31 mars 2012

Commentaires autour de "Sarkozy, bilan de la casse"

Le Grand Soir | 29 mars 2012 | René HAMM


Commentaires autour de "Sarkozy, bilan de la casse". Fondation Copernic.



Jamais, sous la Vème République, un Président n’aura connu d’emblée une telle érosion de sa cote de popularité, qui reste à un niveau très faible à l’issue de son mandat. En cause, essentiellement son style, ses mauvaises manières, sa morgue, son cynisme, comme par exemple le jeudi 1er mars dernier, lorsque, en visite dans la commune basque d’Itxassou, il avait rétorqué « moi, je ne suis pas propriétaire de quarante hectares, hein, okay ? » à Christine et Philippe Saint-Esteven, agriculteurs-éleveurs se plaignant de « vivoter » en dépit des innombrables heures de labeur quotidien (1).
Cet opuscule auquel soixante-quatre auteurs ont prêté leur plume liste l’ampleur des dégâts sous forme d’un abécédaire de cent vingt-huit entrées. Quelques chiffres illustrent la distorsion entre les pieux discours sur la nécessité de la rigueur pour les classes populaire et moyenne et les cadeaux consentis par le chef de l’État à sa clientèle. Les allocations logement ont été réduites de 240 millions d’euros en 2011 ; à la même période, 14400 bénéficiaires ont reçu du Trésor 591 millions d’euros au titre du « bouclier fiscal » (2), une disposition plafonnant l’assiette globale. Le gouvernement l’a supprimée, le 28 juillet 2011.

Mise à l’encan

La loi Travail, Emploi, Pouvoir d’achat du 21 août 2007 avait abaissé le seuil à 50% du revenu déclaré d’un contribuable, intégrant la contribution sociale généralisée et celle pour le remboursement de la dette sociale. Sur cinq exercices, 2,679 milliards ont été ristournés à 83473 bénéficiaires, certains d’entre eux se voyant gratifiés à plusieurs reprises d’une cagnotte croquignolette. Tout en ayant très largement profité de cette mesure (elle a engrangé 100 millions en cinq ans), Liliane Bettencourt, dont la fortune dépasserait 17 milliards, n’acquitterait, selon Thomas Piketty (3), des impôts qu’à hauteur de…6%. Le 22 novembre 2011, Mediapart a révélé que l’héritière et principale actionnaire de l’Oréal a dû régler un redressement de 77 752 139 euros pour la période de 2004 à 2010. Elle avait dissimulé l’existence de douze comptes domiciliés en Suisse et à Singapour. Les cinq cent quatre « niches » permettent d’abriter légalement beaucoup d’argent. Manque à gagner : 75 milliards au bas mot. La fraude représente 50 milliards. Une grosse part de ce magot repose dans des coffres de « paradis fiscaux ». Chaque année, les multiples dérogations à l’impôt sur les sociétés privent la collectivité de 66 milliards. Les 10% d’individus qui détiennent 48% du patrimoine national n’éprouvent que très marginalement les effets de la « crise ». La pauvreté touche 13,5% de la population de la cinquième puissance économique. Faute de moyens, 30% de nos compatriotes ne consultent plus ni médecin, ni dentiste, et n’achètent plus de remèdes. La mise à l’encan de la notion de « service public » apparaît comme une des tares d’envergure de l’ère Sarkozy and co. La loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital, relative aux patients, à la santé et aux territoires, encadre la « modernisation des établissements ». La politique en ce domaine tend surtout à réduire le volume des dépenses, en transformant progressivement les hôpitaux en des cliniques rentables et en organisant le transfert de« Révolution copernicienne… » s remboursements de la Sécurité sociale vers les mutuelles et les compagnies d’assurances. L’accroissement de l’activité constitue le moyen primordial pour gonfler les recettes, conformément au principe de la tarification à l’acte. L’encouragement d’une logique inflationniste aveugle semble contradictoire avec l’impératif de réaliser des économies. Non, pas tant que cela, car les compressions impactent le budget du personnel, par le gel de postes, comme à l’Assistance publique de Paris où il manquerait six cents infirmières, ou le non-remplacement systématique des absent(-e)s. Corollaires : une qualité des soins fatalement dégradée et des charges de plus en plus lourdes infligées à des agents au bord de la rupture. Le décret du 29 mai 2008 avait, dans le cadre de la nouvelle carte judiciaire, réduit de 271 à 210 le nombre des Conseils prud’hommaux, chargés d’examiner des contentieux qui se multiplient dans des proportions énormes. Que nos dirigeants aient repoussé l’âge du départ à la retraite constitue un double scandale : lorsque la droite a repris les rênes de Matignon, le 7 mai 2002, les comptes affichaient un quasi-équilibre ; notre pays est un de ceux dans l’Union européenne où les salarié(-e)s subissent des conditions et un climat de travail globalement parmi les plus pénibles. Leur imposer une rallonge relève du sadisme

« Révolution copernicienne… »

Stress, burn-out générés par la précarité, l’obligation du chiffre, les méthodes managériales, parfois la concurrence acharnée entre collègues, dans le privé comme dans la fonction publique, affectent plus de 40% des actif(-ve)s. Alors qu’environ onze mille personnes se suicident chaque année en France, les auteurs du présent ouvrage évaluent à près de quatre cents celles qui mettent fin à leurs jours pour des motifs directement liés à l’exercice de leur profession. Le 29 février, Jérémy Buan, cadre supérieur de 28 ans, s’était défénestré du quatrième étage de la poste centrale rennaise. Le 8 mars, Jacky Goeller (58 ans), technicien d’intervention chez Orange à Schiltigheim (Bas-Rhin), s’était tiré une balle dans la tête à son domicile de Daubensand. Dans une lettre destinée à son épouse, il a imputé à la hiérarchie la responsabilité de son geste désespéré, se plaignant notamment du programme automatisé de gestion du plan de travail, « outil de coercition et de flicage », selon la CGT. « Open : votre maison connectée en un seul abonnement. La vie change avec Orange », entend-t-on dans un des derniers spots… Le 11 mars, Bruno Peuziat (42 ans), responsable des ressources, de la gestion, de la sécurité et de la sûreté à la plate-forme du courrier à Trégunc (Finistère), s’était pendu dans les locaux de son employeur. Aucun(-e) politicien(-ne) n’avait évoqué, contrairement aux réactions consécutives à la tuerie du 19 courant au collège-lycée Ozar Hattorah de Toulouse, une « tragédie nationale » ou exhorté à « la mobilisation de la République toute entière »…

« L’environnement, ça commence à bien faire ! » : cette saillie balancée, le 6 mars 2010, au Salon de l’agriculture, résume parfaitement l’approche de Nicolas Sarkozy en ce domaine. Le Grenelle, initié le 21 mai 2007, sous sa houlette et celle de Jean-Louis Borloo, avait affiché un projet plutôt ambitieux, contrastant, en théorie, avec le surplace de l’époque où des ministres verts siégeaient au cabinet (4). Lors de la restitution officielle des travaux préparatoires, en date du 25 octobre 2007, le chef de l’État avait conféré à cet événement le statut de « New deal », de « révolution copernicienne dans nos façons de penser, de décider, dans nos comportements, nos objectifs et critères » (rien que ça !). Des rencontres et consultations diverses émanèrent deux cent soixante-huit engagements que trente-quatre comités mettraient en œuvre. La loi du 3 août 2009 vise la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre, le transfert du fret routier (94%) vers d’autres modes, confirme la création d’un carnet de santé du salarié retraçant les expositions aux matières dangereuses, le renforcement du contrôle des éco-organismes... Celle du 12 juillet 2010 comprenant deux cent quarante-huit articles porte sur l’application des dispositions dans l’ensemble des secteurs couverts par les six groupes de travail. Parmi les préconisations : la construction de bâtiments plus sobres énergétiquement, la rénovation thermique du parc ancien (5), la priorité aux transports collectifs tout en recommandant le recours à des véhicules électriques ou hybrides rechargeables, l’expérimentation, puis l’élargissement de l’étiquetage environnemental sur les marchandises, la maîtrise des substances phytopharmaceutiques dans l’agriculture et l’encouragement au bio, l’instauration d’une nouvelle gouvernance écologique en désignant des associations représentatives conviées à participer au dialogue institutionnel, la lutte contre toutes sortes de nuisances, la prise en compte de risques émergents (ondes électromagnétiques, nanotechnologies...).

