28 mars 2009

Le massacre des phoques a commencé sur la banquise du Canada

Dans un récent communiqué Nature Québec appuie la chasse au phoque et fait du lobbying auprès du Parlement européen afin qu’il n’interdise pas les importations des produits dérivés. Nature Québec agit-il réellement par conviction écologique ? Marjolaine Jolicœur, à qui Le MAGue a réservé cette tribune libre, fait le point sur l’imposture de certains acteurs de l’écologie au nord de la Belle Province.

On peut se poser la question quand on voit dans sa liste de « partenaires financiers » Pêches et Océans Canada, le ministère gouvernemental qui subventionne et coordonne la chasse au phoque. Nature Québec reçoit aussi des subventions de la Fondation de la Faune du Québec, un organisme gouvernemental favorisant la chasse et la pêche dites sportives ainsi que du Fond mondial pour la nature Canada (World Wildlife Fund-WWF) dont toute l’histoire est liée à la chasse (1). Un des présidents du passé de la WWF était non seulement un chasseur célèbre pour ses tueries massives d’animaux mais aussi président de la National Rifle Association, un lobby international contre tout contrôle des armes a feu. Jusqu’en l988 la WWF organisait des enchères de vente de fourrure pour renflouer ses caisses. Elle a toujours soutenu la chasse aux phoques en connivence avec le gouvernement canadien.

Nature Québec a de plus des « partenaires en biens et services pour des expertises, conseils et validations scientifiques et techniques » comme la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec,la Fédération québécoise de la Faune (qui malgré son nom regroupe des chasseurs et des pêcheurs) et la Fédération des pourvoiries du Québec. Ces groupes pro-chasse et pro-fourrure peuvent-ils réellement donner une expertise valable et objective à un organisme se voulant écologique ?

ÉCOLOGIQUE OU MERCANTILE ?

Justifier écologiquement la chasse aux phoques parce que ces derniers mangent trop de morues est questionnable d’un point de vue crédibilité scientifique mais aussi vision globale. L’effondrement de la population des poissons relève bien plus de la pêche intensive et de l’inertie du gouvernement en matière de gestion que de l’alimentation du phoque. Même si tous les phoques jusqu’au dernier sont tués, la morue ne reviendra pas. Selon une étude faite par 14 chercheurs scientifiques et publiée dans la revue américaine Science la quasi-totalité des espèces de poissons et de crustacés pêchés pour la consommation auront disparu des océans avant 2050 (2). Cette disparition annoncée des poissons s’accompagnera d’un dérèglement de l’ensemble de l’écosystème des océans et ce ne sera pas la faute des phoques mais bien des industries de la pêche.Mais les pêcheurs qualifient ces prédictions de « pessimistes » et refusent d’y croire.

En février 2009, les pêcheurs de morues du Québec et des Maritimes ont même tenté de convaincre Pêches et Océans Canada de ne pas imposer un moratoire pour stopper la pêche dans le sud du golfe Saint-Laurent. Regroupées dans une coalition, les associations de pêcheurs rejettent les prévisions scientifiques prédisant la disparition des poissons. Plus facile d’accuser les phoques que de faire son mea culpa.

Tout comme pour l’industrie de la fourrure, la pêche commerciale n’a montré que très rarement un souci écologique. Elle a plutôt vider les océans et continue de le faire dans un esprit strictement mercantile. Morue mais aussi requin, thon rouge, flétan, espadon, crevette, plie canadienne et capelan sont des espèces marines menacées par la pêche. On estime que dans le monde 75% des espèces de poissons seraient présentement exploitées à pleine capacité, surexploitées ou épuisées.

Tuer des phoques pour sauver le poisson ne ressemble que trop à de l’histoire ancienne. Le béluga par exemple, a toujours été maudit par les pêcheurs, coupable selon eux de faire fuir le poisson. Au cours des années trente, les pêcheurs chassaient cette petite baleine blanche parce qu’on croyait qu’elle dévorait elle aussi trop de morues et de saumons. Pour chaque queue de béluga tué le gouvernement payait l5 dollars. Plus de 5.000 bélugas vivaient dans le fleuve St-Laurent en 1885 mais cent ans plus tard ils n’étaient plus que 500, considérés comme de véritables déchets toxiques.

Faudra-t-il massacrer la totalité des bélugas, des baleines, des dauphins, des requins et des oiseaux de mer sous prétexte qu’ils mangent du poisson ?

