis en cause par un accord commercial !


Seuls les députés européens pourront s’opposer à la conclusion du traité.

Si les élections européennes sont si importantes, c’est qu’elles vont désigner les eurodéputés qui auront à se prononcer sur ce traité. Ils seront les seuls représentants élus à pouvoir stopper le processus. Les parlements nationaux ne seront pas consultés malgré les molles dénégations de Karel De Gucht. La qualification d’accord mixte nécessitant une ratification au niveau européen et au niveau national sera à terme écartée puisqu’elle placerait l’accord sous la menace d’un vote négatif d’un seul parlement national.

En allant voter dimanche, vous aurez donc l’occasion, et ce sera la seule, de dire non au Traité de grand marché transatlantique.


Qui est pour, qui est contre ?

Seuls deux grands mouvements politiques mènent, en France, une campagne pour dénoncer les menaces que fait peser ce traité sur notre mode de vie. Il s’agit d’Europe Ecologie Les Verts et du Front de Gauche. D’autres partis plus petits sont également engagés dans ce combat : Nouvelle Donne, Debout la République…

Sont favorables au traité, le PS, l’UMP, l’UDI et le FN. Ce dernier fait mine de s’insurger contre le projet d’accord mais lorsqu’il s’est agi de voter, au sein de collectivités locales, des motions ou résolutions contre ce projet, les élus du FN ont toujours voté contre celles-ci et donc pour le grand marché transatlantique.

Dimanche, allez voter, pour vous, pour vos enfants et pour la mémoire de tous ceux qui, au cours des siècles, se sont battus pour notre modèle de société où l’intérêt général prévaut sur les intérêts particuliers.


Un référendum sur le droit à l’eau interdit en Grèce



Le 18 mai, Thessalonique, dont l’agglomération dépasse un million d’habitants, devait voter pour ou contre la privatisation de son eau. Ce référendum populaire consultatif devait se tenir en même temps que les élections locales. Son organisation était soutenue par onze maires de l’agglomération, dont celui de Thessalonique. Qu’importe ! Le gouvernement grec du conservateur Antònis Samaràs a déclaré la consultation illégale.

C’est la « Troïka » – FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne – qui exige de la Grèce de privatiser la gestion de l’eau dans les deux plus grandes villes du pays, Athènes et Thessalonique. L’entreprise qui gère la distribution de l’eau à Thessalonique (EYATH) est déjà une société anonyme. Elle reste cependant contrôlée par l’Etat à 51%, qui doit donc vendre sa participation. Plusieurs municipalités de l’agglomération ont proposé de racheter les parts de l’État grec. En vain. Un collectif de syndicats et de citoyens ont tenté de participé à l’appel d’offre, via un réseau de coopératives d’usagers : chaque habitant de la ville aurait acquis une part du service de l’eau, pour un montant de 136 euros par logement connecté au réseau. D’où le nom donné à cette mobilisation, « l’initiative 136 ». L’appui d’« investisseurs éthiques » internationaux et des acteurs de la finance solidaire pour aider les résidents à acquérir leur part était même envisagé. En vain. (...)

Suite sur Basta!


 
 

20 mai 2014

Les trois morts de Jean jaurès


Le Grand Soir | par Maxime Vivas | 18 mai 2014


(Ce texte reprend les éléments d’une conférence faite dans le Lauragais, dimanche 18 mai 2014).
Pourquoi ont-ils tué Jaurès a chanté Jacques Brel en 1977. La chanson est reprise par la suite par Manu Dibango puis par Francesca Solleville, et par Zebda …On ne compte plus les noms de rues, ou de places, ou d’écoles qui portent le nom de Jaurès. Il y a aussi des stations de métro ( Paris, Toulouse). Des milliers d’articles ont été écrits sur lui, des centaines de livres lui ont été consacrés, des films, des thèses. Aujourd’hui, chacun le revendique.
Le double risque est de parler à la place des morts ou de les faire taire. Je vais esquiver ces travers en laissant parler Jaurès lui-même. Mon propos sera lacunaire, mais pas manipulatoire.
Il y a chez moi une part de subjectivité que j’assume d’autant mieux que ceux qui se prétendent objectifs ne le sont jamais. Personne n’ignore qu’il n’y a pas d’esprit neutre, d’intelligence cristalline qui restitue la lumière sans la déformer.


