La
Grèce doit sortir de l’euro et la gauche allemande doit réviser
d’urgence son attitude vis-à-vis de l’Europe. Costas Lapavitsas n’est
pas seulement professeur d’économie, en outre, il déteste la langue de
bois. Une interview réalisée par Stefan Bornost qui offre abondamment
matière à discussion.
Costas Lapavitsas est professeur de sciences économiques à la School of Oriental and African Studies de Londres.
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Pour
notre collègue de la rédaction, c’était sûr : nous devions publier cet
homme ! Cet homme, c’est Costas Lapavitsas. Marcel Bois, un rédacteur de
marx21, assistait à Londres à une conférence de la revue Historical Materialism lorsque
Costas s’est bagarré (verbalement) avec un économiste de gauche. Le
sujet en était la crise de l’euro et l’avenir de la devise unique
européenne. Grâce à Facebook, il fut facile de prendre contact et trois
jours plus tard nous avions un au bout du fil Costas aussi aimable
qu’engagé. Sa prière à la fin de la communication : la gauche européenne
doit impérativement engager d’urgence un débat sur son attitude envers
le projet européen. Il espère que cette interview jouera un rôle de
déclencheur et remercie de toute réponse. Nous transmettons cette prière
à nos lecteurs. Adresser remarques et critiques à redaktion[at]marx21[dot]de.
marx21.de : Costas, tout d’abord un coup d’œil dans la boule de cristal : Utiliserons-nous toujours l’euro en 2015 ?
Costas Lapavitsas: L’euro existera encore, mais il est
hautement improbable que tous les pays de l’eurozone actuelle
l’utilisent encore comme moyen de paiement. L’euro ne peut être conservé
sous sa forme actuelle, et il ne le sera pas. Les forces qui
précipitent son effondrement sont très visibles : pendant que nous
discutons, le marché des obligations européennes s’effondre, parce que
les investisseurs se replient sur les obligations allemandes et donc
font monter les taux d’intérêt des autres pays. Si le marché obligataire
reste à ce point sous pression, l’euro n’en a plus que pour quelques
semaines.
La
Chancelière Merkel souligne sans cesse la différence entre crise
bancaire et crise de la dette. Selon elle, il fait imputer la première à
des banquiers irresponsables qui se sont livrés à des spéculations
désastreuses, et la crise de la dette aux gouvernements des pays
méditerranéens qui ont laissé filer leur dette sans aucun contrôle.
Cette distinction est-elle pertinente ?
Absolument pas. C’est une seule et même crise. Elle a commencé en
2005 aux USA sous forme de crise immobilière. Les responsables en
étaient les banques et autres acteurs financiers. Des investisseurs
allemands aussi en ont été partie prenante, et largement. Quand la bulle
immobilière a éclaté, les banques ont perdu beaucoup d’argent. Il s’en
est suivi une crise bancaire qui a déclenché une récession
mondiale. Cette crise, les États industriels l’ont combattue par le
biais d’interventions publiques d’une ampleur sans précédent. L’objectif
était de sauver les banques et de stabiliser la demande. La dette
publique qui explose aujourd’hui est donc la conséquence directe de
l’intervention des États entre 2008 et 2010 - et non de tel ou
tel gouvernement flambeur.
Et cette fois encore les coupables sont les banques, mais cette
fois au premier chef les banques européennes, car ce sont elles les
principaux créanciers des États endettés. La crise de 2007-2008 n’a pas
reçu de solution satisfaisante, ni en Europe ni ailleurs. Maintenant que
les États européens rencontrent de graves problèmes financiers, le plus
grand danger est la faillite d’un plus grand nombre de banques. Et la
crise revient à son point de départ.
C’est
ta façon de voir les choses. Mais que penses-tu de cette version : les
Allemands ont accepté un tas de sacrifices- privatisations,
consolidation des budgets publics et pression sur les salaires - et mis
de l’ordre chez eux dans la douleur. En revanche les gouvernements des
États méditerranéens ont provoqué la crise de la dette en laissant
déraper leur endettement. Cette distinction est-elle pertinente ?