FAUX PRINCIPE DE PRÉCAUTION

La chasse au phoque est en complète contradiction avec tous les principes écologiques autant par ses liens avec l’industrie de la fourrure que par sa gestion gouvernementale.

Deux chercheurs scientifiques Russel Leaper et Justin Matthews ont analysé les méthodes utilisées par le gouvernement pour évaluer la taille de la population de phoques du Groenland et son évolution de même que l’approche gouvernementale pour la fixation des quotas de chasse (3). Selon Russel Leaper « le risque pour la population de phoques est alarmant. L’étude démontre que le gouvernement pourrait ne pas être au courant que le niveau de la population a atteint un seuil critique avant qu’il ne soit trop tard, et que seules des mesures draconiennes devront êtres prises. Cela signifie que le gouvernement continuerait à fixer des quotas de chasse élevés alors que la population serait sérieusement en déclin ». Selon ces chercheurs l’approche actuelle du gouvernement pour gérer la chasse au phoque fera baisser sérieusement leur population, de 50 à 70% au cours des 15 prochaines années.

La supposée « approche de précaution » du gouvernement ne résiste pas à une analyse sérieuse. Les phoques peuvent être décimés par des variations au niveau de l’approvisionnement alimentaire, des virus, des contaminations par la pollution ou par des changements climatiques. Dès à présent, le réchauffement climatique est une menace réelle pour le troupeau de phoques puisqu’il nuit à leur milieu de reproduction. Les mauvaises conditions de la glace contribuent de plus en plus au pourcentage anormal du taux de mortalité des phoques. En 2002, 75% des bébés phoques dans le golfe St-Laurent sont morts à cause de l’absence de glace avant même que la chasse ne commence. Cela n’a pas empêché le gouvernement de continuer à fixer des quotas de capture mettant en péril leur population.

CRUAUTÉ SUBVENTIONNÉE

Invoquer la tradition pour maintenir la chasse aux phoques sous prétexte qu’elle est pratiquée depuis 400 ans est une tactique de diversion assez maladroite. Une multitude de traditions - esclavage des enfants, des noirs, violence faite aux femmes ou cannibalisme - étaient aussi des traditions dans certaines contrées mais d’un point de vue éthique elles ne sont plus défendables. Le comportement de l’humain primitif devrait logiquement évoluer vers un mode de vie plus moralement acceptable.

La chasse au phoque n’est plus depuis longtemps une chasse de subsistance à proprement parler mais alimente plutôt le commerce de la fourrure. Cette industrie est devenue multimillionnaire en détruisant et en exploitant autant les communautés rurales,les autochtones, les animaux que l’environnement. L’industrie de la fourrure est uniquement préoccupée par les profits. Le gouvernement continue malgré tout de la subventionner par fanatisme idéologique. L’industrie de la chasse au phoque ne se perpétue que parce qu’elle est grassement subventionnée. Entre 1995 et 2000, le gouvernement canadien et celui de Terre-Neuve et Labrador ont donné 20 millions dollars canadiens en subventions directes à la chasse aux phoques. Un article du Post signé par Murray Teitel confirme que présentement les 6 millions que gagnent les chasseurs coûtent aux contribuables canadiens au moins 60 millions (4).

Cette tuerie de phoques n’est jamais écologique pas plus que ne l’est l’industrie de la fourrure. Pour aller tuer les phoques il faut une grande dépense de pétrole tout comme pour expédier les peaux ou les produits dérivés dans des ports européens ou asiatiques. Préparation, tannage, trempage, séchage, nettoyage, taille et finition des fourrures requièrent des traitements chimiques considérables. Les produits chimiques utilisés pour traiter la fourrure incluent des acides, du peroxyde d’hydrogène, de la formaldéhyde, des agents de blanchiment et divers types de teintures. Potentiellement cancérigènes ces produits peuvent causer divers problèmes de santé, polluant les cours d’eau et les sols. Il faut aussi penser à l’énergie requise pour opérer les voûtes à fourrures réfrigérées (pour l’entreposage pour période de non-utilisation) ainsi que l’énergie requise pour nettoyer professionnellement par nettoyage à sec les manteaux. La fourrure est un produit de luxe nécessitant d’énormes quantités de ressources et d’énergie. Elle ne peut en aucun cas être considérée comme un produit écologique.