Aberrations et esbroufe

Si le rapport « indépendant » ( !?!) de 170 pages que la société Ernst & Young (6) avait remis le 2 novembre 2010 à ses commanditaires a évidemment dressé un tableau flatteur, douze jours auparavant, le Réseau Action Climat (7) avait émis des critiques très sévères sur ce que Fabrice Nicolino a qualifié de « pièce bouffonne » (8) ou Jean-Christophe Mathias de « bal des impostures », de « guignolade », de « kermesse lamentable » (9). Stephen Kerkhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, parle d’un « processus hors-sol » destiné à « saturer l’agenda médiatique et verdir une politique éco-prédatrice » (10). Dans son « bilan climat-énergie » coordonné par Olivhttp://www.legrandsoir.info/commentaires-autour-de-sarkozy-bilan-de-la-casse-fondation-copernic.htmlier Louchard, le RAC pointe les insuffisances criantes et les tares rédhibitoires. Ainsi, l’enterrement de la taxe carbone et le report de celle sur
Bourbier les camions, l’inscription des maïs transgéniques au catalogue des semences ou l’homologation d’insecticides tueurs d’abeilles dénotent non seulement l’hypocrisie du pouvoir, mais aussi sa soumission aux lobbies concernés. Parallèlement à de très rares avancées comme une meilleure isolation des logements neufs qui limiterait à un maximum de cinquante kilowatts/heure la consommation par mètre carré à l’année, le gouvernement relança de 8% (mille kilomètres supplémentaires) la construction d’autoroutes (A 63 dans les Landes, A 65 Langon-Pau, A 150 de Rouen au Havre, contournement ouest de Strasbourg), autorisa la circulation de poids lourds de quarante-quatre tonnes, préserva le transport aérien par le maintien de l’exonération de taxe pour le kérosène et l’aval octroyé à l’aéroport de Notre-Dame des Landes (11), à une vingtaine de bornes au nord-ouest de Nantes, situé de surcroît dans une zone humide. Le subventionnement et les aides fiscales aux agrocarburants ne témoignent pas une réflexion poussée sur cette aberration qui s’apparente aux yeux de Jean Ziegler à un « crime contre l’humanité » (12). Au niveau du rail, nos dirigeants s’enthousiasment essentiellement pour les lignes à grande vitesse (sept en prévision). Esbroufe également pour les énergies renouvelables que l’on prétendait promouvoir (23% d’ici 2020). Face au succès de la demande, le 30 septembre 2010, le gouvernement avait réduit, en vue de l’exercice 2011, de 50 à 25% le crédit d’impôt pour l’acquisition de panneaux photovoltaïques. Un revers de plus pour la branche déjà touchée par la baisse de 12% des tarifs d’achat du jus solaire, le 1er septembre 2010. L’intégration, annoncée solennellement par le pote de Vincent Bolloré, pour chaque opération d’envergure, des incidences sur le climat et la biodiversité, n’a pas été traduite dans la législation. Des thèmes aussi peu anodins que le nucléaire, l’eau et la sauvegarde des espèces menacées d’extinction ne figuraient même pas au programme. Neuf ONG avaient bénéficié d’une accréditation. Le Réseau Sortir du nucléaire, Agir pour l’environnement le RAC avaient été exclus. En désaccord total avec la chancelière Angela Merkel, laquelle, choquée par la catastrophe de Fukushima, avait nettement revu à la baisse la proportion du nucléaire dans le mix global (13), Nicolas Sarkozy, multipliant approximations, mensonges et contre-vérités, reste un farouche propagandiste de l’industrie atomique. Le 25 novembre 2011, à l’usine d’enrichissement de l’uranium à Pierrelatte (Drôme), une des entités du site du Tricastin, devant les employé(-e)s d’Areva et d’EDF ravi(-e)s, il avait décliné son credo sur « l’intérêt supérieur du pays », « la souveraineté nationale », menacés par la moindre velléité d’écorner ce fleuron hérité du gaullisme, n’omettant pas de saluer pour le coup François Mitterrand (14), qui assuma sans ciller l’héritage de ses prédécesseurs.

Bourbier


Ne bouleverser que d’un chouias cette donne qui reposerait sur « un consensus vieux de plus de soixante-cinq ans » équivaudrait à dilapider « inéluctablement des trésors d’intelligence et de recherches accumulés depuis sept décennies », à « revenir au Moyen-Âge », « au temps de la bougie » (sic). Ce genre de billevesées passe dans une salle acquise par avance à l’orateur. Se trémousser en lançant « Devons-nous être le seul pays à tourner le dos au progrès ? » ne l’a évidemment exposé à aucune objection. Peu importe que sa copine de Berlin ait emprunté une autre voie, que les 12 et 13 juin 2011, 94,7% des citoyen(-ne)s transalpin(-e)s aient rejeté l’implantation d’ici 2020, voulue par Silvio Berlusconi, de quatre nouveaux réacteurs, en coopération avec AREVA et EDF, que le peuple autrichien ait refusé, lors d’un référendum organisé le 5 novembre 1978, à 50,47% la mise en service de l’unique centrale de Zwetendorf (692 mégawatts nets), à cinquante kilomètres à l’ouest de Vienne (15) !... La pratique de la manipulation, de la langue de bois et de la dissimulation ne date pas d’hier. De mars 1987 à mai 1988, Nicolas Sarkozy officia comme chargé de mission au ministère de l’Intérieur pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques, sous l’autorité de Charles Pasqua, un cador ès-bidouillages. L’idée qu’il eût contribué à la désinformation sur le nuage de Tchernobyl m’effleure avec insistance…

N’ayant rien à gratter sur le plan intérieur, le mari de Carla Bruni espérait marquer des points en se profilant sur la scène internationale, par exemple comme un ami du peuple libyen. Aiguillonné par Bernard-Henri Lévy, « penseur » en treillis planqué, il avait jugé que le Raïs devenait infréquentable et qu’il convenait de le dézinguer. Saddam Hussein et Slobodan Milosevic, longtemps chouchoutés, étaient également tombés en disgrâce. Mouammar Kadhafi avait été accueilli en grandes pompes, du 10 au 12 décembre 2007. Le tyran avait planté sa tente dans les jardins de l’Hôtel Marigny, la résidence des hôtes étrangers. Il avait commandé vingt-et-un Airbus pour un montant « catalogue » de 3,2 milliards de dollars (2,432 milliards d’euros). Le réacteur nucléaire (officiellement pour dessaler l’eau de mer !), les quatorze avions de combat Rafale et les missiles Milan n’étaient que « mirages » pour appâter le Zébulon, lequel rêvait d’amasser 7,5 milliards supplémentaires. En revanche, la croisade « Harmattan », du 19 mars au 31 octobre 2011, a coûté quelque 430 millions d’euros. Autre champ d’intervention extérieure : l’Afghanistan, depuis fin 2001. Pour la présence du contingent (trois mille six cent femmes et hommes) dans ce bourbier permanent, nos gouvernants n’hésitent pas à débloquer entre 450 et 500 millions en douze mois, soit à peu près la moitié de ce qu’ils claquent pour « nos » forces hors de la métropole et surtout de quoi recruter douze mille enseignants dans le même laps de temps. Même si nul(-le) n’en parle, la question de l’investissement dans le socialement utile, le civil, ou dans des opérations guerrières, s’avère toujours aussi pertinente que dans les seventies où les écologistes militants et des mouvements alternatifs avaient initié ce type de réflexions.

Récapitulant quasi exhaustivement les méfaits du « sarkozysme » et de sa République si peu « irréprochable », cette très éclairante Note de la Fondation Copernic prétend fournir des éléments pour « inventer d’autres avenirs ». Avec qui, mesdames et messieurs ?...

Editions Syllepse à Paris, février 2012, 200 pages, 7 €.

Je vous signale le numéro hors-série de Politis (mars-avril 2012) intitulé « Ce qu’il a fait à la France », 50 pages - 4,90 euros.

René HAMM

Bischoffsheim (Bas-Rhin)

Le 25 mars 2012

(1) Vidéo visible sur Dailymotion.

(2) Dans « Le président des riches » (chez Zones, septembre 2010, 228 pages, 14 euros), Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon détaillent les magouilles que favorise ce dispositif.

(3) Libération du 13 juillet 2010.

(4) Dominique Voynet, du 4 juin 1997 au 9 juillet 2001, puis Yves Cochet, du 10 juillet 2001 au 5 mai 2002.

(5) Dans le droit fil du « diagnostic de performance énergétique » applicable depuis le 1er novembre 2006 à la vente de maisons et d’appartements ainsi qu’à partir du 1er juillet 2007 pour les habitations louées tout comme pour la cession de bâtiments neufs ? Cette expertise, qui n’a toujours qu’un caractère informatif, n’impose aucune obligation de travaux.

(6) Les « experts » : Alain Grimfeld, président du Comité national d’éthique, le climatologue Jean Jouzel, Nicole Notat, ex-patronne de la CFDT et Présidente-directrice générale de l’agence de notation Vigeo, ou encore l’avocat Philippe Pelletier. Pas davantage que pour l’étude du Boston Consulting Group, publiée le 16 juin 2009, nous n’en apprendrons le prix.

(7) Il fédère dix-huit mouvements nationaux (Agir pour l’Environnement, Les Amis de la terre, Greenpeace, le World Wide Fund for nature, la Ligue de protection des oiseaux, Le Réseau Sortir du nucléaire…) et onze associations locales.

(8) « Qui a tué l’écologie ? », Éditions Les liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 303 pages, 20,50 euros. Le collaborateur au magazine Terre Sauvage réserve essentiellement ses piques implacables à quatre des principales associations environnementalistes, coupables, selon lui, d’arrangements, voire de franches complicités, avec les saccageurs des écosystèmes. Il pointe les compromission de la Fondation Hulot, du World Wide Fund for Nature, de France Nature Environnement et de Greenpeace France à l’occasion du Grenelle de l’Environnement.

(9) Cf. son essai d’excellente facture, à haute teneur philosophique et poétique « Politique de Cassandre. Manifeste républicain pour une écologie radicale », Éditions Sang de la Terre, 1er trimestre 2009, 256 pages, 18,90 euros. Le chercheur, artiste et paysan charentais consacre notamment quelques pages au « concept schizophrénique » de « développement durable », une de ces coquecigrues conçues pour consolider, sous une terminologie light, les schèmes du productivisme effréné.

(10) « Grenelle de l’environnement : l’histoire d’un échec », Éditions Yves Michel, octobre 2010, 128 pages, 10 euros.

(11) Le 24 mars, une manifestation a réuni environ dix mille opposant(-e)s dans les rues de Nantes dont le maire, Jean-Marc Ayrault (PS) est favorable au projet.

(12) Dans « Destruction massive. Géopolitique de la faim », Le Seuil, octobre 2011, 352 pages, 20 €.

(13) 22% avant la tragédie au Japon. Le 30 juin 2011, le Bundestag avait approuvé à une très large majorité la décision de la coalition CDU/CSU/FDP d’arrêter les sept complexes les plus anciens, plus celui de Krümmel, constamment perclus de pannes. Les neuf unités restantes seront déconnectées au plus tard en 2022.

(14) Notre pays avait loupé à l’été 1981 le coche de l’indispensable mutation, parce que l’alliance socialo-communiste avait jeté à bas toutes les promesses de moratoire, de vaste consultation, de diversification des sources, de lutte contre les gaspillages. Je vous renvoie à mes nombreux articles afférents aux « atomes très crochus », lisibles sur divers sites web, mon papier au sommaire d’À contre-courant syndical et politique d’août 2011, mon long courrier inséré dans Politis du 22 décembre 2011 et celui, un peu plus concis, paru dans le mensuel Alternatives économiques de ce mois-ci.

