source image: Greenpeace
Reporterre | Noël Mamère | mercredi 16 avril 2014
Entre enarques croissancistes de l’ENA et ex-trotskystes productivistes, les hiérarques socialistes restent incapables de comprendre la question écologique.
Enfin, nos ministres écologistes ont compris que nous n’avons rien à faire avec une équipe au pouvoir, à cent lieues de nos idées et de notre conception du monde. Tandis que nous essayons de nous projeter dans un avenir intégrant les dégâts environnementaux, économiques et sociaux du réchauffement climatique à l’œuvre et la fin des Trente glorieuses, la « Hollandie » continue de nous servir les vieilles recettes de la « croissance » et du productivisme.
Que l’écologie ne soit pas dans l’ADN du Parti Socialiste, nous le savions de longue date. Mais les contraintes que se fixe le nouveau gouvernement pour appliquer le Pacte de Responsabilité sont en train de mettre à bas toute possibilité de construction d’une politique publique crédible tant en matière d’environnement que d’énergie ou de transport.
Un tel fossé culturel pose un grave problème politique qui ne pouvait se résoudre par des « arrangements » de circonstance et des compromis de façade. Il fallait partir. C’était le prix de la clarification.
Culturellement, le gouvernement et la nouvelle équipe constituée par François Hollande n’est pas hostile à l’écologie mais si indifférente que ce domaine n’existe pas pour elle sauf, peut-être, pour Ségolène Royal. L’équipe est fondée sur deux groupes distincts :
La promotion Voltaire de l’ENA, bastion traditionnel des tenants du productivisme d’Etat, admirateurs de l’aventure nucléaire et en général des grands projets inutiles et imposés par en haut. La chef de cabinet, le secrétaire général de l’Elysée, Michel Sapin, Ségolène Royal, Jean Yves Le Drian en font partie.
L’autre composante, celle de l’UNEF, a fait ses armes dans le mouvement étudiant, à une époque où l’écologie était marginale dans la jeunesse. Le fait que Jean-Christophe Cambadélis soit secrétaire général du parti Socialiste en dit long sur cette partie.
Ancien Président de l’UNEF, il était alors un dirigeant du groupe trotskyste le plus anti-écolo qui soit, le groupe « lambertiste » (aujourd’hui nommé POI) dont toute l’idéologie consistait à considérer que les forces productives ont cessé de croître et que la paupérisation qui en découle met en danger l’humanité. Il y a donc une culture productiviste commune, très forte, qui considère l’écologie politique comme utile… pour faire tapisserie !
Pour cette oligarchie, qui a biberonné à la politique de croissance pour la croissance considérée comme une fin en soi, il ne faut surtout pas changer un iota au dogme du socialisme de l’offre considéré comme une hypothétique dernière chance de retrouver le paradis perdu des Trente Glorieuses.
Le compromis qui aurait pu se nouer autour de la notion de « social-écologie » prônée par Laurent Fabius est donc aujourd’hui impossible à réaliser. Les forces autour de Martine Aubry sont minoritaires face à la conjonction des « Hollandais » et des anciens Strauss-khaniens adeptes du socialisme de production, admirateurs de Saint-Simon et des grands travaux.
Le seul espace qui pourrait s’ouvrir consisterait en un compromis sur la question de l’investissement dans le bâtiment et les énergies renouvelables. Mais la manière dont ont été traités ces deux secteurs, alors que les écologistes étaient présents au gouvernement, en dit long sur la possibilité de renverser la table, même dans ces deux domaines.
La cure d’opposition des écologistes peut être utile. A condition qu’ils mettent en musique une alternative écologique, sociale et démocratique. EELV le peut-il ? A priori, son mode de fonctionnement chaotique et clanique, son incapacité à mettre sur pied la coopérative initialement prévue lors de la constitution d’Europe Ecologie, son lien inexistant avec les classes populaires, l’en empêchent.
Mais soyons optimistes. Ce qui vient de se passer à Grenoble est peut-être l’ultime occasion de rompre avec la maladie infantile de l’écologisme politique : sa vassalisation. Le fait que 6 députés se soient abstenus sur la déclaration de politique générale de Manuel Valls est un signe encourageant. Lorsqu’on veut, on peut.
