Par Gérard Filoche | 30 avril 2013 | Son blog
Présenté par la gauche socialiste, voici le texte sur l’Europe « interdit » d’être soumis au vote des militants PS
Mardi 30 avril au soir, le BN du PS a vote contre
la prise en compte, la diffusion et la présentation au vote des
militants du texte de la gauche socialiste, #quevivelamotion3 D&S.
C’est une première ! La majorité du BN a eu peur que ce texte ne soit majoritaire parmi les militants (comme en 1996 !)
Elle a
tout simplement voté pour qu’il ne paraisse pas et ne soit pas pris en
compte. Ce refus de débat démocratique est scandaleux et inadmissible :
il altère gravement les termes du débat pourtant si nécessaire dans les
rangs du parti sur l’Europe. Notre texte avait une forte cohérence
d’ensemble.
C’est un
changement de règle du jeu de dernière minute car dans sa circulaire
n°1387 du 17 avril, Harlem Désir prévoyait bien le dépôt de plusieurs
textes le 30 avril en BN :
La
circulaire n°1387 objet Convention nationale sur l’Europe, signée par
Désir, Bachelay, Cambadélis, Fontanel, Trautmann et Grandguillaume
stipulait page 3 : mardi 30 avril 2013 : Enregistrement par le Bureau
national du texte soumis au débat (événtuellement des textes et / ou
amendements) avant la mise en ligne sur le site et transmission aux
adhérentes du Parti dans la semiaine du 13 mai, au plus tard.
Nous ne
laisserons pas le silence étouffer ce texte, nous le diffusons ici. Le
débat aura lieu. Nous avons re- decoupé ce texte en amendements. Même si
Harlem Désir a été tenté de limiter le nombre de signes, ces
amendements seront quand même soumis au vote le 6 juin parmi les
militants, pour la convention « Europe » du 16 juin.
Europe : le sursaut, c’est urgent !
Parce
que nous aimons l’Europe, parce que nous l’avons rêvée, voulue et
construite nous n’acceptons pas son orientation actuelle. Comme nous,
nos concitoyens sont inquiets. Le chômage et la précarité explosent et
le pouvoir d’achat baisse. Les politiques d’austérité, que des
institutions non démocratiques imposent aux Etats, créent un climat de
défiance à l’endroit de l’Europe.
L’Europe
s’est construite sur un rêve de prospérité partagée. Elle est
aujourd’hui l’otage de politiques néo-libérales et de dérives
technocratiques qui l’ont affaibli. On en connaît les conséquences :
accroissement des inégalités, remise en cause en cause du modèle social
acquis de haute lutte par les mouvements ouvrier et progressistes,
démantèlement des capacités d’intervention de la puissance publique,
réduction du périmètre des services publics.
Les
peuples eux aussi sont mis en concurrence. Ils subissent l’austérité,
inacceptable et dangereuse. Aucune solidarité effective, aucun projet
commun ne donne sens à ce qui doit être la grande ambition progressiste
du 21eme siècle. L’intégration politique fait du surplace.
Les principes
démocratiques de base sur lesquels l’Europe s’est fondée sont également
remis en cause : la troïka, qui impose ses choix à une grande partie de
l’Europe, sans aucune légitimité, sans rendre de comptes à quiconque,
en est l’illustration la plus criante.
La
faiblesse persistante de la croissance, la désindustrialisation
globale, la domination de la finance sur l’économie réelle ne tombent
pas du ciel. Elles sont la conséquence de choix économiques et
politiques impulsés par les conservateurs et les libéraux. Ils ont
accéléré l’accumulation de la dette publique. Les sociaux-démocrates ont
eux-mêmes parfois accompagné cette spirale.
On
nous avait promis l’Europe prospère, elle est austère. On attendait
l’Europe démocratique, elle continue à être oligarchique. Quant à
l’Europe sociale, elle est sortie des priorités.
Une alternative est possible.
Pour réussir, le combat européen que nous menons doit être assumé
politiquement par notre Président, par notre Parti. François Hollande a
raison lorsqu’il se dit prêt à une « tension amicale » avec la droite
allemande. La confrontation avec les droites européennes est nécessaire.
