25 mai 2013

Pour la défense d’Etienne Chouard



Par SuperNo | 25 mai 2013



Ça fait un paquet de temps que je reçois des mails, pas menaçants du tout, venant même de gens que j’aime bien, et qui me mettent amicalement en garde, liens à l’appui, contre Etienne Chouard et ses prétendues “fréquentations”.

Etienne Chouard subit en effet depuis quelque temps une véritable campagne de dénigrement et de diabolisation. Des conférences ont été annulées. Au fil du temps, il devient même impossible de parler d’Etienne Chouard sans que son nom soit associé au fascisme, à l’extrême-droite, à l’antisémitisme. Il a beau se défendre, les attaques continuent, et s’étendent à tous ceux qui comme moi citent le nom d’Etienne Chouard.

Cette semaine, je me suis fait apostropher sur Twitter par une dame que je ne connais ni des lèvres ni des dents (qui est apparemment traductrice et linuxienne, et donc probablement plus portée à la réflexion que la moyenne). 
 

Ce tweet a pour intérêt de présenter un tableau de ces fameuses “fréquentations”. On en reparlera un peu plus loin.

A tous ces gens, j’avais promis que je répondrai, collectivement, profitons donc de l’occase.

Je ne connais pas Etienne Chouard personnellement. J’ai vu plusieurs de ses conférences sur Internet, elles m’ont passionné. Je l’ai rencontré une fois “en vrai”, à l’occasion de la conférence qu’il est venu donner à Metz en octobre 2011, conférence qui avait été filmée et dont j’ai rendu compte ici-même. Après la conférence, on a passé une heure ou deux à discuter autour d’une bière dans un troquet messin, en compagnie d’une grosses douzaine d’autres messins plus ou moins gauchisants et/ou membres d’ATTAC, le noyau dur que l’on retrouve dans à peu près toutes les conférences et manifestations du secteur. J’insiste, hein, des gauchistes, pas la section locale du FHaine.

Je précise qu’Etienne Chouard m’a fait l’effet d’un type sympa, simple, abordable. Tout sauf un vampire assoiffé de sang dont le but serait d’installer un régime fasciste visant à rouvrir les camps de concentration et “finir le boulot d’Hitler”. Je n’en mettrais pas ma main au feu, mais il me semble bien l’avoir entendu parler de voter Mélenchon au premier tour.

Mais bien plus que la personne, ce sont les idées qui m’intéressent. On va résumer :

- Etienne Chouard, c’est le gars qui, alors inconnu, a épluché la moindre virgule du fameux TCE de 2005, qui en a éclairé les aspects volontairement laissés dans l’ombre. Il a, entre cent autres exemples, mis en évidence la bouffonnerie que constitue le parlement européen, qui n’a en pratique aucun pouvoir, puisque tout ce qui est important est décidé par la commission, instance non élue.
Ses travaux ont contribué à une prise de conscience sur Internet, qui a certainement dû prendre sa part dans le retournement de la tendance, malgré la propagande carrément inouïe que nos minables de politicards et leurs larbins de journaleux nous ont fait subir.
- Les analyses d’Etienne Chouard sur le TCE ne sont pas contestables. Il n’y a même pas besoin d’engager une bataille juridique ou sémantique sur le texte : il suffit de regarder les faits. Comment la démocratie été bafouée par nos élus de droite comme de “gauche” (ceux que Lordon appelle “la droite complexée” ) qui se sont torchés avec les bulletins “non” et ont imposé le traité de Lisbonne. D’autre part, il suffit de regarder comment la commission, assistée de la BCE et du FMI, pille les pays européens, et pousse une politique ultralibérale au seul profit des multinationales et des banksters. Rappelons que la BCE est dirigée par Mario Draghi, un ancien de Goldman Sachs, comme Papademos, le premier ministre grec, et Monti, qui vient de se faire lourder du même poste en Italie, remplacé par une coalition improbable de tous ceux qui ont foutu l’Italie dans la merde au cours de ces 20 dernières années.

