Le Journal du siècle | dimanche 25 novembre 2012
Uruguay: José Mujica, le «président le plus pauvre du monde»
José Mujica, le seul président au monde qui vit dans une ferme délabrée
et reverse la grande majorité de son salaire à des œuvres caritatives.
En France comme dans la plupart des pays, le train de vie et le salaire
du Président fait l’objet d’interminables débats, une partie des
citoyens estimant que les avantages matériels de celui qui est à la tête
de l’Etat le rendent complètement déconnecté de leur vie quotidienne.
Mais s’il y a un pays où ce débat n’a pas lieu d’être, c’est bien
l’Uruguay, rapporte la BBC, qui est allée rencontrer chez lui le seul
président au monde qui vit dans une ferme délabrée et reverse la grande
majorité de son salaire à des œuvres caritatives.
Jose Mujica a refusé la luxueuse résidence habituellement réservée aux
présidents uruguayens et a choisi de rester sur la ferme de sa femme, au
bout d’un chemin de terre près de la capitale Montevideo. Il tire son
surnom du fait qu’il reverse 90% de son salaire mensuel de 9.300 euros à
des œuvres caritatives en faveur des pauvres ou des petits
entrepreneurs. Le salaire qu’il lui reste correspond à peu près au
revenu moyen d’environ 600 euros. Et il ne semble manquer de rien:
«J’ai vécu comme ça la plupart de ma vie. Je peux vivre avec ce que j’ai.»
Sa déclaration de patrimoine, une obligation pour les élus uruguayens,
s’élevait à 1.411 euros en 2010, soit la valeur de sa Coccinelle
Volkswagen 1987. Cette année, il y a rajouté les biens de sa femme (du
terrain, des tracteurs et une maison), amenant son total à 168.000
euros, une fortune toujours bien inférieure à celle de son
vice-président ou de son prédécesseur.
Elu en 2009, Mujica a participé à la guérilla uruguayenne des Tupamaros,
un groupe armé d’extrême-gauche inspiré de la révolution cubaine. Il a
reçu six balles dans le corps et passé 14 années en prison dans des
conditions difficiles avant d’être libéré en 1985, quand l’Uruguay est
devenue une démocratie. C’est en prison qu’il a développé sa philosophie
de vie:
«On m’appelle le président le plus pauvre, mais je ne me sens pas pauvre. Les pauvres sont ceux qui travaillent uniquement pour avoir un style de vie dépensier, et qui en veulent toujours plus. C’est une question de liberté. Si vous n’avez pas beaucoup de possessions, vous n’avez pas besoin de travailler comme un esclave toute votre vie pour les soutenir, et vous avez plus de temps pour vous-même.»
Le mois dernier, l’AFP lui consacrait également un article, rapportant
le vaste débat politique qu’il a lancé sur «la production et la vente de
cannabis sous contrôle de l’Etat, afin de lutter contre le trafic et la
toxicomanie», à l’image de ce que propose Daniel Vaillant en France, ou
encore son combat pour le droit à l’avortement. Sous son impulsion, le
Congrès a récemment passé une loi impopulaire légalisant les avortements
jusqu’à 12 semaines de grossesse.
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