C’est aujourd’hui qu’il faut construire un rapport de force avec les
conservateurs, à commencer par leurs chefs de file Madame Merkel et
Monsieur Cameron.
Les critiques convergent contre les politiques d’austérité. Les peuples en premier lieu, mais aussi désormais, le FMI, l’OCDE, le
BIT, des économistes de toutes origines et plus récemment le
commissaire général à l’investissement, ont tous pointé la nécessité
d’une relance coordonnée en Europe. Ailleurs, certains pays ont osé
franchir le pas comme les Etats-Unis ou le Japon qui font le choix de la
relance. Plus récemment encore c’est le Gouvernement de coalition des
Pays-Bas qui a mis un coup d’arrêt à l’austérité sous l’utile pression
des partenaires sociaux.
Si
la gauche ne propose pas au plus vite une réorientation profonde et
radicale de la construction européenne, c’est l’Union qui sera bientôt
en danger. Le sursaut en Europe, c’est urgent.
1. La question sociale avant tout : vers un Traité Social Européen.
L’emploi
et le pouvoir d’achat sont la préoccupation première de nos
concitoyens. Malheureusement, la question sociale est restée à la
remorque de la construction européenne. La lutte contre le chômage et
les inégalités doit être la priorité de la prochaine étape de la
construction européenne. Le « traité social européen », notamment porté
par la confédération européenne des syndicats (CES) doit donner pour
buts aux politiques communautaires l’amélioration des conditions de vie
et de travail, la qualité des emplois, la lutte contre les
discriminations à l’embauche et dans les rémunérations, le dialogue
social, le développement durable. Il doit garantir à tous les salariés
dans l’Union européenne les droits fondamentaux que sont les droits du
travail et le niveau de protection sociale, et instaurer le principe de
la clause la plus favorable.
Mais
surtout, et là est l’urgence, il doit fixer un cadre de convergences
progressives vers le haut des standards sociaux les plus importants
comme la durée légale du travail, le salaire minimum. La création d’un
SMIC dans chaque pays est importante mais ne saurait suffire pour
combattre le dumping social. L’écart entre les SMIC doit être réduit
pour se rapprocher du taux le plus élevé.
Dans
le cadre des traités existants, il faut interdire les pratiques de
rémunération selon le « principe du pays d’origine » que la défunte
directive Bolkestein voulait consacrer. Il faut exiger
l’application de la directive « travailleurs détachés » et fixer un
principe clair : l’obligation de respecter les lois et conventions
collectives du pays où s’effectue le travail.
2. Suspendre le pacte de stabilité : la croissance et l’emploi d’abord.
La
priorité à la question sociale va de pair avec l’impératif de relance
de l’économie. Malheureusement, le pacte de stabilité et le TSCG sont
deux verrous qui interdisent désormais aux gouvernements de disposer des
moyens d’action nécessaires pour faire face à la crise. Le pacte de
stabilité doit être immédiatement suspendu. Le rythme de réduction des
déficits imposé par la Commission européenne finira par provoquer des
coupes sombres dans des dépenses publiques et sociales essentielles.
L’austérité a démontré son inefficacité: elle contribue à augmenter la
dette, pas à la réduire. Les peuples, les Etats et l’Union ne
survivraient pas à la poursuite de cette politique suicidaire.
Le pacte de stabilité doit ensuite être réformé. Les dépenses d’investissements doivent être exclues du calcul des déficits, son fonctionnement doit rejeter la logique de sanction et introduire celle de coopération. Le dogme du 3%, chiffre sans aucune valeur économique, doit être aboli. Le
calendrier de réduction des déficits doit être réaliste et tenir compte
du cycle économique et de la nécessité de lutter contre le chômage.