Au cours des quelques minutes que vous avez aimablement décidé de passer avec moi (et je vous en remercie), je vais vous parler des trois assassinats de Jaurès.

- Le premier est connu, il s’est passé au café du Croissant à Paris, j’en dirai un mot.
- Le deuxième est méconnu et je m’y attarderai donc davantage.
- Le troisième est inconnu, anecdotique peut-être, encore que la folie guerrière est toujours porteuse de douleur. Je vous en parlerai brièvement pour terminer par une touche d’émotion.

Pendant la journée du vendredi 31 juillet 1914, Jaurès tente, d’abord à la Chambre des Députés, puis au ministère des Affaires étrangères, de stopper le déclenchement des hostilités. En fin d’après-midi, il se rend à son journal, L’Humanité qu’il a créé en 1904.

Par parenthèse, ce quotidien, l’Humanité, présente quelques particularités : sa longévité et son ancrage obstiné à gauche. C’est à ce jour un des rares quotidiens d’opinion (avec la Croix) et le seul quotidien porteur d’idées de gauche en France (sauf à considérer que Libération n’a trahi ni son fondateur, Jean-Paul Sartre, ni la gauche, en approuvant depuis 20 ans toutes les guerres de l’OTAN).

Donc, Jaurès le pacifiste doit rédiger à l’Humanité un article, qu’il conçoit comme un nouveau « J’accuse ». Avant la nuit de travail qui s’annonce, il descend avec ses collaborateurs pour dîner au Café du Croissant, au 146 rue Montmartre à Paris (2e arrondissement).

Il est assis sur une banquette le dos tourné à une fenêtre, ouverte car il fait chaud.
Depuis la rue, Raoul Villain, un jeune ultra-nationaliste d’extrême droite, écarte le rideau, il est armé d’un revolver, il tire deux fois. Une balle atteint à la tête le tribun socialiste qui s’affaisse aussitôt.

L’auteur des coups de feu tente de s’enfuir vers la rue de Réaumur, mais il est vu par un metteur en page de L’Humanité, qui le poursuit, l’assomme avec un coup de sa canne et l’immobilise au sol avec l’aide d’un policier.
Cet assassinat, qui a lieu trois jours avant le début de la Première Guerre mondiale, facilite et précipite le déclenchement des hostilités, notamment en permettant le ralliement de la gauche, y compris de certains socialistes qui hésitaient, à l’« Union sacrée » (contre les boches !).

Dans une lettre adressée à son frère depuis la prison de la Santé le 10 août 1914, le meurtrier affirme : « j’ai abattu le porte-drapeau, le grand traître de l’époque de la loi de trois ans, la grande gueule qui couvrait tous les appels de l’Alsace-Lorraine ».
Il se glorifiera aussi de son crime en écrivant à un ami : « J’ai fait taire la grande gueule qui couvrait les appels de l’Alsace-Lorraine ! ».
Il va passer toutes les années de guerre à l’abri d’une prison tandis que les jeunes tombent au front par centaines de milliers. La guerre terminée, son procès s’ouvre (le 24 mars 1919). Le jury populaire doit répondre à deux questions.

1°) Villain est-il coupable d’homicide volontaire sur Jaurès ?
2°) cet homicide a-t-il été commis avec préméditation ?

Après une courte délibération, par onze voix contre une, le jury se prononce par la négative. Raoul Villain est acquitté. Le président ordonne sa mise en liberté. La Cour condamne la veuve de Jaurès aux dépens du procès.

Non seulement l’assassin de son mari est déclaré innocent, mais elle est financièrement sanctionnée.

On mesure la puissance de la propagande médiatico-politique qui a déferlé pendant plus de 4 ans et qui a conduit un jury populaire à cette sentence aberrante.

En réaction, Anatole France (qui avait dit ailleurs : « On croit mourir pour sa patrie, on meurt pour des industriels. ») adresse une lettre à la rédaction de L’Humanité parue le 4 avril : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! ».

