27 mai 2013

USA Misère et dictature des marchés



Les pauvres et la dictature des marchés : Se soulever ou mourir

Par Chris Hedges | Mondialisation.ca | 24 mai 2013



Pour écrire notre livre Days of Destruction, Days of Revolt (Jours de destruction, jours de révolte), Joe Sacco et moi avons passé deux ans à enquêter sur les endroits les plus pauvres des États-Unis. Nous sommes allés dans les “misérables zones sacrifiées” de notre pays – les premiers endroits obligés de s’agenouiller devant la dictature des marchés – pour montrer ce qui arrive quand le capitalisme dérégulé et l’expansion économique illimitée s’en donnent à coeur joie.

Nous voulions montrer les conséquences de l’exploitation sans foi ni loi des multinationales sur les familles, les communauté et la nature. Nous voulions pourfendre l’idéologie régnante du mondialisme et du laissez-faire capitaliste en montrant ce que devient la vie quand les êtres humains et l’écosystème ne sont plus que des marchandises à exploiter jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien ni personne. Et nous avons voulu mettre en lumière l’impuissance des institutions libérales et gouvernementales officielles autrefois capables de diriger mais qui n’ont plus aujourd’hui assez de pouvoir pour contrecarrer l’assaut des multinationales.

Ce qui s’est passé dans ces zones sacrifiées – les villes post-industrielles comme Camden, N.J., et Detroit, les mines de charbon de l’ouest de la Virginie où les compagnies minières ont fait exploser le sommet des montagnes, les réserves indiennes où le projet dément de l’expansion et l’exploitation économiques sans fin a causé ses premiers dégâts et la culture intensive où les travailleurs sont traités quasiment comme des esclaves – est en train se propager au reste du pays. Ces zones sacrifiées sont tombées les premières. C’est maintenant notre tour.

Les multinationales font les lois. Elles contrôlent nos médias. Elles gèrent le théâtre politique des élections et imposent les programmes éducatifs. Le système judiciaire est à leur service. Elles ont détruit les syndicats et les autres organisations indépendantes de masse, et elles ont acheté le Parti Démocrate qui défendait autrefois les droits des travailleurs. Comme il n’y a plus de réformes au fur et à mesure des besoins – c’était le rôle principal des institutions libérales démocratiques – nous sommes laissés sans protection contre le pouvoir des multinationales.

La saisie secrète par le ministère de la Justice de deux mois de conversations téléphoniques entre des reporters et des rédactions de l’Associated Press est le dernier avatar d’une série d’assauts sans précédents contre nos libertés civiles. Le ministère de la Justice tentait de tracer le ou les officiels du gouvernement qui avaient transmis secrètement des informations à l’AP sur un complot visant à faire sauter un avion de voyageurs qui avait été déjoué. Des informations enregistrées sur les téléphones des agences de l’AP de New York, Washington, D.C., et Hartford, Connecticut, ainsi que sur les portables et les téléphones fixes privés de plusieurs chefs de rédaction et reporters ont été confisquées. Cet incident, ajouté aux mesures comme l’emploi du Espionage Act contre les lanceurs d’alerte va porter un coup fatal à toutes les enquêtes indépendantes sur les abus du gouvernement et des multinationales.

La saisie des appels téléphoniques fait partie d’un effort plus large de l’État-entreprise pour faire taire tous ceux qui contestent la narrative officielle, la Novlangue étatique, et pour cacher au public le fonctionnement interne, les mensonges et les crimes de l’empire. La personne, ou les personnes, qui a transmis à l’AP de l’information classifiée sera, si elle est arrêtée, sûrement poursuivie en vertu de l’Espionage Act. Cette loi, quand elle a été promulguée en 1917, n’était absolument pas destinée à museler les lanceurs d’alerte. Et de 1917 jusqu’à la présidence d’Obama en 2009 elle a été utilisée seulement trois fois contre des lanceurs d’alerte, la première fois contre Daniel Ellsberg qui avait fait fuiter les Papiers du Pentagone en 1971. L’Espionage Act a été utilisé six fois par l’administration Obama contre des lanceurs d’alerte gouvernementaux comme Thomas Drake.

La violente persécution de la presse par le gouvernement – menée par un grand nombre d’agences gouvernementales liguées contre WikiLeaks, Bradley Manning, Julian Assange et des militants comme Jeremy Hammond – se combine avec l’emploi de la loi de 2001 autorisant à se servir de l’armée pour assassiner des citoyens étasuniens ; et avec l’emploi du FISA Amendments Act, qui légalise après coup ce que notre Constitution ne permettait pas autrefois : la surveillance et la mise sur écoute sans mandat de dizaines de millions de citoyens étasuniens ; et avec l’emploi de la Section 1021 du National Defense Authorization Act qui permet au gouvernement de se saisir de citoyens étasuniens, de leur retirer tous leurs droits et de les maintenir indéfiniment en détention. Toutes ces mesures prises ensemble sonnent le glas de presque toutes nos libertés civiles.

Une poignée d’oligarques internationaux du monde des affaires concentre tout – la richesse, le pouvoir et les privilèges – et le reste d’entre nous doit lutter pour survivre à l’intérieur d’une vaste classe de sous-citoyens de plus en plus pauvres et réprimés. Il y a des lois pour nous ; et d’autres lois pour une puissante élite qui fonctionne comme une mafia sans frontières.

Nous assistons impuissants au désastre. Le droit de vote ne nous sert à rien contre la puissance des multinationales. Les citoyens n’ont pas les moyens d’attaquer en justice les banquiers et les financiers de Wall Street pour fraude, ni les officiels de l’armée et des services secrets pour torture et crimes de guerre, ni les officiers de surveillance et de sécurité pour atteinte aux droits de l’homme. La réserve Fédérale n’a plus pour seule fonction que d’imprimer de la monnaie qu’elle prête aux banques et aux organismes financiers à 0% d’intérêt, pour que ces entreprises privées nous la prêtent ensuite à des taux usuraires qui vont jusqu’à 30%. Je ne sais même plus quel nom donner à ce système. Ce n’est certainement pas du capitalisme. C’est plutôt de l’extorsion. L’industrie fossile pendant ce temps saccage sans relâche l’écosystème pour faire du profit. La fonte de 40% des glaces de l’Arctique est une excellente affaire pour les multinationales. Elles s’y ruent pour en extraire les derniers restes de pétrole, de gaz naturel, de minéraux et de poissons, sans se soucier des soubresauts de la planète moribonde. Ces mêmes entreprises toutes puissantes qui nous régalent de feuilletons interminables en lieu et place d’informations dignes de ce nom, du dernier procès impliquant O.J. Simpson aux croustillants détails du procès pour meurtre de Jodi Arias, ont fait monter les taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère à plus de 400 parts par million. Elles nous fascinent avec leurs hallucinations électroniques pendant que nous tombons, paralysés par la terreur à l’instar des marins d’Ulysse, de Charybde en Scylla.

On ne trouve rien en 5000 ans d’histoire économique pour justifier la croyance que les sociétés humaines doivent adapter leur conduite aux fluctuations du marché. C’est une idéologie aussi absurde qu’utopique. Les promesses désinvoltes de l’économie de marché se sont toutes révélées mensongères. Les entreprises ont délocalisé réduisant à néant notre capacité de production. Les salaires ont baissé, appauvrissant la classe laborieuse et ravageant la classe moyenne. Des secteurs entiers de la population – y compris les étudiants – ont été obligés de contracter des emprunts qu’ils mettront des décennies à rembourser. Des paradis fiscaux se sont créés permettant à des compagnies comme General Electric de ne pas payer d’impôts. Les multinationales emploie une main d’oeuvre esclavagisée au Bengladesh et en Chine et en tirent des profits obscènes. Elles aspirent les dernières ressources des communautés et du monde naturel en laissant derrière elles, comme Joe Sacco et moi avons pu le constater dans les zones sacrifiées, des humians en grande souffrance et des paysages morts. Plus la destruction est importante, plus l’appareil s’emploie à écraser la protestation.

Plus de 100 millions d’Étasuniens – un tiers de la population – vit sous le seul de pauvreté et de ce qu’on appelle “quasi-pauvreté”. Pourtant le sort de ces pauvres ou quasi-pauvres et leurs souffrances sont rarement évoqués par les médias aux mains des multinationales – Viacom, General Electric, News Corp. de Rupert Murdoch, Clear Channel et Disney. Les souffrances des sous-citoyens, tout comme les crimes de l’élite pervertie, sont passés sous silence.