3. Liquider la dette indigne : la BCE doit prêter directement aux Etats
Dans
tous les pays européens, la montée de la dette publique est en premier
lieu liée au déploiement des politiques de l’offre, centrées sur la
baisse conjointe des dépenses publiques et des impôts. Les mesures
fiscales favorables aux plus aisés ont essentiellement favorisé
l’épargne des riches et n’ont pas provoqué l’effet annoncé sur la
croissance. Il en a résulté une baisse des recettes fiscales et une
montée des déficits. La crise a en second lieu fait exploser la dette à
partir de 2008. Renonçant à prêter directement aux Etats, les banques
centrales ont prêté aux banques qui elles même ont prêté aux pays avec
des taux d’intérêt exorbitants, s’enrichissant au passage sur le dos des
contribuables et des citoyens. Ces taux d’intérêt particulièrement
élevés ont été des éléments déterminants de l’explosion de
l’endettement. Une large part des dettes souveraines peuvent être ainsi
considérées comme « illégitimes ».
Le
ralentissement de l’activité a encore amenuisé les recettes fiscales
tandis que la socialisation des pertes des banques, responsable de la
crise financière, a mis à contribution les finances publiques et les
contribuables. Les rentiers, détenteurs de la dette publique et privée,
ont doublement profité de cette situation. Ils ont tout d’abord bénéficié
des baisses d’impôts qui ont creusé les déficits. Ils ont ensuite
touché les intérêts de la dette qu’ils détiennent… et qui a financé les
cadeaux fiscaux dont ils ont profité pour spéculer. Nos concitoyens ont
bien de quoi s’indigner ! Une grande partie de la dette est une dette
indigne, causée par des politiques qui sont à l’origine de la crise et
qui continuent à être vantées par des promoteurs n’ayant de cesse de
mettre cette crise sur le dos d’un modèle social européen trop coûteux !
C’est cette dette indigne, à laquelle il faut s’attaquer.
Au-delà,
Il faut distinguer la bonne dette, celle qui finance le modèle de
développement durable, de cette mauvaise dette. Cela justifie que, dans
de nombreux pays, il faille restructurer la dette pour libérer des
ressources nécessaires au financement de l’économie réelle. Et en tout
cas, le temps est venu d’imposer aux banques centrales et à la BCE de
prêter à nouveau directement aux Etats.
Le sort
réservé aux peuples grecs, irlandais, portugais et espagnols est
inacceptable. Les « plans de sauvetage » de ces pays ne sont que des
plans de sauvetage des grandes banques européennes détentrices des
titres de leurs dettes publiques. Ce sont les peuples qui paient la
facture avec les véritables plans de destruction sociale que leur impose
la Troïka (Banque centrale européenne, Union européenne et FMI) : le
chômage frappe 27 % de la population en Grèce et en Espagne, 17 % au
Portugal, le niveau de vie moyen de la population a baissé de 35 %
depuis 2009 en Grèce.
4. Un véritable plan de relance européen
Les
« réformes structurelles » prônées par les conservateurs et les
libéraux sont impuissantes face à la récession. Elles ont même entretenu
une logique de déflation salariale qui a tué la demande intérieure
européenne. Un New deal européen est désormais à l’ordre du jour. Il
doit s’articuler de politiques de soutien à la reprise adaptées à chaque
Etat et d’un plan de relance à l’échelle européenne. Le retour de
l’intervention de la puissance publique à tous les niveaux est d’autant
plus nécessaire pour financer et planifier la transition écologique.
Il
faut permettre à tous les pays de la zone euro de s’orienter vers la
relance en faisant sauter les verrous budgétaires qui enferment leurs
moyens d’action. En étant coordonnées, les mesures de soutien dans
chaque Etat seraient nettement plus efficaces.
La
relance doit également opérer à l’échelle Européenne, pour financer la
convergence vers le haut de tous les pays et relancer la croissance dans
toute l’union. Le pacte de croissance doit se concrétiser. Pour cela,
des euro-obligations pour financer les investissements d’avenir doivent
être mise en œuvre. Le capital de la Banque Européenne d’Investissement
doit être augmenté, pour lui permettre de développer ses activités de
financement de la croissance. Alors que l’épargne est abondante dans
certains pays, l’UE doit pouvoir recourir à l’emprunt pour financer ses
grands investissements, en particulier pour la transition énergétique, et
lutter contre les inégalités territoriales et sociales. L’emprunt,
comme instrument majeur du développement et de la croissance en Europe,
s’impose comme la contrepartie logique à la mise en œuvre de
l’harmonisation fiscale et sociale.