VIOLENCE ET BRUTALITÉ

Cette chasse industrielle génère une immense souffrance car c’est une exécution massive d’animaux devant se faire le plus rapidement possible. Tuer 300.000 phoques en quelques semaines amène de comportements cruels démontrant bien l’incapacité des autorités à veiller à l’application des lois. De nombreux vidéos et témoignages d’observateurs apportent des preuves indéniables de l’agonie de phoques crochetés vivants puis traînés sur la glace, d’animaux frappés au gourdin ou blessés par balle puis abandonnés de longues minutes à leurs souffrances avant parfois d’êtres dépecés encore conscients. Ces abus loin d’être des cas isolés demeurent rarement sanctionnés.

98% des phoques chassés ont entre deux semaines et trois mois. Les chasseurs les nomment des « chiots » mais les défenseurs des phoques n’ont pas le droit eux de dire qu’ils restent en quelque sorte des « bébés ». Certains de ces phoques n’ont pas encore pris de repas solides ou même commencé à nager. Les chasseurs fracassent leur crâne parce qu’en tant que juvéniles, les parois de leur tête sont encore minces. Tout ce massacre à lieu sous les yeux horrifiés des autres phoques, des mères, dans un vacarme de cris de peur et dans l’odeur du sang.

Peut-on accepter toutes les violences et les brutalités au nom de l’argent ?

Pour continuer ce plus grand massacre de mammifères au monde, on tente désespérément de nous vendre leur viande et leur graisse. Mais le phoque est loin d’être assez bio pour nourrir les écolos puisqu’il est contaminé par de multiples substances toxiques et des pesticides. Il est même recommandé aux consommateurs de phoque de n’en manger pas plus qu’une fois par semaine et de s’abstenir d’en consommer le foie. Ces substances toxiques s’accumulent dans l’organisme, provoquant cancers, dérèglements hormonaux et immunitaires. Les femmes inuites, à cause de leur consommation de phoques, détiennent dans leur lait maternel le plus haut pourcentage de BPC au monde, mettant ainsi en danger autant leur santé que celle de leur bébé.

Quant aux oméga-3 de source animale, leurs vertus exagérées relèvent du marketing puisqu’elles peuvent aussi élever le taux de cholestérol et provoquer une baisse des réponses immunitaires. Tous les poissons (et donc leur graisse et leur chair ) sont contaminés à divers degrés, phoque compris. Plusieurs alternatives végétales contiennent des oméga-3 : graines de lin, algues, noix et huile de chanvre. Tous ces produits se retrouvent sous l’appellation bio et sont donc écologiques.

ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR ?

Au Canada il est presque interdit de prendre la parole pour défendre les phoques sans se voir aussitôt taxer de « méchants animalistes », d’« âmes sensibles » ou de souffrir de « sensiblerie ». Être écologiste c’est aussi avoir des notions d’éthique, de justice, de non-violence et de solidarité envers les plus vulnérables. Si un peu plus d’humains avait de la sensibilité dans leur âme et leur cœur, l’état de la planète ne s’en porterait que mieux.

Notre relation écologique avec les animaux englobe aussi un débat moral. Une soixante de philosophes et d’éthiciens ont cosigné avec le professeur Andrew Linzey de l’Université d’Oxford un texte dénonçant la chasse aux phoques comme étant cruelle et moralement injustifiable (5). Pour eux le phoque est un être vivant et sensible, bien plus qu’un simple produit de consommation.

Se dire écologiste c’est aussi comprendre que tout est interdépendant et lié, autant la souffrance des animaux, des humains que celle de la planète. Les biologistes au service des chasseurs, de l’industrie de la fourrure et des politiques gouvernementales doivent montrer leur vrai visage et ne plus se cacher derrière leurs prétentions écologiques. On peut tout fuir, mais notre conscience finit toujours par nous rattraper.

(1) Nature Quebec
(2) Impacts of Biodiversity Loss on Ocean Ecosystem Services (novembre 2006).
(3) An Investigation of the effects of uncertainty on Canadian harp seal management.
(4) National Post, article de Murray Teitel.
(5) An Ethical Critique of the Canadian Seal Hunt and an Examination of the Case for Import Controls on Seal Products.

le 23/03/2009

source: lemague.net

La chasse aux phoques au Canada toujours aussi cruelle en 2009

La chasse aux phoques au Canada est le plus grand massacre de mammifères marins dans le monde. Des centaines de milliers de phoques sont abattus chaque année sur la banquise canadienne.




Plus de 19 000 phoques ont été déjà abattus en l’espace de quelques jours !