Dans la réserve des Indiens Dakota à Pine Ridge, S.D., le second comté le plus pauvre des États-Unis, l’espérance de vie d’un homme est de 48 ans. C’est la plus basse espérance de vie de l’hémisphère occidental en dehors de Haïti. Près de 60% des maisons de Pine Ridge, dont la plupart sont des huttes en tourbe, n’ont pas d’électricité ni d’eau courante ni d’isolation ni d’égouts. Dans les vieux camps miniers du sud ouest de Virginie, l’eau, l’air et le sol sont si empoisonnés que le cancer y est endémique. Il n’y a pas de travail. Et les montagnes Appalaches d’où provient l’eau d’une grande partie de la côte est, sont parsemées d’énormes bassins artificiels remplis de métaux lourds et de boues toxiques. Pour pouvoir respirer les enfants vont à l’école avec des inhalateurs. Les habitants, coincés à l’intérieur de villes en ruine, souffrent d’une misère et d’une violence assortie d’emprisonnements de masse si grandes qu’ils sont brisés émotionnellement et psychologiquement. Et les travailleurs agricoles de la nation, qui n’ont droit à aucune protection légale, sont souvent obligés de travailler sans être payés, comme des serfs. Voilà comment se décline l’épouvantable domination des multinationales. C’est ce qui nous attend tous. Dans cette course accélérée vers l’abîme, nous finirons tous serfs ou esclaves.

Il faut se rebeller. Même si nous échouons, même si nous ne réussissons pas à vaincre les forces d’exploitation du capital, nous auront au moins sauvé notre dignité en tant qu’être humains. Nous aurons défendu ce qui est sacré. Se rebeller c’est entrer en résistance permanente. C’est résister comme Bradley Manning et Julian Assange, comme Mumia Abu-Jamal, le journaliste radical à qui Cornel West, James Cone et moi avons rendu visite en prison la semaine dernière à Frackville, Pa. C’est refuser de céder à la peur. C’est refuser de s’avouer vaincu, même si comme Manning et Abu-Jamal, on vous met en cage comme un animal. C’est dire non. Etre en sécurité, être “innocent” aux yeux de la loi à cette époque de l’histoire, c’est se rendre complice d’un mal diabolique. Quand il a écrit son poème de résistant, “Si nous devons mourir”, Claude McKay savait que les Afro-américains qui s’opposaient à la suprématie blanche n’avaient quasiment aucune chance, mais il savait que résister à la tyrannie sauve nos âmes. Et il a écrit :

Si nous devons mourir – que ce ne soit comme porcs
Traqués parqués dans un coin déshonorant
Alors qu’autour de nous, les chiens affamés,
Se moquant de notre sort maudit, aboient de rage.
Si nous devons mourir, – oh, que ce soit dignement,
Que notre sang précieux ne soit pas versé
En vain ; car, s’ils sont obligés d’honorer
Notre mort, nous défierons même des monstres !
Oh, mes Frères ! Affrontons notre ennemi commun ;
Bien que beaucoup moins nombreux, soyons courageux,
Et à leurs multiples coups répondons d’un coup fatal !
Qu’importe si devant nous s’ouvre une tombe ?
Comme des hommes, nous braverons la lâche meute meurtrière
Dos au mur, mourants, mais en se défendant !

Il est temps de construire des mouvements de masse radicaux qui s’opposent sans concessions aux centres officiels de pouvoir. Il est temps d’employer le langage brut de la rébellion ouverte et de la lutte des classes. Il est temps de marcher au son de nos propres tambours. La loi a toujours été un outil très imparfait pour obtenir justice, comme le savent les Afro-américains, mais aujourd’hui elle est toute entière au service des puissances d’argent qui nous oppriment ; elle est devenue l’arme de l’injustice. Ce sont les grandes entreprises qui nous contrôlent qui ont déclaré la guerre. Pas nous. Si nous nous révoltons nous serons qualifiés de criminels. Nous serons repoussés dans l’ombre. Mais si nous ne nous révoltons pas, nous ne pourrons plus prononcer le mot “espoir”.

Dans son livre Moby Dick, Herman Melville a imagé le diabolisme du capitalisme global. Nous sommes tous à bord du navire maudit, Pequod, dont le nom est celui d’une tribu indienne éradiquée par génocide, et Achab est aux commandes. “Tous les moyens que j’emploie sont sains”, dit Achab, “mes motivations et mon but sont fous”. Nous voguons compulsivement vers l’auto-destruction et ceux qui nous dirigent même s’ils voient ce qui nous attend, n’ont plus la capacité ni la volonté de l’empêcher. Ceux, sur le Pequod, qui avaient une conscience, comme Starbuck, n’ont pas eu le courage de s’opposer à Achab. Ce sont les habitudes, la lâcheté et l’arrogance qui ont causé la perte du bateau et de son équipage. Nous devons écouter Melville. Et nous soulever ou mourir.

Note :
*…. “Lundi l’AP a révélé que les enregistrements téléphoniques saisis par la justice pouvait impliquer 100 employés qui ont utilisé les lignes de téléphones sur lesquelles porte l’enquête – qui semble ne concerner qu’une seule information de l’AP datant du 7 mai 2012 selon laquelle la CIA avait déjoué un complot d’Al-Qaida dans la péninsule arabique visant à faire exploser en vol un avion de voyageurs en route pour les États-Unis. Pourtant il s’est avéré plus tard que le complot était en réalité un piège monté de toutes pièces par la CIA. Comme l’a récemment confirmé le directeur de la CIA, John Brennan, “Nous avions le contrôle du complot qui n’a jamais représenté une menace pour le public étasunien.”

Alors pourquoi l’administration Obama cible-t-elle des reporters et des chefs de la rédaction qui ont travaillé sur une nouvelle qui selon l’aveu même de la CIA n’avait rien à voir avec un réel danger pour la sécurité nationale ? “Il y a une guerre plus large contre [ceux qui révèlent] des informations” a répondu Radack. “Les lanceurs d’alerte, les hackers et tous les dissidents. C’est une attaque en règle contre ceux qui contrôlent l’information”.

26 mai 2013

"Témoignage chrétien" à propos du mariage pour tous ...


Déclaration de Témoignage chrétien à propos de la Loi sur le mariage pour tous et à l’occasion des manifestations du 16 décembre 2012 et du 13 janvier 2013.

L’homosexualité a été persécutée ou opprimée depuis de longs siècles. Or, il s’agit d’une orientation sexuelle aussi légitime et digne que l’hétérosexualité.

Le mariage est un contrat choisi par des personnes plus libres et consentantes aujourd’hui qu’elles ne l’ont jamais été. C’est un contrat qui peut légalement se rompre, ou se renouveler. Des familles sont fondées hors mariage et 40 % d’enfants naissent hors mariage.

Refuser ce contrat aux homosexuels serait rajouter une énième discrimination à celles dont ils ont été trop souvent l’objet. Voilà pourquoi nous considérons juste qu’il soit ouvert à celles et ceux qui veulent donner un cadre licite renforcé à leur union. Il appartiendra aux confessions de réfléchir au sens du mariage religieux mais ce serait une grave faute politique de dresser l’un contre l’autre. Rappelons enfin que les mêmes qui vantent les vertus de l’union civile aujourd’hui après avoir rejeté le PACS hier, souvent avec les mêmes mots, sont les premiers responsables d’une radicalité que leur fermeture aux libertés individuelles a générée. Espérons que la leçon servira. (...)

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25 mai 2013

Pour la défense d’Etienne Chouard



Par SuperNo | 25 mai 2013



Ça fait un paquet de temps que je reçois des mails, pas menaçants du tout, venant même de gens que j’aime bien, et qui me mettent amicalement en garde, liens à l’appui, contre Etienne Chouard et ses prétendues “fréquentations”.

Etienne Chouard subit en effet depuis quelque temps une véritable campagne de dénigrement et de diabolisation. Des conférences ont été annulées. Au fil du temps, il devient même impossible de parler d’Etienne Chouard sans que son nom soit associé au fascisme, à l’extrême-droite, à l’antisémitisme. Il a beau se défendre, les attaques continuent, et s’étendent à tous ceux qui comme moi citent le nom d’Etienne Chouard.

Cette semaine, je me suis fait apostropher sur Twitter par une dame que je ne connais ni des lèvres ni des dents (qui est apparemment traductrice et linuxienne, et donc probablement plus portée à la réflexion que la moyenne). 
 

Ce tweet a pour intérêt de présenter un tableau de ces fameuses “fréquentations”. On en reparlera un peu plus loin.

A tous ces gens, j’avais promis que je répondrai, collectivement, profitons donc de l’occase.