(15) Le 13 août 1999, entra en vigueur la loi constitutionnelle pour une Autriche sans atome, interdisant la fabrication, le stockage, les tests, le transport d’armes nucléaires de même que l’édification de centrales.

Hospitalisation sous contrainte d'un militant non-violent

Colibrinfo | 30 mars 2012

Faites absolument circuler cette information. Il en va de l'avenir de nos libertés!

Ligue des droits de l’Homme – Languedoc Roussillon


Espace André Chamson
2 place Henri Barbusse
30100 ALES

Lundi 26 mars 2012, un militant défenseur de l’environnement s’est rendu à la mairie de son village vers 18 h, ayant appris que le maire de sa commune, Loupian, avait demandé le déclassement de l’unique zone terrestre Natura 2000 du village. Il a alors entamé une action non violente dans les locaux de l’hôtel de ville en s’enchaînant à la grille d’un puits.

Elus, gendarmes et pompiers se rendent sur place et décident, bien que l’action se déroule dans le calme, de l’hospitalisation d’office du militant par arrêté municipal !

48 heures plus tard, personne n’a pu communiquer avec ce militant. La municipalité refuse de donner toute information. La gendarmerie indique que l’action troublait l’ordre public et que le militant présentait un danger… pour lui-même !Depuis la promulgation de la nouvelle loi du 5 juillet 2011, sur les hospitalisations psychiatrique sans consentement, des situations analogues sont malheureusement de plus en plus fréquentes envers les militants ou les syndicalistes. En effet, tous les « troubles à l’ordre public » peuvent être dorénavant psychiatrisés, solution de facilité qui entraîne une privation de liberté pendant au moins 48h.

C’est une atteinte considérable portée aux libertés et aux droits sociaux. De nombreuses organisations signataires de l’appel commun contre les soins sécuritaires dénoncent avec force cette loi liberticide, entre autres : la Ligue des Droits de l’Homme, l’Union Syndicale de la Psychiatrie, SUD santé sociaux, le parti de gauche ou le parti communiste…..

La section de la Ligue des Droits de l’Homme « Loupian et les communes du Nord du bassin de Thau » et la LDH Languedoc Roussillon condamnent cet internement.

De telles pratiques s’inscrivent dans les dérives autoritaires actuelles et ne sont pas compatibles avec un Etat de Droit.

Nous exigeons que cette privation de liberté cesse le plus tôt possible.

Contact :
Benjamin Deceuninck, 06.86.27.70.57, mail : languedoc.roussillon@ldh-france.org

Yvan Gazagnes 04 67 78 48 40, mail : ldh-nordbassindethau@ldh-france.org


Et surtout l'article sur le blog de Stéphanie.

http://paroledecitoyens.blog4ever.com/blog/lire-article-155111-9108238-internement_sous_contrainte_de_jean_pascal___mon_i.html

29 mars 2012

Comment Sarkozy a enterré l’écologie

Basta! | 28 mars 2012 | Par Sophie Chapelle


Le Grenelle de l’environnement, c’était il y a bien longtemps. Que reste-t-il de ce début en grande pompe du quinquennat ? Le transport routier a-t-il reculé ? Les énergies renouvelables se sont-elles développées ? L’agriculture bio a-t-elle été soutenue aux dépens des pesticides ? Basta ! tire le bilan des quatre grandes arnaques écolos du président-candidat.
 
 


Ce devait être « un New Deal écologique », selon Nicolas Sarkozy. La signature, en octobre 2007, des 268 engagements issus du Grenelle de l’environnement devait incarner « l’acte fondateur d’une nouvelle politique ». Le nouveau chef de l’État avait su mettre autour d’une même table organisations environnementales, syndicats, patronat et collectivités locales. Ce que n’avait jamais envisagé de faire ni le gouvernement de gauche plurielle ni Jacques Ch
Arnaque n° 4 : les pesticides plutôt que le bio irac. On allait voir ce qu’on allait voir. Au bout de cinq ans, 2 lois et 128 décrets, force est de constater que nous n’avons pas vu grand-chose, alors que le ministère de l’Écologie est en vacance pour cause de campagne électorale.

« Le Grenelle était avant tout une autopromo élyséenne », fustige Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement. En moins de cinq ans, les mesures de « rupture » se sont perdues en chemin. Cerise sur le gâteau, Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Écologie, a annoncé sa démission le 22 février, afin de devenir porte-parole du « président-candidat ». C’est désormais François Fillon qui a repris ses attributions. Pas sûr que le président sortant accepterait aussi facilement la vacance du ministère de l’Économie et des Finances…

Arnaque n° 1 : le transport routier favorisé


« Toutes les décisions publiques seront désormais arbitrées en intégrant leur coût pour le climat et la biodiversité, affirmait Nicolas Sarkozy il y a à peine cinq ans. Très clairement, un projet dont le coût environnemental est trop lourd sera refusé. » Ce principe fondamental n’a pas été traduit dans les textes de loi. De nombreux chantiers ont vu le jour malgré leur très lourd coût environnemental. Le 17 janvier 2012, le Président a notamment confirmé le lancement de l’appel d’offres du projet A45 entre Saint-Étienne et Lyon. Son tracé longe une liaison ferroviaire et constitue le doublon d’une autoroute existante, l’A47 (lire notre article). Un an plus tôt, le ministère de l’Écologie a présenté l’avant-projet de Schéma national des infrastructures de transport (Snit), qui prévoit 732 kilomètres d’autoroutes supplémentaires en France, venant s’ajouter aux quelque 10 000 km existants. Augmenter de presque 10 % la pieuvre autoroutière, ce n’est pas vraiment « le changement de paradigme » qu’on pouvait espérer du Grenelle de l’environnement.

Le gouvernement n’a pas cessé d’accorder des avantages concurrentiels à la route. Le 6 septembre 2011, à l’occasion d’une rencontre avec les salariés d’une société de transport, le Président affirme que l’augmentation du report modal – vers le transport ferroviaire, fluvial et maritime – ne se fera pas au détriment du transport routier. Mieux, il « regrette que l’autorisation de circulation des 44 tonnes ne soit pas directement généralisée au-delà du seul transport de marchandises agricoles » (lire ici). Nicolas Sarkozy peut être rassuré. La part du ferroviaire et du fluvial a diminué de 12 % entre 2006 et 2009. Et si le ministère de l’Écologie se réjouit de l’augmentation des lignes de tramways, elles sont principalement financées par les collectivités locales… Dans le même temps, Sarkozy multiplie les appels du pied aux transporteurs routiers : après avoir allégé la taxe à l’essieu en 2008, il a également repoussé la taxe kilométrique poids lourds en 2013. C’est très discrètement que le Parlement a adopté le 29 février 2012 la levée de l’obligation d’un sixième essieu pour les 44 tonnes, ce qui va accroître l’usure des routes [1]. Or, le transport routier représente le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre avec 27 % des émissions totales françaises, rappelle l’Union Solidaires Transports.

Arnaque n° 2 : les énergies fossiles subventionnées


Le secteur aérien, le plus énergivore par passager et kilomètre parcouru, est lui aussi préservé. L’aéroport Notre-Dame-des-Landes est bien inscrit dans le projet de Schéma national des infrastructures de transport (lire nos articles), et le kérosène reste le seul carburant exonéré de taxes pour les vols intérieurs. Un manque à gagner de 1,3 milliard d’euros qui n’a pas échappé à la Cour des comptes. Dans un rapport sur l’impact budgétaire et fiscal du Grenelle de l’environnement publié le 18 janvier 2012, elle constate que le « réexamen des dépenses fiscales défavorables à l’environnement (…) fournirait des marges de manœuvre très importantes qui permettraient aisément d’équilibrer le volet fiscal du Grenelle ». La seule suppression du taux réduit de la taxe sur le gazole et le fioul domestique permettrait de dégager des marges de manœuvres fiscales à hauteur de 16 milliards d’euros pour, par exemple, financer la rénovation thermique des bâtiments trop énergivores.

Au contraire, « la crise a eu raison des incitations fiscales pour la rénovation des logements, en supprimant l’aide pour les propriétaires de logements anciens », relève l’association les Amis de la Terre. Cet abandon en rappelle un autre : la « contribution climat énergie », initialement appelée « taxe carbone », devait être « la » mesure permettant d’asseoir enfin une fiscalité écologique efficace en France. En décembre 2009, le Conseil constitutionnel estime que les nombreuses exonérations inscrites dans le texte de loi créent une rupture de l’égalité devant l’impôt et rejette la nouvelle taxe. En matière de fiscalité écologique, au sens entendu par le gouvernement, seuls la prime à la casse et le bonus-malus ont été mis en œuvre, dopant l’achat de véhicules neufs, certes un peu moins polluants.

Arnaque n° 3 : les énergies renouvelables stagnent

La loi Grenelle 1 affiche l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie d’ici à 2020, un objectif partagé par les pays européens. Or, les dispositions de la loi Grenelle 2 ont rendu plus contraignantes les règles d’implantation d’éoliennes avec un seuil minimum de cinq éoliennes par parc. Surtout, elle les considère comme des « installations classées pour la protection de l’environnement » (ICPE, voir notre analyse), au même titre qu’une décharge ou qu’un oléoduc. L’élan de la filière photovoltaïque est également stoppé avec la dégringolade des tarifs de rachat, et malgré la demande des industriels du secteur de dégonfler progressivement la bulle spéculative qui s’était constituée. 10 000 à 15 000 personnes ont été licenciées à la suite des décisions politiques prises en 2010 et en 2011 (lire ici). Résultat, la part des énergies renouvelables n’atteignait dans la consommation d’électricité que 14,6 % en 2010… soit le même niveau qu’en 1997.

