2 mai 2014

L'eau en Quercy Blanc cherche repreneur



Le Lot en Action n°81 | avril 2014

L'épineuse question de l'eau

 L'eau est le premier élément essentiel à la vie. C'est pourquoi elle attire les convoitises des multinationales, Véolia, Suez, et Séché (Saur) pour sa distribution, Nestlé pour sa mise en bouteille, mais elle ne doit pas être une marchandise. Nous relatons régulièrement dans nos colonnes les informations concernant la gestion de l'eau et de plus en plus de citoyens s'emparent de cette question. Nous donnons ci-dessous la parole à Paco, un des membres de l'équipe du journal, qui souhaite réagir sur l'épineuse question de l'eau qui se pose sur sa commune. Vous trouverez également, dans l'encadré ci-dessous, une précision concernant le Syded du Lot, qui a été doté d'une compétence concernant l'eau, et s'adresse à toute les communes du département. 
Blubloux

La question épineuse du prix de l'eau et du traitement des eaux usées, lorsqu'on l'aborde ici ou là avec les usagers, qu'ils résident vers Montcuq ou à Cahors fait grincer des dents à plus d'un. D'autant qu'en arrière-plan, la griffe bleue de la SAUR est là pour nous rappeler que notre bien commun aquifère passe en grande partie par les buses du marché privé et de leurs actionnaires.

Une enquête nationale sur le prix de l'eau réalisée en 2011 a révélé que la facture de l'eau et assainissement dans le département, en gros dépasse de 50 % la moyenne nationale et de 55 % en Quercy blanc. Par exemple, une personne (vivant seule), ayant consommé 34m3, devra s'acquitter d'une facture annuelle, (eau + assainissement collectif, tarif 2013) de 373€. Ce qui pose une autre question : comment font les victimes de la crise pour parvenir à payer leur flotte à un tel prix ? D'autant que la facturation n'encourage pas l'économie d'eau : moins vous en dépensez, plus le m3 est cher.

A la demande de quelques habitants de St-Matré excédés et désireux de comprendre où le bât blesse, une réunion s'est tenue au village le 28 mars en présence de son maire Christian Bessières et de Didier Boutard, président du Syndicat des eaux du Quercy Blanc

Certains, pour avoir fureté sur le net, avaient eu connaissance que le dernier contrat d'affermage liant le Syndicat des eaux à la SAUR prenait fin le 31-12-2013. Qu'en est-il aujourd'hui, en avons-nous repris pour 15 ans fermes ?

Selon Monsieur Boutard, le contrat n'a été prorogé que de 2 ans. Ouf, on respire! 2014/15 est ainsi la fenêtre dans laquelle, le champ des possibles s'ouvre entre négociations et appels d'offres en direction des marchands d'eau. Il ajoute qu'un retour en régie n'est pas exclu de ces négociations, mais... difficilement envisageable, que le réseau d'adduction, long de 1000 km est coûteux, car vétuste et en cours de remplacement. Par le fait également que cette mutation nécessiterait l'embauche d'un personnel compétent, qu'il faudrait s'équiper en bâtiments techniques et administratifs, etc.

Qu'en est-il ailleurs ?

Le fait est que partout où les communes repassent en régie, le prix de l'eau baisse considérablement, que sa qualité s'améliore. Dans les Landes, où vient d'être gagnée par le Conseil Général une bataille juridique contre le privé (*), « ..c’est surtout la création du Sydec, le Syndicat mixte départemental d’équipement des communes, qui a modifié la donne. Doté de moyens humains et techniques étoffés, il apporte une expertise comparable à celle des grandes entreprises. Soit il joue un rôle de conseil auprès des syndicats intercommunaux désireux de reprendre le contrôle de leurs tuyaux, soit il assume carrément la gestion des régies. Tête pensante du système, il concentre des compétences et un savoir-faire qui sécurisent des élus ruraux souvent effrayés par la difficulté de la tâche. Résultat : plus de la moitié des communes du département sont aujourd’hui en régie. Et le public n’en finit pas de gagner du terrain. » source

Il y a lieu de souligner par ailleurs qu'une structure nationale, le réseau France Eau publique : a été créé (2011) afin d'apporter un soutien technique et administratif aux collectivités et élus locaux qui souhaitent revenir en gestion publique.

Face à cette révolution, on ne peut que se demander ce qui empêcherait que le Lot se dirigeât lui aussi vers une gestion plus globale de ses ressources en eau. A cela, les élus rétorquent qu'une centralisation accrue serait la cause d'un éloignement des décisions.

Quant à nous, nous répondons que tout doit être mis en œuvre pour garantir une gestion durable et solidaire de ce bien commun vital et non-marchandisable qu'est l'eau.
Paco

*  L'eau n'est pas une marchandise LEA N°80 p20

Voir aussi sur le LEA n°81: Le SYDED du Lot notre sauveur?
par Blubloux  



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