AIPRI | samedi 18 août 2012
De la grandeur sale
Les déchèteries nucléaires civiles mondiales ont à ce jour en stock une masse de combustible éteint de l'ordre de 350 mille tonnes, environ 8478 desquelles ont été fissionnées (2,4%), pour un volume d'environ 17700 m3 tenant dans un infernal cube de Babel de quelque 26 mètres de côté. A l'heure actuelle cette masse fissionnée grossit chaque année de l'ordre de 348 tonnes puisque quelques 2,7 milliards de Mwé électronucléaires sont produits par an dans le monde. Ces déchets de l'industrie civile mondiale émettent à ce jour une colossale activité résiduelle de 142,8 milliards de Curie, à savoir 20 Curie par habitant de ce monde (1,43E11 Ci/7E9 = 20,40 Ci soit presque 755 milliards de Bq par personne pour environ 51 gr de déchets chacune). 88,84% de cette radioactivité artificielle relève des produits de fission "longs" comme le strontium (111,27 t.), le césium (229,37 t.) ou le prométhium (14,8 t.) et 11,16% est le fait des produits d'activation "très longs" comme le plutonium (1600 t. de Pu239), l'américium (103,65 t. d'Am241) ou le curium (342 kg de Cm244). Ces déchets éparpillés du Nord au Sud et d'Est en Ouest, dont la radioactivité occupera des millénaires avant de s'estomper de manière significative, concentrent un innommable potentiel radiotoxique de plus de 191 mille milliards de doses létales par inhalation dont 179 mille milliards dépendent des très perdurables produits d'activation et de 11 mille milliards de doses létales par ingestion. Il y a en définitive là en réserve assez de poisons "man made" pour, de science officielle, tuer chaque être humains plus de 27000 fois par inhalation et plus de 1500 fois par ingestion. Chacun des 7 milliards d'êtres humains vit en somme sans abri sous la menace perpétuelle d'une silencieuse attaque atomique sale déclenchée par l'atome de la paix.
(lire la suite...)
Rapportée aux 510 millions de km2 de la terre, cette activité correspond en outre à 280 Ci par km2 (1,43E11 Ci/5,10E8 km2 = 280 Ci/km2 pour environ 693 gr de déchets bruts au km2) soit 10,36 millions de Bq de poisons radioactifs durables par mètre carré de planète contenus dans 693 microgrammes de déchets bruts au m2 ! Compte tenu de la gamme des radioéléments impliqués ces déchets détiennent le potentiel de pouvoir contaminer de manière irrémédiable chaque km2 de la planète 260 fois au-delà de la valeur d'évacuation impérative ! En somme ces macabres déchets "éteints" sont pour l'heure, car ils vont croissant, en mesure de réduire à zone interdite une superficie 260 fois plus vaste que notre navette spatiale terre. A titre d'exemple signalons le Cs137 présent dans ces déchets à hauteur de 229,37 t. soit de 7,37E20 Bq. Il est à lui seul en mesure de réduire l'entière planète 2,6 fois à zone interdite. Ou encore le vaillant Sr90 dont les 111,27 t et les 5,68E20 Bq suffisent pour la transformer 8,5 fois en zone interdite. Il vaudra mieux qu'aucun météorite malveillant ne s'abatte jamais plus sur notre globe. Car la dispersion uniforme ne serait-ce que d'une infime partie (1/260 ème) de ces déchets réduirait à néant toute possibilité de renaissance de la vie sur terre. On est hélas loin des happy-end de rigueur des films catastrophe hollywoodiens.
Civil et militaire.