Je comprends parfaitement le scepticisme des travailleurs allemands
vis-à-vis de l’euro. Il est bien compréhensible qu’ils n’aient aucune
envie de voir dépenser l’argent public pour sauver la devise commune,
d’autant plus que cela constitue de facto un nouveau sauvetage
des banques - à coups de milliards. Depuis 15 ans, en Allemagne, les
salaires baissent et on fait des coupes dans les budgets publics. Dans
le principe les salariés allemands ont fait les frais de la
réunification du pays et de la restructuration du capitalisme allemand.
La première raison de la réussite des exportations allemandes et de
leur haute compétitivité, c’est la pression exercée sur les travailleurs
allemands. L’économie allemande était déjà beaucoup plus compétitive
que bien d’autres, mais elle ne s’est envolée que grâce à plusieurs
années de gel des salaires.
Ce succès n’est donc pas dû à une augmentation de la productivité
et de l’efficacité, ni à une inventivité particulière, explications
couramment fournies à la réussite du capitalisme allemand. Beaucoup de
pays de la périphérie européenne faisaient mieux sous ces rapports. La
seule cause en est la pression sur les salariés et à la stagnation des
salaires. Donc je comprends parfaitement la réaction des travailleurs
allemands quand on leur propose de dépenser encore l’argent des impôts
pour sauver l’euro, c’est à dire les banques.
Mais je pense qu’ils se trompent de colère, au moins en partie. Il
est tout à fait faux de prétendre que les salariés des autres ays s’en
sont mis plein les poches depuis 15 ans. La pression sur les salariés a
été forte partout en Europe, partout les riches se sont enrichis aux
dépens des pauvres. Les classes dominantes des autres pays européens
n’ont pas su imposer les restrictions budgétaires et baisses de salaires
avec autant d’efficacité et aussi peu de scrupules que les Allemands,
mais elles ont essayé.
Si les travailleurs allemands se sentent en danger et ont peur,
c’est à leurs entreprises et à leur gouvernement qu’ils doivent s’en
prendre. Car c’est d’eux qui que vient la pression- non des
travailleuses et travailleurs grecs, italiens ou espagnols.
Volker
Kauder, Président de la fraction CDU au Bundestag dit que l’Europe
devrait « apprendre l’allemand » autrement dit consolider ses budgets et
se tourner vers l’exportation pour sortir de la crise. Est-ce une
stratégie prometteuse ?
Non, c’est le meilleur moyen de couler l’eurozone. La pression sur
les salariés a procuré aux entreprises allemandes un avantage
concurrentiel. Ils en ont très habilement profité pour s’assurer des
bilans commerciaux excédentaires. Mais ces excédents proviennent très
majoritairement de l’eurozone qui s’est transformée en une sorte de
marché intérieur allemand.C’est le plus gros avantage de l’eurozone pour
les capitalistes allemands. Le gel des salaires dans leur pays leur a
conféré d’énormes avantages sur ce marché. Mais de gros excédents pour
l’un signifient de gros déficits pour l’autre. En clair : les déficits
de la périphérie européenne sont le pendant des excédents allemands.
C’est ce déséquilibre qui cause l’instabilité de l’eurozone.
Si la classe dominante allemande y voyait un peu plus loin que le
bout de son nez, elle s’inquiéterait de ces déséquilibres et réduirait
ses propres excédents. Au lieu de cela, elle conseille aux autres de se
créer des excédents. C’est un mauvais calcul. Tous les pays de l’UE ne
peuvent pas dégager des excédents, surtout quand l’euro est surévalué
par rapport au dollar et donc gêne le commerce en-dehors de l’eurozone.
En contraignant tout le monde à étrangler les salaires et donc la
demande, on coule l’eurozone.
Le sommet
de l’UE s’est mis d’accord, pour le long terme, sur une politique
économique et financière européenne commune. Les sociaux-démocrates ont
salué cette déclaration, qu’ils souhaitaient depuis toujours.
Assistons-nous à une « social-démocratisation » de l’Europe ?
Sûrement pas. Les sociaux-démocrates ont font une interprétation
erronée de « l’idée européenne » et de l’unification européenne. Ils
entendent « coordination » et « intervention de l’État » et croient que
l’UE est un projet keynésien progressiste qui va mettre en place
l’État-Providence. Ils espèrent que la gauche, si elle s’engage en
faveur de ce projet, pourra donner à l’ensemble une orientation encore
plus progressiste, par exemple voter une Charte sociale européenne ou
autres choses du même genre. Il n’en a jamais été ainsi et ces deux
dernières années ont bien montré la fausseté d’une telle supposition.