Après quelques péripéties, l’assassin va choisir, prudemment, de quitter la France et de se fixer en Espagne où, en 1936, le général Franco déclenche un putsch fasciste qui ouvrira une époque de malheur dans la pire des guerres, la guerre civile. Des Républicains anarchistes arrêtent Villain, qui leur semble suspect. Ils l’interrogent, ils découvrent son passé et le fusillent sans autre forme de procès. Jaurès est vengé. Parfois, on peut aimer les anarchistes, en tout cas ceux-là qui ont su corriger le verdict de jurés français sans doute férocement apolitiques.

Donc, Jaurès est mort. Un mythe est né. Ou un héros. Les morts sont tous des braves types... Tous les courants de pensée qui l’avaient combattu ou qui le combattraient aujourd’hui encensent le pacifiste et le réduisent à cela : au pacifisme et à un socialisme non défini.

En Russie, un certain Vladimir Illich Oulianov, dit Lénine a écrit : « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire ».

Quand on a fait entrer Jaurès au Panthéon, Paul Vaillant-Couturier, rédacteur en chef de l’Humanité a écrit dans son éditorial du 23 novembre 1924 qu’il s’agissait du « deuxième assassinat de Jaurès.

Paul-Vaillant Couturier : « Panthéoniser Jaurès sous le régime de la plus crasseuse bourgeoisie officiant sous les ordres des banquiers américains, remettre aux radicaux - ennemis déclarés de Jaurès vivant - le soin de glorifier Jaurès assassiné, ne voir en Jaurès - ce bouillonnement d’idées, ce renouvellement torrentueux - que l’homme d’une démocratie réformiste figée, c’est bien comme disent ceux du Cartel, faire « un geste réformiste symbolique » !

Et il ajoute : « Ils n’honorent pas Jaurès. Ils le salissent. Ils l’affadissent. Ils le maquillent. Ils s’acharnent à rapetisser l’honnête homme à leur taille de politiciens misérables. (...) ».

Jaurès disait-il autre chose en fustigeant ceux qui, je cite :
« …ne me reprocheraient rien si je m’étais, en effet, toujours tenu dans des généralités. Si je m’étais toujours borné à dire : « Il faut protéger les humbles, il faut plus de justice, plus de solidarité » ; je serais peut-être à leurs yeux un homme pratique. Les hommes pratiques, aux yeux de quelques dirigeants, sont ceux qui emploient quelques mots humanitaires pour amorcer les suffrages du peuple, et qui, sous ces mots, ne mettent aucun sentiment ardent, aucune idée précise qui puisse inquiéter les privilégiés » ? (In « La politique », La Dépêche, 23 janvier 1890).

Dans le même ordre d’idée (je fais une digression), il y a quelques mois, le monde entier a rendu hommage à Nelson Mandela, hommage qui s’est focalisé sur son courage pendant 27 ans de prison et sa capacité à réconcilier l’Afrique du Sud quand il en est devenu le président. Mais Nelson Mandela a été emprisonné parce qu’il était, non seulement un noir qui militait pour l’égalité des droits avec les blancs, la fin de l’apartheid, mais aussi parce qu’il était communiste. Et dans son admirable discours d’hommage devant sa dépouille, le président Barack Obama a simplement oublié de mentionner ce détail-là et cet autre : jusqu’en 2008, Nelson Mandela figurait sur la liste des terroristes répertorié par les Etats-Unis d’Amérique. Les morts sont tous de braves types (bis).

Ce constat d’occultation de ce que fut Nelson Mandela (couvrez ce sein politique que je ne saurais voir) s’applique aussi à Jean Jaurès, et c’est bien là son deuxième assassinat.

Alors, je vais maintenant vous dire sur lui des choses connues et d’autres qui ne sont pas souvent dites.

Jaurès est né à Castres, à 80 km d’ici, le 3 septembre 1859. Il est mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914. Ses parents sont pauvres et il se destine à l’administration des Postes. Mais un inspecteur général lui obtient une bourse grâce à laquelle il fréquentera le lycée Louis-le-Grand à Paris et l’École normale supérieure. Il sera agrégé de philosophie et il enseignera à la fac de lettres de Toulouse. Il est reçu docteur ès lettres en 1892.
Il s’est marié en 1886 avec une fille d’un commerçant d’Albi, dont il aura deux enfants : Madeleine et Louis.

