Or, il y a 20 ans, les gentils gagnèrent. Parce qu’ils étaient gentils. Et depuis, la liberté triomphe. La liberté - c’est-à-dire le capitalisme, la chose va de soi -, connaît certes de nouvelles aventures (dans l’enthousiasme de la fête nous paraphrasons BHL) avec la menace mahométane. Mais la liberté conquiert des marchés. La liberté va même se moraliser. La liberté a gagné deux points hier à la Bourse.
ON A GA-GNE ! ON A GA-GNE ! ON A GA-GNE ! L’Europe - c’est-à-dire la paix et la prospérité, ça va de soi -, l’Europe, enfin réunifiée, scande sa victoire historique sur les forces totalitaires. Saviez-vous que les femmes communistes étaient forcées de porter la burqa ?
Cette victoire, c’est celle de la démocratie – c’est-à-dire le Capital européen, évidemment – qui a pu, depuis 20 ans, s’offrir une main d’œuvre à prix soldés, étant entendu que la baisse du coût du travail est désormais, puisqu’il n’y a plus de mur, le seul horizon pour une humanité enfin débarrassée de l’hydre bolchevique.
En ce jour de Fête Mondiale de l’Anti-Communisme, nous voyons affluer, sur les ruines de la Guerre Froide, les vaillants pionniers du Monde Libre, Bush le Père, Gorby le Fils, Sarkozy le Saint-Esprit, décidément partout avec sa petite pioche, qui concasse les derniers vestiges de ses cauchemars d’enfant de Neuilly. On devine derrière tout ce beau monde l’ombre des Berlusconi et Haider, les milices fascistes qui relèvent la tête, à l’Est comme à l’Ouest, des identités nationales qui reprennent du poil de la bête dont le ventre est encore fécond, on devine Abou Ghraïb et Guantanamo, des blocus et des bombardements chirurgicaux, des famines et des guerres, le pillage généralisé – c’est-à-dire, bien entendu, la Civilisation.
La Grande Caravane Publicitaire qui nous Informe a, quant à elle, convoqué la fine équipe des experts, philosophes, historiens, journalistes, commentateurs sportifs, astrologues et autres bateleurs, pour animer la grande fête. Grâce à eux, nous nous apercevons que la Guerre Froide n’est pas terminée. Simplement, il n’y a plus qu’un seul camp qui la livre.
Ils nous racontent le Conte de Fées qui leur tient lieu de catéchisme – c’est-à-dire la Vérité, vous l’aurez deviné – et selon lequel le Bien ne se discute pas : il va de soi.
Donc il n’y a plus d’Histoire. Plus de mur. Sauf celui qui sépare le Centre de ses périphéries, la métropole de ses colonies, visible sur plusieurs milliers de kilomètres à la frontière entre Etats-Unis et Mexique, invisible mais bien réel tout autour de l’Europe, de Gibraltar à Calais - mais celui-là il fait joli au fond du jardin. Il y a le mur qui serpente en Palestine, mais là esthétiquement, c’est la classe… Il y a enfin le Mur de l’Argent qui, protégé par le Mur Médiatique, permet de dissimuler aux exploités et misérables du monde entier toute perspective de libération. Son tracé passe par nos têtes. Mais c’est nos « valeurs », elles vont de soi.
Vous l’aurez compris, ce mercredi, nous causerons gros œuvre et maçonnerie.
Y compris dans notre « ¼ d’heure en Palestine », consacré à la Marche pour Gaza.
"l’heure de l’mettre"
radio campus lille 106,6
en direct sur www.campuslille.com
D'un mur à l'autre, par J lefebvre
Derrière le mur, les peuples ne rêvaient pas de capitalisme
1 Comment:
Superbe blog, je le mets en lien sur r-sistons et eva communion, et je reproduis deux articles
fraternellement eva
http://r-sistons.over-blog.com
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