Le gouvernement a-t-il fait mieux dans la maitrise de la consommation d’énergie ? Nathalie Kosciusko-Morizet avait promis une révolution énergétique avec la nouvelle réglementation thermique (RT 2012) encadrant les constructions neuves. Le manque de formation des professionnels, les mauvais calculs des performances thermiques, les faibles contrôles et l’absence de transparence analysés ici par Basta ! révèlent une terrible imposture. Et l’incapacité du gouvernement à penser l’émergence de nouvelles filières industrielles.

Arnaque n° 4 : les pesticides plutôt que le bio


Sur le papier, enfin, c’est vive le bio ! Dans les faits, le gouvernement a assoupli les normes d’épandage et autorisé l’augmentation des rejets de nitrate. Et a réduit les aides à l’agriculture biologique. La loi de finances 2011 stipule que le crédit d’impôts alloués aux agriculteurs qui se convertissent en bio sera divisé par deux (il passe de 4 000 à 2 000 euros). Lors du fameux Grenelle de l’environnement, le gouvernement avait promis de multiplier par trois la surface des champs cultivés en bio, histoire de grimper à 6 % de surface agricole utile. Aujourd’hui, la France n’aligne que 2,5 % de surfaces cultivées en bio contre 15,7 % en Autriche.

Autre promesse non tenue : alors que la France s’était engagée à réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2018 grâce à son plan Ecophyto, elle reste le premier pays européen consommateur de pesticides. Au même moment, la recherche en santé environnementale est mise à mal. Ainsi, la décision de suspendre un registre sur les malformations congénitales va à l’encontre des dispositions du Grenelle et du Plan national santé environnement, qui insistent sur l’urgence de mieux connaître les facteurs toxiques qui affectent les nouveau-nés (lire notre article). « L’environnement, ça commence à bien faire », avait lâché le Président désormais candidat lors de l’édition 2010 du Salon de l’agriculture. À l’aune du maigre bilan sur le sujet, c’est peut-être sa seule déclaration vraiment sincère.

Sophie Chapelle

Notes

[1] En permettant aux camions de circuler avec quatre tonnes de plus sans avoir à ajouter un essieu supplémentaire, cette disposition va entraîner l’usure accrue de la route, engendrant un supplément annuel d’entretien de 400 millions d’euros, selon le conseil général de l’Environnement et du Développement durable.

28 mars 2012

L’idée d’Israël de frapper l’Iran est une pure folie

Al-Manar | 28 mars 2012

ElBaradei: l’idée d’Israël de frapper l’Iran est une pure folie

L’ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohammad elBaradei a déclaré que si l’entité sioniste « mène une attaque militaire contre l’Iran, elle sera dans une situation folle » !

Dans une interview avec l'agence allemande d’informations (D. B. A) à Berlin, Mohamed ElBaradei, a déclaré- en réponse à une question de savoir si l'entité sioniste lancera une attaque prochainement : « Franchement, je ne pense pas que personne n'a l'intention de lancer une attaque contre l'Iran, à moins qu’il soit atteint d’une folie totale » !

M. ElBaradei a ajouté que, si l'entité sioniste se décide à frapper l’Iran, Téhéran sera encouragée à développer rapidement des armes nucléaires avec le soutien de tous les Iraniens, et de presque tout le monde dans le Moyen-Orient voir de nombreux pays dans le monde » !

Et de souligner : « Je prie pour cela n'arrive pas du tout .. Je pense que les Israéliens sont assez intelligents pour comprendre qu’un tel acte ne fera qu’affaiblir leur sécurité nationale et non la renforcer »…

Interrogé sur les Israéliens qui affirment ne pas croire les déclarations iraniennes, Baradei a répondu : « Pourquoi devraient-ils (les Iraniens) croire Israël » ?

Et de rappeler : « Israël est assise sur 200 bombes (nucléaires) , il y a un sentiment d'insécurité au Moyen-Orient, il faut faire preuve de bonne foi et établir un Moyen-Orient exempt d'armes de destruction massive »..

Cela dit, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, a déclaré au journal "Bild" que sa rencontre, la semaine dernière, avec son homologue israélien, Ehoud Barak, ne l'a pas rassuré quant à une éventuelle intervention israélienne contre l'Iran, car, selon lui, Israël ne croit pas en l'efficacité des sanctions contre la république islamique.


26 mars 2012

A surveiller : les aéronefs pulvérisateurs de pesticides sur le Lot

par Jean-Pierre Jacob | lot Nature | dimanche 25 mars 2012


La France assouplit "en douce"la réglementation des épandages aériens de pesticides.


L’annonce par la Dépêche du 25 Mars 2012

Pour montrer la complexité du probléme

1) le rapport AFSSE concernant la question publié en 2005 105 pages

2) l’interdiction d’épandage aérien de 2010

Connaissez vous

la Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés ou en cours d’évaluation pour les traitements par aéronefs" ?
Ca serait étonnant , car cette liste à diffusion limitée (pourquoi ? ) n’ a été envoyée pour éviter toute contestation qu’aux seuls services habilités à autoriser ou non l’envoi par les aéronefs sur les cultures de pesticides (=produits chimiques détruisant des animaux ou des végétaux ou des fonges).
Pour le détail lire sur le blog de la Coordination Eau Adour Garonne la citation de l’article de Martine Valo sur le Monde du 23 Mars (La France assouplit l’interdiction de pulvériser des pesticides par voie aérienne)

Avant les élections personne ne doit être oublié…

Voir en ligne : Coordination Eau Adour-Garonne : le blog

Printemps des semences paysannes et fermières

Basta! | 26 mars 2012

Alors que l’utilisation libre des semences est remise en cause par l’adoption de la loi sur les certificats d’obtention végétale, le collectif Semons la biodiversité lance une campagne pour que la souveraineté alimentaire ne soit pas laissée aux mains de quelques multinationales. L’enjeu : obtenir l’abrogation de cette loi, et la remplacer par une loi de reconnaissance des droits des paysans et des jardiniers sur leurs semences. Basta ! relaie leur appel.




Avec le printemps viennent les semis... Le collectif Semons la biodiversité réclame l’abrogation de la loi sur les Certificats d’Obtention Végétale [1] du 8 décembre dernier, l’interdiction des cultures et de la commercialisation de plantes OGM, le rejet du brevet européen unitaire sur les gènes et les procédés d’obtention des semences dont le Parlement Européen doit débattre en mai prochain, ainsi que de l’accord ACTA [2] qui oblige les États à lutter eux-mêmes contre l’utilisation libre des semences de ferme tout autant que d’internet. Il est urgent en effet de reconnaître le rôle des paysans dans le renouvellement et la gestion dynamique de la biodiversité cultivée et de leur rendre leurs droits sur leurs semences !

Cet appel s’adresse à tous : organisations, citoyen(ne)s, paysan(ne)s, jardinier(e)s, élu(e)s... pour que notre souveraineté alimentaire et notre agriculture ne soient pas délaissées aux mains de quelques firmes semencières et chimiques. Les politiques écoutent les citoyens avant tout lorsqu’ils sollicitent leurs suffrages. L’objectif est de nous mobiliser pour obtenir avant les élections (présidentielles et législatives) l’engagement de chaque candidat à tout faire pour abroger cette loi inique et la remplacer par une loi de reconnaissance des droits des paysans, des jardiniers et des artisans semenciers sur leurs semences. Un autre objectif consiste à organiser aussi des événements destinés au grand public.

Mode d’emploi

Vous pouvez :
organiser des événements locaux, par exemple, des bourses de semences pour continuer à échanger librement nos semences paysannes et fermières, des semis volontaires de semences paysannes et fermières pour que la biodiversité cultivée puisse continuer à pousser dans nos champs et nos jardins
interpeller des responsables politiques, professionnels ou administratifs qui ont appuyé la loi
diffuser des informations sur les marchés...
vous mobiliser localement pour répercuter chez vous l’action du 12 mai de semis de maïs population. Le 12 mai, des semeurs de biodiversité sèmeront du maïs population dans de nombreuses régions françaises. Vous pouvez vous aussi organiser vos semis de maïs non OGM.
inviter vos élu(e)s et les candidats à ces évènements et allez les rencontrer pour qu’ils signent l’engagement d’abroger la loi COV
interpeller vos élus régionaux, départementaux et municipaux pour que leurs assemblées adoptent des motions de demande d’abrogation de la loi
rencontrer les différents candidats aux élections (présidentielles et législatives) pour qu’ils s’engagent à faire abroger la loi une fois élu (exemple de vœu d’engagement dans le kit « printemps des semences paysannes et fermières »).

Suivant l’évolution du feuilleton de l’interdiction de culture du MON 810 [3], d’autres initiatives seront éventuellement organisées.

Plus d’informations sur les actions programmées et les outils de la campagne : http://www.semonslabiodiversite.com/

Télécharger l’appel en cliquant ici.

Notes

[1] Lire notre article : Le droit de planter et cultiver librement bientôt interdit ?

[2] Lire à ce sujet : Liberté de s’exprimer, liberté de semer, même combat ?

[3] Lire nos différents articles sur le Mon810

Message d’Hiroshima à l’attention des Japonais et de tous les peuples du monde



Blog de Fukushima | lundi 26 mars 2012


 

Hiroshima et Fukushima.
Comment ne pas relier les deux évènements ? La fission de l’atome, la pluie noire, le césium, la contamination interne, la maladie, l’exclusion, la souffrance.

Voici le témoignage d’une survivante d’Hiroshima, Bun Hashizume, traduit par Pierre Régnier. Dans les moments les plus critiques, elle a toujours gardé la foi en l’humanité et en la bonté de chacun, trouvant les ressources qui lui ont permis de surmonter l’insurmontable.

Une leçon de vie et d’espoir pour tous les Japonais touchés par la catastrophe de Fukushima.