Jean Jaurès entre en politique à 25 ans comme candidat républicain aux élections législatives de 1885. Il est élu et siège à l’assemblée nationale parmi les républicains « opportunistes ». Il sera ensuite battu plusieurs fois. Il sera conseiller municipal de Toulouse, maire adjoint.

En 1892, éclate la grande grève des mineurs de Carmaux, pour cause de licenciement par la Compagnie des mines de Jean-Baptiste Calvignac - ouvrier mineur, leader syndical et socialiste qui venait d’être élu maire de Carmaux. Le prétexte motivant le licenciement se trouve dans les absences de Jean-Baptiste Calvignac causées par ses obligations d’élu municipal. Ce licenciement est considéré par les mineurs comme une remise en cause du suffrage universel et des droits réels de la classe ouvrière à s’exprimer en politique.

Les ouvriers se mettent en grève pour défendre « leur » maire. Le président Sadi Carnot envoie l’armée (1 500 soldats) au nom de la « liberté du travail ».
Dans ses articles à la Dépêche, (il en écrira plus de 1300 en 27 ans de 1887 à sa mort, sous son nom ou sous le pseudonyme « Le Liseur ») Jean Jaurès soutient la grève, aux côtés de Georges Clemenceau. Il accuse la République d’être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l’industrie aux dépens du respect des personnes. Il aurait pu dire, mais il l’a dit autrement : « Mon adversaire, c’est la finance ».

Il participe, en 1895, à la grève des verriers d’Albi, déclenchée par le licenciement de deux syndicalistes. Cette grève aboutira à la fondation de la célèbre Verrerie ouvrière d’Albi, premier grand exemple d’entreprise autogérée.

Il fait l’apprentissage sur le terrain de la lutte des classes et du socialisme.
Au début de l’affaire Dreyfus, Jaurès est convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus. Il critique même la sentence de déportation, qu’il juge clémente. Par la suite, il s’engage véritablement comme défenseur de Dreyfus.
En 1902, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti socialiste français. La même année, il reconquiert le siège de député de Carmaux qu’il conserve d’ailleurs jusqu’à sa mort. Son talent d’orateur lui permet de devenir le porte-parole du petit groupe socialiste de l’Assemblée nationale.
Jaurès et le Parti socialiste français s’engagent nettement en faveur du Bloc des gauches.

Jaurès et la fausse gauche
A son époque, la révolution bolchévique n’a pas renversé les tsars en Russie (1917) et le Parti Communiste français n’est pas né (1920). Les dérives du communisme sont apparu plus tard et Jaurès, considérant la théorie communiste et non sa perversion qu’il ne pouvait deviner peut dire : « Le communisme doit être l’idée directrice et visible de tout le mouvement. » [socialiste]. Il dénonce les « faux socialistes », socialistes « de château et de sacristie » et il les qualifie en termes particulièrement sévères : « charlatans de la réaction et du boulangisme », de « singes malfaisants ».
Jaurès n’est pas soluble dans le social-libéralisme.

La lutte des classes
Jaurès a fait sien le constat marxiste de la lutte des classes . A ce propos, précisons que Karl Marx n’a pas « inventé » la lutte des classes. Il l’a découverte. De même, Pasteur n’a pas « inventé » les microbes, Newton la loi de la gravitation et Copernic n’a pas fait tourner la terre autour du soleil.
Warren-Buffet, un des hommes les plus riches au monde a dit :
« Il y a une lutte des classes aux Etats-Unis, bien sûr, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous gagnons. » (CNN Interview, le 25 mai 2005 et New York Times, 26 Novembre 2006).

C’est pourquoi on est sidéré d’entendre Jérôme Cahuzac-les-yeux-dans-les-yeux, ministre du budget de Jean Marc Ayrault dire à Jean-Luc Mélenchon, lors d’un débat télévisé : « La différence entre vous et moi, est que vous croyez à la lutte des classes et que je n’y crois pas ».

Marx, approuvé par Jaurès (et Varren-Buffet !), a expliqué que les entreprises sont des lieux de coopération antagoniste. Coopération pour produire un bien ou un service, antagonisme parce que l’intérêt des patrons est de payer le moins possible le plus de travail possible et celui des salariés de gagner plus et de travailler moins longtemps. On sait que les syndicats ont mieux accueilli que le MEDEF la loi Aubry sur les 35 heures de travail hebdomadaire.