Je ne connais pas Etienne Chouard personnellement. J’ai vu plusieurs de ses conférences sur Internet, elles m’ont passionné. Je l’ai rencontré une fois “en vrai”, à l’occasion de la conférence qu’il est venu donner à Metz en octobre 2011, conférence qui avait été filmée et dont j’ai rendu compte ici-même. Après la conférence, on a passé une heure ou deux à discuter autour d’une bière dans un troquet messin, en compagnie d’une grosses douzaine d’autres messins plus ou moins gauchisants et/ou membres d’ATTAC, le noyau dur que l’on retrouve dans à peu près toutes les conférences et manifestations du secteur. J’insiste, hein, des gauchistes, pas la section locale du FHaine.

Je précise qu’Etienne Chouard m’a fait l’effet d’un type sympa, simple, abordable. Tout sauf un vampire assoiffé de sang dont le but serait d’installer un régime fasciste visant à rouvrir les camps de concentration et “finir le boulot d’Hitler”. Je n’en mettrais pas ma main au feu, mais il me semble bien l’avoir entendu parler de voter Mélenchon au premier tour.

Mais bien plus que la personne, ce sont les idées qui m’intéressent. On va résumer :

- Etienne Chouard, c’est le gars qui, alors inconnu, a épluché la moindre virgule du fameux TCE de 2005, qui en a éclairé les aspects volontairement laissés dans l’ombre. Il a, entre cent autres exemples, mis en évidence la bouffonnerie que constitue le parlement européen, qui n’a en pratique aucun pouvoir, puisque tout ce qui est important est décidé par la commission, instance non élue.
Ses travaux ont contribué à une prise de conscience sur Internet, qui a certainement dû prendre sa part dans le retournement de la tendance, malgré la propagande carrément inouïe que nos minables de politicards et leurs larbins de journaleux nous ont fait subir.
- Les analyses d’Etienne Chouard sur le TCE ne sont pas contestables. Il n’y a même pas besoin d’engager une bataille juridique ou sémantique sur le texte : il suffit de regarder les faits. Comment la démocratie été bafouée par nos élus de droite comme de “gauche” (ceux que Lordon appelle “la droite complexée” ) qui se sont torchés avec les bulletins “non” et ont imposé le traité de Lisbonne. D’autre part, il suffit de regarder comment la commission, assistée de la BCE et du FMI, pille les pays européens, et pousse une politique ultralibérale au seul profit des multinationales et des banksters. Rappelons que la BCE est dirigée par Mario Draghi, un ancien de Goldman Sachs, comme Papademos, le premier ministre grec, et Monti, qui vient de se faire lourder du même poste en Italie, remplacé par une coalition improbable de tous ceux qui ont foutu l’Italie dans la merde au cours de ces 20 dernières années.

Il suffit aussi de voir comment les banksters tiennent la plupart des pays du monde par les roubignolles, depuis qu’ils ont d’une part privatisé la création monétaire (la fameuse loi de 1973 en France, généralisée par les traités européens, un autre dada d’Etienne Chouard) et d’autre part fait une politique de patachons, vendangeant l’argent public en cadeaux aux riches et aux puissants, le dilapidant sous prétexte de lutte contre le chômage ou de soutien à la croissance (deux réussites totales). Le résultat, c’est que les banksters nous pompent 50 milliards par an rien qu’en intérêts (cela pourrait être bien plus, il leur suffit d’augmenter les taux d’intérêts) et pire, ce sont eux qui dictent notre politique économique, que le pouvoir soit de droite ou de “gauche”, c’est pareil.

- Le deuxième combat d’Etienne Chouard, ce sont des recherches sur la démocratie. Vous entendez, les gars : la dé-mo-cra-tie. On est à 100 000 lieues du fascisme, là. Il part du constat que la plupart des politiciens, une fois au pouvoir, ne tardent pas à en abuser, notamment en faisant systématiquement le jeu des riches et des puissants. Sans compter une propension naturelle à ne pas s’oublier dans la distribution. Et il propose de s’inspirer de la démocratie athénienne, dont une des caractéristiques était de tirer au sort ceux qui auraient, pour une durée déterminée, courte et non renouvelable, certaines responsabilités politiques.
Cette démocratie n’a rien à voir avec la nôtre, qui n’est qu’apparente. Certains parlent d’oligarchie. Ce sont les médias qui choisissent les candidats à notre place, et qui nous disent ceux qui sont sérieux et ceux qui ne le sont pas.

Il y a du boulot.

Vous vous demandez peut-être ce que la photo qui illustre ce billet vient faire ici. Cette superbe terrasse n’a certes pas la même notoriété que la piscine de Takieddine, symbole parfait de la trahison et du mépris total du politicard pour ses électeurs. Elle pourrait, pourtant. Il s’agit de la terrasse de la maison de Claude Bartolone, actuellement président de l’assemblée nationale, après avoir grenouillé depuis plus de 30 ans au P”S”, mangeant à tous les rateliers électoraux, notamment comme député et président du conseil général du 93.
Le 93, vous savez, le département le plus pauvre de France, celui des cités pourries des Beaudottes à Sevran, des 4000 à la Courneuve, des Francs-Moisins à Saint Denis, des 3000 à Aulnay, ou encore des Bosquets à Montfermeil. Toutes sont connues comme des ghettos de pauvres et de déracinés, et toutes ont fait un jour ou l’autre la Une de TF1 pour des trafics de drogue, émeutes, règlements de comptes entre bandes rivales ou faits-divers en tout genre.
C’est donc dans ce département, aux Lilas précisément que Claude Bartolone vit dans une maison de 380 mètres carrés, avec cette terrasse qui ne donne pas sur la cité des Bosquets ou sur un campement de Roms à la Courneuve, mais sur… Paris, c’est quand même plus convenable.
Valeur de la bicoque : environ 2 millions d’euros. On peut légitimement se demander comment un honnête homme pourrait amasser une telle fortune, a fortiori dans le 93. A vue de nez, il faudrait rembourser 10000 euros par mois pendant une trentaine d’années pour se payer un truc pareil. Difficile à croire, mais quand on a été député, ministre et polycumulard pendant les 30 dernières années. Et qu’on se vante d’origines modestes qui écartent toute idée de biens familiaux.
Donc pendant que les purotins du 93 votent “à gauche” en pensant défendre leurs intérêts, ceux qu’ils élisent se pavanent dans des bicoques à 2 millions d’euros. Dès lors on comprend mieux l’opposition de Bartolone à la transparence du patrimoine des députés, c’est en presque comique voire pathétique.

Comme ce n’est pas le sujet principal du billet, je n’insiste pas sur les affaires qui ont fait l’actualité cette semaine (Lagarde , Kucheida et Andrieu), ni sur l’affaire Cahuzac (en marge de laquelle l’enquête sur la banque Reyl pourrait impliquer d’autres politicards), ni sur les étranges frasques du fils Fabius, la mafia Guérini, les “tableaux” de Guéant, l’hippodrome de Woerth, les enveloppes de Bettencourt, les courses au Leclerc de Mancel… et on pourrait remonter loin comme ça.

Tout le monde a aussi pu constater que le système est bien verrouillé. Depuis 55 ans, des politiciens de droite (UMP, RPR, UDR…) succèdent à des politiciens de “gauche”, et inversement. La démocratie a viré ce scandaleux incapable qu’est Sarkozy, mais c’est pour le remplacer par Hollandréou, certes moins scandaleux, mais tout aussi incapable, et de surcroît traître à ses électeurs. Et encore, la “démocratie” a eu de la chance, c’était cette gouape de DSK qui était programmée par le système. Et vous verrez qu’en 2017, c’est encore un représentant de l’UMPS qui, après avoir promis dans une salle en délire, avec des accents de sincérité à tirer des larmes, au milieu de milliers de drapeaux, et avant de chanter la Marseillaise, de régler le problème du chômage et de “relancer la croissance”, qui s’installera à l’Elysée. Et poursuivra l’oeuvre de siphonnage de la richesse française au profit des banksters.

Voilà, c’est ma traduction “concrète” des théories d’Etienne Chouard. Qui lui est beaucoup plus théoricien.

Et ses théories devraient guider notre réflexion pour trouver des applications pratiques : comment lutter contre la pourriture ? Comment empêcher que les mêmes incapables cyniques et corrompus ne monopolisent le pouvoir en France ? Comment se débarrasser de l’emprise des banksters, de la dictature de la dette (ou plutôt de ses intérêts indus), et redonner le pouvoir au peuple (c’est la définition exacte du mot “démocratie”, il me semble) ?

