Quoi ? Comment ? Qu’apprend-on par le Wall Street Journal : en 2009, les banques américaines vont battre tous les records en matière de rémunérations. Plus de 140 milliards de dollars à se partager pour les 23 principales d’entre elles ! Encore plus qu’à la fin des années fastes (130 milliards “seulement” en 2007). 20% de mieux que l’an de crise 2008 passé.
Je vois déjà des épaules de lecteurs se vouter d’accablement, des regards chavirer de désillusion, des gorges se nouer d’indignation : mais alors, elle est pour quand la fin du monde annoncée… enfin, de LEUR monde ?
Eh bien, figurez-vous qu’en procédant ainsi, ces crétins la hâtent un peu plus d’eux-mêmes. Explications (bêtes comme chou).
Des bulles comme s’il en pleuvait
Le monde de la finance a une marotte : se créer des bulles. Pour ce qui est des plus connues, la bulle Internet des années 90, la bulle immobilière d’avant les subprimes.
Il y a juste un problème avec les bulles. C’est joli quand ça gonfle. Mais ça finit toujours par péter à la figure des souffleurs ingénus. Et là, bonjour les dégâts ! C’est ce qui s’est passé avec les bulles sus-citées, et toutes les autres qui se sont envolées de leurs pipettes imbéciles.
Or aujourd’hui, à quoi assiste-t-on ?
Lorsqu’une vieille bulle éclate, les bulleurs s’empressent illico d’en créer une nouvelle. Mais les portes de sorties se font de plus en plus rarissimes. Alors en désespoir de cause, nos mécréants allumés du monde de la finance sont en train de devenir leur PROPRE bulle.
Comment ? Rien de plus simple à comprendre.
- Pour sauver le monde de la finance (“to big to fail”) des désastres ravageurs de la dernière explosion bullaire, les puissances publiques ont injectés des milliards de milliards dans les tuyaux percés de nos allumés. Une façon d’amorcer d’urgence la pompe du réservoir de la croissance en panne sèche (vous savez, comme pour votre tondeuse à gazon).
- Ces milliards n’existaient pas. Ils étaient un pari sur les gains attendus de cette putassière de “reprise” qui n’en finit pas de ne pas être au rendez-vous. Une avance sur résultats à venir. C’est pourquoi ils les appelaient des “plans de relance”.
- Mais “reprise” de quoi ? “Relance” de quoi ? Ben, de la machine économique réelle, pardi ! En bref de la con-som-ma-tion, via de nouveaux crédits mis sur le marché par les banquiers grâce à ces aides publiques providentielles. Vous comprenez le topo ? Sans consommation ou échanges commerciaux suffisants, la machine goulue ne vaut plus un radis.
- Sauf que ces ânes bâtés ont gardé le gazole public pour eux ! S’en foutent des amorces, ces abrutis de pognon ! D’où leurs bonus faramineux, leurs rémunérations hypertrophiées !
Fiesta sur précipice
Faut-il les envier ? Les jalouser ? Les maudire ? En fait, n’en déplaise aux apparences, ils ne piquent plus vraiment grand-chose. Le mal était fait depuis longtemps. Ils continuent à jouer en vase clos avec leur monnaie de singe, dont ils n’ont d’ailleurs aucun besoin pour vivre, qui ne leur sert strictement à rien sinon flamber.
Leurs biftons tombés du ciel n’auront de valeur que quand les populations les auront remboursés. Mais là, c’est une autre paire de manches !
Car la machine économique réelle, sevrée d’allaitement financier, crache ses poumons, sème ses milliers de chômeurs et pleure son réservoir à sec de crédits.
De reprise, point. J’invite quiconque à jeter un œil sur les derniers résultats d’entreprises importantes. Les CA (chiffres d’affaires), ces seuls baromètres de l’activité économique réelle, sont dans leur grande majorité en forte baisse. En France comme aux États-Unis ou ailleurs.
Nos bravaches hallucinés masquent juste leur décrépitude “réelle” en affichant leurs résultats nets (“moins mauvais que prévu” forcément, mais obtenus essentiellement sur des économies draconiennes de “coûts de production”, donc du chômage). Ou par un financement en nouvelles dettes publiques (prime à la casse auto, aides diverses). La fuite en avant vers le précipice du surendettement irréversible ne connaît pas de limites.
Une sarabande nauséeuse
Pendant ce temps-là, nos psychopathes sablent des ronds de milliards comme du champagne à bulles. Sauf que maintenant, c’est eux les bulles ! Car dans leurs folies, ces voyous ont commis l’impensable : après avoir des années durant saigné à blanc l’économie réelle, les voilà, sur leur sinistre module, qui ont coupé tous les ponts avec leur vaisseau nourricier, c’est-à-dire, avec leur approvisionnement en oxygène.
Oh bien sûr, leur sac à illusions va encore durer quelques temps ! Ils useront leurs stratagèmes jusqu’à la dernière ficelle. Pomperont sans vergogne tout le sang qu’ils peuvent. Pendant que leurs copains maîtres du monde verseront leurs larmes de crocodiles, de réunions pince-fesse en sommets de ridicule.
Pauvre petit jésus Obama qui prétendait mettre ces vampires au régime ! Misérable G20 (avec un g comme girouettes) qui fait mine de vouloir moraliser cette voyoucratie grotesque !
Mais attendez l’explosion de cette bulle de la bulle ! Elle est inévitable. Comme celles de toutes leurs autres bulles d’avant.
Car vous pouvez le prendre par tous les bouts, à terme ils n’ont plus la moindre porte de sortie. Pire, ils condamnent par cette ultime bêtise sur les rémunérations forcenées les derniers soupiraux qui leur restaient. Vous en connaissez beaucoup, vous, des systèmes qui tiennent longtemps sans oxygène ?
Oui, on pourrait presque sourire de la sarabande loufoque de ces détestables demeurés.
Mais il y a un autre titre qui transperce la une de la presse du moment :
« Un milliards d’affamés… une aggravation notamment due à la crise » (Libération du 15 octobre 2009).
Comme une impression nauséeuse de désespérant suicide collectif.
source: Chroniques du Yéti
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