16 septembre 2013

Agen, la furia du béton

Parce qu'un chantier de LGV, c'est ça... (source)


Par Hervé Kempf  | Reporterre  | samedi 14 septembre 2013

Cet article est extrait de

La Chronique Ecologie est de retour

 Un chapitre du désastre ordinaire


Un saut à Agen, en train, pour débattre lors de la Quinzaine de l’écologie. On me raconte une lutte locale, méconnue, révélatrice du désastre ordinaire. La ville d’Agen, environ 40 000 habitants, se situe entre Toulouse et Bordeaux. Elle dispose d’une grande zone d’activité industrielle, qui marche bien, prospère, et qui a de la place pour s’étendre si besoin était. Mais le maire, comme tant de maires des villes moyennes, agglomérations, métropoles, capitales, rêve plus grand, plus beau, plus fort. Et plus grand, plus beau, plus fort, chez tant de maires des villes moyennes, agglomérations, métropoles, capitales, signifie couler du béton.


Dessin de Pierre Fournier (Reporterre)

Donc, plutôt qu’utiliser ce qui existe, il veut créer une autre zone, à dix kilomètres de la ville, à Sainte-Colombe-en-Brulhois - ah, pardon, une "technopole" : deux cent hectares de bonne terre agricole dans ce riche Lot-et-Garonne, deux cent hectares de blé et de maraichage à « consommer » pour faire une nouvelle zone « d’activité » - l’agriculture, ce n’est pas actif, c’est bien connu -, pour poser comme une verrue les habituels batisses d’aluminium et de béton, en « HQE » (haute qualité environnementale), bien sûr, avec trame verte et bleue, et quelques panneaux solaires, parce qu’on est développement durable, n’est-ce pas ?


Plan du gâchis programmé près d’Agen (Reporterre)

Ce désastre absurde est né dans le cerveau reptilien de l’édile agenais (Jean Dionis de Séjour) parce qu’il devait y avoir là une gare TGV. En plein champ, bien sûr, la terre, ça ne compte pas, pour les technocrates. Une gare TGV, donc, comme étape de la ligne à grande vitessse (LGV) Bordeaux-Toulouse.

Oui, mais. Cette ligne devait être construite en complémentarité avec la LGV Bordeaux-Hendaye. Or celle-ci a suscité une telle résistance dans les Landes et en Pays basque qu’elle est quasiment abandonnée. Cependant, nombre de notables continuent à vouloir la LGV Bordeaux-Toulouse : un autre désastre ordinaire. Près de six milliards d’euros – et des terres agricoles dévorées – pour gagner une demie-heure de trajet, alors qu’en rénovant la ligne actuelle, pour deux milliards d’euros, on gagnerait un quart d’heure. Les écologistes et d’autres se bagarrent contre la LGV Bordeaux-Toulouse : pas assez fort, encore. Et pas suffisamment pour empêcher qu’à Agen, le maire veuille bétonner deux cent hectares pour son rêve de gaspillage.

Sur place, beaucoup d’agriculteurs âgés lâchent prise, et vendent, soumis à la pression. D’autres se battent et résistent. Ils sont encore isolés. Ils ont besoin d’aide. On en reparlera.

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