5. Refuser la baisse du budget européen
En
cohérence avec la volonté affirmée du Président de la République d’une
relance macro-économique européenne au service de la croissance et de
l’emploi, nous appelons les socialistes européens et notamment nos
eurodéputés à refuser par leur vote le budget en baisse pour la première
fois, imposé par les gouvernements conservateurs. Ce
veto rouvrira la discussion sur la base du budget 2013, moins
restrictif que celui actuellement proposé par le Conseil et imposera
l’ouverture, dès 2014, année du renouvellement du Parlement européen, du
débat sur la levée de ressources propres nouvelles et pérennes,
financées par des impôts européens, voire, ultérieurement par des
emprunts fédéraux.
Le
budget européen représente seulement un pourcent du PIB de l’UE. A
termes, la construction d’une Europe de la croissance et de l’emploi
implique la mise en place d’un vrai budget d’intégration solidaire,
représentant au minimum 5% du PIB européen.
La
taxe sur les transactions financières doit être le premier de ces
impôts européens. Celle-ci doit être élargie à tous les pays. D’autres
ressources propres doivent être créées. Ces dernières pourraient
provenir de la lutte contre la fraude fiscale, de la taxation des
kilomètres parcourus par les poids lourds, ou encore de la taxation
carbone aux frontières de l’UE.
6. Fiscalité : Une seule solution, l’harmonisation
Les
Socialistes doivent initier un projet européen fiscal, fondé sur la
détermination de règles d’harmonisation et sur le transfert d’impôts
nationaux vers des impôts européens, au service d’un budget européen.
Pour
stopper la concurrence fiscale, il faut harmoniser les fiscalités
européennes. Comme nous l’avons fait pour les monnaies, il faut mettre
en œuvre un serpent fiscal européen qui rapproche progressivement les
niveaux d’imposition. Il serait fondé sur :
- un taux plafond de TVA (impôt consommation) pour éviter une dérive à la hausse de cet impôt injuste ;
- une
harmonisation de l’assiette consolidée de l’impôt sur les sociétés et
la définition d’un taux minimal d’imposition des sociétés, pour stopper
la course à la baisse et au dumping ;
- l’affectation d’une partie du produit de cet impôt au budget européen
- une
obligation de déclarer revenus et bénéfices réalisés dans les paradis
fiscaux pour toutes les entreprises et une harmonisation des règles et
procédures dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale ;
- Un FACTA européen
- une harmonisation des bases d’imposition, pour définir des règles communes et permettre la revalorisation
du budget européen par la création d’un ou plusieurs impôt(s)
européen(s) renforçant l’intégration européenne et ses marges de
manœuvre.
7. Mettre la BCE au service de l’économie réelle
Par
la force des choses, la BCE est intervenue au cours de la crise, dans
les limites autorisées par ses statuts, pour éviter une panne générale
de liquidité et enrayer la spéculation sur les dettes souveraines. Pour
autant, une réforme de la politique monétaire européenne et des statuts
de la BCE doivent doit faire de la croissance et de l’emploi les
objectifs prioritaires de la BCE, dans le respect de la recherche d’une
inflation contrôlée. L’indépendance absolue de la BCE est sans aucun
équivalent dans le monde. Les socialistes doivent promouvoir l’idée
d’une BCE responsable devant des institutions communautaires
démocratiques.
La
BCE doit pouvoir acheter directement lors de leur émission les titres
des dettes publiques des Etats-membres de l’Union européenne, sans que
ces Etats aient à subir les « conditionnalités » prévues par le
Mécanisme européen de stabilité, c’est-à-dire les plans de destruction
sociale qui frappent la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et
demain Chypre. C’est ce que font d’ailleurs toutes les banques centrales
dans le monde, la Réserve fédérale des Etats-Unis, la Banque du Japon
comme la Banque d’Angleterre.
