Dr. Ammar Bagdache, secrétaire général du Parti Communiste Syrien |
Comité Valmy | lundi 8 octobre 2012
Merci au journal d'Antenne d'Oc (Anne-Gaëlle) pour l'info !
" Les forces révolutionnaires et progressistes internationales doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes"
Le Comité Valmy publie cette analyse de Ammar Bagdache qui pour l’essentiel rejoint la sienne.
Nous relayons ce texte important et particulièrement utile, en lui conservant son titre initial, tel qu’il est traduit de Rébelion.
Des sites amis qui diffusent cette analyse, ont cru devoir modifier ce titre et ce faisant, ont transformé le contenu essentiel du message du secrétaire du Parti Communiste de Syrie.
Nous relayons ce texte important et particulièrement utile, en lui conservant son titre initial, tel qu’il est traduit de Rébelion.
Des sites amis qui diffusent cette analyse, ont cru devoir modifier ce titre et ce faisant, ont transformé le contenu essentiel du message du secrétaire du Parti Communiste de Syrie.
Fleurus
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Entretien
avec le Dr. Ammar Bagdache, secrétaire général du Parti communiste
Syrien et membre du Parlement de la République Arabe de Syrie
" Les forces révolutionnaires et progressistes internationales
doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes"
doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes"
Ernesto Gómez Abascal : Comment le Parti Communiste de Syrie (PCS) juge t-il le gouvernement de Bachar Al Assad ?
Ammar Bagdache : Pour
le Parti Communiste de Syrie, c’est un gouvernement patriotique,
anti-impérialiste et antisioniste, malgré qu’il applique un modèle
économique clairement capitaliste. Même si le Parti Baas, qui était et
est toujours la force dirigeante du gouvernement, a proclamé le
socialisme arabe en Syrie, il n’est pas socialiste au sens marxiste du
terme. Cependant, le PCS fait partie du Front Progressiste composé
aujourd’hui de 10 partis.
Nous avons un ministre dans le gouvernement et nous
considérons, qu’à ce niveau du parcours, c’est la meilleure option. Nous
sommes et nous avons toujours été disposés à améliorer le système. En
2005 nous nous sommes opposés à des changements calqués sur le modèle
néolibéral, nous avons la preuve aujourd’hui qu’ils ont été le terreau
d’une catégorie marginale que l’opposition armée a su s’attirer. Des
erreurs ont été commises, maintenant il faut les corriger.
(Lire la suite...)
EGA : Y a-t-il des
forces et des partis de gauche parmi ceux qui combattent pour renverser
le gouvernement de Bachar Al Assad ? Face au gouvernement actuel,
existe-t-il une alternative de gauche ?
AB : Quelques personnes
qui étaient de gauche, y compris des marxistes, vivent à l’extérieur du
pays depuis pas mal de temps, mais elles ont changé. Certains avaient
fait de la prison en Syrie, aujourd’hui ils ont renoncé au marxisme,
plusieurs ont même rejoint les Frères Musulmans, d’autres sont devenus
les agents des monarchies du Golfe.
En Syrie, il y a des gens qui se considèrent de
gauche et qui veulent des changements et des réformes, mais ce sont des
individualités, pas des partis ou des forces politiques organisées, ils
sont tout de même opposés à l’intervention étrangère. Le gouvernement
que nous avons en Syrie a une position constructive pour réaliser des
changements importants, ils commençaient à être adoptés mais
l’intervention armée étrangère empêche, pour le moment, leur mise en
application normale.
Si le gouvernement actuel venait à être renversé, la
seule éventualité serait la prise du pouvoir par les Frères Musulmans,
ce qui constituerait un grand bond en arrière pour un peuple qui, depuis
pas mal d’années, bénéficie d’un système laïque moderne, ne connait pas
le sectarisme et n’a jamais vécu avec de telles tensions. Mais nous
sommes optimistes, même si la lutte dure encore un certain temps, nous
sommes certains qu’ils ne pourront pas nous vaincre.
Au PC Syrien |
EGA : Sur la situation militaire, comment voyez-vous la suite ?
AB : Plus le temps
passe, plus il est clair qu’ils ne pourront pas nous vaincre. Ils
[l’opposition armée, NdT] n’ont pu prendre le contrôle d’aucune ville
importante, malgré leur plan initial et l’arrivée de milliers de
mercenaires extrémistes et salafistes, assistés des services spéciaux US
et leurs alliés de l’OTAN qui travaillent depuis la Turquie, pays avec
qui nous partageons une longue frontière. Le Qatar et l’Arabie saoudite
leur apportent également le soutien économique et militaire. Bien sûr,
notre gouvernement est soutenu par la majorité de la population. Les
forces armées de la nation et les milices populaires restent unies et en
ordre combatif. Malgré la situation compliquée dans laquelle se trouve
le pays, les institutions fonctionnent.