On parle beaucoup, de manière cyclique, de “6ème République”. C’est ça, yaka faire la 6ème République. Mais quand tu as dit ça, t’es bien avancé, tiens… A quoi bon faire une 6ème République si c’est pour faire les même conneries que dans la 5ème ? Et selon Etienne Chouard, la connerie originelle, c’est de laisser des politicards rédiger eux-mêmes une constitution qui va leur permettre de se goberger à nos dépens. Le B-A BA, c’est donc de faire rédiger une nouvelle constitution par une assemblée constituante dont les membres seraient tirés au sort pour représenter le mieux possible le peuple. Je l’ai déjà écrit, à l’assemblée nationale, il y a en proportion 13 fois plus de médecins que dans la population et … 51 fois plus d’avocats ! Plein de patrons, mais pas un seul ouvrier, ni un seul chômeur. 3 hommes pour une femme, quasiment pas d’arabes ou de noirs. Au Sénat, c’est pareil sinon pire, avec la franc-maçonnerie omniprésente. Ces assemblées d’oligarques ne représentent qu’elles-mêmes.

A ma connaissance, le seul qui propose de replancher sur la constitution, c’est Mélenchon. Mais il ne parle évidemment pas de tirage au sort (cette idée est suicidaire pour les partis politiques) et même si Mélenchon est indubitablement le politicien le plus talentueux et le plus intéressant du moment, on peut légitimement émettre la crainte qu’une fois arrivé à ce pouvoir dont on sent qu’il le désire tant, il ne se comporte pas nécessairement très différemment de ses prédécesseurs.

Bon, avant d’en venir à la “cartographie” des “amis “d’Etienne Chouard, je vais me dédouaner à l’avance de quelques accusations.

Je ne suis pas complotiste !
J’ai eu l’occasion de le répéter des dizaines de fois. Je n’ai pas été convaincu par les thèses des complotistes du 11 septembre. Les histoires de Bilderberg ou de la Trilatérale n’ont pas l’importance qu’on leur prête. A quoi bon aller se planquer à Bilderberg quand on va ouvertement à Davos. Les diners du Siècle sont un non-scoop, tant la collusion oligarchique des potentats de la politique et des médias sont clairs comme de l’eau de roche. La franc-maçonnerie a encore un pouvoir de nuisance locale (quand le juge et l’avocat de la partie adverse sont copains de loge, l’avocat d’en face et son client sont mal partis…), et peut expliquer des connivences improbables (comme Mélenchon et Dassault, par exemple), mais tout cela est largement surfait et ne sert plus guère qu’à tenter de faire vendre des hebdomadaires de merde remplis de pub entre le “spécial nouvelles pratiques sexuelles” et le “spécial salaires des cadres”.
Non, il n’y a pas besoin de théorie du complot pour expliquer le monde. Il suffit de le regarder en face. Chacun défend ses intérêts, et ceux qui sont à la fois les plus puissants et les plus dépourvus de complexes imposent leurs priorités. Et à ce jeu, c’est toujours le peuple qui trinque.

De même, je crois que les bêtises que j’écris ici depuis plus de 6 ans suffisent à démontrer que je ne suis ni raciste, ni homophobe, ni supporter du FHaine. Et celui qui osera insinuer qu’en tant qu’admirateur d’Etienne Chouard je puisse être “fasciste” prendra le risque de tâter de mon 46 fillette (étant aussi pacifiste, c’est le maximum raisonnable de violence dont j’accepte de faire preuve).

Je vais faire un couplet à part sur l’antisémitisme, cette tarte à la crème nauséabonde. Simplement pour répéter que comme le racisme, l’antisémitisme, le vrai, est abject. mais que se focaliser sur ce sujet est parfaitement ridicule. A part quelques illuminés dans les banlieues, l’antisémitisme mondain, celui que l’on reproche probablement aux “amis” d’Etienne Chouard, est totalement has-been dans la France d’aujourd’hui. Faites une expérience simple : prenez 100 beaufs électeurs du FHaine et demandez-leur quel type de population pose problème aujourd’hui en France : il n’y a pas besoin d’être devin pour imaginer que la réponse va être “Les arabes, les noirs, les Roms, les gitans… ” Peut-être “les pédés”, question d’actualité, mais “les juifs”, vous n’en trouverez certainement pas beaucoup. Des millions de Français seraient sans doute prêts à renvoyer des millions de “basanés” “dans leur pays” (alors que pour une grande partie ils sont français et nés en France), mais qui voudrait aujourd’hui reconstruire des camps pour exterminer des juifs ? Ca n’a aucun sens.

Merah ? Qui peut-il bien représenter ? Connaissez-vous quelqu’un qui approuve son geste ? Peut-être quelques timbrés, quelques fanfarons analphabètes qui ne savent pas de quoi ils parlent. Mais de là à faire croire que c’est un leader d’opinion post mortem…

Il y a aussi des néo-nazis, des nostalgiques d’Hitler (dont le fameux Gabriac auquel la presse accorde une importance complaisante et disproportionnée), mais là encore, qui représentent-ils ? De toute façon, l’objet de leur haine s’est également déplacé vers les “bougnoules et les pédés”, ils sont certainement bien plus racistes qu’antisémites.

L’antisémitisme, c’est surtout une arme commode, une sorte de bouclier absolu contre toute critique faite par exemple au comportement de l’Etat ou de l’armée d’Israël. Tu oses insinuer que l’opération “plomb durci” ne serait pas nécessairement un modèle à suivre, et te voilà suspect de complicité de génocide.
Cette accusation a un moment plané sur l’affaire DSK. Et heureusement que Cahuzac n’était pas juif, on n’y aurait probablement eu droit. Combien de gens ont ainsi été injustement accusés ? Mermet, Péan, Siné, Hessel… Et Chomsky, on y reviendra.

Le problème à combattre en France aujourd’hui, c’est bien le racisme. Sauf qu’au lieu de le combattre, on l’encourage. C’est devenu une opinion commune, avec l’exemple qui vient d’en haut, des politicards. Le FHaine, bien sûr. Mais s’il n’y avait que lui. Qu’ont fait Sarkozy, Besson, Hortefefeux, Guéant, Copé sinon touiller le racisme pour de minables raisons électoralistes ?
Bon, ceci dit, examinons le fameux graphique

La première chose qui me frappe, ce sont les fautes d’orthographe. Quand on écrit “soutient”, “révisionisite”, “conspirationiste”, réactionaire, “Exrême droite” ou “Kadafi”, je suis désolé, ça ne fait pas très sérieux et ça affaiblit méchamment le propos.

Je vais classer cet inventaire à la Prévert en 2 catégories. Ceux que je connais (au moins de nom) et les autres.

Commençons par Jean Bricmont. Là, c’est un peu fort de café. Jean Bricmont est un “disciple” de Chomsky, et tout comme lui (et comme moi, et sans doute Etienne Chouard) attaché à la liberté d’expression. Il en a parlé dans le Diplo, assurément un repaire de fascistes. Il était interviewé” dans le film”Chomsky et Cie” vanté chez Mermet, autre fasciste bien connu. Comme Chomsky, Bricmont s’est trouvé embringué à l’insu de son plein gré dans “l’affaire Faurisson” et hâtivement catalogué comme “antisémite”. On peut parfaitement ne pas remettre en cause l’existence des chambres à gaz, mais défendre la liberté d’expression. On ne va pas refaire ici un cours de philo basé sur la phrase attribuée à Voltaire (et à la paternité contestée) : “je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire”. En ce qui me concerne, je suis contre la loi Gayssot et la censure qu’elle engendre.
Enfin Bricmont s’oppose à l’impérialisme américain, ce qui lui vaut évidemment bien des inimitiés. En ce qui me concerne, je me marre doucement.

Robert Ménard. Là, c’est effectivement du lourd. Tellement infréquentable qu’il est sur toutes les télés. On remarque que Chouard le cite en lien avec l’Isegoria, qui était la liberté de parole prônée à l’époque de la démocratie athénienne. Chouard signale un “article intéressant” qu’il aurait écrit. Comme quoi il est peut-être capable d’écrire quelque chose d’intéressant. Mais c’est avant tout un réac islamophobe, et, plus intéressant, un pion de l’impérialisme. Le contraire de Bricmont, quoi. La logique n’est pas facile à comprendre.

Ensuite, Asselineau. C’est marrant, car j’ai aussi écrit un billet plutôt élogieux sur son compte. Serai-je moi aussi un facho ? L’auteur du graphique le qualifie de souverainiste (c’est interdit ?), de réac (ça c’est probable, mais on peut accoler ce qualificatif à la quasi-totalité de la droite, c’est même souvent sa caractéristique première) et de “complotiste”. Encore un argument à deux balles. Ce type a-t-il écouté les conférences d’Asselineau sur l’Europe ? Je pèse mes mots, c’est sans doute ce que j’ai entendu de plus intéressant, intelligent, documenté, et même drôle sur le sujet. Asselineau est totalement boycotté par la presse française, celle qui ouvre grand ses micros à des Pécresse ou des Rebsamen. Je ne comprends pas ce qu’il fait dans ce tableau .