Prenons le résultat du dernier sommet européen : si les divers
gouvernements tombent d’accord sur une politique de stabilité financière
et économique- ce dont je doute- cette politique ne consisterait
sûrement pas à augmenter les salaires, affermir les droits des
travailleurs ou investir dans le domaine public. Le consensus tendrait
vers l’option de Volker Kauder ; une politique permanente de coupes dans
les budgets publics et de pression sur les revenus. Voilà quelle
solution à long terme la classe dominante allemande envisage, et il n’y a
pas lieu de la saluer.
Bernd Zeller : "Je sortirais bien de l'euro, s'il y a une grosse indemnité"
Costas,
tu es pour une sortie de la Grèce de la zone euro. En Allemagne c’est
la position des forces les plus réactionnaires de la droite
nationaliste. As-tu quelque chose à dire pour défendre un tel
voisinage ?
Je n’ai pas l’impression de devoir me défendre. Que les grands
partis de gauche européens, allemands ou autres, commencent par se
défendre eux-mêmes et expliquent une bonne fois leur attitude face à la
crise de l’eurozone. Il me semble qu’ils se sont de fait alignés sur la
stratégie de fond des classes dominantes allemandes et françaises, c’est
à dire la défense de l’euro. Actuellement, le problème majeur n’est pas
l’attitude de l’extrême droite allemande ou française. Le problème
majeur, c’est ce que disent et font Merkel et Sarkozy : sauvetage de
l’euro, modification du cadre institutionnel de la devise commune et
tout cela sur le dos des travailleurs.
À mon grand étonnement, de vastes pans de la gauche et des
syndicats allemands et des pans de la gauche française soutiennent cette
politique. Ils semblent vraiment croire que Merkel et Sarkozy sont en
train de construire une « maison européenne » dans laquelle la gauche
est en train de changer les portes, balayer et installer une nouvelle
cuisine. Ils semblent que les grands partis de gauche soient devenus
incapables d’imaginer des stratégies indépendantes des classes
dominantes.
Lorsque je demande que les États de la périphérie sortent de
l’euro, je pense à une rupture radicale avec les intérêts de classe et
hiérarchies nationales qui dominent actuellement le continent. L’Union
monétaire européenne n’est en rien une alliance pour la paix, la
solidarité et l’amitié entre les peuples. L’Union monétaire est d’abord
un mécanisme qui sert à défendre les intérêts des grandes banques et
firmes européennes. Et ce mécanisme est tel qu’il protège parallèlement
les intérêts des États centraux- comme la France et l’Allemagne- aux
dépens des pays de la périphérie - comme la Grèce, le Portugal et
l’Espagne.
Pour employer un terme vieilli: l’Union monétaire est un instrument
de l’impérialisme. Bien sûr que les classes dominantes allemandes et
françaises veulent conserver l’euro - ce qui ne signifie pas qu’elles y
réussiront. Je crois que la gauche, tout particulièrement la gauche
radicale, devrait s’en aviser, reconnaître que la ligne de front se
situe là, et prendre position en conséquence. La classe ouvrière
européenne n’a aucun intérêt à l’Union monétaire. Mais la gauche a un
intérêt majeur à défendre les intérêts de la classe ouvrière. Et si cela
signifie causer du tort à l’euro, eh bien, allons-y.
Je sais parfaitement que l’extrême droite appelle aussi à sortir de
l’eurozone. C’est bien pourquoi la gauche devrait défendre une sortie
de l’euro dans une optique progressiste. En Grèce, il nous faut un
changement social radical en faveur des travailleurs. Sortir de l’euro
pourrait catalyser une telle révolution, qui comprendrait la
nationalisation des banques, l’instauration d’un contrôle des capitaux
et un accès aux points névralgiques de la politique industrielle.
On doit avoir pour objectif la suppression du chômage et la défense
des revenus et conditions de travail de la classe ouvrière, ce qui
exige une rupture avec la politique néolibérale des trente dernières
années. Dans cette optique les Grecs et habitants d’autres pays de la
périphérie devraient lutter pour un programme de transition tels que
nous venons de l’ébaucher et sur cette base changer les rapports de
forces, chose impossible tant qu’on reste prisonnier de la camisole de
force de l’Union monétaire.