23 mars 2009

Bruxelles: 442 manifestants anti-OTAN interpellés


La police a arrêté administrativement samedi 442 manifestants qui ont tenté de s'introduire depuis la matinée sur le site de l'OTAN, situé à la limite des communes d'Evere, Bruxelles (Haren) et Zaventem, dans le cadre d'une action de désobéissance civile non violente.

la suite ici

21 mars 2009

Roulons contre le G20...

Responsable principal du désastre actuel, le G20 est illégitime pour débattre d’une autre organisation du monde. Après le succès du Forum Social Mondial de Belém, le samedi 28 mars sera une journée de mobilisation internationale et décentralisée pour peser sur les enjeux du prochain G20 à Londres et permettre la visibilité des alternatives à la gestion néolibérale des affaires de ce monde.


La crise mondiale va encore aggraver dans tous les pays les conditions de vie des citoyens, des salariés, des chômeurs, des paysans et des exclus de tout droit. Cette crise est financière, économique, sociale, mais aussi écologique, et due à un mode de développement insoutenable.

Nous assistons à l’échec patent d’un système fondé sur la priorité de la finance et de l’exploitation sur toutes les considérations humaines. L’idéologie néolibérale qui l’accompagne depuis 30 ans se voit ainsi délégitimée par les faits.

Les gouvernements des pays riches qui ont soutenu cette logique avec acharnement s’efforcent désespérément de colmater les brèches :

  • Par la mobilisation de centaines de milliards au secours des responsables de la crise.
  • En promettant une moralisation de ce système sensée en assurer la viabilité.
  • En s’obstinant à poursuivre leurs contre-réformes qui ont amené au chaos actuel.
  • En adoptant, pour essayer de s’en sortir, des politiques de plus en plus sécuritaires et guerrières.

Nous dénonçons ces politiques destinées à maintenir un système capitaliste incapable de répondre aux urgences sociale, écologique et démocratique. Cette crise est globale et systémique (c’est le système lui-même qui est en cause). Elle demande une réponse de même ampleur qui ne pourra se construire qu’à travers une convergence internationale des mouvements sociaux.

La réunion de Londres du G20 peut être l’occasion de constituer un nouveau temps fort de cette mobilisation mondiale, après le succès du Forum Social Mondial de Belém.

Ce G20, responsable principal du désastre actuel, est illégitime pour débattre d’une autre organisation du monde. Preuves qu’il n’y a rien de positif à en attendre :

  • la déclaration finale de la réunion de décembre à Washington réaffirmait avec force les principes du néolibéralisme
  • les discussions préparatoires pour Londres ne montrent aucune volonté réelle de remettre en cause les orientations actuelles.

Nous convions tous les citoyens et toutes les organisations qui se reconnaissent dans cet appel à nous rejoindre pour une journée de mobilisation internationale le 28 mars 2009, afin de créer un rapport de force pour un véritable projet alternatif.

Roulons contre le capitalisme pour qu'il ne roule plus les peuples!
Samedi 28 mars 10:30-16:00 - Dans les rues de Toulouse voir horaire et parcour ici: Attac Toulouse

Campagne contre le Forum Mondial de l’eau et la privatisation de l’eau en Turquie

Source / auteur : Via Campesina







Face à l’exploitation d’un nombre croissant de ressources en eau qu’exigent chaque jour l’industrialisation extrême et la surproduction capitaliste, l’accès aux ressources d’eau est devenu une source importante de conflits politiques. Les états, les sociétés multinationales et les groupes d’intérêt privés ont établi le Conseil mondial de l’eau (WWC) afin de marchandiser et de commercialiser les ressources d’eau, et de maximiser les potentiels bénéfices. Comme on le sait, le Conseil mondial de l’eau est une institution intergouvernementale subventionnée et soutenue par des multinationales. Cependant, ce sont la Banque Mondiale et les monopoles de l’eau qui dominent le Conseil, et le Conseil fait en sorte d’assurer que la logique du bénéfice détermine l’avenir de l’eau.

Le 5e Forum mondial de l’eau aura lieu les 16-22 mars à Istanbul.

À l’heure actuelle en Turquie, des législations prévoyant d’octroyer l’eau des fleuves, des lacs et des étangs aux corporations sont en cours de préparation. En d’autres termes, ceci signifie que les ressources en eau elles-mêmes pourront être transférées aux corporations, qui ne dirigeaient jusqu’à présent que les services d’approvisionnement en eau. Il s’agit là d’une nouvelle phase dans la privatisation de l’eau. Par conséquent, le 5e Forum mondial de l’eau qui va se tenir en Turquie est extrêmement crucial et devra permettre d’enrayer cette avancée des sociétés de l’eau.