Il suffit aussi de voir comment les banksters tiennent la plupart des pays du monde par les roubignolles, depuis qu’ils ont d’une part privatisé la création monétaire (la fameuse loi de 1973 en France, généralisée par les traités européens, un autre dada d’Etienne Chouard) et d’autre part fait une politique de patachons, vendangeant l’argent public en cadeaux aux riches et aux puissants, le dilapidant sous prétexte de lutte contre le chômage ou de soutien à la croissance (deux réussites totales). Le résultat, c’est que les banksters nous pompent 50 milliards par an rien qu’en intérêts (cela pourrait être bien plus, il leur suffit d’augmenter les taux d’intérêts) et pire, ce sont eux qui dictent notre politique économique, que le pouvoir soit de droite ou de “gauche”, c’est pareil.

- Le deuxième combat d’Etienne Chouard, ce sont des recherches sur la démocratie. Vous entendez, les gars : la dé-mo-cra-tie. On est à 100 000 lieues du fascisme, là. Il part du constat que la plupart des politiciens, une fois au pouvoir, ne tardent pas à en abuser, notamment en faisant systématiquement le jeu des riches et des puissants. Sans compter une propension naturelle à ne pas s’oublier dans la distribution. Et il propose de s’inspirer de la démocratie athénienne, dont une des caractéristiques était de tirer au sort ceux qui auraient, pour une durée déterminée, courte et non renouvelable, certaines responsabilités politiques.
Cette démocratie n’a rien à voir avec la nôtre, qui n’est qu’apparente. Certains parlent d’oligarchie. Ce sont les médias qui choisissent les candidats à notre place, et qui nous disent ceux qui sont sérieux et ceux qui ne le sont pas.

Il y a du boulot.

Vous vous demandez peut-être ce que la photo qui illustre ce billet vient faire ici. Cette superbe terrasse n’a certes pas la même notoriété que la piscine de Takieddine, symbole parfait de la trahison et du mépris total du politicard pour ses électeurs. Elle pourrait, pourtant. Il s’agit de la terrasse de la maison de Claude Bartolone, actuellement président de l’assemblée nationale, après avoir grenouillé depuis plus de 30 ans au P”S”, mangeant à tous les rateliers électoraux, notamment comme député et président du conseil général du 93.
Le 93, vous savez, le département le plus pauvre de France, celui des cités pourries des Beaudottes à Sevran, des 4000 à la Courneuve, des Francs-Moisins à Saint Denis, des 3000 à Aulnay, ou encore des Bosquets à Montfermeil. Toutes sont connues comme des ghettos de pauvres et de déracinés, et toutes ont fait un jour ou l’autre la Une de TF1 pour des trafics de drogue, émeutes, règlements de comptes entre bandes rivales ou faits-divers en tout genre.
C’est donc dans ce département, aux Lilas précisément que Claude Bartolone vit dans une maison de 380 mètres carrés, avec cette terrasse qui ne donne pas sur la cité des Bosquets ou sur un campement de Roms à la Courneuve, mais sur… Paris, c’est quand même plus convenable.
Valeur de la bicoque : environ 2 millions d’euros. On peut légitimement se demander comment un honnête homme pourrait amasser une telle fortune, a fortiori dans le 93. A vue de nez, il faudrait rembourser 10000 euros par mois pendant une trentaine d’années pour se payer un truc pareil. Difficile à croire, mais quand on a été député, ministre et polycumulard pendant les 30 dernières années. Et qu’on se vante d’origines modestes qui écartent toute idée de biens familiaux.
Donc pendant que les purotins du 93 votent “à gauche” en pensant défendre leurs intérêts, ceux qu’ils élisent se pavanent dans des bicoques à 2 millions d’euros. Dès lors on comprend mieux l’opposition de Bartolone à la transparence du patrimoine des députés, c’est en presque comique voire pathétique.

Comme ce n’est pas le sujet principal du billet, je n’insiste pas sur les affaires qui ont fait l’actualité cette semaine (Lagarde , Kucheida et Andrieu), ni sur l’affaire Cahuzac (en marge de laquelle l’enquête sur la banque Reyl pourrait impliquer d’autres politicards), ni sur les étranges frasques du fils Fabius, la mafia Guérini, les “tableaux” de Guéant, l’hippodrome de Woerth, les enveloppes de Bettencourt, les courses au Leclerc de Mancel… et on pourrait remonter loin comme ça.

