Avouez, vous avez du mal à attribuer, aux noms que l’on vous distille, leur camp d’appartenance. Vous prenez Maïdan pour un preux révolté anti-post-bolchevik poutinien. À peine sorti du coaltar, vous maudissez en votre for intérieur cette nouvelle révolution arabe d’Europe de l’est.

La énième lutte du Bien contre le Mal

Parce que c’est bien ainsi qu’on vous la présente avec insistance, n’est-ce pas, sur les ondes ? La énième lutte du Bien (occidental) contre le Mal.
En bon quidam lambda à peine sorti des limbes, vous n’entravez évidemment que couic à l’affaire elle-même. Savez juste, parce que vous venez de l’entendre, que ce Iassou.. Ianoukovitch a été régulièrement élu en 2010.
Mais que ça ne veut strictement rien dire quant à la légitimité de son pouvoir. Après tout, Hollande aussi a été élu un jour. Peut-être même par la faute de votre voix utile à vous.
Justement, c’est ce Hollande qui vous chagrine ce matin-là, au point de vous faire oublier que votre café vient de passer. Que dit-il ce président de moins de 20 % de son peuple (selon les sondages) ?

La punition divine tombe de l’Élysée

Non, non, il ne parle pas de justice, il n’appelle pas à un retour au calme dans ce mystérieux petit pays déchiré. Non, non, il parle une nouvelle fois de « sanctionner » les responsables. Qu’il désigne sans la moindre ombre d’un doute. Décidément, rappelez-vous la Syrie, les punitions divines tombent drues, de l’Élysée.
Vous vous mettez soudain à rire. Vous vous amusez à imaginer que le peuple de cet histrion descende à son tour dans la rue, occupe la Bastille, demande qu’il dégage, lui et ses impotents ministricules de comédie. (Oups, il est grand temps de casser vos œufs sur le lard en train de griller !)
Imaginez alors son discours, la légitimité du vote démocratique dont il se réclamerait “solennellement”, l’attitude “amicale” de ses forces de l’ordre à lui…

La grande guerre pour une civilisation en pleine débandade

Plus rigolo encore, vous entendez déjà les commentaires outragés de la radio Ukraine Inter sur l’attitude inqualifiable de ce suppôt corrézien du grand Poutine américain.
Si vous aviez seulement pensé à boire votre café tant qu’il était chaud, si celui-ci avait un peu désembrumé votre jugeote, vous n’auriez pas manqué de percevoir, dans l’affaire ukrainienne, un nouvel épisode navrant de la grande guerre menée par une civilisation en pleine débandade pour assoir une domination de plus en plus contestée.
Vous auriez alors compris, avec un air sidéré, que vous veniez d’assister à la renaissance de la bonne vieille guerre froide entre le monde d’Obama et celui de ce diable de Poutine. Et qu’il n’y avait guère de chance pour que ce dernier, surtout après sa victoire cuisante dans la bataille de Syrie, lâche si facilement le morceau sur Kiev… et son si convoité corridor énergétique !

Réseau des pipelines en UkraineRéseau des pipelines en Ukraine

Mais… ah, sapristi, voilà vos œufs qui attachent à cette punaise de poêle ! Et votre si cher café du matin lamentablement refroidi. Votre matinée est définitivement gâchée.