Témoignage de Hashizume Bun, survivante d’Hiroshima

29 mars 2011

« Je suis une « atomisée » rescapée du bombardement d’Hiroshima. J’habite à Tôkyô. J’ai 80 ans.
Le 11 mars 2011, lorsqu’a eu lieu le Grand Tremblement de Terre du Nord-Est du Japon suivi de la catastrophe nucléaire de Fukushima, j’étais en train d’écrire un livre sur le bombardement atomique survenu soixante-six ans auparavant et sur la vie de la population civile d’Hiroshima avant et après le bombardement. J’avais déjà rédigé la majeure partie de cet ouvrage, mais accablée par la douleur que provoqua en moi l’accident nucléaire de la centrale nucléaire de Fukushima, j’ai voulu finir la rédaction du dernier chapitre sur le lieu même du bombardement atomique, à Hiroshima, ma ville natale.

Tard le soir, en foulant le sol d’Hiroshima, je sentais un lourd fardeau peser sur mes épaules et, pendant un temps, je ne pouvais plus mettre un pied devant l’autre. A chaque fois que je revenais à Hiroshima, j’avais pour habitude de commencer par me rendre à pied au mémorial pour les morts situé dans le Parc de la Paix et de discuter avec les membres de ma famille qui se trouvent là, ainsi qu’avec mes amis, ou de simples connaissances, et avec tous ceux qui sont morts ce jour-là dans une horreur qui dépasse l’entendement. Mais cette fois-ci, plutôt que de prier, je leur ai demandé :

Donnez-moi encore pour un temps la santé,
Donnez-moi de la force,
Dites-moi ce que je peux faire, guidez-moi s’il vous plaît.

Ce jour-là, j’ai été atomisée à 1,5 kilomètre de l’hypocentre de la bombe. J’ai été très gravement blessée et j’ai frôlé la mort mais j’ai pu survivre grâce à l’aide de trois personnes qui m’ont sauvé la vie.
Lorsque nous vivions dans les baraques, je souffrais de maladies fulgurantes dues à la radioactivité telles que, par exemple, de fortes fièvres, des saignements de nez et des gencives, de terribles diarrhées et vomissements, des taches pourpres sur tout le corps ou la perte des cheveux. Pourtant, là encore miraculeusement j’ai pu survivre. Cependant par la suite et jusqu’à aujourd’hui, j’ai souffert de nombreuses maladies et il n’est pas un seul jour où j’ai été en bonne santé.

Parmi toutes les maladies, un des maux les plus pénibles est le « chancellement des atomisés ». Cette maladie se manifeste par un état d’épuisement difficilement supportable.
Plusieurs fois j’ai imploré le médecin « Docteur, ne serait-ce qu’une journée ou même une heure, faites-moi me sentir fraîche et légère. » Mais cela ne s’est jamais réalisé. En allant me coucher le soir, je priais Dieu, « Faites que je ne me réveille pas demain matin. »

Toutes ces maladies étaient dues à l’irradiation interne. Toutes les substances contaminées par la radioactivité que nous avions ingérées, notamment l’eau que nous avions bue, la nourriture ou l’air, ces substances continuent sans cesse leur réaction à l’intérieur même de l’organisme et bouleversent les gènes. Cela se poursuit jusqu’à la mort.
Finalement, récemment on en parle dans les médias : le césium qui détruit les fibres musculaires serait à l’origine du « chancellement des atomisés », et c’est ici, à Hiroshima, que je l’ai appris tout dernièrement.
Ceux qui ce jour-là étaient sous la pluie noire, ceux qui sont entrés dans la ville pour venir secourir les victimes ou chercher des proches, mais pas seulement les victimes de la bombe, tous les atomisés victimes des essais nucléaires, des accidents des centrales, tous ceux-là sont victimes d’irradiations internes.

L’irradiation interne a toujours été sciemment dissimulée. Maintenant, du fait de l’accident de la centrale de Fukushima, enfin, on voit apparaître le terme « irradiation interne », mais on ne voit quasiment aucune explication précise de ce dont il s’agit.
Sans doute parce qu’alors il ne serait plus possible de continuer à développer l’exploitation des centrales nucléaires.

« L’énergie nucléaire est une énergie propre », « l’énergie rêvée » entendait-on à une époque mais, après les accidents des centrales de Tchernobyl et de Three Mile Island, on l’entendait un peu moins.
Cependant, ces dernières années, beaucoup de pays dans le monde se sont remis à la course à la construction de centrales nucléaires. On a appelé cela « la Renaissance des centrales nucléaires ». Voyant cette évolution, j’ai alerté sur le fait qu’inévitablement, dans un futur pas bien lointain, il y aurait quelque part sur terre un accident dans une centrale nucléaire.
Cela se produit actuellement dans mon pays et qui plus est, chaque seconde, il y a des fuites ininterrompues de substances radioactives très concentrées. Il n’y a pas de moyen pour stopper cela de façon sûre et l’on ne peut prévoir quand cette situation critique prendra fin.
Au Japon, pays de petite superficie et situé en zone sismique, il y a plus de 50 réacteurs nucléaires. De plus, ils sont regroupés et établis sur des plaques produisant de nombreux tremblements de terre, régions à faible population.
Par ailleurs, à Fukushima, dans la centrale numéro 1 de Fukushima, il y a six réacteurs qui forment une chaîne s’enfonçant dans la spirale du danger. En outre, à la centrale numéro 2 de Fukushima, il y a aussi quatre réacteurs qui ont subi des dommages. Après le grand tremblement de terre du Nord-Est, le 15 mars, il y a eu un grand tremblement de terre à Shizuoka. On dit que, dans première moitié de ce siècle, se produira inévitablement Le Grand Tremblement de Terre du Tôkai et de la Baie de Suruga. C’est là que se trouve l’une des centrales majeures qu’est celle de Hamaoka.
Sur la zone très sismique de la côte de la Mer du Japon, les centrales nucléaires sont nombreuses, en particulier dans la préfecture du Fukui que l’on appelle « le Ginza des centrales nucléaires » (en référence au quartier très animé et dense de Ginza à Tôkyô).

À la population du Japon,
Est-ce une bonne chose que le Japon, victime des bombes atomiques soit devenu le pays coupable d’une telle émission de radioactivité ?
Il n’y a plus de temps à perdre. Agissons pour que soient arrêtées les centrales actuellement en activité.
Aux populations du monde entier, je vous en prie, apportez-nous votre soutien.
Demandons haut et fort que sur la Terre, naturellement, il n’y ait plus de construction de centrales nucléaires, mais aussi que l’on stoppe toutes les centrales en activité et que soient reclassés les réacteurs nucléaires.

En tant qu’atomisée de la bombe, j’ai lutté contre le nucléaire au Japon et à l’étranger. Cela parce qu’il y a la menace que la vie sur Terre soit détruite, non seulement par les bombes atomiques ou les bombes à hydrogène, mais aussi par les centrales nucléaires.
Même lors de leur fonctionnement ordinaire, les centrales nucléaires rejettent de petites quantités de particules radioactives qui contaminent la mer, l’air et le sol. La dangerosité de ces rejets de particules radioactives en faibles quantités est occultée.

Il n’y a pas que l’être humain qui ait reçu la vie sur Terre. N’est-il pas indécent que l’être humain, pour son propre bénéfice, sacrifie les autres espèces vivantes ?
Ouvrir la voie vers une vie en harmonie avec la nature ne devrait-il pas être la sagesse humaine ?
Par ailleurs, nous qui vivons entre le 20ème et le 21ème siècle, nous ne nous sommes vus confier qu’un court laps de temps dans la longue histoire de l’humanité. Est-ce que nous ne sommes pas simplement supposés passer le relais entre nos aïeux et les générations à venir ?

Nous, les atomisés des bombardements ainsi que les atomisés des accidents des centrales nucléaires et des essais nucléaires, avons souffert toute notre vie ; de même, les atomisés de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima souffriront désormais sans cesse.
On voit tous les jours dans les médias les gens endurer des conditions de vie difficiles dans les camps de réfugiés.
Et en voyant des nourrissons innocents et des enfants ne pas perdre leur vitalité même dans de telles conditions, j’ai le cœur meurtri mais j’y vois en même temps un espoir.
La radioactivité est particulièrement nocive pour les enfants et empêche leur croissance.


La radioactivité ne connaît pas les frontières.
Pour secourir les enfants qui sont l’avenir,
Tous ensemble, dans le monde entier,
Donnons-nous la main et levons-nous contre le nucléaire »


source : http://autreinfo.free.fr/Fukushima.htm


Qui est Hashizume Bun ?

Madame Hashizume Fumiko, Hashizume Bun de son nom de plume, est née à Hiroshima en 1931. A quatorze ans, elle se trouvait à moins d’un kilomètre et demi de l’hypocentre de l’explosion atomique, le 6 août 1945, à 8 h 15. Gravement blessée, elle a survécu miraculeusement non seulement à ses blessures mais aussi à la famine et aux maladies qui s'ensuivirent. Durant plusieurs décennies, comme la plupart des hibakusha (survivants des bombardements atomique), elle ne parvenait pas à évoquer le sujet, se refusant à se remémorer les événements. Elle est finalement parvenue à décrire l'horreur et les conditions extrêmes de la survie après le bombardement en écrivant un livre.

A l’âge de 76 ans, elle a engagé toute son énergie pour témoigner à travers le monde du drame humain qu'elle et les siens ont vécu. Elle a notamment fait de nombreuses conférences en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon.

Elle est l'auteur de divers ouvrages en japonais, notamment des recueils de poésie.

Son autobiographie, témoignage de ce qu'ont vécu les habitants d'Hiroshima, est disponible en langue française : « Le jour où le soleil est tombé - J'avais 14 ans à Hiroshima », 2007, Ed. Cénacle de France, 219 p.
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En savoir plus
Autour du témoignage d’Hashizume Bun, survivante d’Hiroshima


Photo entête : lumières d'espoir devant le mémorial d'Hiroshima
(AP Photo/Katsumi Kasahara)

25 mars 2012

Mohammed Merah, l'ouvrage de la surface enregistreuse

L’ « œuvre » a procuré un embrasement médiatique éphémère.
Elle a puisé sa substance dans le matériau même de la vie ravie échappée des orifices d’un feu jailli de quelques mètres d’elle, le coup à bout portant.
Par quelque morceau que se prenne le récit, il en subsistera des fragments épars qui ne s’y colleront pas.
Comment rassembler en un même déroulement un séjour en Afghanistan et un passage par Tel Aviv ?
La crête teinte en rouge vif du jeune punk et client de boîte de nuit et l’immense Coran qui décore la chambre.
La plainte déposée par la mère d’un jeune voisin il y a quelques mois et la réputation d’un garçon doux et serviable. (...) lire la suite

Quand Copé en rajoute!

| 24 mars 2012 - source



Jusqu’où ira l‘UMP ? Jusqu’où pousseront-ils l’ignominie. Ma colère de ce soir n’est nullement l’expression d’une volonté de soutien à l’un ou l’autre des opposants à N. Sarkozy. Mais « ils » dépassent les bornes. Qui sont -« ILS » ?