Tout le monde a aussi pu constater que le système est bien verrouillé. Depuis 55 ans, des politiciens de droite (UMP, RPR, UDR…) succèdent à des politiciens de “gauche”, et inversement. La démocratie a viré ce scandaleux incapable qu’est Sarkozy, mais c’est pour le remplacer par Hollandréou, certes moins scandaleux, mais tout aussi incapable, et de surcroît traître à ses électeurs. Et encore, la “démocratie” a eu de la chance, c’était cette gouape de DSK qui était programmée par le système. Et vous verrez qu’en 2017, c’est encore un représentant de l’UMPS qui, après avoir promis dans une salle en délire, avec des accents de sincérité à tirer des larmes, au milieu de milliers de drapeaux, et avant de chanter la Marseillaise, de régler le problème du chômage et de “relancer la croissance”, qui s’installera à l’Elysée. Et poursuivra l’oeuvre de siphonnage de la richesse française au profit des banksters.

Voilà, c’est ma traduction “concrète” des théories d’Etienne Chouard. Qui lui est beaucoup plus théoricien.

Et ses théories devraient guider notre réflexion pour trouver des applications pratiques : comment lutter contre la pourriture ? Comment empêcher que les mêmes incapables cyniques et corrompus ne monopolisent le pouvoir en France ? Comment se débarrasser de l’emprise des banksters, de la dictature de la dette (ou plutôt de ses intérêts indus), et redonner le pouvoir au peuple (c’est la définition exacte du mot “démocratie”, il me semble) ?

On parle beaucoup, de manière cyclique, de “6ème République”. C’est ça, yaka faire la 6ème République. Mais quand tu as dit ça, t’es bien avancé, tiens… A quoi bon faire une 6ème République si c’est pour faire les même conneries que dans la 5ème ? Et selon Etienne Chouard, la connerie originelle, c’est de laisser des politicards rédiger eux-mêmes une constitution qui va leur permettre de se goberger à nos dépens. Le B-A BA, c’est donc de faire rédiger une nouvelle constitution par une assemblée constituante dont les membres seraient tirés au sort pour représenter le mieux possible le peuple. Je l’ai déjà écrit, à l’assemblée nationale, il y a en proportion 13 fois plus de médecins que dans la population et … 51 fois plus d’avocats ! Plein de patrons, mais pas un seul ouvrier, ni un seul chômeur. 3 hommes pour une femme, quasiment pas d’arabes ou de noirs. Au Sénat, c’est pareil sinon pire, avec la franc-maçonnerie omniprésente. Ces assemblées d’oligarques ne représentent qu’elles-mêmes.

A ma connaissance, le seul qui propose de replancher sur la constitution, c’est Mélenchon. Mais il ne parle évidemment pas de tirage au sort (cette idée est suicidaire pour les partis politiques) et même si Mélenchon est indubitablement le politicien le plus talentueux et le plus intéressant du moment, on peut légitimement émettre la crainte qu’une fois arrivé à ce pouvoir dont on sent qu’il le désire tant, il ne se comporte pas nécessairement très différemment de ses prédécesseurs.

Bon, avant d’en venir à la “cartographie” des “amis “d’Etienne Chouard, je vais me dédouaner à l’avance de quelques accusations.

Je ne suis pas complotiste !
J’ai eu l’occasion de le répéter des dizaines de fois. Je n’ai pas été convaincu par les thèses des complotistes du 11 septembre. Les histoires de Bilderberg ou de la Trilatérale n’ont pas l’importance qu’on leur prête. A quoi bon aller se planquer à Bilderberg quand on va ouvertement à Davos. Les diners du Siècle sont un non-scoop, tant la collusion oligarchique des potentats de la politique et des médias sont clairs comme de l’eau de roche. La franc-maçonnerie a encore un pouvoir de nuisance locale (quand le juge et l’avocat de la partie adverse sont copains de loge, l’avocat d’en face et son client sont mal partis…), et peut expliquer des connivences improbables (comme Mélenchon et Dassault, par exemple), mais tout cela est largement surfait et ne sert plus guère qu’à tenter de faire vendre des hebdomadaires de merde remplis de pub entre le “spécial nouvelles pratiques sexuelles” et le “spécial salaires des cadres”.
Non, il n’y a pas besoin de théorie du complot pour expliquer le monde. Il suffit de le regarder en face. Chacun défend ses intérêts, et ceux qui sont à la fois les plus puissants et les plus dépourvus de complexes imposent leurs priorités. Et à ce jeu, c’est toujours le peuple qui trinque.