Les Nations Unies et la Banque Mondiale considèrent l’eau comme un besoin plutôt que comme un droit. Il s’agit d’une différence cruciale. Dès lors que l’eau est définie comme un « besoin » plutôt que comme un « droit », il devient possible d’en faire une marchandise et de la soumettre au commerce. Un deuxième aspect de la politique globale de l’eau est que l’on propose une gestion de la demande plutôt qu’une gestion de l’approvisionnement dans la cadre de la gestion globale des ressources en eau. En d’autres termes, la privatisation de la gestion de l’eau potable, de l’eau domestique et de l’eau d’irrigation est ouverte à la discussion.

Parce qu’elle constitue un composant inséparable de la vie sociale, l’eau ne peut pas être laissée entre les mains de personnes ou d’institutions, encore moins entre celles des états capitalistes. Il faut reconnaître que l’eau appartient à la nature, dont l’humanité elle-même fait également partie. Par conséquent, nous exigeons que seules les personnes qui acceptent l’eau comme condition de base de la survie de tous les organismes vivants et non pas ces bureaucrates et/ou détenteurs d’intérêts privés qui prétendent que l’eau peut être utilisée pour l’accumulation de capital puissent déterminer comment et dans quelles circonstances l’eau peut être utilisée par l’homme, les animaux et les plantes.

Dans ce contexte, la Confédération des syndicats paysans turcs, Çiftçi-Sen, membre de Via Campesina, soutenue par plus de 100 autres mouvements d’opposition sociale défendant la reconnaissance du droit à l’eau, a formé une plate-forme intitulée « Non à la commercialisation de l’eau », afin de lutter contre le Forum mondial de l’eau. Pour nous opposer aux intérêts des corporations et démontrer la position des peuples sur la question, nous travaillons collectivement à l’organisation d’une manifestation massive le 15 mars à Istanbul, afin de protester contre le Forum mondial de l’eau. La manifestation s’accompagnera d’un ensemble d’activités qui auront lieu tout au long de la semaine (manifestations, discours, ateliers et panels) afin de jeter une ombre sur le WWC.

http://hns-info.net/
photo: CHINE Information

à lire aussi:

COMMUNIQUE DE FRANCE LIBERTES – FONDATION DANIELLE MITTERRAND

5ème FORUM MONDIAL DE L’EAU : UN DAVOS DE L’EAU ? NON MERCI

13 mars 2009

Nous sommes toujours en pleine crise alimentaire









par Stéphane Desgain

Il est possible de prendre des décisions politiques permettant de rompre avec un système qui produit en alternance des crises alimentaires dans les campagnes puis dans les villes et ainsi de suite.

Après des décennies de prix de produits alimentaires dépréciés, ne permettant pas à la majorité de producteurs de vivre dignement de leur travail, le contexte semble avoir radicalement changé. En avril 2008, les prix mondiaux des produits agricoles ont augmenté en moyenne de 54% en douze mois. Certains produits, comme les céréales et l’huile végétale ont respectivement augmenté de 94% et 98%, avec des niveaux record de prix depuis plus de dix ans. Depuis quelques mois, les prix de nombreux produits agricoles ont chuté, confirmant les craintes des ONG, des organisations de consommateurs, d’environnementalistes et des organisations de producteurs de voir les marchés agricoles être encore plus volatils.

On comprend que ces hausses brutales aient jeté dans la rue des populations déjà pauvres qui consacrent 60 à 80% de leur budget à l’alimentation. On s’interroge sur l’absence de réaction quand le phénomène inverse jette d’année en année plus de 50 millions de paysans dans la misère ? Sans doute parce que les journalistes vivent en ville et pas en milieu rural.

Il est plus inquiétant encore de se rendre compte que peu de gouvernement ont pris la mesure des menaces qui pèsent, non plus sur 850 millions de personnes, mais aujourd’hui sur près d’un milliard d’individus souffrant de la faim. Nous tournons collectivement le dos au projet minimaliste des Nations Unies de réduire la faim en 2015... de moitié ! Les émeutes de la Faim ont frappé plus de 40 pays. Peu de responsables politiques européens ont compris qu’il ne s’agit plus de faire baisser les prix à tous prix mais plutôt de s’attaquer aux causes qui ont amenés ces pays à être à ce point dépendant d’autres pour leur alimentation de base. En 2007, les coûts des importations alimentaires des pays en développement ont augmenté de 33 %.

