1 juillet 2013

Après les Grecs, les Crétois et les autres voici les Croates



Comité Valmy | 1er juillet 2013 | par Ahmed Halfaoui

Heureux les Croates qui s’apprêtent à découvrir les joyeusetés du Traité de Lisbonne, bien qu’ils en aient eu un avant-goût, à travers la mise en œuvre des conditionnalités d’adhésion de Bruxelles. Ils avaient voté pour entrer dans l’Union européenne et leur classe dirigeante persiste et signe. Tant pis si Le directeur de la Banque centrale croate, Boris Vujcic, exprime son inquiétude en disant ceci : " il faudra que la zone euro ait réglé ses difficultés, sinon nous aurons de gros problèmes. De ce point de vue, c’est presque un luxe d’être du dehors et de pouvoir observer ". Mais le pied est dans le plat. Déjà, nous pouvons apprendre qu’à partir du 1er juillet, près de 2 000 travailleurs du secteur privé productif vont être licenciés, à cause du fait que les pays clients de leurs patrons (la Bosnie, le Montenegro et la Serbie) vont augmenter leurs droits de douane de 25 et 32 %, en application de la défection de la Croatie de l’espace économique qu’elle constituait avec eux.

Ensuite, l’entrée dans la zone euro prendra 4 ou 5 longues années, au cours desquelles, il s’en passera des choses, dont la couleur est annoncée. Notamment par la prévision de mettre au chômage 10 000 travailleurs du secteur public dans les deux ans à venir et par la multiplication des projets de privatisation, y compris des entreprises stratégiques (transport aérien, chemin de fer) qui subiront le sort des chantiers navals cédés au privé, dont celui de Kraljevica qui a fermé ses portes et celui de Split, qui a mis à la porte 3 000 des 3 200 employés. Alors que la France et l’Italie continuent de déverser des subventions au profit des leurs. Il y aura aussi la mise en œuvre d’une série de mesures qui vont viser à réduire le déficit public afin de " passer durablement sous les 60 % du PIB, ou au moins qu’il reste à ce niveau ".

D’aucuns ne pourront s’empêcher d’invoquer les résultats obtenus dans des pays autrement mieux lotis que la Croatie, qui galèrent de " plan de rigueur " en " rigueur ", s’enfonçant chaque jour un peu plus dans une crise qui n’en finit plus. Et les Croates ont eu le temps de le constater depuis le scrutin en faveur de l’UE. Donc, d’après des enquêtes, la fièvre européenne est retombée. Ils ne seront que 7 % à participer aux festivités organisées pour célébrer l’événement. Un indice sur le désenchantement causé non seulement par les conséquences des " mises à niveau " consenties pour satisfaire aux exigences de l’Union, mais aussi par le triste spectacle offert par la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Crète et même la dégradation de la situation en France, en Italie et en Allemagne. Le 1er juillet la Croatie va devenir le 29ème pays de l’Union européenne. Commencera l’expérience courue d’avance.

Une autre population qui ne va pas tarder à faire la une des actualités télévisées, un autre pays dont les citoyens vont devoir se faire entendre dans la rue pour défendre leur dignité d’êtres humains contre la dictature des banques. Une question de temps, quelques semaines peut-être, sûrement pas une éternité, nous sépare de l’irruption de la contestation.

Par Ahmed Halfaoui

lundi 01 juillet 2013
 

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