De même, je crois que les bêtises que j’écris ici depuis plus de 6 ans suffisent à démontrer que je ne suis ni raciste, ni homophobe, ni supporter du FHaine. Et celui qui osera insinuer qu’en tant qu’admirateur d’Etienne Chouard je puisse être “fasciste” prendra le risque de tâter de mon 46 fillette (étant aussi pacifiste, c’est le maximum raisonnable de violence dont j’accepte de faire preuve).

Je vais faire un couplet à part sur l’antisémitisme, cette tarte à la crème nauséabonde. Simplement pour répéter que comme le racisme, l’antisémitisme, le vrai, est abject. mais que se focaliser sur ce sujet est parfaitement ridicule. A part quelques illuminés dans les banlieues, l’antisémitisme mondain, celui que l’on reproche probablement aux “amis” d’Etienne Chouard, est totalement has-been dans la France d’aujourd’hui. Faites une expérience simple : prenez 100 beaufs électeurs du FHaine et demandez-leur quel type de population pose problème aujourd’hui en France : il n’y a pas besoin d’être devin pour imaginer que la réponse va être “Les arabes, les noirs, les Roms, les gitans… ” Peut-être “les pédés”, question d’actualité, mais “les juifs”, vous n’en trouverez certainement pas beaucoup. Des millions de Français seraient sans doute prêts à renvoyer des millions de “basanés” “dans leur pays” (alors que pour une grande partie ils sont français et nés en France), mais qui voudrait aujourd’hui reconstruire des camps pour exterminer des juifs ? Ca n’a aucun sens.

Merah ? Qui peut-il bien représenter ? Connaissez-vous quelqu’un qui approuve son geste ? Peut-être quelques timbrés, quelques fanfarons analphabètes qui ne savent pas de quoi ils parlent. Mais de là à faire croire que c’est un leader d’opinion post mortem…

Il y a aussi des néo-nazis, des nostalgiques d’Hitler (dont le fameux Gabriac auquel la presse accorde une importance complaisante et disproportionnée), mais là encore, qui représentent-ils ? De toute façon, l’objet de leur haine s’est également déplacé vers les “bougnoules et les pédés”, ils sont certainement bien plus racistes qu’antisémites.

L’antisémitisme, c’est surtout une arme commode, une sorte de bouclier absolu contre toute critique faite par exemple au comportement de l’Etat ou de l’armée d’Israël. Tu oses insinuer que l’opération “plomb durci” ne serait pas nécessairement un modèle à suivre, et te voilà suspect de complicité de génocide.
Cette accusation a un moment plané sur l’affaire DSK. Et heureusement que Cahuzac n’était pas juif, on n’y aurait probablement eu droit. Combien de gens ont ainsi été injustement accusés ? Mermet, Péan, Siné, Hessel… Et Chomsky, on y reviendra.

Le problème à combattre en France aujourd’hui, c’est bien le racisme. Sauf qu’au lieu de le combattre, on l’encourage. C’est devenu une opinion commune, avec l’exemple qui vient d’en haut, des politicards. Le FHaine, bien sûr. Mais s’il n’y avait que lui. Qu’ont fait Sarkozy, Besson, Hortefefeux, Guéant, Copé sinon touiller le racisme pour de minables raisons électoralistes ?
Bon, ceci dit, examinons le fameux graphique

La première chose qui me frappe, ce sont les fautes d’orthographe. Quand on écrit “soutient”, “révisionisite”, “conspirationiste”, réactionaire, “Exrême droite” ou “Kadafi”, je suis désolé, ça ne fait pas très sérieux et ça affaiblit méchamment le propos.

Je vais classer cet inventaire à la Prévert en 2 catégories. Ceux que je connais (au moins de nom) et les autres.

Commençons par Jean Bricmont. Là, c’est un peu fort de café. Jean Bricmont est un “disciple” de Chomsky, et tout comme lui (et comme moi, et sans doute Etienne Chouard) attaché à la liberté d’expression. Il en a parlé dans le Diplo, assurément un repaire de fascistes. Il était interviewé” dans le film”Chomsky et Cie” vanté chez Mermet, autre fasciste bien connu. Comme Chomsky, Bricmont s’est trouvé embringué à l’insu de son plein gré dans “l’affaire Faurisson” et hâtivement catalogué comme “antisémite”. On peut parfaitement ne pas remettre en cause l’existence des chambres à gaz, mais défendre la liberté d’expression. On ne va pas refaire ici un cours de philo basé sur la phrase attribuée à Voltaire (et à la paternité contestée) : “je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire”. En ce qui me concerne, je suis contre la loi Gayssot et la censure qu’elle engendre.
Enfin Bricmont s’oppose à l’impérialisme américain, ce qui lui vaut évidemment bien des inimitiés. En ce qui me concerne, je me marre doucement.