Jaurès et la conscience de classe
Dans son ouvrage Critique de l’Économie politique, Marx a écrit que « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ». Jaurès va expliciter cette pensée absconse : « …d’une part, le milieu économique, agissant sur les hommes, détermine leurs conceptions et leur conduite, non selon leur intérêt individuel clairement et immédiatement perçu, mais selon l’instinct et la loi de la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent. Et d’autre part, le milieu économique agit sur les individus humains pour déterminer, selon la catégorie économique où ils vivent, la direction générale de leur pensée et de leur vie ».
Et : « chaque individu humain développe sa nature propre, ici égoïste et sensuelle, là affectueuse et aimante ; en sorte que l’égoïsme économique de classe qui est, selon Marx, le fond même de l’histoire, laisse subsister les désintéressements et les dévouements individuels ». (Jaurès, le socialisme est une morale » (Jaurès « Rallumer tous les soleils », éditions Omnibus,PP 221, 222).

Jaurès et la théorie de la valeur ou de la plus-value.
Jaurès retient quelques idées du marxisme il en rejette d’autres. Par exemple il repousse l’idée de la dictature du prolétariat et la théorie de la paupérisation du prolétariat. Le socialisme de Jean Jaurès mêle le marxisme aux traditions révolutionnaires et républicaines françaises.

Il retient l’idée du danger de la concentration capitaliste (on dirait aujourd’hui les oligarchies, les firmes internationales.
Il retient la théorie de la valeur.

Pour faire court et simple : on dira que si un patron revend 120 euros un produit dont la fabrication a coûté 100 euros il a réalisé une plus-value de 20 euros qui provient du travail non payé. Si l’acheteur perd 20 euros en payant trop cher, le vendeur en a gagné 20. Les gains et les pertes s’équilibrent, le négoce ne créé pas globalement de valeur. Seul le travail créé une valeur.

Le travail n’est donc pas un coût, comme le disent des politiques et les spécialistes bidons pla cravatats (1) : c’est un producteur de richesses et de bénéfices. Dire qu’il faut réduire le coût du travail, c’est un moyen de ne pas dire qu’on veut augmenter le bénéfice et les dividendes des actionnaires.

Jaurès et la démocratie dans toutes les sphères
Jaurès est évidemment favorable à des lois de protection sociale. Il veut la démocratisation de la propriété privée, et non sa destruction, et il est attentif aux mouvements coopératifs (comme on l’a vu avec la verrerie ouvrière d’Albi). Il veut un impôt fortement progressif, la centralisation de l’industrie des transports aux mains de l’Etat, il veut (en 1910 !) la retraite à 60 ans et même plus tôt pour certains métiers (reviens, Jaurès, ils sont, devenus fous).

Jaurès et le courage
On cite souvent ce mot de jean Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ». Ça ne mange pas de pain. C’est consensuel. On comprend bien que le courage ce n’est pas de se réfugier dans le mensonge. En vérité, il s’agit d’un extrait de son Discours à la jeunesse, prononcé en 1903. Il y dit bien d’autres choses qui vont plus loin : (Jaurès « Rallumer tous les soleils, éditions Omnibus, page 543) :
« Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre (...). Le courage, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces (...). Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant avec la vie générale (...). Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de ne pas en être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »

Jaurès et l’internationalisme
Patriotisme et internationalisme. Pour Jaurès, ces termes, loin d’être antinomiques, sont complémentaires. «  Internationale et Patrie sont désormais liées. C’est dans l’Internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c’est dans les nations indépendantes que l’Internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles. Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène ».

Jaurès et le patriotisme
L’internationalisme s’accommode donc du patriotisme et se distingue du nationalisme qui est le refus de l’autre, de l’étranger, de celui qui est différent et, par conséquent, un ennemi potentiel (le boche à l’époque de Jaurès).
Jaurès n’est pas soluble dans les théories du Front National qui prétend que Jaurès voteraient FN.