Le président sortant en premier lieu qui se plaint du nombre trop important d’immigrés.

C. Guéant qui n’hésite pas à établir de hiérarchie entre les civilisations.

Copé enfin. Le plus actif, le plus bavard, le plus agressif, le plus mensonger, le plus ignoble !

Il a osé, alors que les coups de feu retentissaient encore dans les oreilles de chacun, accuser la gauche d’être responsable de la situation actuelle en raison de ses votes à l’assemblée. La gauche aurait donc négligé, sous-estimé, encouragé le terrorisme. Toujours cette satanée stratégie de fuite, de refus de regarder son bilan en face.

Car, un minimum d’objectivité permet d’énoncer de toutes autres vérités. J’ai souvenir d’un Jospin renforçant les lois anti-terroristes après le 11 septembre, engageant nos armées en Afghanistan. Il faudrait quand même que Copé n’essaie pas de nous faire croire que toutes les affaires de terrorisme qui se sont déroulées sous des gouvernements de droite sont dues au « mauvais votes » de la gauche. Et même si la gauche n’a pas voté la loi sur le port de la burqa, ce n’est certainement pas cela qui a jeté Merah sur la voie du terrorisme.

Que ce Copé là cesse d’instrumentaliser chaque évènement en accusant les autres de le faire. Qu’il cesse lui et les siens de dresser les français, les communautés, les religions, les cultures, les uns contre les autres ! La véritable fracture est entre le terrorisme (quel qu’il soit) et la démocratie. C’est en traitant tous les français, toutes les minorités à égalité que nous avons une chance d’éradiquer toutes les formes de terrorisme sur notre territoire national.

Qu’il me soit permis de dire à Mr Copé et aux siens que c’est leur discours qui est le vrai terreau du terrorisme.


24 mars 2012

Déclin programmé de l’industrie nucléaire

Les blogs du Diplo

vendredi 23 mars 2012, par Mycle Schneider


Après l’arrêt programmé pour lundi 26 mars de Kashiwasaki-6, le dernier réacteur nucléaire en activité sur l’île de Honshu, le Japon ne disposera plus que d’une seule tranche en fonctionnement (sur 54) ; celle de Tomari, sur l’île d’Hokkaido, au nord du pays. Et encore celle-ci devrait-elle s’arrêter également, début mai au plus tard. Horrifiée de l’incurie et des mensonges révélés par la gestion de la catastrophe, la population ne semble pas disposée à laisser redémarrer les centrales arrêtées. Ainsi, plus d’un an après le séisme dévastateur du 11 mars 2011, le Japon semble tourner la page du nucléaire. Une source d’énergie qui, au plan mondial, a cessé de se développer il y a désormais plus de vingt ans.


La mauvaise santé des champions du nucléaire est symptomatique de la dérive progressive de cette industrie — partout sauf en Chine, en Russie, en Inde et en Corée du Sud. Et le choix de certains pays émergents en faveur des énergies renouvelables pourrait encore en accélérer l’irrésistible baisse.

Au 1er janvier 2012, il y avait 429 réacteurs nucléaires en service dans le monde, quinze de moins que lors du pic historique de 2002. Ce chiffre tient compte de l’arrêt forcé des dix réacteurs de Fukushima, mais pas des autres réacteurs japonais arrêtés. Tout en affirmant vouloir aller vers « une société qui ne dépende pas du nucléaire », le gouvernement de Noda Yoshihiko souhaiterait le redémarrage de certains réacteurs après rechargement et maintenance. Mais ce projet est bloqué par les pouvoirs publics locaux, municipalités et préfectures, ainsi que par des associations de citoyens. Un effort d’économie d’électricité, de l’ordre de 20 %, a permis de passer les pointes de l’été sans coupures de courant.

En 2010, le nucléaire, exploité dans une trentaine de pays, a fourni 2 630 TWh (milliards de kilowattheures), soit 13,5 % de l’électricité, 5,5 % de l’énergie primaire commerciale et environ 2 % de l’énergie finale (disponible chez le consommateur après transformation et distribution) consommées, dans le monde — toutes tendances à la baisse. L’âge moyen des réacteurs augmente et s’établit à 26 ans. S’il y a officiellement 63 tranches en construction à travers le monde, seuls quatre pays de la liste affichent plus de deux chantiers : la Chine (26), la Russie (10), l’Inde (6) et la Corée du Sud (5) — à eux quatre, ils en concentrent les trois quarts. Les deux seuls projets nouveaux engagés en Europe depuis plus de quinze ans — en Finlande et en France — démarreront avec quatre ans de retard, à un coût deux fois plus élevé que prévu.
 
L’inflexion Tchernobyl

Le 28 octobre 2011, Le Monde rapporte que la part du nucléaire dans la production énergétique française pourrait être ramenée de 75 % à 50 % d’ici à 2025 sous un gouvernement désigné par François Hollande. En quelques heures, l’action EDF perd 5,5 % de sa valeur. Areva, la plus grande entreprise nucléaire du monde, ne résiste pas mieux en Bourse que l’électricien national. Cet épisode est significatif du déclin continu du secteur, enclenché bien avant le désastre du 11 mars 2011 au Japon. Si le titre Areva a plongé de 50 % après les événements de Fukushima, sa chute est de 75 % depuis 2007 et celle d’EDF de 79 %.

La débâcle finlandaise a contribué au résultat catastrophique d’Areva, qui prévoit une perte de l’ordre de 1,5 milliard d’euros pour 2011. En décembre 2010, l’agence de notation Standard & Poor’s a baissé la note d’Areva, devenue BBB—. Le profil de crédit du groupe nucléaire en tant qu’entité indépendante (stand alone credit profile) est désormais classé BB — ou «  spéculatif  ». Le titre d’Areva est devenu une junk bond («  obligation pourrie  »). A la suite de l’annonce de l’abandon du nucléaire en Allemagne d’ici à 2022, Areva passe en outre d’une perspective «  stable  » à «  négative  ».


 
Un parc vieillissant
En Belgique, les premiers réacteurs s’arrêteront en 2015

Dans d’autres pays, la tendance se confirme. Les Italiens se sont prononcés par référendum à 94 % contre le redémarrage d’un programme nucléaire, abandonné après Tchernobyl. En Suisse, le Parlement a voté l’interdiction de construire de nouveaux réacteurs. En Belgique, la loi de sortie du nucléaire de 2003 est entérinée et les premiers réacteurs seront fermés en 2015. Le gouvernement finlandais a gelé tout nouveau projet. Les Taïwanais ont décidé de ne pas prolonger la durée de vie de leurs réacteurs et de viser un avenir sans nucléaire. Aux Etats-Unis et en Russie, les électriciens ne suivent pas la rhétorique des gouvernements favorable au nucléaire.

Si la Chine a gelé toute nouvelle autorisation de construction de réacteur, elle a accéléré le développement des énergies renouvelables, auxquelles elle a déjà consacré 54,5 milliards de dollars en 2010, cinq fois plus qu’au nucléaire. La capacité mondiale installée de l’éolien, du solaire, de la biomasse et de la petite hydraulique dépasse déjà celle du nucléaire. Compte tenu de la dynamique post-Fukushima, voir les petites installations d’énergie renouvelable produire plus de courant que les cathédrales de l’atome n’est qu’une question de temps.


Mycle Schneider est consultant international en énergie et politique nucléaire. Coordinateur et principal auteur du World Nuclear Industry Status Report, il vient de lancer, avec le soutien du Monde diplomatique, le site www.worldnuclearreport.org.

Cet article est tiré de notre Atlas « mondes émergents », qui vient de paraître. Les esquisses graphiques sont de Philippe Rekacewicz.

L'hypocrisie du gouvernement sur les gaz et huiles de schiste



L'hypocrisie du gouvernement sur les gaz et huiles de schiste :
comment contourner en douce une interdiction mise en scène à travers la loi ?



Paris, le 22 mars 2012 – Alors que le gouvernement se targue d’être le premier au monde à avoir « interdit » le recours à la fracturation hydraulique, technique jugée « mal maîtrisée et dangereuse » par la ministre de l’Environnement, nous apprenons aujourd’hui la création d'une Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation de cette technique ayant pour mission « d’évaluer les risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique et émettre un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique ».

Pourquoi cette évaluation des risques alors que tant d’études scientifiques indépendantes démontrent de manière certaine la dangerosité de cette technique (pollution massive des sols, contamination des nappes phréatiques, risques sanitaires majeurs) ? Pourquoi ces expérimentations scientifiques alors que les citoyens français ne cessent d’exprimer leur totale opposition à l’utilisation de cette technique mortifère pour notre environnement et notre climat ?

Sous couvert de recherches scientifiques, le gouvernement joue aux apprentis sorciers pour le plus grand bonheur des lobbies pétroliers et gaziers.

L’analyse du décret portant création de cette Commission nationale achève de démontrer le parti pris gouvernemental. Certes, une place est laissée à trois représentants d’associations agréées pour la protection de l’environnement mais, à côté des cinq représentants de l’Etat, y siégeront aussi trois représentants des entreprises gazières et pétrolières, ainsi que trois représentants du personnel de ces industries. Trois personnalités qualifiées au vu de leurs compétences scientifiques seront également de la partie, cette compétence étant laissée à l’appréciation du seul ministre de l’Industrie… L’équilibre des forces et intérêts en présence est donc loin d’être assuré.