Robert Ménard. Là, c’est effectivement du lourd. Tellement infréquentable qu’il est sur toutes les télés. On remarque que Chouard le cite en lien avec l’Isegoria, qui était la liberté de parole prônée à l’époque de la démocratie athénienne. Chouard signale un “article intéressant” qu’il aurait écrit. Comme quoi il est peut-être capable d’écrire quelque chose d’intéressant. Mais c’est avant tout un réac islamophobe, et, plus intéressant, un pion de l’impérialisme. Le contraire de Bricmont, quoi. La logique n’est pas facile à comprendre.

Ensuite, Asselineau. C’est marrant, car j’ai aussi écrit un billet plutôt élogieux sur son compte. Serai-je moi aussi un facho ? L’auteur du graphique le qualifie de souverainiste (c’est interdit ?), de réac (ça c’est probable, mais on peut accoler ce qualificatif à la quasi-totalité de la droite, c’est même souvent sa caractéristique première) et de “complotiste”. Encore un argument à deux balles. Ce type a-t-il écouté les conférences d’Asselineau sur l’Europe ? Je pèse mes mots, c’est sans doute ce que j’ai entendu de plus intéressant, intelligent, documenté, et même drôle sur le sujet. Asselineau est totalement boycotté par la presse française, celle qui ouvre grand ses micros à des Pécresse ou des Rebsamen. Je ne comprends pas ce qu’il fait dans ce tableau .

Même chose pour Nigel Farage, dont j’ai regardé quelques vidéos. C’est un réac de droite, libéral mais antieuropéen. Il me rappelle un peu Philippe de Villiers, en moins catho et plus talentueux. Sa critique des institutions européennes est implacable et argumentée. Je me souviens que c’est De Villiers qui avait trouvé en 2005 l’image du “plombier polonais” qui avait largement contribué à la prise de conscience de ce qu’était réellement cette Europe que les médias nous vendaient à coups de propagande impensable. De Villiers était une caricature de réac de droite, il s’est fait traiter de tous les noms par les belles âmes, accusé de racisme ou de je ne sais quoi. Mais sur cet exemple précis, quel menteur pourrait prétendre qu’il avait tort ? Relire si nécessaire ce billet.

Jacques Cheminade. Là encore, je me marre. Cheminade est un scientiste, un nucléocrate, ce qui le discrédite à mes yeux en tant que politicien. Mais il ne mérite pas d’avoir été injustement présenté comme un bouffon par l’ensemble de la presse française (vous savez, celle qui affirme que Hollande ou Copé sont des gens sérieux qui vont combattre le chômage…). Ses comptes de campagne de 1995 ont été retoqués pour une broutille, contrairement à ceux de Balladur dont on sait maintenant qu’ils étaient totalement bidonnés. Mais ce qu’il dit de la spéculation et du système bancaire est au contraire parfaitement intelligent et étayé. Il préconise notamment le retour du “Glass Steagall Act”, qui sépare les banques d’affaire des banques de dépôt, ce que Moscovici vient de faire semblant de faire, pendant que les banksters français pouffent sans se cacher…

Thierry Meyssan. Il se trouve que je lisais le Réseau Voltaire sur Internet bien avant le 11 septembre. Son livre sur le sujet l’a méchamment discrédité. Cela l’empêche-t-il d’avoir un avis sur tel ou tel autre sujet ? Et notamment sur la liberté d’expression et la propagande de guerre (le sujet sur lequel Etienne Chouard parle de lui) ? Qui peut nier que les guerres engendrent toujours une propagande éhontée dans les médias dominants pour les faire accepter par la population. Que ce soit en Libye sous Sarkozy ou au Mali sous Hollande.