Dans le livre « Marine Le Pen amène le pire » que j’ai écrit avec mon fils aîné Frédéric, on traite longuement de cette question. On commence par citer un héros de la BD Astérix, Agecanonix qui s’écrie : « Je n’ai rien contre les étrangers, quelques-uns de mes meilleurs amis sont des étrangers. Mais ces étrangers là ne sont pas de chez nous ! »

Et on donne des noms de personnalités célèbres, ayant des origines étrangères et qui ont fait la France :
L’Italien Mazarini, plus connus sous le nom de cardinal Mazarin, dirigea la France peu de temps après avoir été naturalisé. La Polonaise Maria Salomea Skłodowska devint Marie-Curie ; naturalisée française par son mariage, elle donna à la France deux prix Nobel. Le Polonais Georges Charpak devint Français et obtint aussi un prix Nobel. Missak Manouchian un résistant Arménien, donna sa vie pour libérer notre pays. Compagnon de la Libération, le Russe Romain Gary, honora notre langue jusqu’à obtenir deux fois le prix Goncourt.

Ajoutons Severiano de Heredia, mulâtre Cubain, qui fut maire de Paris. Son cousin, José-Maria de Heredia enrichit la poésie française. Le Vénézuélien Francisco de Miranda fut un des généraux de la Révolution française.
Et la liste n’en finit plus : Jacques Offenbach, Ariane Mnouchkine, Isabelle Adjani, Zinedine Zidane, Charles Aznavour, Henri Verneuil, Paul Verlaine, Marguerite Yourcenar, Henri Michaux, Robert Badinter, Sylvie Vartan, Julia Kristeva, Francis Picabia, Pablo Picasso, Manu Chao, Samuel Beckett, Coluche, Lino Ventura, Yves Montand, Michel Piccoli, Serge Reggiani (et beaucoup d’autres… Voir « Marine Le Pen amène le pire » pp 131 à 133).
J’ajoute Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, Anne Hidalgo. Sans oublier les inconnus, « les petits, les obscurs, les sans-grades » (Edmond Rostand, L’aiglon ) qui ont tant fait pour la construction des routes, des ponts, des écoles, des universités, des hôpitaux, des immeubles, etc. Moi-même, je suis Français par naturalisation (merci de ne pas partir).

Jaurès et les langues régionales
Jaurès acquiert la conviction que les langues régionales doivent être enseignées dans les écoles ce qu’il propose dans deux articles (« L’éducation populaire et les "patois », La Dépêche, 15 août 1911 et « Méthode comparée », Revue de l’enseignement primaire, 15 octobre 1911. Il propose de s’appuyer sur les connaissances linguistiques des enfants occitans, basques et bretons pour comparer les langues régionales au français et ainsi développer leur jugement, leur raisonnement.

Jaurès et la religion
Jaurès participe à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l’État (décembre 1905). Le 3 mars 1904, à la chambre des députés dans un climat de combat violent entre « la gueuse » et les catholiques, il s’écrie : « Nous combattons l’Église et le christianisme parce qu’ils sont la négation du droit humain et renferment un principe d’asservissement humain. » Néanmoins, sa femme est catholique et pratiquante et ses enfants sont baptisés. Cela lui sera reproché par ses amis anticléricaux.

En 1910, les choses s’étant un peu apaisées, la loi ayant été votée, il proclame du haut de la tribune de la Chambre : « Je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraye. J’ai, il y a vingt ans, écrit sur la nature et Dieu et sur leurs rapports, et sur le sens religieux du monde et de la vie, un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée » .

Dans sa première déclaration (de 1904), il se démarque apparemment peu de Karl Marx dont chacun connaît la sentence-couperet : « La religion c’est l’opium du peuple ». Autrement dit, la religion est un fléau. Or, Marx n’a jamais prononcé cette phrase et son opinion sur la religion était différente. Pour se soulager d’une furonculose extrêmement douloureuse, Karl Marx prenait de l’opium (les antibiotiques n’existaient pas). Dans « Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel » il a écrit ceci dont, par troncature déformante, on ne retient généralement que la fin de la dernière phrase collée aux premiers mots de l’avant-dernière : « La misère religieuse est, d’une part l’expression de la misère réelle et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans coeur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple ».

Jaurès et les fauteurs de guerre
Le mieux est de le laisser parler : « Tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de la philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible… Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage.
Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité. Et voila pourquoi si vous regardez non aux intentions qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences, logiquement, profondément, le Parti socialiste est, dans le monde, aujourd’hui, le seul parti de la paix. » (Jaurès, reviens, ça a trop changé !).
Il parle là de se démarquer de ce qu’on appellerait de nos jours la mise en compétition des peuples, la concurrence libre et non faussée. Abolir la guerre économique, dit-il, est le seul moyen d’abolir la guerre entre les peuples.

