Association pour une Constituante | par André Bellon | 6 décembre 2015
Nous vivons une étrange catastrophe. Un Président de la République issu d’un parti en déshérence, une classe dite dirigeante qui ne cherche son salut que dans les anathèmes, un exécutif qui n’a plus que les apparences de l’autorité… Autant de symptômes d’une grave crise de régime.
Le résultat du premier tour des régionales n’est pas un accident de parcours. Il se situe dans la logique des décennies récentes. Il ne sert à rien de se voiler la face : la légitimité du pouvoir est atteinte en France. Si sa légalité est effective, c’est seulement grâce à des institutions tout entières dans les mains d’une personne inamovible.
Mais l’illégitimité n’est pas que celle du sommet de l’Etat. Elle est celle de l’appareil du pouvoir national et européen dans son ensemble et donc de la règle du jeu qui lui donne raison. Elle est la conséquence d’une contradiction majeure : celle d’un système politique qui prétend tirer sa légitimité de la démocratie alors que les aspirations populaires sont étouffées, alors même que les institutions de Bruxelles nient l’existence du peuple souverain.
La montée du Front national n’est que l’expression malheureusement logique de cette situation. Les appels pathétiques à y faire barrage, qu’ils soient issus de Paris ou de Bruxelles, peuvent de moins en moins être entendus dès lors qu’ils émanent de ceux qui depuis des années, en particulier après le 29 mai 2005, bafouent cette souveraineté.
Les abominables tueries qui ont frappé les Français sont le fait de fanatiques sanguinaires. Mais, facteur aggravant, ces crimes touchent une société que les responsables successifs ont déconstruite et que sa déliquescence fragilise. Il est ahurissant, dans ce contexte, qu’un Président de plus en plus affaibli puisse décider, en s’appuyant sur un Parlement qui n’est plus que l’ombre de lui-même, de réformer profondément une fois de plus la Constitution.
La logique mortifère que subissent les Français ne pourra être endiguée que par la remise à plat de notre vie publique, aujourd’hui dans l’impasse. Seul le peuple, en tant que corps social souverain, peut donner une réponse autre que la marche vers l’autoritarisme. Encore faut-il que la vitalité de la société soit reconnue comme fondement de la démocratie. Tel est le sens de l’élection d’une Assemblée constituante en France.
Il est encore temps. C’est toujours le combat qu’on ne commence jamais qu’on met le plus de temps à gagner.
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