EGA : Pensez-vous qu’en
Libye, il y avait la possibilité de soutenir quelque force
révolutionnaire ou progressiste pour une alternative au gouvernement de
Kadhafi ?
AB : Le cas de la Libye est totalement différent à
celui de la Syrie. Même si le peuple libyen jouissait du meilleur niveau
de vie d’Afrique, avec le PIB par habitant le plus important, la
personnalité de Kadhafi était très contestée, il était très incohérent
dans ses positions et il a souvent abusé de méthodes anticommunistes. Il
s’était réconcilié avec l’occident, mais il n’existait ni parti ni
aucune force organisée connue, avec un programme révolutionnaire,
progressiste ou anti-impérialiste, qui aurait pu recevoir un soutien en
tant qu’alternative au gouvernement de Kadhafi.
Le positionnement approprié des révolutionnaires
était de laisser les libyens résoudre leurs problèmes et s’opposer par
tous les moyens à l’intervention de l’alliance impérialiste et la
réaction arabe. Notre parti n’avait aucune sympathie pour Kadhafi, mais
c’est l’OTAN qui l’a renversé et non le peuple libyen.
Aujourd’hui, le
gouvernement installé à Tripoli est assujetti aux intérêts des
impérialistes.
EGA : Comment le PCS caractérise t-il le Hezbollah et l’Iran, un parti et un pays à caractère islamique ?
AB : Nous voyons qu’ils maintiennent des positions
patriotiques, contre l’impérialisme et le sionisme, par conséquent ils
sont des alliés. Le Hezbollah au Liban dirige un mouvement dans lequel
participent aussi des partis et des organisations chrétiennes, sunnites
et même marxistes. Il y a des musulmans de sensibilités politiques
différentes et notre parti, part du principe qu’avec la situation
actuelle dans la région, la place d’une force politique est d’être du
côté des intérêts du peuple, d’être anti-impérialiste et antisioniste.
C’est pourquoi nous considérons Hassan Nasrallah, le leader du
Hezbollah, comme étant un véritable révolutionnaire.
EGA : Pensez-vous qu’un parti ou une force de gauche puisse parvenir au pouvoir dans un pays de la région ?
AB : Nous n’écartons pas cette possibilité, cela
dépend des masses, du peuple. En 1958, je crois que peu de gens dans le
monde avait prévu qu’une révolution allait triompher à Cuba, et deux ans
plus tard qu’elle proclamerait le socialisme. Le rôle d’un leadership
est également très important et on ne peut pas l’exclure totalement.
EGA : Le président
égyptien Mohammed Mursi, des Frères Musulmans, a tenu un discours, lors
de la dernière assemblée générale de l’ONU il y a quelques jours, qui
semble montrer que ce grand pays est en train de reprendre la main sur
sa politique extérieure. Qu’en pensez-vous ?
AB : Je pense qu’il
agit selon la volonté des masses, du peuple égyptien qu’il ne peut
ignorer. Ce qu’il déclare ne doit pas faire plaisir aux USA et encore
moins à Israël. Il est possible que Mursi travaille à redonner à
l’Égypte le leadership du monde arabe. De plus, il est impossible d’être
plus grande marionnette de l’impérialisme que Moubarak, ce serait très
difficile. À l’Assemblée Générale de l’ONU, s’il a déclaré qu’il était
opposé à une intervention extérieure contre mon pays, c’est parce qu’il a
vu que le peuple syrien organise la résistance contre l’agression que
lui soumettent l’occident et les pays du golfe, cela peut influer ses
positions. Il faudra voir par la suite s’il maintient une ligne
contraire aux USA et Israël.
EGA : Quelle devrait
être la position de la gauche internationale, des révolutionnaires, par
rapport à l’intervention manifeste de l’impérialisme et la réaction
arabe pour produire des changements de régime ?
AB : Notre parti estime
que les forces révolutionnaires et progressistes internationales
doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et
antisionistes face à l’agression de la réaction, de l’impérialisme avec
sa politique interventionniste et d’ingérence qui transgresse les lois
internationales. De nos jours, c’est cela qui caractérise une position
de principes et révolutionnaire.
On ne peut se réclamer de gauche ou se dire
progressiste et révolutionnaire et en même temps adhérer à ce que disent
et font les Hillary Clinton, les monarques corrompus du Golfe et les
dirigeants de l’OTAN.
Auteur
Ernesto Gómez Abasca est écrivain et journaliste cubain, ex-ambassadeur dans différents pays du Proche-Orient.
Ernesto Gómez Abasca est écrivain et journaliste cubain, ex-ambassadeur dans différents pays du Proche-Orient.
Article publié le 2 octobre 2012 par Rebelión.org
Publié par Jilata à l’adresse 21 :
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