8. Mettre fin à l’euro surévalué
L’action
de la BCE peut aussi influencer le taux de change de l’euro face au
dollar. Pour autant, la politique de change ne relève pas du champ de
compétence de la BCE. C’est aux Etats, au sein du Conseil, que revient
la mission de fixer le taux de change de l’euro. Le débat sur la
politique de change de l’Union est malheureusement resté interdit. Or la
surévaluation de l’euro nuit à l’économie et à l’emploi dans la plupart
des pays de la zone euro. L’euro ne saurait être une monnaie au service
des seuls pays qui réalisent des excédents commerciaux et qui entendent
préserver le patrimoine de leurs épargnants grâce à une monnaie trop
forte.
La France doit en premier lieu proposer une politique de change à ses partenaires, pour rééquilibrer la parité
avec le dollar mais aussi le yen et le yuan au service de nos
exportations. Elle doit non seulement demander que ce point soit mis à
l’ordre du jour d’un sommet européen exceptionnel et d’ici fin 2013 mais
également présenter un mémorandum visant à stopper la politique de de
l’Euro fort, de l’Euro surévalué.
A
ceux qui défendent la déflation salariale, une baisse de 10% de la
valeur de l’Euro serait plus efficace qu’une baisse équivalente des
salaires. (à revoir)
8. Encadrer le libre-échange, refuser le traité transatlantique.
La politique de change est un instrument de politique commerciale, au même titre que Les barrières au libre-échange incontrôlé.
Le libre-échange sans précaution a
accru le phénomène des délocalisations. Il entretient une pression à la
baisse sur les salaires et mis en cause la protection sociale des pays
où le modèle social est le plus avancé. Nous devons tirer les
conséquences de cette concurrence déloyale. Il faut réaffirmer la
nécessité d’un tarif extérieur commun aux frontières de l’Europe en
définissant les critères sociaux et environnementaux nécessaires pour
préserver notre modèle social, la qualité de la vie et des emplois
rémunérés à leur juste valeur.
Il
est temps de proposer un accord européen sur la régulation des échanges
de l’UE avec ses partenaires qui permettent l’instauration d’écluses
sociales et fiscales.
Il
est nécessaire d’avancer vers la taxation du bilan carbone, favorisant
de fait les productions les plus écologiques et les plus proches. La
création d’une Organisation européenne du commerce, soumettant au
Parlement européen des propositions de mise en place de principes de
protection (normes, taxes, quotas…) secteur par secteur, permettrait
d’harmoniser les normes environnementales.
Il
faut enfin suspendre les négociations pour un accord transatlantique.
L’industrie européenne n’a rien à y gagner et beaucoup à y perdre. Les
Etats-Unis viennent d’injecter des fonds publics considérables pour
soutenir certains de leurs secteurs industriels qui, une fois
modernisés, seront prêts à conquérir le marché européen. Pendant ce
temps-là, L’Europe interdit les aides directes aux entreprises.
La mise
en œuvre de l’accord transatlantique va à l’encontre du projet d’une
Europe forte et indépendante dans un monde multipolaire. Elle ne saurait
tomber dans le piège d’une alliance dite occidentale en face des pays
émergents.
D’autres
voies de coopération avec les Etats–Unis peuvent être promues mais
l’accroissement du tout-concurrence n’est pas acceptable. Entrer dans la
négociation nous amènerait à terme à renoncer à une destinée commune
aux Européens. Instruits par l’expérience, nous savons que poser les
conditions ne permet pas d’aboutir à un accord équitable.
Le droit
du travail doit être considéré comme un élément constitutif du droit de
la concurrence. La construction d’une véritable organisation
européenne, sur le modèle de l’OIT, est indispensable.
9. Renouer avec l’ambition industrielle pour un développement durable
L’Union
doit investir puissamment dans les secteurs d’avenir, en particulier
dans les activités à haute valeur ajoutée de la nouvelle économie de la
connaissance, développer des infrastructures transeuropéennes d’énergie
propre, de transport et de communication. Elle doit favoriser le
déploiement d’une politique industrielle, entravée par la logique d’une
« concurrence libre et non faussée » dogmatiquement imposée.