Même chose pour Nigel Farage, dont j’ai regardé quelques vidéos. C’est un réac de droite, libéral mais antieuropéen. Il me rappelle un peu Philippe de Villiers, en moins catho et plus talentueux. Sa critique des institutions européennes est implacable et argumentée. Je me souviens que c’est De Villiers qui avait trouvé en 2005 l’image du “plombier polonais” qui avait largement contribué à la prise de conscience de ce qu’était réellement cette Europe que les médias nous vendaient à coups de propagande impensable. De Villiers était une caricature de réac de droite, il s’est fait traiter de tous les noms par les belles âmes, accusé de racisme ou de je ne sais quoi. Mais sur cet exemple précis, quel menteur pourrait prétendre qu’il avait tort ? Relire si nécessaire ce billet.

Jacques Cheminade. Là encore, je me marre. Cheminade est un scientiste, un nucléocrate, ce qui le discrédite à mes yeux en tant que politicien. Mais il ne mérite pas d’avoir été injustement présenté comme un bouffon par l’ensemble de la presse française (vous savez, celle qui affirme que Hollande ou Copé sont des gens sérieux qui vont combattre le chômage…). Ses comptes de campagne de 1995 ont été retoqués pour une broutille, contrairement à ceux de Balladur dont on sait maintenant qu’ils étaient totalement bidonnés. Mais ce qu’il dit de la spéculation et du système bancaire est au contraire parfaitement intelligent et étayé. Il préconise notamment le retour du “Glass Steagall Act”, qui sépare les banques d’affaire des banques de dépôt, ce que Moscovici vient de faire semblant de faire, pendant que les banksters français pouffent sans se cacher…

Thierry Meyssan. Il se trouve que je lisais le Réseau Voltaire sur Internet bien avant le 11 septembre. Son livre sur le sujet l’a méchamment discrédité. Cela l’empêche-t-il d’avoir un avis sur tel ou tel autre sujet ? Et notamment sur la liberté d’expression et la propagande de guerre (le sujet sur lequel Etienne Chouard parle de lui) ? Qui peut nier que les guerres engendrent toujours une propagande éhontée dans les médias dominants pour les faire accepter par la population. Que ce soit en Libye sous Sarkozy ou au Mali sous Hollande.

Michel Collon. Oui, j’aggrave mon cas, il m’arrive aussi de lire ses articles. Comme Bricmont, comme Chomsky, il dénonce la propagande impérialiste américano-israélienne. Il a défendu feu Hugo Chavez contre les torrents de cette propagande. Et quand je lis qu’il défend ou a défendu El Assad, Ahmadinejad ou Kadhafi, je ne vois pas où est le scandale. Tout accusé a droit à un avocat, non ? Que ces gens soient des fripouilles criminelles, c’est un fait, mais les choses sont-elles aussi simples que cette propagande voudrait le faire croire ? Les Etats-Unis ne lorgnent-il pas le pétrole iranien ? Israël n’est_il pas le bras armé désigné dans cette affaire ? Les Iraniens ne peuvent-ils pas en concevoir une certaine acrimonie vis-à-vis d’Israël, que certains peuvent requalifier, à tort ou à raison, en antisémitisme ?
Kadhafi était un dictateur cinglé et sanguinaire. N’a-t-il pas pourtant été courtisé pour son pognon et son pétrole ? Sarkozy ne l’a-t-il pas fait venir en grande pompe à Paris ? Sarkozy n’est-il pas un peu plus que soupçonné d’avoir profité de ses largesses ? L’intervention française n’avait-elle pas un caractère d’agression violant toute loi internationale ? L’assassinat de Kadhafi est-il un acte digne ? BHL est-il un stratège géopolitique reconnu ? Et surtout, la situation des Libyens (et des Tunisiens, des Egyptiens) s’est-elle améliorée depuis qu’ils ont viré leurs dictateurs corrompus (tous grands amis et bienfaiteurs de nos politiciens “démocrates”). Si les islamistes syriens renversent le dictateur Assad, la vie quotidenne des Syriens sera-t-elle meilleure ?
Dernière question : est-il interdit de se poser une seule des questions de la liste qui précède ?

Les chasseurs d’antisémites ne reculent devant aucune ignominie. Juste un exemple marrant : afin de discréditer les pourfendeurs du système financier qui qualifient certains banquiers de “banksters”, ils prétendent que ce mot aurait été inventé en 1936 par le fasciste français Léon Degrelle.
En réalité, ce mot vient d’un rapport commandé en 1932 par le président américain Hoover au procureur de New York Ferdinand Pecora sur la responsabilité des banquiers de Wall Street dans la crise de 1929. Devant la liste de toutes leurs saloperies, Pecora les a qualifiés de “banksters”. Et son rapport a servi de base à Roosevelt pour le “Glass-Steagall Act” qui sépare les banques de dépôt des banques d’investissement. Il y a une légère différence entre les deux explications.

Et ce sont nos banksters contemporains (Rubin, Geithner, Greenspan) qui sous Clinton ont démoli le Glass-Steagall Act et ont orienté la politique de leur banque centrale au profit des spéculateurs. Ils sont directement responsables des bulles (Internet et Immobilier), du merdier qui a dévasté l’économie mondiale. Et ils sont impunis.

Je suis bien placé pour parler de ce sujet en tant que membre fondateur du site banksters.fr, qui traduit en français des articles démontrant et illustrant ces scandales. Que certains de ces banksters soient juifs, c’est probable, mais je m’en bats les cacahuètes. Ouvrez vos oreilles, chasseurs d’antisémitisme frelaté : ce sont les agissements de ces banquiers pourris, insolents et cupides que nous dénonçons, pas leurs origines culturelles ou religieuses. Et le premier qui insinuera le contraire goûtera de mon 46 !

Tiens, au passage en écrivant ce billet je suis tombé sur cet article dans lequel Matt Taibbi, l’auteur fétiche que nous traduisons dans Banksters.fr, a lui aussi été victime de ces accusations grotesques après avoir écrit en 2009 son fameux article dans lequel il comparait Goldman Sachs à une “pieuvre vampire”, avec évidemment des dizaines d’exemples à la clé.
Il semble que l’accusation d’antisémitisme soit le derniers recours face à des accusations précises et irréfutables. Un peu comme Pierre Péan fut accusé d’antisémitisme pour un livre dans lequel il disait du mal de Kouchner… Bref.

Voilà une transition toute trouvée pour parler d’Eustace Mullins. Ce monsieur serait antisémite. Enfin, “aurait été”, puisqu’il est mort en 2010. Ne le connaissant pas, n’ayant pas lu ses livres, je n’en sais rien. Mais admettons. La raison pour laquelle Etienne Chouard s’intéresse à lui est un livre où il dit pis que pendre de la “Fed”, la réserve fédérale américaine, un peu l’équivalent de notre BCE. Ce livre s’appelle “Les secrets de la réserve fédérale”. Contrairement à “Mein Kampf”, on ne l’achète pas sous le manteau dans des librairies nazies fréquentées par des Gabriac ou des Benedetti (les types qui défilent avec Valérie Pécresse et les cathos moyenâgeux de l’UMPFN), mais dans n’importe quelle librairie généraliste, en compagnie d’autres livres d’antisémites notoires, comme “Tintin et les Picaros” ou “Voyage ou bout de la nuit”.

Il se trouve que, par Matt Taibbi interposé, je suis en train de lire un long chapitre de son livre “Griftopia” (que je recommande chaudement à Etienne Chouard à et à tout le monde) sur la Fed à l’époque Greenspan (c’est à dire entre 1987 et 2006). Taibbi y démonte, avec sa documentation précise et son humour habituel, la nocivité de la Fed, à travers son rôle dans la dérégulation de la finance et l’alimentation des bulles qui nous ont pété à la gueule dans les années 2000 et dont nous subissons toujours les conséquences. Là encore, même si Greenspan est juif, et que Taibbi le qualifie de “biggest asshole in the universe” (une traduction est-elle nécessaire ?) il n’y a pas la moindre trace d’antisémitisme, simplement des faits. Et c’est également ce que dit Etienne Chouard du livre de Mullins : des faits, et pas la moindre trace d’antisémitisme. C’est clair, non ?