Se poser cette question c’est enfin questionner le projet agricole qui permettrait de garder des paysannes et paysans motivés, qui auraient un avenir dans cette activité et bénéficieraient de prix agricoles qui leur permettraient de vivre décemment. Ces prix doivent, on l’oublie trop souvent, permettre d’investir dans les pratiques agricoles qui augmentent le productivité en préservant l’environnement et la biodiversité.

Les raisons de la crise alimentaires de 2008 sont nombreuses mais elles ne peuvent nous exonérer de faire le travail de hiérarchisation. Quelles en sont les raisons premières et quelles sont celles qui découlent de causes plus fondamentales ?

Il est vrai que la crise alimentaire découle d’une hausse de la demande avec l’augmentation et les changements des habitudes alimentaires dans les pays émergents, l’urbanisation croissante, la demande d’agrocarburants. Il est également vrai qu’elle découle aussi de l’augmentation des coûts de production elle-même liée au prix du pétrole, des effets des changements climatique avec la sécheresse qui frappé l’Australie et d’autres régions du monde mais aussi du rôle criminel joué par les traders spéculant sur les variations de prix des produits agricoles.

Mais il serait heureux de mettre en haut de la liste trois éléments fondamentaux. La dérégulation et la mise en concurrence des agricultures du monde entier aux travers des règles du commerce mondiale et les accords bilatéraux et bi régionnaux (UE ACP, UE / Mercosur). Cette politique limite chaque jour les possibilités des pays de protéger leurs agricultures. Pour de nombreux pays pas de protection signifie plus d’agriculture.

Deuxièmement, l’abandon de vrais politiques agricoles qui maintiennent des prix agricoles rémunérateurs et stables pour les producteurs. Ces politiques gèrent l’offre et organisent les quantités produites, importées et maintiennent de stocks suffisants. Elles sont indispensables.

Enfin, le troisième élément est l’absence de soutiens financiers assumés à une politique agricole qui est orientée vers une agriculture familiale, paysanne durable, celle qui maintient l’emploi rural. Ces soutiens ne seraient plus destinés à compenser des prix trop bas puisque la régulation maintiendrait les prix à des niveaux couvrant tous les coûts de production. Les soutiens financiers seraient destinés aux réformes agraires, à la formation, à l’amélioration des pratiques agricoles qui respecte les cycles naturels, à l’irrigation, à la recherche publique empêchant la main mise du privé et le brevetage, à la transformation et la conservation, à la réorganisation de l’agriculture afin de la rendre indépendante du pétrole.

Ce troisième élément est compliqué pour les pays les plus pauvres. Il s’agit de garder à l’esprit que les rapports Nord-Sud sont toujours aussi inégaux. Il faut donc, en même temps cesser les pillages des ressources naturelles, stopper les pressions visant à démanteler les politiques agricoles, augmenter rapidement l’aide publique destinée à l’agriculture. Entre 1987 et 2005, l’aide à l’agriculture destiné aux pays du Sud est passée de 11,5 à 3,9 milliards de dollars par an alors qu’il faudrait de 25 à 40 milliards de dollars supplémentaires. Les organisations paysannes doivent être au centre des choix prioritaires et du contrôle de l’utilisations de ces fonds.

Avec des politiques agricoles fortes on traite le problème de la dépendance, coupant sous le pied l’impact de l’augmentation des prix internationaux. L’exemple du Mexique est éclairant. Si ce pays n’avait pas laissé les règles du libre échange détruire son agriculture, il n’aurait pas subi le changement d’affectation du maïs des Etats-Unis qui se découvrent un engouement pour l’éthanol. Si l’on avait maintenu partout sur terre des stocks publics de céréales suffisants, les traders n’aurais pas pu spéculer sur une pénurie…

Reste plusieurs problèmes : celui d’un mode d’alimentation basé sur une surconsommation de viande et de poisson d’une minorité. Il n’est pas possible d’étendre ce mode d’alimentation à l’ensemble des populations. Les pays riches doivent changer en premier puisqu’ils sont malheureusement ceux qui influencent l’imaginaire collectif de la plupart des pays.