Jaurès et la guerre comme dernier recours.
Mais si la guerre semble inévitable, qui doit en prendre l’initiative et comment ?
Voilà comment Jaurès répond à cette question dans l’article 17 d’une proposition de loi qu’il dépose :
« Tout gouvernement qui entrera dans une guerre sans avoir proposé, publiquement et loyalement, la solution par l’arbitrage, sera considéré comme traître à la France et aux hommes, ennemi public de la patrie et de l’humanité. Tout parlement qui aura consenti à cet acte sera coupable de félonie et dissous de droit. Le devoir constitutionnel et national des citoyens sera de briser ce gouvernement et de le remplacer par un gouvernement de bonne foi [...] ».

Jaurès et le socialisme fraternel
Jaurès prônait la création d’une « cité nouvelle » ouverte, à tous, y compris aux prolétaires, aux miséreux, aux créatures accablées par le malheur, aux âmes d’un monde sans coeur dont parlait Marx : « Votre visage est creusé par la souffrance, pâli par la faim ; il est même comme abêti par l’ignorance, ou flétri par le vice. Mais qu’importe le passé mauvais ? C’est visage d’homme : Entrez. Dans ces deux yeux il y a lueur humaine : Entrez ! c’est ici la cité des hommes » (Jaurès « Rallumer tous les soleils », éditions Omnibus, p 214).

Conclusion d’étape :
Passer sous silence ce que disait Jean Jaurès sur le socialisme, la lutte des classes, la conscience de classe, la théorie de la plus-value, l’internationalisme, le courage politique, les fauteurs de guerre, les dangers à opposer les peuples dans des compétitions économiques, l’obligation de rechercher la paix jusqu’au bout, l’utilité de la démocratie économique et des organisations coopératives, l’appropriation collective de secteurs clés (comme les transports), le respect des cultures régionales, l’âge de la retraite, etc., c’est effectivement le tuer une deuxième fois. Y ont excellé tous ceux qui se revendiquent de son héritage sans nous montrer cet héritage. On en voit, on en voit beaucoup, on en voit trop et dans trop d’endroits qui encensent en Jaurès un homme d’Etat dont ils ne voudraient même pas comme camarade de parti ou comme sous-ministre chargé de la culture du pastel.

Le troisième assassinat de Jaurès.
Louis Jaurès, fils de Jean Jaurès est né le 27 août 1898. L’adolescent s’engage par anticipation, fin 1915, parce que « quand on a l’honneur d’être le fils de Jaurès, on doit donner l’exemple. L’internationalisme philosophique n’est point incompatible avec la défense de la patrie quand la vie de celle-ci est en jeu. »
C’est presque mot pout mot cette pensée du père : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène ».
Le 3 juin 1918, aspirant au 10e bataillon de chasseurs à pied, il est gravement blessé à Chaudun, dans l’Aisne et il meurt quelques heures plus tard à Pernant.
En 4 ans, la guerre aura enlevé à Louise Jaurès, son mari et son fils.
Poursuivant en bloc les Jaurès jusque dans la tombe, le maire de la commune de Pernant refuse que le corps du jeune homme soit inhumé là où il est mort et qu’une stèle à sa mémoire soit érigée après-guerre. Car ce patriote mort au combat portait le nom de Jaurès. Jaurès, un socialiste authentique, un partageux, un ami des gueux.
Il faudra attendre le 15 novembre 1936 pour que le président du conseil, le socialiste Léon Blum puisse inaugurer une stèle à sa mémoire à Chaudun (Aisne), pas à Pernant.
Jean Jaurès qui trouvait que Marx se trompait parfois aurait pu dire que Lénine se trompait aussi en écrivant que les ennemis de la bourgeoisie sont persécutés de leur vivant et canonisés ensuite.
Parfois, la haine de classes ne connaît pas de fin.
Merci de m’avoir écouté et « Vive la sociale ! ».

Maxime Vivas , 18 février 2014.

1) Bien cravatés. Expression occitane péjorative.


 

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