Nos associations rappellent en outre que le problème de l’exploration et de l’exploitation des gaz et huiles de schiste ne se limite pas à la question de la fracturation hydraulique. Selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, si l’on veut éviter le pire et contenir le réchauffement global moyen en deçà de 2°C d’ici à la fin du siècle, seul moins du quart des réserves prouvées en combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) peut être utilisé d’ici à 2050 ! Dans ces conditions, pourquoi sonder le sous-sol ?

Alors que la Bulgarie vient, elle, d’interdire définitivement le recours à la fracturation hydraulique et d’abroger les permis délivrés à Chevron, nos associations dénoncent cet énième pied de nez du gouvernement à l'écologie et à la démocratie. Nul besoin d’une Commission à l’indépendance douteuse pour affirmer notre rejet total de toute utilisation de la fracturation hydraulique et, plus largement, de toute exploration ou exploitation de gaz et d’huiles de schiste en France ou ailleurs.

La conférence de Rio+20 en juin au Brésil sera l’occasion de montrer que la mobilisation citoyenne ne faiblit pas et qu’elle compte bien faire entendre sa voix, comme ce fut le cas il y a peu lors du Forum Mondial de l’Eau à Marseille.

Gaz et huiles de schiste : ni ici ni ailleurs, ni aujourd’hui ni demain !

Signataires : Amis de la Terre, France Libertés, ATTAC, AITEC, RAC, Greenpeace, Helio, CRID, WECF, Réseau Sortir du Nucléaire


Contact presse Attac :
Maxime Combes 06 24 51 29 44

23 mars 2012

Marcheurs indignés in Lot :de Cahors à Catus et Goudon

Marche Paris 2012

De Cahors à Catus, étape 9

Ce matin, agréable réveil dans un bon lit à l’abri pour les 5 marcheurs du jour. En effet, une habitante de Cahors est venue jusqu’à notre demeure d’un jour pour nous y amener le petit déjeuner. Puis nous nous rejoignons sur la place de l’assemblée populaire de la veille, pour le départ… Une dizaine de personne est présente pour nous accueillir.



Mais, mauvaise surprise, le vélo, fidèle compagnon de route, s’est fait lâchement crever les deux pneus… Sans commentaires. On l’attache à Cahors, on le récupérera plus tard…
La marche démarre à 11h avec 4 Caduciens le long de la route menant à Catus !
Les habitants nous montrent un petit chemin sympathique et s’en retournent sur leur pas. Après deux heures et demi de marche, nous nous installons sur un petit bout d’herbe afin de casser la croûte… Une averse se profile, tan pis pour l’herbe, nous nous abritons sous un préau. Nous avons été agréablement surpris lorsqu’une dame, qui visiblement allait chercher ses enfants à l’école s’est arrêtée quelques minutes :  » comme ça me fait plaisir de voir des indignés en marche ! ».



L’ après-midi fût très plaisante. En effet, le soleil à pointé le bout de son nez, les automobilistes se sont arrêtés pour nous questionner… Il semble bien que le message de notre arrivée prochaine à Catus ait circulé, des textos ont tourné… Ils se sont passé le mot… Et oui !



Nous arrivons à Catus, environ à 18h. Le temps de voir les habitants arriver pour l’assemblée à 19h sous la halle du village, nous prenons un petit rafraîchissement. Une vingtaine de personnes sont présentes. L’assemblée peine à ce lancer, après la présentation de la marche et de l’outil assemblée populaire, personne n’ose mettre en avant un sujet en particulier. Heureusement, cela n’a pas duré . Il a suffit qu’un participant de l’assemblée revienne avec deux pizzas, pour que de plus en plus de gens s’expriment. On aborde les sujets du lien social, de la consommation, de l’autonomie énergétique, de l’autogestion, de désobéissance civile. Comme pour beaucoup d’assemblée le long de notre route, les habitants ont été séduits par le principe et nous on dit qu’ils essayeraient d’organiser des assemblées plus régulièrement.

Après avoir partagé un bon plat de pâte, l’assemblée se termine mais les gens continuent à discuter de manière informelle. Nous finissons par aller boire un coup chez Bastien, avec Patou et quelques autres personnes très sympatiques. On abandonne finalement l’idée d’aller faire un feu autour du lac. A force de se voir déconseiller fortement d’aller dormir là-bas, nous décidons de prolonger ce moment de partage et d’échange en restant dormir chez lui. La soirée se termine donc à 2 heures du mat’ sur les rythmes jazzy.
La voiture de soutient raccompagne une marcheuse à la gare… Lorsqu’on récupère le vélo, comme par magie: « Il a ressuscité !! » . Merci à Will et Marie !


De Catus à Gourdon, étape 10 (publié le 22 mars 2012)

Réveil agréable dans le village de Catus. Les cafés sont prêts, le vélo subit quelques petits réglages de dernière minute.
Il suffit d’ouvrir la porte de cette humble demeure pour se retrouver à l’entrée du marché qui se tient tous les mardi matin. Nous y croisons quelques personnes présentes à l’assemblée de la veille avec qui nous discutons quelques minutes. Une voisine nous fait même le plaisir de chanter un joli poème sur le printemps.
Le petit déjeuner se fait en vitesse car nous sommes encore à la bourre.Concernant la météo, il fait frais mais le ciel est bleu, un temps parfait pour entamer nos 27 kilomètres du jour.



Après une bonne dizaine de kilomètres de marche, la pause s’impose. Les quelques restes des repas précédents feront l’affaire. L’après-midi s’annonce longue, c’est pourquoi, nous ne traînons pas à nous remettre en route. Les trois marcheurs sont pris par la musique ; ils sillonnent les routes en chantant vers Gourdon. Ca siflotte, ça discute, puis… ça drache.



Heureusement, l’averse est de très courte durée, les longues descentes sont quand à elles interminables. Nous approchons de plus en plus de notre destination, une dame qui nous a reconnu nous indique comment nous rendre à notre lieu de rendez-vous. Un peu avant 18h, des médias locaux nous interrogent dès notre arrivée.



Merzouk est notre principal contact sur place, et il a fait un super travail de diffusion et de communication puisque plusieurs curieux sont là pour nous accueillir.
Des gendarmes sont aussi au rendez-vous. Dans le cadre du plan vigipirate écarlate, ils doivent « assurer notre sécurité » et pour ce, rester avec nous jusqu’à 20h. Madame le maire, tout comme certains habitants rejoignent le groupe afin de discuter en aparté, avant de commencer une assemblée populaire marquée par cette présence policière ainsi que par l’enregistrement des débats par une journaliste. Cette fois ci les discussions démarrent rapidement, d’abord autour de la question de la constituante, des textes de lois, de politique en générale… On en profite pour lire le texte de la déclaration des marcheurs vers Bruxelles.
Lors de la seconde partie de l’assemblée, qui se déroule dans une salle à quelques mètres, on parle d’ internet, et du le fossé entre les générations. Pendant ce temps, les plats tournent : salade, patates, soupe. Tout cela se termine aux alentours de 22h30, ce qui n’empêche pas certaines personnes de rester afin de prolonger certains échanges.

 

On se couche à l’abri dans cette salle… Avant tout parce qu’il fait froid dehors et que nous souhaitons garder nos forces, et non pas pour respecter la directive du plan vigipirate écarlate interdisant les manifestations sur la place publique. En effet même si l’acte du tueur de Toulouse est inhumain, nous ne voulons pas rentrer dans le jeu des médias et du climat de peur qu’ils diffusent en boucle. Merci à Julien et Nico, de l’ Association Animarts, qui nous font confiance, car la salle est pleine de matériel pour le festival du printemps du rock, qui se déroulera à Gourdon Vendredi 26 et Samedi 27 Mars.




...sur la tuerie de Toulouse

Les Indigènes de la République | vendredi 23 mars 2012

Le point du vue du PIR sur la tuerie de Toulouse

par PIR



Dans la semaine qui vient de s’écouler, Mohamed Merah qui se revendiquait d’Al Qaida, a commis plusieurs assassinats à Montauban et Toulouse, blessant gravement un soldat martiniquais actuellement dans le coma, et tuant trois militaires maghrébins et quatre personnes juives dont trois enfants. Quelles que soient ses justifications, s’agissant particulièrement des enfants, nous condamnons cet acte de la façon la plus ferme et tenons à exprimer aux familles maghrébines, juives et antillaises qui pleurent leurs proches, qu’auprès d’elles, nous sommes en deuil.

Nous ressentons également de la colère et de l’amertume contre l’acte de ce jeune homme qui prétendait agir pour les causes palestinienne et afghane. Par son acte il dénature la finalité de ces justes causes, en brouille le message et renforce le camp qu’il prétend combattre. À un mois de la présidentielle, sa folie meurtrière d’une part redynamise la campagne de Nicolas Sarkozy et celle de Marine Le Pen et dans le même mouvement fragilise les efforts du mouvement anti-raciste et anti-impérialiste dans sa lutte acharnée pour la justice et la liberté.


Cependant, il serait inconséquent de croire que les délires vengeurs de Mohamed Merah viennent du néant. La terrible violence qu’il vient de manifester s’est nourrie depuis des années de la raison froide des guerres meurtrières menées par les grandes puissances en Afghanistan, en Irak et ailleurs, avec le soutien de l’Etat d’Israël. Comment pouvait-on ne pas prévoir qu’un jour tout cela mènerait à des actions violentes dont les Français juifs, constamment identifiés par la propagande israélienne au sionisme, seraient la cible ? C’est pourtant ce lien qu’il faut briser pour empêcher les amalgames entre Juifs et Israël. Et c’est là que réside l’honneur du mouvement antisioniste : œuvrer pour la libération des Palestiniens mais aussi des Juifs.