Si la gauche ne se saisit pas de ces questions et ne transforme pas
l’euroscepticisme parfaitement justifié de la classe ouvrière en une
lutte contres mes diktats de l’Union monétaire, c’est l’extrême-droite
qui en profitera. À l’approche de l’effondrement de l’euro nous verrons
que des idéologies droitières pourront brusquement devenir majoritaires
en Europe, si la gauche ne propose pas d’alternative radicale. Nous en
avons déjà eu un avant-goût quand les médias allemands ont répandu les
histoires les plus incroyables au sujet des Grecs et que la même chose,
inversée, s’est produite en Grèce au sujet des Allemands. Cela peut
devenir franchement nauséabond, si la gauche ne reconnaît pas rapidement
que l’euro n’est pas ce qu’elle croit.
Pardon,
mais après des siècles de conflits armés entre les États européens et
après deux guerres mondiales, la gauche peut à bon, droit estimer que
l’Union européenne représente un progrès. Rêves-tu d’un retour au bon
vieil État-nation sans aucun chapeau politique commun?
Oui, oui, c’est ce dont les gouvernements nous rebattent les
oreilles - et malheureusement la gauche et les syndicats aussi. Eh bien,
je refuse ce raisonnement. Je pense que l’Union européenne ne
représente pas e progrès qu’on nous vante sans cesse de façon
subliminaire. Le caractère de l’UE a fortement changé au fil du temps.
Elle n’est plus la même qu’il y a 50 ans. L’Union européenne actuelle
est l’Union monétaire en particulier est clairement au service des
intérêts de classe extrêmement brutaux de la grande industrie et de la
finance.
En outre la crise a révélé deux autres aspects de l’UE qui posent
problème. D’une part, elle ampute la souveraineté des États nationaux,
en particulier de certains petits États. L’Europe est justement en train
de voir à nouveau les États du centre- et l’Allemagne s’est
particulièrement distinguée sous ce rapport - dicter aux États de la
périphérie la conduite à tenir. D’autre part l’UE contrevient à la
démocratie. On l’a longtemps présentée comme le garant de la démocratie,
comme l’instrument qui assurait les droits et libertés des Européens.
Il s’avère désormais qu’il n’en est rien. Nous voyons maintenant une UE
et plus encore une Union monétaire imposer brutalement des intérêts
particuliers- en l’occurrence les banques -au plan politique. Les
banquiers ne se cotent plus aujourd’hui de prescrire la politique
économique- ce qu’ils font depuis longtemps. Désormais ils dictent aussi
la politique à suivre. Ils font et défont les chefs d’État. Ils font et
défont des gouvernements entiers.
Je n’exagère pas en prétendant que la situation commence à rappeler
la République de Weimar. De plus en plus d’Européens ont l’impression
que la démocratie parlementaire est en panne, qu’elle est corrompue,
contrôlée par des gens extérieurs au Parlement, qui préfèrent les
décrets au vote. Nous assistons à l’émergence d’une situation politique
assez invraisemblable et dangereuse. Ceux qui défendent l’UE au nom de
promesses passées feraient bien d’analyser la situation actuelle de très
près.
Je tiens à le souligner : vouloir sortir de l’eurozone, ce n’est
nullement défendre l’isolationnisme ou refuser l’unité des peuples
européens. Il s’agit de comprendre le caractère de l’Union monétaire et
de bien voir comment évolue l’UE, et aussi de remettre à l’ordre du jour
la question de l’unité de l’Europe - mais sur d’autres bases.
L’Europe ne sera vraiment unie que si cette unité se fonde sur les
intérêts de la classe ouvrière et la solidarité entre
travailleurs. L’Europe, aujourd’hui, a besoin d’un choc qui ébranle le
continent tout entier. Ce choc, seuls les travailleurs sont en mesure de
la provoquer. Le combat a commencé à la périphérie, il doit gagner les
centres. Tout le reste de l’Europe attend de voir les salariés allemands
s’en prendre à leur gouvernement et mettre en question sa politique
intérieure et étrangère. Cela réduirait immédiatement la pression sur la
périphérie et serait un premier pas vers une unité européenne « par
en-bas ».
Il
semble que ta principale exigence soit que la gauche des deux grands
centres européens (France et Allemagne) prenne vis-à-vis de l’euro une
position indépendante et opposée à celle de leurs
gouvernements. Qu’est-ce que cela donnerait ?
