10 mars 2014

Ni Poutine ni Timochenko

Image, Carlos Latuff


Blog Fischer02003 | samedi 8 mars 2014

Révolution ukrainienne, il faut une réponse internationaliste

Ni Ioulia Timochenko ni Poutine

Par Robert Duguet

Quelques notes de réflexion après la mise au point de Jean Luc Mélenchon en réponse aux médias sur l'Ukraine publiée sur son blog Samedi 8 Mars 2014.

La captation du pouvoir par un gouvernement dans lequel il y a quatre ministres néo-nazis est un fait, ce qui n’obère en rien le mouvement révolutionnaire du peuple ukrainien qui a jeté à bas les corrompus qui les avait précédés. Mélenchon reconnait dans son billet du 8 mars qu’il s’agit bel et bien d’une révolution sociale, alors que les billets précédents étaient sur la ligne de l’affrontement entre les blocs géopolitiques, un retour à la logique de la guerre froide en quelque sorte. On peut apprécier ce retour d’analyse. Toutefois il faudrait ajouter qu’en Ukraine comme à l’échelle internationale, nous sommes dans une période où il y a un vrai déficit de représentation anticapitaliste à gauche, ce qui ouvre les portes du pouvoir aujourd’hui à des partis réactionnaires. La politique a horreur du vide et lors du printemps arabe nous avons pu mesurer que des mouvements sociaux radicaux aboutissant à la liquidation de régimes honnis par les peuples, première étape du processus révolutionnaire, se heurtent dans une seconde étape à la question de la direction politique des masses en lutte. Si les révolutions arabes ne sont pas mortes, elles ont essuyé un recul et ont été incapables, notamment en Egypte, de barrer la route à des forces qui n’ont rien à voir avec le socialisme.

Quant à l’attitude à adopter vis-à-vis du régime de Poutine, elle est loin d’être satisfaisante. Mélenchon écrit que « mon camp est celui de la paix contre la guerre ». Soit. Les tenants de l’Europe néo libérale et autres Cohn Bendit sont sur une ligne qui ne peut aboutir qu’à des conflits armés. Mais la seule manière que je connaisse d’être pour la paix consiste à renouer avec les traditions internationalistes du mouvement ouvrier. Lors de la première guerre mondiale, alors que la social-démocratie dans son ensemble se prostituait dans l’union sacrée, entre autre Jules Guesde et son prétendu courant marxiste dans le parti français, les militants internationalistes qui s’étaient regroupés lors des conférences de Zimmerwald et de Kienthal, étaient bien peu nombreux. J’ai quelquefois le sentiment, face au profond délabrement politique de l’extrême gauche française, que nous sommes dans une situation assez similaire. Et pourtant l’histoire a donné raison aux internationalistes qui ont tenu bon dans la tempête, la révolution russe allait provoquer une onde de choc dans tous les pays de la vieille Europe capitaliste.

Si on fait la critique du nouveau régime issu de la captation du mouvement des masses ukrainiennes, encore faudrait-il avoir la même exigence vis-à-vis de Poutine. La réhabilitation de Staline en Russie par le régime de Poutine, cet ancien agent du KGB, n’est pas du tout un choix hasardeux. Qu’est-ce que le régime russe ? Une dictature dont les principaux protagonistes sont des anciens de la nomenklatura stalinienne. D’un régime détournant au profit d’une petite couche de fonctionnaires corrompus les profits de l’appropriation collective, ceux-ci sont aujourd’hui les promoteurs zélés d’un capitalisme mafieux. Tel est la nature du régime russe, qui prolonge le chauvinisme dominateur grand-russe des tzars et du régime stalinien. Les masses ukrainiennes n’ont rien à attendre, ni de l’Europe néo libérale qui ne promet aux peuples que misère et chômage, ni du régime de Poutine, résurgence dictatoriale bâtarde d’un régime condamné par tous ceux et celles qui en ont souffert. Sur la Crimée, qui doit décider si le régime de Poutine doit y rester pour maintenir ses positions économiques et militaires ? Qui ? Que veut dire la phrase « les russes n’ont rien à faire hors de leurs bases en Crimée » ?

Dans les prochaines semaines verra-on en France un mouvement en capacité de prendre des initiatives internationalistes, de tenir meeting en soutien à la révolution ukrainienne contre le gouvernement d’Ioulia Timochenko, associé à quatre émules d’Adolf Hitler, mais aussi en soutien à l’opposition de gauche en Russie contre le néo stalinien Poutine, gagné aux bienfaits du néo-libéralisme ? C’est pourtant ce qu’il faudrait faire. Ni ! Ni ! La voie socialiste… 
 
 

0 Comments:

 

blogger templates