Quelques ressentis
de Rémy après une semaine passée avec les habitants de la Zad de
« Notre Rêve des Landes » :
Les 10 dernières années de luttes
contre l'absurde et corrompu aéroport ont vu éclore de multiples
lieux de vies interconnectés, de partages, de solidarités sur la
Zad de NDDL. L'individualisme, la concurrence, l'enrichissement, la
loi destructrice du « mérite » capitaliste y sont bannis.
C'est au contraire l'entraide, le respect, l'acceptation des
différences même les plus grandes, la Liberté, la Fraternité qui
se sont installés en un bouillonnement permanent, l'expérience de
l'autogestion, l'Anarchie la bien nommée qui va de pair ici avec la
conscience écologique, n'en déplaise aux richissimes gaspilleurs
qui eux avancent masqué ! Suivez mon regard...
Les services et les échanges y sont à
prix libres. Ces « Gens » inventent un monde de demain,
s'il en est encore temps, quand le système actuel fonce vers le
néant. Tout y semble horizontal, mais l'Homme reste un petit homme
et de temps en temps quelques uns se risquent à vouloir diriger du
haut de leur éloquence ; Ils sont vite débusqués et l'écoute
reprend le dessus. Ainsi se construit la Vie sur la Zad avec de hauts
et des bas depuis des années...
Mais l’État ne veut pas tolérer une
telle expérience d'un « Chiapas à la française » qui
pourrait ensemencer ailleurs et prouver à quel point notre
civilisation est malade à en mourir !
Cette fois encore c'est l’État qui
organise la division et ça marche, du moins provisoirement, car les
Gens du bocage respirent détermination, foie en l'Amour, force,
courage, quelque soit leurs divergences.
1er acte : Quel ignoble
calcul, si bien orchestré, d'exiger le déblaiement des chicanes
tout en annonçant simultanément le retrait du projet d'aéroport !
Quel rapport ? Si ce n'est de la politique politicienne, le
nombre d'électeurs crédules à comptabiliser. Rien de tel pour
semer la zizanie, trier le bon grain de l'ivraie et ça marche. La
piste est ouverte pour l'arrivée des blindés que ceux qui avaient
accepté ne voyaient pas venir. Aujourd'hui ce sont les gens d'armes
qui bloquent les 2 routes principales Nord-Sud qui traversent le site
et donc gênent tous les habitants des alentours !!! Cherchez
l'erreur. Les médias dominants et complices relaient nombre de
mensonges éhontés...
2ème acte : 30 lieux de
vie sont détruits en quelques jours avec toute la violence d'un État
aux abois. 2500 militaires accompagnés de blindés, drones,
hélicoptères, chiens se relayent pour créer souffrances et peurs.
Un beau dimanche de printemps 15000 personnes affluent sur la Zad en
soutien à ses habitants et à ce projet hors norme. Alors que des
familles discutent tranquillement dans un pré les blindés et les
fantassins tirent aveuglement des grenades de « désencerclement »
au milieu du public ! L'objectif étant de décourager les
soutiens, mais cela ne marche pas. C'est beaucoup de chance de ne pas
dénombrer de mort ou pas encore ? 3 semaines plus tard, on
dénombre plus de 300 blessés dont plusieurs gravement touchés,
mutilés à jamais. Les Gens, à la base non-violents, résistent
comme ils peuvent avec des bouts de ficelles, créent des barricades
et des tranchées pour se protéger du pire qui est peut-être à
venir. Les Gens se protègent avec des masques à gaz, des casques,
renvoient les grenades comme d'autres des balles de tennis. Un
atelier fabrique des boucliers hétéroclites ! Comme en
Palestine, Peuple meurtri, on reconstruit à peine que les casseurs
ont fait leur sale boulot de vandalisme et tant pis si demain ce jeu
de dupe recommence...
3ème acte : L’État
impose l'ignoble chantage aux Gens de signer des « déclaration
d'intention de projet individuel » alors qu'ici le collectif
prime avant tout ! Comment enfoncer les clous de la discorde
entre ceux qui effrayés par les carnages des jours précédents et
voulant sauver leurs peaux s'empressent de signer en espérant
revenir plus tard aux projets collectifs et entre ceux, les plus
« purs » ou les plus « radicaux » qui
maintiennent leur conviction Politique en refusant de signer. Et ça
marche, du moins provisoirement... Pour ceux qui signent rien n'est
gagné puisque l’État rebondi d'ultimatum en ultimatum, change les
échéances et les dates de rendez-vous comme bon lui semble. Tout
est instrumenté pour désorienter. Dernière en date une réunion
interministérielle pose la date du 6 juin, mais dès le lendemain le
premier ministre la ramène au 14 mai !!! La préfète dit que
les 40 dossiers déposés sont recevables ; quelques jours plus
tard le premier ministre dit que 28 « pourraient » être
retenus !!! 4 paysans « historiques » sont
régularisés provisoirement pour un an et se partageraient environ
300 hectares. Le département saisi la justice contre l’État pour
« récupérer » 900 hectares (auparavant cédés à
Vinci) ; les juristes y perdent leur latin ! Si le département
arrive à ses fins, ce sera alors la FNSEA qui entrera dans un jeu
impitoyable et le bocage sera empoisonné pour longtemps ! Quant
aux 40 dossiers qui représentent environ 280 hectares, ils pourront
être mis en concurrence avec d'autres agriculteurs dès l'automne !
Un vrai jeu de dupe, une vengeance savamment étudiée par les
« autorités » pour à moyen terme éradiquer tous les
habitants de la Zad qui tous ensemble et avec de très nombreux
soutiens ont obtenu l'abandon de l'aéroport...
4ème acte fiction : Il est
à craindre qu'à partir du 15 mai une nouvelle vague de terreur et
de destructions soit dans les cartons du gouvernement. (Les
signataires, eux, attendront l'automne pour être expulsés ?) Si
cela se confirme, les Gens appellent d'ors et déjà celles et ceux
qui le pourront à venir les soutenir le dimanche suivant la rafle.
Appel national, voir international... Cette fois, comme pour la
marche des bâtons en 2016, soyons 30000 ou plus en chantant
notre non-violence et notre attachement à ce qui se Vit ici et sans
Vinci ! Et pour celles-ceux qui ne pourront venir : organiser
moult rassemblements et autres partout, partout...
Entre temps, des postiers en grève
depuis janvier ont installé un bureau de poste sur la Zad à prix
libres !...
Entre temps des jardins saccagés par
« l’État de droit » sont déjà nettoyés et à
nouveau ensemencés...
Source: Par e-mail avec l'accord de l'auteur.