Contrairement au journalistes des chaines d’info, je ne vais pas commenter la vie et l’oeuvre de gens dont je vois le nom pour la première fois, et qui figurent dans ce tableau. Il reste néanmoins le plus pénible : les gens qui figurent dans la case grisée en haut à droite. Je précise que je ne les connais pas. Mais que je connais (un peu) moins mal l’organisation à laquelle l’auteur du tableau les rattache : Egalité et réconciliation. J’ai beau pouvoir me montrer compréhensif envers des gens dont je ne partage pas toutes les idées, là c’est un tel gloubiboulga idéologique que j’ai du mal à y retrouver mes petits. Le parcours du gourou et fondateur de ce site, Alain Soral, donne à lui seul le tournis. Il a été entre beaucoup d’autres choses punk puis animateur télé, communiste puis FHaine… Son site est illustré du portrait de Chavez. Et sur sa page de présentation, à côté d’un lien vers un discours de Le Pen (ultralibéral) écrit par Soral (antilibéral, va comprendre…)
“rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.” Cette manière de faire voisiner “nationalisme” et “socialisme” est-elle innocente ? J’ai un doute.
Soral revendique son outrance verbale qui lui fait tenir des propos violemment homophobes, sexistes, anti… heu… sionistes…

De bonnes âmes se sont naguère émues de la présence dans les commentaires de mon blog de quelques liens vers le site “Egalité et Réconciliation”. Après en avoir regardé quelques uns, je les ai laissés. Je n’y ai pas vu de quoi fouetter un chat, certains étaient même intéressants. Et je n’ai pas l’âme d’un censeur.
Pourtant, au dessus de ce site, et au dessus d’autres personnages qui figurent dans ce tableau, plane l’ombre de Dieudonné, ex-comique devenu antisémite. Heu, pardon, je me suis encore trompé, antisioniste. La vie de ce type a basculé le jour où il a fait un mauvais sketch à la télé, avec un rabbin qui criait “Isra-Heil” ou quelque chose dans le genre. Cela méritait-il plus qu’un haussement d’épaules ? Apparemment oui, puisqu’à partir de ce moment, Dieudonné s’est fait pourfendre par ce que je ne vois pas comment appeler autrement que “lobby” qui lui a pourri sa vie, l’a totalement discrédité et ruiné. Dois-je avouer que si j’avais dû subir le même acharnement imbécile, je ne jurerais pas que je ne serais pas moi-même devenu anti… heu… sioniste ? Mais Dieudonné a fait dans la surenchère. Il a monté ce fumeux “parti antisioniste”, dont Soral a été le candidat sur une liste menée par Dieudonné aux Européennes de 2009 en Ile de France. Ensuite il a fricoté avec le négationniste Faurisson. Qui devrait certes avoir le droit de s’exprimer, mais dont il ne faut pas se sentir obliger d’accréditer ses propos, non plus. Néanmoins, à ceux qui s’insurgent, je veux rappeler, même si je l’ai déjà écrit un peu plus haut, que nous ne sommes pas dans les années 30, que les “idées” de Soral et de Dieudonné sont au mieux folkloriques. Sa liste n’a obtenu que 1.3% à ces européennes de 2009. L’idéologie mortifère qui a le vent en poupe, c’est le racisme, l’islamophobie et la xénophobie du FHaine, pas l’anti.. heu… sionisme à 2 balles de Dieudonné.

Que peut-on dire de plus de ces gens ? Rappeler son attachement à la liberté d’expression. En ce qui me concerne je ne peux pas faire plus. Et si je devais donner un conseil, un seul, à Etienne Chouard, c’est de s’entourer des précautions verbales d’usage quand il cite certains personnages. Mais il est assez grand pour savoir avec qui s’afficher, avec qui donner des conférences. C’est son choix, pas le mien. Mais la réalité est que certaines fréquentations sont contreproductives et fournissent à ses adversaires une bonne occasion de le discréditer et de discréditer ses idées par la même occasion. Ceci dit, quand on voit la taille de la bibliothèque d’Etienne Chouard et que ces gens sont les seuls antisémites du lot, leur pourcentage ne doit pas être si aberrant.

De toute façon, ça ne m’empêchera pas de continuer à apprécier ses idées, et à les diffuser dans le seul but de faire prendre conscience de ce dévoiement de démocratie que sont notre 5ème République et cette construction européenne scandaleuse. Il faut faire progresser la démocratie et de faire en sorte qu’elle ait une chance de s’exprimer un jour. Dans le cas contraire, il sera impossible de mettre en oeuvre la moindre politique dans l’intérêt du peuple.

A la sortie de la conférence de Metz, Etienne Chouard appelait justement à faire connaître l’idée du tirage au sort. Force est de constater qu’elle ne s’est pas encore imposée.

Je voudrais maintenant m’adresser à ceux qui m’ont, peut-être de bonne foi, balancé ce tableau à la figure. Qui êtes-vous, d’abord ? Contrairement à Etienne Chouard ou à moi, êtes-vous parfaits ? Vos “fréquentations” aussi ? Quel monde souhaitez-vous ? Pour qui votez-vous ? Pensez-vous que notre système électoral donne le pouvoir à des gens dévoués à défendre vos intérêts, en laissant les leurs de côté ? Votre rêve le plus fou serait-il d’aller boire un coup sur la terrasse de Bartolone à la santé de ces connards d’électeurs qui lui ont permis de se l’offrir ? Pensez-vous que la construction européenne soit une telle réussite que tous ceux qui l’ont souhaitée et réalisée soient encore fondés à nous donner des leçons ? Pensez-vous qu’il faille s’abstenir de critiquer la finance internationale et ses méthodes mafieuses sous prétextes que quelques dirigeants de banques pourries sont peut-être juifs ?

Avez-vous fait de l’outing du faciste Etienne Chouard le combat de votre vie ?

Rassurez-vous, Etienne Chouard ne va pas prendre le pouvoir en France pour y rétablir le fascisme, l’antisémitisme, voire le National-Socialisme, puisque non seulement il n’est pas fasciste, antisémite ni national-socialiste, et surtout il n’est candidat à rien. Au contraire, il dit que tous ceux qui sont candidats à un quelconque pouvoir sont des traîtres potentiels.

Ce qui est fort de café, c’est qu’Etienne Chouard n’est pas une menace contre la démocratie, au contraire, il dénonce ceux qui l’ont bafouée, détaille leurs méthodes, et cherche des moyens pour la rétablir. Le tirage au sort, bien sûr, mais des choses plus concrètes et plus simples à mettre en oeuvre : la limitation des pouvoirs, le mandat unique et l’interdiction de tout cumul, mesure que nos amis “socialistes”, pas du tout suspects de fascisme et d’antisémitisme, ne sont même pas foutus de mettre en place, alors qu’ils l’avaient (comme à peu près tous leurs prédécesseurs) promise ?

N’avez-vous rien de mieux à faire que de dénigrer Etienne Chouard ?

Etes-vous déjà résignés à un deuxième tour entre Xavier Bertrand et Manuel Valls en 2017 ? A la poursuite de la destruction de la richesse française au profit des banksters entre 2017 et 2022 ?

Moi pas.
 
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Pourquoi la manif mondiale contre Monsanto






Combat Monsanto | 25 mai 2013


Semences OGM, Round-up, hormone de croissance bovine, PCB, aspartame, agent orange... Le point commun entre tous les mots de cette liste toxique ? Monsanto... La multinationale américaine peut trembler, car après "le monde selon Monsanto", voilà que se dresse le monde contre Monsanto ce samedi 25 mai.

Monsanto est la firme emblématique de la saga de l’agrochimie mondiale. Un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de pressions et tentatives de corruption, est devenu l’un des premiers semenciers de la planète. En effet, Monsanto, qui représente le leader mondial des OGM, est aussi l’une des entreprises les plus controversées de l’histoire industrielle. En témoigne l’incroyable enquête de Marie-Dominique Robin intitulée "Le monde selon Monsanto" qui "dévoile "une réalité qui fait mal aux yeux et qui serre le cœur" comme l’a commenté Nicolas Hulot.

Comment la société Monsanto est-elle devenue un des principaux empires industriels de la planète ? En inscrivant à son pedigree rien de moins que la production à grande échelle de quelques-uns des produits des plus dangereux de l’ère moderne :

Les PCB : des huiles chimiques utilisées comme isolants dans les transformateurs électriques et radiateurs pendant plus de 50 ans dont Monsanto a caché la nocivité dévastatrice jusqu’à leur interdiction au début des années 80. Ces huiles ont également été largement utilisés comme lubrifiants dans les turbines et les pompes, dans la formation des huiles de coupe pour le traitement du métal, les soudures, les adhésifs, les peintures et les papiers autocopiants sans carbone.