Comment pouvait-on ignorer que l’islamophobie croissante qui s’exprime ad nauseam, jusqu’à devenir cette année un argument électoral majeur, finirait par inciter certains partisans de groupuscules violents à passer à l’acte ? Cet arrière-plan idéologico-politique ne pouvait être ignoré. Déjà on cherche à instrumentaliser ce crime, déjà reprennent les amalgames comme le fait de manière scandaleuse le Crif qui, depuis qu’a été révélée l’identité du meurtrier, renonce à la marche qui devait être organisée avec des organisations musulmanes. On ne manifeste pas avec des coupables ! C’est là une attitude honteuse vis-à-vis des victimes, irresponsable et dangereuse. La juste émotion soulevée par cette tragédie ne doit en aucun cas devenir l’otage d’intérêts politiciens ou lobbyistes. Ce doit être au contraire l’occasion pour la société française de méditer collectivement les ravages de choix politiques nationaux et internationaux contraires au bien commun. Anders Behring Breivik et Mohamed Merah ne sont pas des accidents en terre d’Europe. Ils sont l’expression de l’incroyable désordre généré par le système impérialiste et raciste. Ils en sont à la fois des conséquences et des symptômes. En ce sens, Breivik et Merah sont bien des produits de l’Europe.

Le PIR

Gramat : Manifestation "Bèdes-in" 24/03

Le Lot en Action | 23 mars 2012
 
Manifestation à Gramat, le samedi 24 mars à partir de 10h

Le CEA de Bèdes fait partie des Installation Nucléaire Base Secrète (INBS) et la loi de 2006 prévoit une commission d’information

Opération Bèdes-in : faisons l’amour, pas la guerre

Un collectif citoyen s'est constitué à l'initiative de plusieurs associations dont « Groupe Sortir du nucléaire Lot » et « Mouvement Citoyen Lotois pour Sortie Du Nucléaire » afin de demander la création d'un Commission d'Information (CI), dans le but d'assurer une information publique transparente sur les problèmes de sureté que pose le CEA/CEG, le Centre d'Études de Gramat. Ce centre militaire, sous tutelle du Commissariat à l'Énergie Atomique, est en effet répertorié par l'Autorité de Sureté Nucléaire de Défense (ASDN) comme Installation Nucléaire de Base Secrète (INBS).

Compte-tenu des risques inhérents à ce type d'installation, et malgré leur caractère militaire, les INBS sont également soumises à une obligation de transparence. À cet effet, la loi prévoit qu'une Commission d'Iinformation soit constituée, regroupant quatre types de membres : les associations de protection de l’environnement, les représentants de l’État et des collectivités locales, les autorités militaires et les exploitants, comme le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Ce mercredi 21 mars 2012, le Collectif a adressé un courrier à l'attention du Préfet du Lot et des autorités militaires compétentes afin de faire valoir cette demande.

Une manifestation "Bèdes-in" sera organisée samedi 24 mars à Gramat, à l'occasion d'une journée nationale d'actions portée par le Mouvement de la Paix. Nous invitons les associations et les citoyens à y participer. Rendez-vous à partir de 10h, le samedi 24 mars, place de la République à Gramat. Nous informerons le public en distribuant des tracts autour d’un lit, reprenant ainsi symboliquement l’image mythique de John Lenon et Yoko Ono lors de leur opération Bed-in au printemps 1971 en faveur de la paix.



Le collectif citoyen
Groupe « Sortir du nucléaire Lot »

Contact postal : Pierrette Dhermy, route de Couzou, 46500 Gramat

Contact presse : Patrick Quemper : 05 65 34 29 17 / 06 87 67 98 21

Affaire Merah : une sombre histoire

Vive la Révolution | 23 mars 2012


Toulouse - 23 mars 2012 - Ils ont fait taire Mohamed Merah !

Le meurtre de Mohamed Merah à Toulouse expliqué par Jean-Michel Vernochet le 22 mars 2012 (vidéo 10’19)


La Chine a dénoncé effectivement une manipulation



Qu'en est-il, par ailleurs du fameux tatouage (ou cicatrice) sur le visage de Mohamed Merah?
voir les photos..




etc. La suite sur Vive la Révolution...

22 mars 2012

Meurtres de Toulouse et langage de haine des politiciens français

The Guardian | par Fiachra Gibbons | lundi 19 mars 2012


Photographie: Aksaran / Gamma-Rapho via Getty Images
Les meurtres de Toulouse sont survenus à un moment où les politiciens français utilisaient un langage de haine. Au cours des dernières années de récession et de régression, il est devenu un truisme banal de la politique européenne de considérer que vous ne pouvez pas vous fourvoyer en allant plus à droite. 
Les politiciens à travers le continent ont trouvé une nouvelle formule magique de succès et de survie électorale en jouant sur la peur des étrangers et en particulier de l’islam - le clin d’œil et l’acquiescement qui veulent dire que l’immigration serait à l’origine de notre déclin économique et social. Ce n’est en aucun cas exclusivement un vice de droite. Quiconque a entendu le parti travailliste néerlandais récemment aura des difficultés à se démarquer du démagogue Geert Wilders. Jusqu’à aujourd’hui, ils auraient pu essayer de faire valoir qu’il n’y avait pas de mal à cela, que c’est même sain, un rééquilibrage de la balance après deux décennies à se mordre la langue et à ramper dans le politiquement correct. 
Les ondes françaises ont été remplies d’une telle laideur équivoque ces dernières semaines alors que Nicolas Sarkozy a fait sauvagement vaciller son parti vers la droite dans une tentative de sauver sa peau en affirmant qu’il y avait "trop d’immigrés en France" et en attisant "l’islamophobie" par une affirmation ridicule prétendant que les Français seraient secrètement contraints de manger halal, son premier ministre François Fillon ayant même affirmé que les Juifs et les Musulmans devraient renoncer à leurs lois alimentaires et embrasser la modernité. 
Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur qui a pris le contrôle personnel de l’enquête, a été le plus constant des xénophobes, le champion de "la supériorité de la civilisation chrétienne européenne" aux "cultures inférieures" qui forcent leurs femmes à se couvrir - oui, les Juifs et les Musulmans pratiquants, voulait-il dire. 
Le summum est venu la semaine dernière, lorsque le nouveau responsable de l’immigration de Nicolas Sarkozy Arno Klarsfeld - ironiquement le fils aîné du "chasseur de nazis" Serge Klarsfeld - a appelé à construire un mur entre la Grèce et la Turquie pour sauver l’Europe des envahisseurs barbares. 
Aujourd’hui à Toulouse nous a été donnée une illustration horrible du point où un tel cynisme délirant peut nous entraîner. Tous ceux qui ont été flingués ou tués dans et autour de la ville au cours des huit derniers jours ont une chose en commun. Ils sont issus de "minorités visibles". Ils avaient des noms ou des visages qui les balisent comme n’étant pas descendus, comme Jean-Marie Le Pen le dirait, de "nos ancêtres les Gaulois". Leurs origines – tout aussi bien juives que musulmanes - étaient au Maghreb ou dans les Caraïbes. Ils étaient, en somme, un instantané de "la France métissée" - les métis, immigrant en France qui travaillent dur et "se lèvent tôt" pour vider les poubelles et s’occuper de leurs enfants ; les personnes qui meurent de manière disproportionnée pour la France mais qui sont également le plus souvent enfermés dans ses prisons et ses banlieues délabrées. Comme un père l’a dit ce matin, alors qu’il étreignait son fils, en le sortant de l’école, "Ils nous attaquent parce que nous sommes différents." Les policiers sont encore loin sinon de le capturer, tout au moins de comprendre, ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui peut attraper une petite fille par les cheveux afin de ne pas gaspiller une seconde balle pour l’atteindre. Mais certaines choses sont déjà évidentes. Il n’a pas crié de slogans djihadistes ou antisémite, vaquant froidement à ses affaires macabre, de façon militaire curieusement semblable à Anders Behring Breivik, le tireur norvégien qui a massacré 77 personnes dans un camp d’été de Démocrates sociaux l’été dernier. 
Comme pour Breivik, les politiciens seront prompts à arriver à la thèse du fou solitaire. Un autre fou solitaire influencé par rien d’autre que son propre esprit distordu, comme le gang solitaire de néo-nazis qui ont discrètement tué des Turcs et des Grecs en Allemagne depuis des années sans être dérangés par la police, qui préférait mettre les meurtres sur le compte de querelles ou de crimes d’honneur. Quel pourrait être le lien, demandent-ils, entre des enfants juifs et des militaires français ? Le lien est qu’ils sont perçus tous deux - et pas seulement par une frange d’extrême-droite – comme des symboles de tout ce qui a saboté "la France forte", pour emprunter le slogan électoral de Nicolas Sarkozy. Des écoles confessionnelles, qu’elles soient juives ou des madrasas informelles du week-end, sont perçues comme sapant activement la "République laïque" par des groupes d’activistes comme le Bloc Identitaire et le Front national, ainsi que certains membres de l’UMP de Nicolas Sarkozy, et même certains à gauche. 
Un homme noir ou un Musulman, en particulier d’origine algérienne, dans un uniforme de parachutiste touche un nerf sensible chez la vieille garde de l’extrême droite. Ce sont des parachutistes qui ont fait la majeure partie de la sale besogne pour tenter de garder l’Algérie française, et qui ont également tenté d’évincer le Général de Gaulle quand il s’est opposé à eux. 
Aujourd’hui, c’est le 50e anniversaire de la fin de cette guerre qui a laissé plus d’un million de morts et deux pays tordus et contorsionnés par sa douleur de manière à peu près égale et opposée. Pas même Sarkozy, qui a le plus à perdre politiquement consécutivement à ces meurtres, n’essaie de cacher le lien entre la race et la religion. Tout comme il a fait écho au vieux slogan du Front national "Aimez la France ou quittez-la", puis a nié l’avoir jamais dit, il a appelé hier le peuple français à se dresser "contre la haine", après avoir passé les derniers mois à l’attiser de manière maniaque. Nous verrons dans les 34 prochains jours s’il sera balayé par la tempête qu’il a contribué à initier.

m.guardian.co.uk


 

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