Michel Collon. Oui, j’aggrave mon cas, il m’arrive aussi de lire ses articles. Comme Bricmont, comme Chomsky, il dénonce la propagande impérialiste américano-israélienne. Il a défendu feu Hugo Chavez contre les torrents de cette propagande. Et quand je lis qu’il défend ou a défendu El Assad, Ahmadinejad ou Kadhafi, je ne vois pas où est le scandale. Tout accusé a droit à un avocat, non ? Que ces gens soient des fripouilles criminelles, c’est un fait, mais les choses sont-elles aussi simples que cette propagande voudrait le faire croire ? Les Etats-Unis ne lorgnent-il pas le pétrole iranien ? Israël n’est_il pas le bras armé désigné dans cette affaire ? Les Iraniens ne peuvent-ils pas en concevoir une certaine acrimonie vis-à-vis d’Israël, que certains peuvent requalifier, à tort ou à raison, en antisémitisme ?
Kadhafi était un dictateur cinglé et sanguinaire. N’a-t-il pas pourtant été courtisé pour son pognon et son pétrole ? Sarkozy ne l’a-t-il pas fait venir en grande pompe à Paris ? Sarkozy n’est-il pas un peu plus que soupçonné d’avoir profité de ses largesses ? L’intervention française n’avait-elle pas un caractère d’agression violant toute loi internationale ? L’assassinat de Kadhafi est-il un acte digne ? BHL est-il un stratège géopolitique reconnu ? Et surtout, la situation des Libyens (et des Tunisiens, des Egyptiens) s’est-elle améliorée depuis qu’ils ont viré leurs dictateurs corrompus (tous grands amis et bienfaiteurs de nos politiciens “démocrates”). Si les islamistes syriens renversent le dictateur Assad, la vie quotidenne des Syriens sera-t-elle meilleure ?
Dernière question : est-il interdit de se poser une seule des questions de la liste qui précède ?

Les chasseurs d’antisémites ne reculent devant aucune ignominie. Juste un exemple marrant : afin de discréditer les pourfendeurs du système financier qui qualifient certains banquiers de “banksters”, ils prétendent que ce mot aurait été inventé en 1936 par le fasciste français Léon Degrelle.
En réalité, ce mot vient d’un rapport commandé en 1932 par le président américain Hoover au procureur de New York Ferdinand Pecora sur la responsabilité des banquiers de Wall Street dans la crise de 1929. Devant la liste de toutes leurs saloperies, Pecora les a qualifiés de “banksters”. Et son rapport a servi de base à Roosevelt pour le “Glass-Steagall Act” qui sépare les banques de dépôt des banques d’investissement. Il y a une légère différence entre les deux explications.

Et ce sont nos banksters contemporains (Rubin, Geithner, Greenspan) qui sous Clinton ont démoli le Glass-Steagall Act et ont orienté la politique de leur banque centrale au profit des spéculateurs. Ils sont directement responsables des bulles (Internet et Immobilier), du merdier qui a dévasté l’économie mondiale. Et ils sont impunis.

Je suis bien placé pour parler de ce sujet en tant que membre fondateur du site banksters.fr, qui traduit en français des articles démontrant et illustrant ces scandales. Que certains de ces banksters soient juifs, c’est probable, mais je m’en bats les cacahuètes. Ouvrez vos oreilles, chasseurs d’antisémitisme frelaté : ce sont les agissements de ces banquiers pourris, insolents et cupides que nous dénonçons, pas leurs origines culturelles ou religieuses. Et le premier qui insinuera le contraire goûtera de mon 46 !

Tiens, au passage en écrivant ce billet je suis tombé sur cet article dans lequel Matt Taibbi, l’auteur fétiche que nous traduisons dans Banksters.fr, a lui aussi été victime de ces accusations grotesques après avoir écrit en 2009 son fameux article dans lequel il comparait Goldman Sachs à une “pieuvre vampire”, avec évidemment des dizaines d’exemples à la clé.
Il semble que l’accusation d’antisémitisme soit le derniers recours face à des accusations précises et irréfutables. Un peu comme Pierre Péan fut accusé d’antisémitisme pour un livre dans lequel il disait du mal de Kouchner… Bref.

