25 mai 2014

Gitanes sans filtre


Femmes de ménage occupant le ministère des Finances. Athènes, le 23 mai (Greek crisis)


Par Panagiotis Grigoriou | Greek crisis | 24 mai 2014 | Voir en ligne

La campagne se termine. Dans les cafés, on discute parfois politique avec la même verve que jadis. Entre autres seulement. La ville d’Athènes est recouverte d’affiches, misère en papier cadeau. Les partis politiques ont encore organisé ces rassemblements ouverts à l’ancienne, mais le succès fut parfois mitigé. Vendredi 23 mai, le meeting d’Antonis Samaras et de sa Nouvelle démocratie place de la Constitution, a tourné au fiasco. Images trompeuses du pays trompé.

Et d’après une partie de la presse grecque (par exemple epikaira.gr), les banques internationales s’en mêlent désormais jusqu’au bout, en... administrant (indirectement) leurs consignes de vote, tel le Crédit Agricole lequel au moyen d’un courrier adressé à une partie de sa clientèle française, insiste sur “le risque de déstabilisation qu'impliquerait une large victoire de SYRIZA en Grèce” (aussi sur in.gr au 22 mai).

Les violons s’accordent alors, même lorsqu’il s’agit de la parodie démocratique des élections dites européennes. Les maîtres du jeu ou leurs exécutants, multiplient les déclarations “mettant en garde contre les populismes”, du ministre Schäuble, jusqu’à l’agence de notation... ou plutôt de connotation Fitch, laquelle vient de relever cette semaine la note de la Grèce de B- à B, il y a de quoi... ressusciter nos morts de la crise.

 Sur les affiches d’Alekos Alavanos et du parti de gauche du Plan-B, le message est clair: “Non à votre euro, non à notre chômage”, cependant, à travers la sociologie de la gauche grecque, les attitudes s’entredéchirent... sous le linceul de l’histoire. Takis par exemple, estime que “la participation aux élections européennes tient déjà du paradoxe, puisqu'elle légalise symboliquement une instance qui sert à maquiller le caractère dictatorial du pouvoir illégitime de la Commission européenne et de l'imposture démocratique de l'UE”.

Son amie Anna, Syriziste convaincue, estime au contraire que “même si en France ou en Allemagne on peut se permettre le luxe d'une telle attitude, en Grèce par contre, ce vote, comme celui aux élections locales, constituent une étape dans la bataille décisive. Personne ne doit manquer à l'appel”. Après tout, Alexis Tsipras a déclaré récemment que l’appartenance de la Grèce à l’euro et autant à l’OTAN ne seront pas mises en cause en cas de victoire de SYRIZA et cette phrase d’Alexis a aussitôt été utilisée dans un spot électoral du KKE (PC grec), pour faire comprendre aux électeurs de ce large éventail... de la petite gauche grecque... que le “choix authentique aux élections européennes c'est le KKE”.

Et tandis que l’étrange figure politique de l’inconnu Jean-Daniel Colombani, tente sa chance en se portant candidat au Conseiller municipal à Agia Paraskevi, dans les quartiers nord de l’agglomération d’Athènes, loi et plus précisément à Skouries (région de Chalkidiki), dans cette contrée symbole de la lutte contre les mines d’or, le KKE a présenté son propre candidat.

Pourtant, le contexte est limpide, voire tranchant, le candidat et maire sortant Christos Pachtas proche des exploitants de la mine (46,95% dimanche dernier) affrontait le candidat du mouvement local et forcement populaire, issu du collectif formé depuis presque deux ans, Yannis Michos (élu avec 51,79%). C’est ainsi que le candidat KKE Yannis Trikaliotis, s’est contenté d’un petit 1,92% et d’un si grand ridicule, “le KKE contre le Soviet local” ont alors ironisés certains.

 Partout en Grèce mais loin des... Soviets, on prépare en ce moment les caïques de la grande famille ancestrale de petits bateaux rustiques, ainsi que les autres bateaux, l’été est là. Les professionnels de la mer et du tourisme craignent toutefois... l’ampleur dévastateur des bas tarifs et des réductions qui se généralisent lorsque leurs frais ne baissent pas.

Et entre les plus nantis des quartiers Sud, on peut alors prendre son café à la marina, lire le cas échéant le vieux quotidien “Hestia” de la paléo-droite des Colonels, et s’intéresser donc, autant aux nouvelles, qu’aux investissement supposés prometteurs, par exemple la construction en Grèce de toute une pléiade de complexes hôteliers médicalisés, pour un “séjour spécialisé” de très longue durée, “une aubaine, les retraités aisés venus d'Allemagne ou d'Angleterre s’installeront chez nous, le business est prometteur Petros, écoute-moi”.

Le fiasco de Samaras place de la Constitution. Athènes, le 23 mai

 Loin je dirais des préoccupations des nantis, on ironise encore du fiasco du rassemblement d’Antonis Samaras du 23 mai, preuve à l’appui, entre les plans construit par la télévision et les photos... réellement existants. Sauf que tout notre univers, relève de la construction numérique et du lifestyle.

C’est ainsi que la “Rivière”, le nouveau parti extrémiste dans l’imposture démocratique du journaliste hyper-systémique et Merkelochrome Stavros Théodorakis, fait campagne au moyen de spots télévisés ouvertement sexistes, ou plus exactement, explicitant le désir sexuel suivant les codes de la pire pornographie publicitaire. Vasso Kindi et Périclès Vallianos, tous deux universitaires et candidats “riviériste”, ont exigé mais en vain, le retrait de ce spot “odieux, et d'ailleurs, la ‘Rivière’ devrait présenter toutes ses excuses à chaque femme, ainsi qu'a toute personne encore digne dans ce pays” (naftemporiki.gr du 20 mai).

Stavros Theodorakis a aussitôt répliqué que “de tels spots font la promotion de la joie de la vie”, tandis que Martin Schulz, de l’Allemagne, de l’Empire et de la social-démocratie des pires extrémismes avérés, a alors déclaré ceci: “Je suis heureux de voir la 'Rivière', cette nouvelle force politique sérieuse, progressiste et pro-européenne, prendre toute sa part dans cette bataille contre les forces des ténèbres et de la haine” (Quotidien “Kathimerini”). 

 Et parmi les... forces de la haine, ces femmes courageuses, licenciés du ministère des Finances il y a plus d’un an et dont récemment la justice a jugé le licenciement illégal ; elles occupent une partie de “leur” ministère depuis cette semaine, sans doute, le gouvernent... de l’illuminé Samaras attend le lundi (après les élections) pour... faire le ménage. 

 Le jeune Alexis Tsipras aurait un peu vieilli depuis les élections législatives de 2012, étant donné que notre âge politique devient alors un multiple de notre âge biologique par cette... historicité décidément accélérée. Ceux de la gauche auront remarqué dernièrement en distribuant des tracts à Athènes, combien les plus jeunes sont moins réceptifs, voire très hostiles aux arguments et symboles de la gauche, chez les 15-20 ans l’Aube dorée... c’est dès lors leur mythe.

Les grandes surfaces exhibent déjà le matériel de camping, été oblige, et d’une manière presque très ironique, le slogan sur un mur proche, incite les jeunes et les moins jeunes à “agir dans la rue”, dans l’indifférence... la plus totale chez les futurs campeurs. 

 Enfin Maria, originaire du centre du pays, prétend que dans sa région, prétend que “la Nouvelle démocratie de Samaras distribue de billets de 50 euros à nos concitoyens gitans en vue du vote de demain et que cette pratique n'est guère isolée”.

De la politique... sans filtre, images trompeuses du pays trompé. 

 

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