Même si l’on relocalise la production et que l’agriculture est prioritairement orientée vers les marché locaux, il restera une part de l’agriculture destiné à l’exportation. Pensons aux produits comme le café le cacao, le thé, … Les politiques agricoles nationales et régionales ne peuvent réguler ces productions pour éviter que les pays producteurs ne subissent de forte chute de prix et les pays importateurs des ruptures d’approvisionnement. Il est urgent alors de négocier, produit par produit, des accords internationaux régulant les quantités échangées, de manière à limiter la volatilité des marchés et à garantir des prix rémunérateurs. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est décrédibilisé ? Qu’elle commence par cette régulation en abandonnant son dogme de la régulation par le marché. Mais en est-elle capable ?

Sortir d’un modèle productiviste, basé sur la monoculture, les engrais et d’autres intrants issus du pétrole, nécessite des besoins financiers pour aider les agriculteurs endettés à sortir de ce modèle et à se reconvertir. Il faudra expliquer aux autres citoyens la nécessité d’aide publique puisqu’il y a une responsabilité collective dans cette mauvaise orientation.

Le dernier problème en date est particulièrement inquiétant puisqu’il s’agit de l’accaparement des terres fertiles des pays pauvres par des fonds d’investissement ou d’autres gouvernements. De nombreux gouvernements disposant d’importants moyens financiers provenant du pétrole ou de balance commerciale excédentaire s’emparent de terres fertiles dans le monde entier. Ces pays sont en fait préoccupés par l’insécurité alimentaire parce qu’ils comptent sur des importations pour nourrir leurs populations. Ils comptent externaliser leur propre production alimentaire pour échapper aux prix élevés du marché. Ce choix est clairement anti-social puisque ces accaparements de terre se font dans des pays où sévit la faim et contourne la vraie question de l’analyse des moyens d’améliorer l’agriculture locale.

Plus grave une part importante des accaparement de terres sont le fait de fonds d’investissement qui recherche une rentabilité. L’agriculture, une fois de plus, n’a plus vocation de nourrir mais d’engraisser des actionnaires. Ces sociétés d’investissement, achètent de terres agricoles dans le but de tirer profit de la réduction des coûts fonciers et de l’augmentation des prix alimentaires partout où des terres agricoles fertiles sont disponibles. Parmi les accapareurs figurent des noms bien connus, comme ceux de Goldman Sachs, Morgan Stanley, BlackRock …

Cette constatation n’exclut pas l’utilité d’échanges sur certains produits et entre les pays bénéficiant d’une grande quantité de terres fertiles avec ceux en léger déficit. Mais le choix de laisser faire les plus puissants, ceux qui ont les moyens d’acheter les meilleurs terres est l’exacte contraire du principe de démocratie et d’un projet collectif inscrit dans une politique agricole. Si nous laisser faire, nous allons droit vers une contre réforme agraire, mais au niveau mondial.

source: blog "Food crisis & the global land grab" de L’ONG Grain (pour Genetic Resources Action International), basée à Barcelone, qui a ainsi mis en place une veille mondiale quotidienne recensant les articles de presse publiés sur ce sujet.

8 mars 2009

Cour de justice, excès de pouvoir ! Parlement européen, excès d’impuissance !


Par Geneviève Confort-Sabathé












Faut-il s’étonner de voir tant de personnalités illustres exhorter les états-majors de la gauche radicale à faire l’unité politique en vue des élections européennes ? Faut-il s’étonner de voir tant de militants purs et durs prêts à rengainer leurs exigences démocratiques au nom de l’efficacité électorale ? Non, car les Français, fussent-ils intellectuels conscientisés ou citoyens engagés, n’arrivent pas à faire le deuil de la démocratie.

Ils veulent oublier la forfaiture des députés de l’Assemblée nationale (hormis les communistes) qui ont adopté le Traité de Lisbonne contre l’avis du peuple français.

Les Français sont bien conscients que la démocratie par délégation est une catastrophe et que les élus ne se sentent jamais tenus par les promesses qu’ils ont faites pendant la campagne électorale. Pourtant, ils ne parviennent pas à renoncer aux soirs d’élections, ces moments collectifs, qui fleurent bon la revanche populaire. Evidemment, la jouissance ne dure pas longtemps, juste le temps de se pousser du coude ou de le lever, devant la gueule enfarinée des quelques-uns qui se sont ramassés une veste.

Mais, cette fois, l’enjeu est de taille car le seul fait de participer aux élections européennes dans le contexte de crise actuel revient à cautionner un système politique totalement inféodé à la loi du marché commun européen. Les traités, véritables tables de la Loi, sont gravés dans le marbre capitaliste. Le dernier avatar, le trop fameux traité de Lisbonne, qui viole la volonté des peuples parachèvera la tendance ultralibérale de l’Europe.

