6 juin 2013

Clément Méric, mort pour ses idées

Clément Méric au centre, portant une banderole en soutien au mariage gay



Le Monde.fr | Par

Mort de Clément Méric : un "élève modèle tué pour ses idées"


Clément Méric, sur une image diffusée par le compte Facebook d'Action antifasciste le 6 juin.

De ce jeune homme, une seule photo a circulé, diffusée par le groupe Action antifasciste dont il était membre : une image en noir et blanc montrant un visage de profil, poupin, les cheveux soigneusement coiffés, la chemise à carreaux impeccablement boutonnée. Au lendemain d'une très violente altercation avec des skinheads, dans le quartier Havre-Caumartin à Paris (9e arrondissement), Clément Méric, 19 ans, a trouvé la mort, jeudi 6 juin, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'auteur présumé de l'agression aurait été arrêté, selon le ministère de l'intérieur.

Lire nos informations : Le militant antifasciste Clément Méric est mort

Originaire de Brest, il avait obtenu l'an dernier son bac S avec mention bien après une scolarité au lycée public L'Harteloire. Le proviseur du lycée, Jean-Jacques Hillion, interrogé par Le Télégramme, a décrit "un élève brillant, je dirais même un élève modèle. On ne décroche pas un bac S avec mention bien, pour ensuite intégrer Sciences Po Paris par hasard..." Il était "courtois et respectueux des autres, a renchéri le proviseur, pleinement engagé dans les instances du lycée, en tant que délégué ou représentant des élèves. Il était particulièrement éloquent et on sentait en lui l'âme d'un jeune homme capable d'endosser des responsabilités." En 2010, notamment, raconte le proviseur à l'AFP, il avait été un des chefs de file du mouvement contre la réforme du lycée lancée par la droite.


Ses parents, récemment partis en retraite dans le Gers, enseignaient le droit à l'Université de Bretagne-Occidentale (UBO, à Brest) : le droit public pour son père et le droit privé pour sa mère. D'anciens étudiants ont évoqué une famille très sympathique et ouverte d'esprit, bien connue de toute la faculté de droit.

"JAMAIS UN MOT PLUS HAUT QUE L'AUTRE"


Clément Méric s'était installé à Paris en septembre pour y poursuivre ses études à Sciences Po. A l'unisson, tous ses camarades de promotion ont parlé d'un "jeune garçon très engagé", "qui ne disait jamais un mot plus haut que l'autre", "une crème", "le type de personne que tout le monde voudrait avoir dans son entourage". "Il a été tué pour ses idées", a évoqué avec effroi un camarade de première année.


Lire les témoignages d'étudiants de Sciences Po

Le jeune homme, qui militait déjà quand il était lycéen à la section brestoise de la Confédération nationale du travail (CNT), mouvement anarcho-syndicaliste, s'est très vite rapproché, comme étudiant, du syndicat Solidaires Etudiant-e-s Sciences Po, ainsi que du groupe Action antifasciste Paris-banlieue (AAPB). Cette organisation, héritière des "redskins", s'était engagée ces derniers mois en faveur de la loi sur le mariage gay et Clément Méric avait participé ces derniers mois à plusieurs actions pour dénoncer la recrudescence de propos homophobes. Une vidéo disponible sur le Web montre d'ailleurs le jeune homme, vêtu d'un polo orange, foulard rouge sur le visage, défier les partisans de la "Manif pour tous" (à 1'20 et à 2') .

PROVOCATIONS VERBALES DE LA PART DES DEUX CAMPS

Selon plusieurs de ses proches, "il n'était pas engagé dans un parti politique", son militantisme était syndical et essentiellement axé dans la lutte contre le fascisme. "Il était très critique du Front de gauche et de l'UNEF [l'Union nationale des Etudiants de France], qui mobilisent aujourd'hui autour de son nom, a décrit Camille (dont le prénom a été changé), elle aussi militante de Solidaires Sciences Po. Tout le battage politique actuel l'aurait mis en rogne. C'est parce qu'il était militant antifasciste qu'il a été agressé."

Lors d'une conférence de presse tenue jeudi en début d'après-midi, les membres d'AAPB ont tenu à souligner que Clément Méric "n'était pas un bagarreur, ni un monstre de guerre". Evoquant sa carrure plutôt frêle, les militants d'AAPB ont indiqué que le jeune homme s'était récemment relevé d'une leucémie et n'avait pas une attitude belliqueuse. Et pour souligner que Clément Méric n'était pas un provocateur, ils ont rappelé que c'est en se rendant à une vente privée de vêtements que le jeune homme s'est trouvé pris dans une altercation.