La dioxyne issu du tristement célèbre agent orange, le défoliant déversé sur les forêts et les villages vietnamiens par l’armée américaine (ce qui permettra à Monsanto de décrocher au Pentagone le plus gros contrat de son histoire). Sa fabrication a été interdite alors même que Monsanto a savamment nié la toxicité de ce produit en présentant des études scientifiques truquées ;

Les hormones de croissance laitière et bovine - premier banc d’essai des OGM -, dont l’objectif est de faire produire l’animal au-delà de ses capacités naturelles malgré les conséquences avérées sur sa santé et la santé humaine ;

Le désherbant Roundup, vendu prêt à l’emploi aux agriculteurs et jardiniers amateurs et présenté à longueur d’écrans publicitaires comme biodégradable et favorable à l’environnement. Monsanto a ensuite été condamné pour publicité mensongère. Plusieurs études scientifiques ont montré la toxicité de ce produit, notamment l’étude du professeur Gilles Eric Séralini de l’université de Caen, qui a révélé que le produit avait un caractère cancérigène sur des rats en ayant consommé pendant 2 ans. En plus de développer les cancers, le Roundup est notamment accusé d’être à l’origine de troubles de la reproduction. De plus, il est également toxique pour les animaux, les eaux et les sols dont il détruit les micro-organismes.

L’aspartame (le "faux sucre") : Marie-Monique Robin, dans son enquête intitulée "Notre poison quotidien", a révélé les conditions scandaleuses dans lesquelles l’aspartame a été mis sur le marché aux Etats-Unis en 1981 : une étude de toxicité médiocre, des mensonges éhontés, la pression de l’administration Reagan pour autoriser cet édulcorant produit par la firme Searle, alors dirigée par... l’ami républicain Donald Rumsfeld ! C’est en 1985 que Monsanto fait l’acquisition de GD Searle. Aujourd’hui, alors que l’aspartame est présent dans au moins 6000 produits (nom de code E951), plusieurs études révèlent ses effets néfastes sur la santé, et notamment sur les femmes enceintes.

les OGM : La communauté scientifique est très partagée sur les effets de la transgenèse et les retours d’expérience sur les ogm cultivés n’apportent la preuve ni de leur innocuité pour la santé et l’environnement ni de leur capacité à intensifier la production alimentaire pour vaincre la faim. Un scientifique a notamment osé affronter Monsanto : le Pr Séralini. Il a publié en septembre 2012 une étude sur les OGM dans une revue scientifique de référence " Food and Chemical Toxicology " qui montrait que les rats soumis à une alimentation à base de maïs OGM NK603 développaient beaucoup plus de tumeurs que des rats témoins. De plus, l’utilisation de semences hybrides représente un danger pour la biodiversité, en rendant la terre stérile et les agriculteurs dépendants des produits chimiques.

Le brevetage du vivant : Monsanto a toujours avoué que la manipulation génétique était un moyen d’obtenir des brevets et droits de propriété sur les graines, c’est cela son vrai objectif. En contrôlant les semences, la firme peut contrôler la nourriture mondiale. Sur des prétextes d’amélioration de la rentabilité et de la qualité des récoltes, Monsanto a réussi au fil des années à imposer ses OGM et un incroyable processus d’asservissement des producteurs grâce au système des brevets. Et dés qu’un brevet est déposé, il signifie "royalties" et donc augmentation des prix... Après avoir longtemps laissé les paysans de nombreux pays utiliser leurs semences génétiquement modifiées, la firme attaque désormais en justice ceux qui réutilisent ses semences sans avoir payé les royalties, même ceux dont les champs ont été contaminés par pollinisation. Monsanto a ainsi attendu qu’ils en soient dépendants avant de les contraindre à payer de plus en plus cher pour utiliser ses produits. Une stratégie de long terme, très planifiée donc l’objectif est de parvenir à une situation de monopole pour contrôler l’approvisionnement alimentaire mondiale. Car oui Monsanto veut devenir le roi du monde en devenant propriétaire du vivant. Nous dépendrons peut-être bientôt de la firme pour chaque graine que nous semons et chaque champ que nous cultivons. Une sorte de pouvoir de vie ou de mort sur l’être humain.

Le monde contre Monsanto
"Nous refusons d’être mis devant le fait accompli d’une pollution génétique et chimique de notre environnement et de notre santé !" expliquent aujourd’hui sur le site du mouvement "March against Monsanto" les organisateurs de la manifestation mondiale contre Monsanto qui a lieu le 25 mai.
Ils précisent : "Aux Etats-Unis, la FDA - agence chargée d’assurer la conformité des aliments commercialisés- est dirigée par d’anciens employés de chez Mosanto. Ce qui nous amène à soupçonner un conflit d’intérêt qui expliquerait le manque de recherche de la part du gouvernement sur les effets à long terme des produits contenant des OGM. Récemment, le Sénat américain ainsi que le président ont accordé ce que l’on surnomme le " Monsanto ProtectionAct " ; une loi qui, entre autre, interdit aux tribunaux de condamner Monsanto à retirer des graines génétiquement modifiés du marché sous prétexte qu’elles porteraient atteinte à autrui et à l’environnement. Depuis trop longtemps, Monsanto a été le bénéficiaire de subventions et de favoritisme politique. Les petits producteurs et les producteurs bio enregistrent des pertes tandis que Monsanto continue de forger son monopole en approvisionnant le monde entier, y compris en brevetant des semences et des manipulations génétiques."

Comment combattre Monsanto ?
- Le pouvoir est dans l’assiette ! Achetons bio et boycottons les entreprises qui utilisent des OGM dans leurs produits.
- Demandons un étiquetage signalant les OGM dans les produits afin que nous puissions faire nos achats en connaissance de cause.
- Demandons l’abrogation du " MonsantoProtection Act " aux Etats-Unis.
- Diffusons la vérité sur Monsanto autour de nous, notamment via les réseaux sociaux.
- Descendons dans la rue pour montrer au monde et à Monsanto que nous n’allons pas accepter tranquillement ces injustices.

Rendez-vous le 25 mai !
Voici le lien pour participer et connaitre le programme, les lieux et horaires des rassemblements
Source : Bioaddict

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16 mai 2013

La France construit sa politique anti-roms sur des cadavres


Par Philippe Alain, blog I am Spartacus, 15 mai 2013


Depuis lundi 13 mai 2013, la politique de stigmatisation menée par le gouvernement français contre les roms ne se chiffre plus seulement en nombre de reconduites à la frontière ou en nombre de destruction de bidonvilles. Elle se chiffre désormais en nombre de cadavres. Beni, un garçon de 12 ans, ainsi que 2 femmes, Pamela et Patrina sont morts, brûlés vifs, dans l’incendie de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Lyon depuis 8 mois.

Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. (1) Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie et trois d’entre eux en sont morts.

Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur, Christine Taubira, Ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco, Préfet de la région Rhône-Alpes vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.

Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres. Les roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République Française s’incline devant leur douleur ? Non, rien, rien de rien. Roms vous êtes, roms vous resterez. Au contraire, Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va réaffirmer le leit-motiv de sa pré-campagne présidentielle qui est également devenu le fondement de la politique du gouvernement français contre la minorité rom: « Il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation des campements », « comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy » aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur, aucune retenue. Alors qu’il a sous les yeux le résultat de plusieurs années d’expulsions à répétition, il répète inlassablement les même paroles et promet la même politique qui est responsable de la mort de 3 personnes. Valls tient absolument à continuer la chasse aux femmes, aux enfants, aux vieillards. Il tient absolument à les condamner à vivre dans des endroits de plus en plus dangereux quitte à ce qu’ils en meurent.

Madame Taubira, qu’on a connu plus inspirée se contente d’approuver les propos de son ministre de tutelle, comme si elle n’avait plus aucun rôle politique et humain à jouer après sa loi sur le mariage homosexuel.

Au moment de repartir, Valls se fait interpeller par un homme. Le ministre refuse de parler à un père et une mère qui sont submergés par la douleur d’avoir perdu un fils, mais il n’hésite pas à venir serrer la main d’un riverain qui demande l’expulsion des familles depuis des mois. Le voisin se plaint de vivre dans des « conditions épouvantables », abandonné de tous (rassurez-vous, il n’a jamais mis les pieds dans le squat, il parle seulement de la vue depuis son balcon). Valls vient le saluer et tenter de répondre à ses critiques. Alors que la discussion s’engage et que les journalistes commencent à enregistrer l’échange, monsieur Carenco, préfet de région, visiblement sur-excité repousse violemment plusieurs d’entre eux afin d’éviter une médiatisation des propos le mettant en cause.

Carenco. Préfet sous Sarkozy, préfet sous Hollande. Préfet pour toujours ? On garde les mêmes pour appliquer la même politique raciste de stigmatisation des étrangers. A Lyon, on gaze les enfants roms (2) on les parque dans des classes ghetto (3) et on met en garde-à-vue des bébés (4). En revanche on n’applique pas la circulaire inter-ministérielle censée apportée d’autres solutions que les expulsions. Carenco sera-t-il aussi préfet sous Le Pen ? « Le préfet de région a une grande part de responsabilité… Sur le terrain les expulsions se poursuivent malgré la circulaire du 26 août 2012 » accuse le sénateur Guy Fischer.

