Le 7 juin prochain les électeurs français sont appelés à voter pour envoyer des députés au parlement européen. Dans un bel ensemble les partis politiques du système, majorité comme opposition, s’apprêtent à organiser entre eux le partage de ce gâteau. Les forces sociales et politiques engagées dans une démarche de résistance républicaine, patriotique et de progrès doivent prendre position face à cette échéance.
Le parlement européen est-il un organe démocratique ?
Dans sa nature comme dans son action, le parlement européen est un des instruments de la domination atlantiste et capitaliste sur le continent. D’une part, ne représentant aucun corps politique, car les peuples résident dans les nations et non dans une chimère bureaucratique, il n’a aucune légitimité démocratique, ne sert qu’à isoler encore un peu plus les citoyens des instances dirigeantes et à supprimer pour les peuples le droit à disposer d’eux-mêmes. D’autre part, jamais en retard d’une résolution attaquant les droits sociaux ou l’indépendance des nations européennes, cette assemblée croupion est, malgré son fonctionnement ubuesque, un efficace rouage d’un système à vocation totalitaire. Les parlementaires qui s’y font élire choisissent donc la voie de la collaboration, à moins de s’y présenter - paradoxe aussi rare que suprême - en tant qu’ennemis affichés de ce système et de réclamer explicitement sa destruction.
La construction européenne est-elle amendable ?
Il est singulier de constater que, de toutes les listes en cours de formation, qu’elles soient eurobéates ou eurocritiques, aucune n’ose soutenir pleinement le bilan et la continuité de l’Europe telle qu’elle est, mais toutes proposent des changements de fond de plus ou moins grande ampleur, changements dont un demi-siècle d’intégration à sens unique démontre la stricte impossibilité.
En effet, depuis les "pères fondateurs" jusqu’à ses derniers développements contemporains, la construction européenne confirme sa nature néolibérale de vecteur des intérêts impérialistes états-uniens et de rempart contre la volonté souveraine des peuples. Ainsi, proposer une "autre Europe" est une tromperie ; on ne peut décemment débattre de contenus sociaux, démocratiques ou pacifiques dans le cadre d’une organisation dont les fondements et les actions sont l’expression constante du contraire, comme en témoignent la casse industrielle et sociale, les délocalisations, la concurrence inhumaine ou la soumission à l’OTAN.
Évidemment, devant la colère montante des citoyens des 27 pays de l’UE prison des peuples, les partis politiques représentés en sont réduits à jouer les illusionnistes et à proposer des modifications de l’intérieur. De l’extrême gauche à l’extrême droite, la fonction des tenants d’une "autre Europe" est la même : il s’agit d’agréger les justes colères visant l’Europe pour les neutraliser sur une voie de garage. L’Union européenne n’étant pas réformable, le débat ne devrait plus porter sur les changements à y apporter mais sur les modalités à mettre en œuvre pour en sortir dans les meilleures conditions. Pour cela, la prochaine élection du parlement européen n’est d’aucune pertinence.
Le choix de l’abstention
L’éventuelle présence de listes dénonçant tous les traités européens, appelant à la sortie de l’UE et au refus de la supranationalité mériterait toutefois que les électeurs les soutiennent. Or, l’organisation du système politique français, notamment le mode de financement des partis et l’omerta planifiée sur les moyens de communication de masse, rend pour le moment impossible la constitution de telles listes, et cela alors que l’aspiration à la rupture avec l’UE est potentiellement majoritaire dans le pays.
En l’absence contrainte de listes avançant sous la bannière de la sortie de l’UE, le Comité Valmy propose donc de lancer une campagne civique pour une abstention populaire massive le 7 juin. Dans l’action pour tracer, avec d’autres forces, une perspective de rassemblement populaire et d’espérance nouvelle, nous appelons tous les citoyens et les organisations qui se réclament de la résistance : les communistes patriotes et internationalistes, les gaullistes authentiques, tous les républicains qui se reconnaissent dans la défense de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire, de la laïcité, du progrès social et de la paix, à se mobiliser pour le boycott de ces élections européennes inutiles, trompeuses et perverses.
L’abstention ne s’oppose pas au civisme : les dirigeants euro-atlantistes et leurs complices nationaux ont suffisamment montré leur mépris de la souveraineté populaire en refusant à répétition le résultat des référendums pour qu’on puisse, en toute conscience, surmonter le chantage à la beauté et au respect du suffrage universel.
En foi de quoi, comme, à la différence du vote blanc ou nul, la non-participation pure et simple est le seul acte comptabilisé dans les statistiques, nous n’irons pas voter ! En hausse constante à chaque élection du parlement européen depuis 1979, l’abstention montrera le rejet des Français à l’égard de cette dictature masquée.
Comité Valmy, 23 février 2009 info@comite-valmy.org www.comite-valmy.org
source: Comité Valmy
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