Les premiers éléments de l'enquête de police semblent toutefois indiquer qu'il y a eu des provocations verbales de la part des deux camps. Clément Méric et ses amis auraient moqué le look d'un groupe de skinheads, tatoués de croix gammées et vêtus de sweat-shirt "Blood and honour", puis affirmé leur militantisme politique d'extrême-gauche. Quelques minutes plus tard, en quittant les lieux de la vente, les provocations auraient repris dans la rue de Caumartin, voie commerçante très fréquentée située derrière les Grands Magasins. Clément Méric, qui n'avait pas encore commencé à se battre, aurait été victime d'un "violent coup de poing", le faisant heurter un poteau. Une chute fatale.

Mathilde Gérard
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Par Rebellyon.info

Clément Méric tué : fascistes assassins, Etat complice !


Hier dans la soirée un camarade anti-fasciste, militant de Solidaires Etudiant-e-s/Syndicats de Luttes, a été battu à mort par un groupe de fascistes à Paris.

La classe poli­ti­que, de la gauche jusqu’a l’extrême droite, fait mine de s’étonner et de s’indi­gner de cette vio­lence. La seule pers­pec­tive des orga­ni­sa­tions de la gauche par­le­men­taire est la dis­so­lu­tion des grou­pes fas­cis­tes, ce qui ne chan­gera rien à la vio­lence qu’ils pra­ti­quent.
Manuel Valls a ainsi exprimé sa « totale déter­mi­na­tion à éradiquer cette vio­lence qui porte la marque de l’extrême droite ».

Nous n’avons rien à atten­dre de l’Etat bour­geois, qui pré­tend aujourd’hui, par la voix de son minis­tre de l’Intérieur, com­bat­tre les vio­len­ces de l’extrême droite. C’est la police de ce même Etat qui depuis des mois laisse pros­pé­rer les grou­pus­cu­les fas­cis­tes, réprime le mou­ve­ment anti­fas­ciste et anti­ca­pi­ta­liste, avec notam­ment la récente arres­ta­tion pré­ven­tive à Lyon de 25 anti­fas­cis­tes venus com­bat­tre les néo­na­zis, qui eux étaient pro­té­gés par la police « répu­bli­caine ».
Nous devons, malgré la tris­tesse et la colère, dire de quoi ce fas­cisme est le nom.

En effet, la montée des vio­len­ces d’extrême-droite a tout à voir avec l’aggra­va­tion de la crise du capi­ta­lisme. Alors que le nombre de chô­meurs explose et que la pré­ca­rité est chaque jour plus criante, les ten­dan­ces diri­gean­tes des partis de gauche n’oppo­sent aucune résis­tance sérieuse à l’offen­sive en cours, quand elles n’y contri­buent pas elles-mêmes.

La montée de l’extrême-droite répond à une carence des grou­pes socia­lis­tes dans leur inca­pa­cité à com­bat­tre la logi­que du capi­tal. Le fas­cisme est la créa­ture mons­trueuse du mode de pro­duc­tion capi­ta­liste, et nous devons affir­mer que la révo­lu­tion sociale cons­ti­tue la seule pers­pec­tive consé­quente posée aux grou­pes anti­fas­cis­tes.

Vouloir com­bat­tre le fas­cisme en deman­dant la « dis­so­lu­tion des grou­pes vio­lents » et en appe­lant au res­pect des lois démo­cra­ti­ques et de ses ins­ti­tu­tions est aussi vain que désar­mant pour notre camp. En effet, la dis­so­lu­tion ne peut qu’être une réponse cos­mé­ti­que et super­fi­cielle, lais­sant en l’état les causes sous-jacen­tes, réponse qui en outre s’est tou­jours his­to­ri­que­ment retour­née contre les grou­pes anti­ca­pi­ta­lis­tes et anti­fas­cis­tes. Nous tenons pour res­pon­sa­bles de ce crime, par­tout où ils se trou­vent, l’ensem­ble des mem­bres des grou­pes fas­cis­tes et leurs com­pli­ces objec­tifs.

Nous ne pou­vons comp­ter sur la police, au ser­vice de la classe domi­nante, pour nous pro­té­ger. Nous devons orga­ni­ser à la base notre auto­dé­fense en créant par­tout où c’est pos­si­ble des grou­pes de vigi­lance et de défense et en nous appuyant sur nos orga­ni­sa­tions pour les animer.

NI OUBLI, NI PARDON : ces atta­ques ne res­te­ront pas sans répon­ses ! Ne lais­sons pas la rue à la ter­reur, aux fas­cis­tes !


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Les blogs de Politis | par Bernard Langlois- 6 juin 2013


Clément Méric …

… et ceux qui l’ont tué.

« Nous n’y sommes pour rien ! », se défend le chef des "Jeunesses nationalistes révolutionnaires", un certain Serge Ayoub, alias Batskin.

Pour rien dans la mort de Clément Méric, étudiant et militant antifasciste, assassiné sur le pavé de Paris, dans un affrontement avec une bande qui ressemble à ça :


Pour rien, vraiment ? Salauds.

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