Tu me demandes un programme complet pour la gauche européenne ? Ce
n’est bien sûr pas dans mes cordes. Mais ce que je peux dire à coup sûr,
c’est qu’il devrait être le fruit d’un effort commun d’échanges au sein
de toute la gauche européenne. Pour ma part je pense que deux choses
devraient être claires : d’abord il faut rompre avec l’Europe selon
Merkel, rompre avec l’idée que l’Union monétaire ferait avancer l’unité
européenne.
Une identité européenne commune, voilà une idée noble qui parle au
cœur des hommes et des femmes. Mais une UE organisée en cartel des
classes dominantes européennes ne peut sûrement pas créer une telle
identité. Au contraire, l’UE actuelle dresse les gens les uns contre les
autres, comme nous venons de le voir avec la Grèce et l’Allemagne. Il
nous faut une nouvelle définition de l’unité, qui ne peut être établie
que sur la base d’un respect de la souveraineté et de la démocratie, au
centre comme à la périphérie.
L’unité européenne devrait naître d’une lutte commune pour des
revendications communes et en nous soutenant mutuellement. Elle exige
une véritable solidarité, construite à partir de la base. Comment y
arriver ? En nous trouvant des luttes communes. La crise nous en offre
justement l’occasion. Bien sûr il y a de grandes différences entre les
nations, la crise prend d’autres aspects dans la périphérie qu’au
centre. Mais il y a nombre de points communs.
Nous pouvons par exemple nous lettre d’accord sur une
redistribution de la richesse. Il est clair que les travailleurs
allemands ont besoin de salaires plus élevés et d’une redistribution du
PIB, plus avantageuse pour eux. Ils ont besoin que l’on mette fin à la
pression sur les salaires et un abandon de la politique que leur
gouvernement et leurs patrons leur ont imposée- favoriser l’exportation
aux dépens du niveau de vie des travailleurs. La redistribution est
également importante à la périphérie, mais là le problème c’est l’euro.
Donc la gauche des pays périphériques devrait mener son combat pour la
redistribution dans le contexte de la sortie de l’euro. La gauche des
centres peut venir en aide à la périphérie en se battant pur un soutien
financier accordé aux habitants des États de la périphérie obligés de
restructurer leur économie.
Nous sommes également tous d’accord sur la nationalisation des
banques, afin qu’elles puisent être mises au service des travailleurs.
Nous voulons tous aussi un contrôle des capitaux et l’interdiction de
transactions financières dont les travailleurs ne peuvent attendre aucun
profit. Parvenus jusque-là nous ne sommes pas loin de constater que la
finance n’est pas le domaine réservé des prétendus experts de Francfort,
dont le bilan ces dernières années a été pire que mauvais. La finance
devrait être soumise à un contrôle démocratique. Ce n’est pas une Banque
centrale européenne élitiste et antidémocratique qu’il nous faut pour
décider où sont nos intérêts. Les dettes européennes devraient être
purement et simplement annulées. Il faut que nous prenions conscience
que les « plans de sauvetage » ne sont rien d’autres que des crédits
très chers accordés aux pays de la périphérie pour sauver les banques du
centre. Ce sont les travailleurs et travailleuses de la périphérie,
frappés par un chômage gigantesque et une chute vertigineuse de leurs
salaires, qui en font les frais.
Voilà quelques revendications qui me viennent à l’esprit dès que je
pense aux bases d’une lute commune et une solidarité véritable. Si les
travailleurs et travailleuses d’Europe centrale suivent cette ligne et
organisent une pression structurée en leur faveur, elles verront l’euro
d’un autre œil. Et si les salariés allemands obtenaient des
augmentations sensibles, la classe dominante allemande le verrait elle
aussi d’un autre œil, car il ne constituerait plus un moyen de dégager
des excédents commerciaux.
Et alors nous aurions une base pou établir une véritable unité
européenne. En s’unissant, les gauches du centre et de la périphérie
seraient tout à fait à même de tirer l’Europe de la crise. Mais cela
exige de se débarrasser de la camisole de force que constitue la vision
couramment admise de l’Europe et d’élaborer une position personnelle et
convaincante.
RABE : La stabilité de l'euro assurée par une délocalisation en Extrême-Orient
Merci à Tlaxcala
Source: http://marx21.de/content/view/1572/34/
Date de parution de l'article original: 02/12/2011
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=6349