Cet
Etat stratège européen doit permettre la transmission dans les
territoires, notamment à travers la politique régionale, des
orientations décidées en commun, avec pour règle de n’abandonner aucun
territoire, aucune région.
Par
ailleurs, une véritable politique industrielle doit également assurer
une bonne gestion des secteurs plus traditionnels afin d’anticiper les
restructurations et mettre en place à temps des programmes de
reconversion des bassins industriels, en associant les partenaires
sociaux et tous les acteurs concernés.
Il
est donc indispensable de repenser complètement la politique
industrielle. Tout d’abord en révisant complètement le régime des aides
d’Etat et des règles de concurrence, pour permettre l’émergence de
grands groupe européens capables d’affronter leurs homologues dans la
concurrence mondiale et maintenir des emplois dans l’UE, d’autre part au
sein des Etats membres en particulier pour les PMI afin d’assurer
l’émergence de secteurs innovants, où l’investissement long terme est
indispensable. Cela doit aussi être permis pour assurer la mutation
industrielle dans des domaines où se manifeste un déséquilibre des échanges et une sur-importation.
10. En Europe aussi, « notre adversaire, c’est la finance » !
Une
directive bancaire est actuellement à l’étude. Il est indispensable
qu’elle ne soit pas en retrait par rapport au rapport Liikanen.
Les socialistes doivent œuvrer en ce sens et exiger un dépôt rapide par la commission de ces textes.
Seules
pourront bénéficier de la garantie publique, les activités bancaires
directement utiles à l’économie. En France, par exemple, ces activités
représentent 22% des activités des « banques universelles » dont le
désastre chypriote vient de démontrer une nouvelle fois l’extrême
dangerosité : 12% pour le financement des ménages et 10% pour le
financement des entreprises.
On
ne saurait par ailleurs accepter que soit différée la mise en œuvre de
l’Union bancaire. La plus grande vigilance s’impose pour l’ensemble des
marchés financiers en particulier ceux du « secteur bancaire parallèle »
comme les fonds monétaires, les assureurs ou les fonds alternatifs qui
prospèrent sans être réellement régulés et taxés. Ils constituent un
risque de déflagration qui menacera nos économies avec autant de force,
si ce n’est plus encore, que la crise bancaire récente.
11. Une Union démocratique, par et pour les citoyens
Aujourd’hui,
la crise en Europe s’est muée en crise de l’Europe. Il faut d’urgence
organiser le saut démocratique qui restaure une capacité réelle des
peuples à peser sur les décisions. Il est donc essentiel de
renforcer les pouvoirs du Parlement européen et de mieux associer les
parlements nationaux. Afin d’assurer l’effectivité de la légitimité
démocratique du Parlement européen, ce dernier doit nommer la Commission
selon les résultats issus des urnes des élections européennes. De même,
il faut en finir avec la désastreuse cogestion parlementaire qui
brouille le clivage droite-gauche et faire en sorte que la Gauche
sociale-démocrate européenne présente son propre candidat à la
Présidence de la Commission.
Le parlement européen doit être représentatif de la réalité démographique des différents pays. On ne peut continuer
Le
rôle de co-législateur du Parlement européen doit être étendu à tous
les domaines, la règle de l’unanimité au Conseil des ministres abolie.
Les Parlements nationaux doivent être pleinement associés aux décisions
budgétaires majeures, telles que les programmes de stabilité et les
programmes de réforme.
Les
changements de traités doivent faire l’objet d’une Convention, dans
laquelle les citoyens sont représentés par leurs élus directs au
Parlement Européen. Les peuples doivent pourvoir les ratifier par
référendum.
Aujourd’hui,
la crise en Europe s’est muée en crise de l’Europe. Il faut d’urgence
organiser le saut démocratique vers une Europe fédérale et progressiste.
Il est donc essentiel de renforcer les pouvoirs du Parlement européen.