Source : Noël Mamère pour Reporterre,
Enfin, nos ministres écologistes ont compris que nous n’avons rien à faire avec une équipe au pouvoir, à cent lieues de nos idées et de notre conception du monde. Tandis que nous essayons de nous projeter dans un avenir intégrant les dégâts environnementaux, économiques et sociaux du réchauffement climatique à l’œuvre et la fin des Trente glorieuses, la « Hollandie » continue de nous servir les vieilles recettes de la « croissance » et du productivisme.
Que l’écologie ne soit pas dans l’ADN du Parti Socialiste, nous le savions de longue date. Mais les contraintes que se fixe le nouveau gouvernement pour appliquer le Pacte de Responsabilité sont en train de mettre à bas toute possibilité de construction d’une politique publique crédible tant en matière d’environnement que d’énergie ou de transport.
Un tel fossé culturel pose un grave problème politique qui ne pouvait se résoudre par des « arrangements » de circonstance et des compromis de façade. Il fallait partir. C’était le prix de la clarification.
Culturellement, le gouvernement et la nouvelle équipe constituée par François Hollande n’est pas hostile à l’écologie mais si indifférente que ce domaine n’existe pas pour elle sauf, peut-être, pour Ségolène Royal. L’équipe est fondée sur deux groupes distincts :
La promotion Voltaire de l’ENA, bastion traditionnel des tenants du productivisme d’Etat, admirateurs de l’aventure nucléaire et en général des grands projets inutiles et imposés par en haut. La chef de cabinet, le secrétaire général de l’Elysée, Michel Sapin, Ségolène Royal, Jean Yves Le Drian en font partie.
L’autre composante, celle de l’UNEF, a fait ses armes dans le mouvement étudiant, à une époque où l’écologie était marginale dans la jeunesse. Le fait que Jean-Christophe Cambadélis soit secrétaire général du parti Socialiste en dit long sur cette partie.
Ancien Président de l’UNEF, il était alors un dirigeant du groupe trotskyste le plus anti-écolo qui soit, le groupe « lambertiste » (aujourd’hui nommé POI) dont toute l’idéologie consistait à considérer que les forces productives ont cessé de croître et que la paupérisation qui en découle met en danger l’humanité. Il y a donc une culture productiviste commune, très forte, qui considère l’écologie politique comme utile… pour faire tapisserie !
Pour cette oligarchie, qui a biberonné à la politique de croissance pour la croissance considérée comme une fin en soi, il ne faut surtout pas changer un iota au dogme du socialisme de l’offre considéré comme une hypothétique dernière chance de retrouver le paradis perdu des Trente Glorieuses.
Le compromis qui aurait pu se nouer autour de la notion de « social-écologie » prônée par Laurent Fabius est donc aujourd’hui impossible à réaliser. Les forces autour de Martine Aubry sont minoritaires face à la conjonction des « Hollandais » et des anciens Strauss-khaniens adeptes du socialisme de production, admirateurs de Saint-Simon et des grands travaux.
Le seul espace qui pourrait s’ouvrir consisterait en un compromis sur la question de l’investissement dans le bâtiment et les énergies renouvelables. Mais la manière dont ont été traités ces deux secteurs, alors que les écologistes étaient présents au gouvernement, en dit long sur la possibilité de renverser la table, même dans ces deux domaines.
La cure d’opposition des écologistes peut être utile. A condition qu’ils mettent en musique une alternative écologique, sociale et démocratique. EELV le peut-il ? A priori, son mode de fonctionnement chaotique et clanique, son incapacité à mettre sur pied la coopérative initialement prévue lors de la constitution d’Europe Ecologie, son lien inexistant avec les classes populaires, l’en empêchent.
Mais soyons optimistes. Ce qui vient de se passer à Grenoble est peut-être l’ultime occasion de rompre avec la maladie infantile de l’écologisme politique : sa vassalisation. Le fait que 6 députés se soient abstenus sur la déclaration de politique générale de Manuel Valls est un signe encourageant. Lorsqu’on veut, on peut.
Source : Noël Mamère pour Reporterre,
http://www.reporterre.net/spip.php?article5726
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