Dans l’après-midi, alors que journalistes et politiques sont partis, les proches des victimes attendent que les pompiers sortent les corps du bâtiment. L’ambiance sur la place est lourde. L’odeur âcre de la fumée fait mal à la gorge. Certains espèrent toujours et demandent désespérément s’il est possible qu’il y ait encore des survivants : « Il ne sont peut-être pas morts… ». Alors que la grande échelle s’approche d’une fenêtre afin de permettre à un pompier de prendre des photos, plusieurs dizaines de personnes s’approchent du bâtiment en criant le nom de l’enfant: « Béni, Béni » Face à ce mouvement de foule, un policier bien formé à l’école de Valls se fait menaçant et sort de son gilet une bouteille de gaz lacrymogène histoire de montrer aux femmes et aux enfants de quel bois il se chauffe. Pendant plusieurs heures, les familles sont totalement abandonnées à leur sort. Une femme perd connaissance plusieurs fois. La police municipale, à quelques mètres reste les bras croisés. Il n’y a aucun médecin, aucun psychologue, aucun soutien.

Mardi matin, alors que les corps calcinés de Beni, Pamela et Patrina viennent à peine d’être sortis des décombres fumants de l’immeuble, le préfet Carenco ordonne l’expulsion d’un nouveau squat. Une trentaine de personnes dont 15 enfants sont jetées à la rue, sans aucune proposition d’hébergement. Elle dormiront dans la rue, avec des enfants en bas âge, dans les conditions d’insécurité que l’on peut facilement imaginer, avant de retrouver un autre squat, probablement encore plus dangereux et insalubre. Valls nous expliquera à nouveau qu’il faut les expulser pour leur plus grand bien. Voilà une preuve de plus du discours mensonger du ministre qui, quelques heures auparavant, soulignait qu’il fallait poursuivre les expulsions tout en proposant des « solutions dignes ». Pour Valls, la rue est plus digne que le cimetière. Je n’en suis pas sur.

L’extrême droite à de beaux jours devant elle. Après Sarkozy, elle peut compter sur Hollande, Valls et les socialistes pour tenir le même discours de haine contre les étrangers et appliquer la même politique discriminatoire et hors la loi contre les roms. La France profonde applaudit, l’Union Européenne, pas son silence est complice. Marine Le Pen se frotte les mains. Manuel Valls, lui, ne pense qu’aux présidentielles. Le fait que son chemin soit désormais parsemé de cadavres ne le perturbe pas un seul instant. « Il faut continuer le travail » ose-t-il dire.

Mardi soir, la préfecture du Rhône fait savoir que les expulsions vont s’accélérer dans les jours à venir. La chasse aux Roms est ouverte. La campagne des municipales également.

Valls prétend que les roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. En les obligeant à vivre comme des chiens errants à la rue ou à brûler vifs dans des squats ils est certain d’avoir raison.

(1) http://www.mediapart.fr/journal/france/130513/les-roms-sont-comme-nous-ils-ont-besoin-de-lumiere
(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/120113/la-police-gaze-des-enfants-et-saccage-un-camp-de-roms
(3) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/260113/une-classe-reservee-aux-enfants-roms-dans-un-poste-de-police
(4) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/050113/un-bebe-en-garde-vue-accuse-d-avoir-mendie

Journée Mondiale contre Monsanto et l'agro-business 25 mai


 
Combat Monsanto | 11 mai 2013


Le 25 mai 2013 sera une journée marquée d’une pierre blanche dans la mobilisation citoyenne mondiale. A l’initiative du mouvement Occupy américain, dans une démarche citoyenne autonome, le mot d’ordre a été lancé à travers les réseaux sociaux d’organiser la première manifestation internationale simultanée contre Monsanto.

Plusieurs dizaines de manifestations sont organisées aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et en Inde. La France et ses citoyens mobilisés de longue date contre les OGM auront aussi leur manifestation citoyenne avec l’organisation d’un rassemblement Place du Palais Royal le samedi 25 mai à partir de 14h (Nb du 13 mai : la manif a été déplacée, initialement prévue à l’Assemblée, ce RDV est annulé). Sans étiquette politique, ce rassemblement citoyen est spontané et ouvert à tous ceux qui se reconnaissent dans le rejet des multinationales de l’agroalimentaire pour réclamer une nourriture dépourvue de poison chimique et la reconnaissance due droit à un environnement sain pour tous !

Alors rejoignez nous à PARIS le 25 Mai 2013 pour dire ensemble que « Le monde de Monsanto ne sera jamais le notre ! »

Combat Monsanto appelle tous ceux qui nous soutiennent à se joindre au mouvement !


Communiqué


Communiqué des organisateurs citoyens de la « MARCH AGAINST MONSANTO – PARIS » pour un SITTING PACIFISTE Place ROYALE LE 25 MAI 2013 DE 14 À 18H

Face à la voracité de Monsanto faisons entendre nos voix !

Semences OGM, Round-up, hormone de croissance bovine, PCB, aspartame, agent orange... Le point commun entre tous les mots de cette liste toxique ? Monsanto...

Nous, citoyens responsables et vigilants, sommes informés des graves accusations qui pèsent sur la multinationale américaine Monsanto, « accusée de promouvoir des produits nocifs pour la santé et l’écosystème mais aussi de falsifier les résultats d’enquêtes scientifiques, accusations portées entre autres par un ancien directeur de filiale de la firme », rappelle l’encyclopédie citoyenne Wikipédia sur la page consacrée à Monsanto.

Nous appelons au principe de précaution alimentaire !

Le manque de transparence de l’État sur les études qui sont fournies pour les demandes d’autorisation des produits Monsanto, l’absence d’étiquetage obligatoire européen sur les OGM, nous amène à appeler nos concitoyens à la vigilance, en les invitant à s’orienter vers des produits issus de l’agriculture biologique et de marchés locaux, en prenant soin de contrôler le mode de culture des fruits et légumes ainsi que le contenu de l’alimentation des animaux de boucherie.

Ce 25 mai nous interpellons les élus et le gouvernement en participant à une marche mondiale contre Monsanto et au sitting Place du Palais Royale.

Ayant connaissance des conflits d’intérêts chez un grand nombre d’experts des autorités sanitaires françaises et européennes, nous sommes déterminés à utiliser la mobilisation citoyenne pour exiger de nos représentants qu’ils agissent pour le bien-être des populations dont ils sont responsables !

Nous demandons aux représentants du peuple français, ainsi qu’aux responsables européens de :

Rendre obligatoire, par devoir d’information, un étiquetage des produits issus d’OGM au niveau européen.

Débloquer des crédits de recherche pour étudier les conséquences à long terme d’une alimentation OGM sur la santé publique.

Réévaluer les molécules de synthèse employées par Monsanto. Prendre en compte toutes les études indépendantes et non les études financées par cette firme dont la crédibilité est sévèrement remise en cause.

Procéder à une mise en jour des études sur les liens entre l’exposition chronique aux produits chimiques agricoles (désherbants, fongicides, pesticides, insecticides, fertilisants...) et l’augmentation des cancers et des problèmes d’infertilité.

Ouvrir un grand débat national sur les orientations responsables et soutenables de l’agriculture de demain, pour préparer et mettre en œuvre sa nécessaire conversion écologique.

Nous réclamons une protection des semences !

Conscients de la tentative de main mise de Monsanto sur les semences dans de nombreux pays par le rachat des entreprises locales semencières, nous considérons qu’aucune organisation ne doit détenir les clefs du garde-manger du monde !

Nous savons que l’utilisation de semences hybrides est une plaie pour la biodiversité, qu’elle rend la terre stérile et les agriculteurs dépendants des produits chimiques, que le processus naturel de pollinisation entraîne une contamination des semences là où les OGM sont cultivés (une industrie de 10 milliards d’euros en 2011), que dégradation de l’environnement, misère sociale et agriculture industrielle sont étroitement liées.

Nous demandons à nos dirigeants de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de suivre le triste exemple des Etats-Unis et du « Monsanto Protection Act » : la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal.

Nous refusons d’être mis devant le fait accompli d’une pollution génétique et chimique de notre environnement et de notre santé !

Participez ! Retrouvez toutes les infos sur la page de l’événement FB https://www.facebook.com/events/160596650769757

Des manifestations sont également organisées à Marseille et Strasbourg face au Parlement européen le même jour !

15 mai 2013

Un récit de voyage à ND des Landes le 11 mai



Petit voyage au pays du peuple de la boue

url de cet article, http://blogs.mediapart.fr/blog/yannick-chenevoy/140513/petit-voyage-au-pays-du-peuple-de-la-boue

 

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