Voilà une transition toute trouvée pour parler d’Eustace Mullins. Ce monsieur serait antisémite. Enfin, “aurait été”, puisqu’il est mort en 2010. Ne le connaissant pas, n’ayant pas lu ses livres, je n’en sais rien. Mais admettons. La raison pour laquelle Etienne Chouard s’intéresse à lui est un livre où il dit pis que pendre de la “Fed”, la réserve fédérale américaine, un peu l’équivalent de notre BCE. Ce livre s’appelle “Les secrets de la réserve fédérale”. Contrairement à “Mein Kampf”, on ne l’achète pas sous le manteau dans des librairies nazies fréquentées par des Gabriac ou des Benedetti (les types qui défilent avec Valérie Pécresse et les cathos moyenâgeux de l’UMPFN), mais dans n’importe quelle librairie généraliste, en compagnie d’autres livres d’antisémites notoires, comme “Tintin et les Picaros” ou “Voyage ou bout de la nuit”.

Il se trouve que, par Matt Taibbi interposé, je suis en train de lire un long chapitre de son livre “Griftopia” (que je recommande chaudement à Etienne Chouard à et à tout le monde) sur la Fed à l’époque Greenspan (c’est à dire entre 1987 et 2006). Taibbi y démonte, avec sa documentation précise et son humour habituel, la nocivité de la Fed, à travers son rôle dans la dérégulation de la finance et l’alimentation des bulles qui nous ont pété à la gueule dans les années 2000 et dont nous subissons toujours les conséquences. Là encore, même si Greenspan est juif, et que Taibbi le qualifie de “biggest asshole in the universe” (une traduction est-elle nécessaire ?) il n’y a pas la moindre trace d’antisémitisme, simplement des faits. Et c’est également ce que dit Etienne Chouard du livre de Mullins : des faits, et pas la moindre trace d’antisémitisme. C’est clair, non ?

Contrairement au journalistes des chaines d’info, je ne vais pas commenter la vie et l’oeuvre de gens dont je vois le nom pour la première fois, et qui figurent dans ce tableau. Il reste néanmoins le plus pénible : les gens qui figurent dans la case grisée en haut à droite. Je précise que je ne les connais pas. Mais que je connais (un peu) moins mal l’organisation à laquelle l’auteur du tableau les rattache : Egalité et réconciliation. J’ai beau pouvoir me montrer compréhensif envers des gens dont je ne partage pas toutes les idées, là c’est un tel gloubiboulga idéologique que j’ai du mal à y retrouver mes petits. Le parcours du gourou et fondateur de ce site, Alain Soral, donne à lui seul le tournis. Il a été entre beaucoup d’autres choses punk puis animateur télé, communiste puis FHaine… Son site est illustré du portrait de Chavez. Et sur sa page de présentation, à côté d’un lien vers un discours de Le Pen (ultralibéral) écrit par Soral (antilibéral, va comprendre…)
“rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.” Cette manière de faire voisiner “nationalisme” et “socialisme” est-elle innocente ? J’ai un doute.
Soral revendique son outrance verbale qui lui fait tenir des propos violemment homophobes, sexistes, anti… heu… sionistes…

De bonnes âmes se sont naguère émues de la présence dans les commentaires de mon blog de quelques liens vers le site “Egalité et Réconciliation”. Après en avoir regardé quelques uns, je les ai laissés. Je n’y ai pas vu de quoi fouetter un chat, certains étaient même intéressants. Et je n’ai pas l’âme d’un censeur.
Pourtant, au dessus de ce site, et au dessus d’autres personnages qui figurent dans ce tableau, plane l’ombre de Dieudonné, ex-comique devenu antisémite. Heu, pardon, je me suis encore trompé, antisioniste. La vie de ce type a basculé le jour où il a fait un mauvais sketch à la télé, avec un rabbin qui criait “Isra-Heil” ou quelque chose dans le genre. Cela méritait-il plus qu’un haussement d’épaules ? Apparemment oui, puisqu’à partir de ce moment, Dieudonné s’est fait pourfendre par ce que je ne vois pas comment appeler autrement que “lobby” qui lui a pourri sa vie, l’a totalement discrédité et ruiné. Dois-je avouer que si j’avais dû subir le même acharnement imbécile, je ne jurerais pas que je ne serais pas moi-même devenu anti… heu… sioniste ? Mais Dieudonné a fait dans la surenchère. Il a monté ce fumeux “parti antisioniste”, dont Soral a été le candidat sur une liste menée par Dieudonné aux Européennes de 2009 en Ile de France. Ensuite il a fricoté avec le négationniste Faurisson. Qui devrait certes avoir le droit de s’exprimer, mais dont il ne faut pas se sentir obliger d’accréditer ses propos, non plus. Néanmoins, à ceux qui s’insurgent, je veux rappeler, même si je l’ai déjà écrit un peu plus haut, que nous ne sommes pas dans les années 30, que les “idées” de Soral et de Dieudonné sont au mieux folkloriques. Sa liste n’a obtenu que 1.3% à ces européennes de 2009. L’idéologie mortifère qui a le vent en poupe, c’est le racisme, l’islamophobie et la xénophobie du FHaine, pas l’anti.. heu… sionisme à 2 balles de Dieudonné.