Les élections au Parlement sont une mascarade destinée à laisser croire que les peuples ont encore leur mot à dire. Or, il suffit pour se convaincre du contraire de s’intéresser aux toutes dernières décisions « sociales » de la Cour de Justice des Communautés européennes, elles vont toutes dans le sens de la défense de l’entreprise contre le droit des salariés. Pourquoi ? Parce que les traités successifs constituent un carcan imperméable qui permet une « interprétation » libérale quelle que soit la volonté initiale des députés européens. Ainsi les droits des entreprises s’apparentent, en droit européen, à des « libertés fondamentales » quand les droits des salariés sont du ressort de la compassion des Etats membres, à eux de choisir ce qui est bon pour leurs propres ressortissants… à condition que cela ne défrise pas la Cour de Justice des Communautés européennes.

La majorité du Parlement européen serait-il composé de députés anarcho-communistes, ce qui ne risque pas de se produire avant l’an 3050, que les technocrates de la Commission n’en renonceraient pas moins à leur but suprême : édicter des lois pour accélérer le dumping social dans les Etats membres. La Commission européenne est le bras armé des capitalistes en Europe. Même si une « actio popularis », emmenée par un ramassis de salopards en salopette, la visait, elle pourrait toujours compter sur la Cour de Justice des Communautés européennes. Bien planquée dans un véritable bunker au Luxembourg, un paradis fiscal soit dit en passant, cette tanière de super-juges symbolise le totalitarisme juridique d’une construction européenne qui s’est faite sur le déni des peuples. Les arrêts de cette cour suprême sont inattaquables ou presque. Confessionnal ou conseil de discipline, la Cour de Justice se la joue autoritaire. Les représentants des Etats membres y défilent, la tête basse, et en sortent, les fesses rougies.

La Cour de Justice des Communautés européennes est sans doute l’instance la plus discrète mais aussi la plus puissante. Une puissance occulte, au service des puissances de l’argent, en quelque sorte puisqu’elle n’a cessé, en quarante ans, de promouvoir le libéralisme le plus violent à coups d’interprétation fantaisistes des traités lorsque les textes n’étaient pas suffisamment précis. Ses pouvoirs ne cessent de s’étendre de traités en traités, les Etats membres perdent de plus en plus leur prérogatives au bénéfice de cette curieuse institution qui semble intouchable et s’apparente désormais à une sorte d’Olympe d’où un Zeus, déguisé en trader de luxe, lancerait des éclairs sur les misérables humains qui passent à sa portée.

On dira que j’exagère et que les menaces sur la démocratie ne peuvent en être arrivées à ce point critique, qu’il est possible de changer encore la donne. Peut-être mais certainement pas de l’intérieur. Restent des solutions plus concrètes : la grève générale reconductible dans tous les pays européens et la mise en place d’une capillarité des initiatives alternatives concernant tout autant les relations au travail qu’à la monnaie. Le travail et l’argent constituent les deux moyens les plus efficaces de contrôle des peuples.

Ne votons pas, réfléchissons ! Prenons le temps de nous parler de tout, sans interférences électorales.

Les lendemains d’élection chantent parfois mais cela dure si peu. Donnons-nous du temps pour chercher la porte de sortie du capitalisme. Sinon nous ressemblerons à des alouettes affolées prises dans les miroirs qui les condamnent.

source: Damnés de la terre

6 mars 2009

« Les zapatistes au Chiapas» Conférence-Débat - Film



















SOL’QUERCY

Réseau Solidaire

vous propose

SAMEDI 07 MARS 2009

20H30 MJC de CAHORS

« Les zapatistes

au Chiapas»

Conférence-Débat - Film

avec Jean-Pierre PETIT-GRAS

Professeur à l’Institut National Polytechnique de Toulouse

Où en est le Chiapas, quinze ans après le soulèvement des Indiens zapatistes?

Quels projets, quelles réalisations, quelles formes d'organisation dans les « caracoles » dont le gouvernement mexicain a été contraint d'accepter l'existence ?

Quels dangers font peser sur ce peuple les groupes paramilitaires à la solde du pouvoir ?

Et peut-être surtout... quelles leçons pouvons-nous tirer d'une expérience aussi riche et originale ?

Venez en parler avec Jean-Pierre Petit-Gras qui, depuis de longues années, se rend sur place et suit pas à pas le processus.

Entrée libre

( photo: galeria.ezln)

1 mars 2009

HADOPI - Le Net en France : black-out

 

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