Afin d’assurer l’effectivité de la légitimité démocratique du Parlement,
ce dernier doit nommer la Commission selon les résultats issus des
urnes des élections européennes. De même, il faut en finir avec la
désastreuse cogestion parlementaire qui brouille le clivage
droite-gauche et faire en sorte que la Gauche sociale-démocrate
européenne présente son propre candidat à la Présidence de la
Commission.
L’Europe
ne peut fonctionner comme un espace diplomatique, dans lequel les
intérêts des Etats prévalent sur celui du peuple. La représentation
populaire, tant au niveau national qu’au niveau européen, doit être
renforcée.
Le
rôle de co-législateur du Parlement européen doit être étendu à tous
les domaines, la règle de l’unanimité au Conseil des ministres abolie.
Les Parlements nationaux doivent être pleinement associés aux décisions
budgétaires majeures, telles que les programmes de stabilité et les
programmes de réforme.
Les
changements de traités doivent faire l’objet d’une Convention, dans
laquelle les citoyens sont représentés par leurs élus directs au
Parlement Européen. Les peuples doivent pourvoir les ratifier par
référendum.
Des paroles aux actes
Longtemps,
on a déploré que l’Union se fasse « en dépit des peuples » ou « à côté
des peuples ». Aujourd’hui, c’est pire : elle se construit contre eux.
Pour
les docteurs de la loi libérale, ce sont aux citoyens européens de
payer la crise. Grèce, Portugal, Espagne : tous les pays sommés
d’appliquer les « recettes » de la Troïka voient leur taux de chômage
exploser. La logique folle des partisans de l’austérité se
résume en une formule paradoxale : l’Europe redeviendra riche une fois
que tous les européens seront devenus pauvres.
Socialistes,
nous n’avons pas renoncé à « notre Europe ». Celle qui privilégie la
coopération à la compétition. Celle de la construction de « solidarités
de fait ». Celle qui investit et prépare l’avenir.
Oui, nous l’assumons : nous portons, avec
nos partis frères, un projet alternatif à celui de la droite européenne
que nous pouvons faire partager au-delà de nos frontières aux forces
progressistes, de gauche et écologistes.
Oui,
nous le savons, l’histoire de l’Europe est faite de compromis et de
concessions réciproques. Mais on ne passe pas des compromis sans
construire un rapport de forces. Accepter une politique néfaste « pour éviter d’ajouter la crise à la crise » non seulement n’évite pas la crise mais l’aggrave. C’est
çà cela que nous devons nous atteler aujourd’hui : la confrontation
démocratique avec la droite européenne qui veut condamner l’Union à
l’austérité sans fin.
Notre
base, sociale, nos électeurs, ne se paient plus mots. Ils veulent des
actes. C’est pourquoi nous pensons que le rôle des socialistes Français,
à moins d’un an des élections européennes, c’est d’élaborer une feuille de route et de la proposer à nos partis frères.
Nos
électeurs, notre base sociale ne se satisferont pas de belles paroles
et de grandes promesses. Ils veulent des actes, ils veulent du concret.
Ils ont raison.
Nous n’avons pas le temps de laisser « du temps au temps ».
C’est maintenant qu’il faut exiger la suspension du pacte de stabilité budgétaire qui condamne les Etats membres à l’austérité sans fin
C’est maintenant qu’il faut un véritable plan de relance, écologique et social en Europe.
C’est maintenant qu’il faut refuser le vote d’un budget communautaire en baisse pour la première fois de l’histoire de l’Union.
C’est maintenant qu’il faut placer le social d’abord et obtenir un traité social, aller vers un SMIC européen.
C’est maintenant qu’il faut mettre à l’ordre du jour la fin de « l’euro cher » pour protéger nos emplois, nos industries et nos savoir faire.
C’est maintenant qu’il faut refuser le libre-échange généralisé (mettre en place un juste échange et refuser le traité transatlantique qui risque d’affaiblir un peu plus notre continent sur la scène internationale.
Ensemble, avec toute la gauche européenne, le sursaut, c’est urgent.
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