Que peut-on dire de plus de ces gens ? Rappeler son attachement à la liberté d’expression. En ce qui me concerne je ne peux pas faire plus. Et si je devais donner un conseil, un seul, à Etienne Chouard, c’est de s’entourer des précautions verbales d’usage quand il cite certains personnages. Mais il est assez grand pour savoir avec qui s’afficher, avec qui donner des conférences. C’est son choix, pas le mien. Mais la réalité est que certaines fréquentations sont contreproductives et fournissent à ses adversaires une bonne occasion de le discréditer et de discréditer ses idées par la même occasion. Ceci dit, quand on voit la taille de la bibliothèque d’Etienne Chouard et que ces gens sont les seuls antisémites du lot, leur pourcentage ne doit pas être si aberrant.

De toute façon, ça ne m’empêchera pas de continuer à apprécier ses idées, et à les diffuser dans le seul but de faire prendre conscience de ce dévoiement de démocratie que sont notre 5ème République et cette construction européenne scandaleuse. Il faut faire progresser la démocratie et de faire en sorte qu’elle ait une chance de s’exprimer un jour. Dans le cas contraire, il sera impossible de mettre en oeuvre la moindre politique dans l’intérêt du peuple.

A la sortie de la conférence de Metz, Etienne Chouard appelait justement à faire connaître l’idée du tirage au sort. Force est de constater qu’elle ne s’est pas encore imposée.

Je voudrais maintenant m’adresser à ceux qui m’ont, peut-être de bonne foi, balancé ce tableau à la figure. Qui êtes-vous, d’abord ? Contrairement à Etienne Chouard ou à moi, êtes-vous parfaits ? Vos “fréquentations” aussi ? Quel monde souhaitez-vous ? Pour qui votez-vous ? Pensez-vous que notre système électoral donne le pouvoir à des gens dévoués à défendre vos intérêts, en laissant les leurs de côté ? Votre rêve le plus fou serait-il d’aller boire un coup sur la terrasse de Bartolone à la santé de ces connards d’électeurs qui lui ont permis de se l’offrir ? Pensez-vous que la construction européenne soit une telle réussite que tous ceux qui l’ont souhaitée et réalisée soient encore fondés à nous donner des leçons ? Pensez-vous qu’il faille s’abstenir de critiquer la finance internationale et ses méthodes mafieuses sous prétextes que quelques dirigeants de banques pourries sont peut-être juifs ?

Avez-vous fait de l’outing du faciste Etienne Chouard le combat de votre vie ?

Rassurez-vous, Etienne Chouard ne va pas prendre le pouvoir en France pour y rétablir le fascisme, l’antisémitisme, voire le National-Socialisme, puisque non seulement il n’est pas fasciste, antisémite ni national-socialiste, et surtout il n’est candidat à rien. Au contraire, il dit que tous ceux qui sont candidats à un quelconque pouvoir sont des traîtres potentiels.

Ce qui est fort de café, c’est qu’Etienne Chouard n’est pas une menace contre la démocratie, au contraire, il dénonce ceux qui l’ont bafouée, détaille leurs méthodes, et cherche des moyens pour la rétablir. Le tirage au sort, bien sûr, mais des choses plus concrètes et plus simples à mettre en oeuvre : la limitation des pouvoirs, le mandat unique et l’interdiction de tout cumul, mesure que nos amis “socialistes”, pas du tout suspects de fascisme et d’antisémitisme, ne sont même pas foutus de mettre en place, alors qu’ils l’avaient (comme à peu près tous leurs prédécesseurs) promise ?

N’avez-vous rien de mieux à faire que de dénigrer Etienne Chouard ?

Etes-vous déjà résignés à un deuxième tour entre Xavier Bertrand et Manuel Valls en 2017 ? A la poursuite de la destruction de la richesse française au profit des banksters entre 2017 et 2022 ?

Moi pas.
 
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