Ces 8478 tonnes de déchets de fission de l'industrie civile se révèlent enfin presque 23 fois supérieures aux quelques 13 tonnes produites par les essais atmosphériques et souterrains et les 360 tonnes de déchets de fission que pourrait au plus produire comme fallout l'arsenal atomique mondial ! (Le stock militaire mondial de matière fissile hautement enrichie passe pour être de 1750 t. de U235 et 250 t. de Pu239 avec lesquelles il est possible de construire au plus environ 112 mile bombes "minimalistes" de type Hiroshima (25 kg de U235) et Nagazaki (6 kg de Pu239) -70000 charges de 25 kg de U235 et 41700 charges de 6 kg de Pu239-. Si l'on concède généreusement un haut taux de fission de 18%, en pratique seulement une fraction mineure de la charge fissionne, autour de 10% en moyenne, porte à 360 tonnes fissionnables sur les 2000 tonnes des charges pour 6,316 millions de Kt réalisables (6316 Mt). -Cette masse de 360 tonnes est en gros d'une douzaine de tonnes supérieure à la masse annuelle fissionnée à l'heure actuelle dans le monde par les réacteurs électronucléaires.- Une bombe A virtuelle de cette colossale puissance aurait une boule de feu de 57,6 km de diamètre. NB. 1 Kt ≈ 57 gr fissionnés.) L'atome de la paix dispose donc bien de plus de venins contaminants que l'atome de la guerre ! Que les états-majors en aient tiré les conséquences géo-stratégiques ou non, l'atome de la paix est nettement plus superpuissant que l'atome explosif de la guerre sur le plan des retombées radioactives qu'il peut mettre en acte. Pour arriver à tant l'atome militaire devrait exploser plus de onze millions huit cent mille "petites" charges atomiques de la puissance de celle qui a dévasté Hiroshima (12,5 Kt. 0,7 kg fissionnés) pour disséminer sur terre autant de venins artificiels que "l'atome de la paix" ne l'a déjà fait (1,487E8/12,5 = 1,189E7). Ou bien il lui faudrait détoner plus de quatre vingt dix neuf mille "grosses" Tsar Bomba, la plus puissante ogive thermonucléaire connue, capables de réaliser plus 50.000 Kt dont 1500 à travers la fission (85,5 kg fissionnés), pour rejoindre une pareille quantité de produits de fission (1,487E8/1500 = 99157). Ou bien encore il lui faudrait plus de 16500 "grosses" charges de type Castle Bravo, une bombe H de plus 14.000 Kt dont bien 9000 obtenus, et inégalés, à travers la fission (513 kg fissionnés), pour parvenir à fissionner 8478 tonnes de matière. (1,487E8/9000 = 16526). Tout ceci va sans conteste au delà des capacités matérielles de l'entier arsenal nuke fissionnel mondial présent et passé réunis. L'atome de la guerre est incapable du fallout radioactif de l'atome de la paix. L'atome de la paix est résolument imbattable !
La prolifération du fallout.
La doctrine internationale en matière nucléaire distingue l'atome explosif de l'atome non explosif, l'atome de la guerre de l'atome de la paix et pose la frontière infranchissable en pratique. L'atome non retraité de la paix n'explose pas. Tout serait donc dit comme si l'atome guerrier n'était dangereux que parce qu'il détonne et non avant tout parce qu'il est radioactif. Comme si l'immanquable fallout radioactif qui suit la détonation n'avait lui aussi et à lui seul le pouvoir d'anéantir autrement un territoire, en le laissant intact en apparence mais invivable là où la radioactivité particulaire se dépose trop. Comme si de surcroit seulement une explosion atomique savait engendrer un fallout radioactif. Comme si le déconfinement guerrier des déchets civils pulvérisés était impossible, plus inoffensif et moins dissuasif que l'arsenal militaire. Que l'atome de la paix n'explose certes atomiquement pas (sagement empilé dans sa longue minigaine de zircaloy refroidie à l'eau borée) ne l'empêche pas de retomber une fois en l'air, ne l'empêche pas d'exhiber si besoin est la grandeur dissuasive (et persuasive) de son sale fallout radioactif. Et si l'atome de la paix n'a effectivement pas le pouvoir explosif immédiat de la bombe, il a néanmoins un pouvoir majoré de provoquer des retombées qui contaminent sans remède à jamais. L'atome de la paix est matériellement en mesure de transformer la terre entière en un vaste camp de concentration atomique à l'air libre mieux que ne saurait le faire l'atome militaire. Acclamer cet atome de la paix qui génère en plus grande quantité les mêmes déchets que l'atome de la guerre c'est pour autant promouvoir l'holocauste nucléaire que l'industrie civile prépare.
La terreur asymétrique
Du point de vue de la sécurité des états même cette doctrine de l'atome de la paix est gravement trompeuse car elle efface l'impact stratégique du fallout atomique dont les bombes n'ont pas l'exclusive et dont les déchets sont de fait l'émissaire premier. C'est une doctrine suicidaire qui croit la superpuissance limitée à la détention de la bombe, qui confondant dissuasion et explosion oublie que le terrifiant fallout n'est pas monopole de la bombe. L'explosivité, en rien négligeable bien sûr, n'est cependant une condition nécessaire de la superpuissance que pour ceux qui ignorent que les bombes atomiques sont l'enfer non pour massacrer en masse d'un seul coup par la seule force de leur détonation et de leur prompte radioactivité neutronique et gamma, s'il en était ainsi l'entier arsenal atomique mondial ne suffirait pas à emporter l'humanité car ses explosions ne couvriraient pas toute la surface habitée, mais pour empoisonner de manière irréversible le monde entier et continuer en silence à tuer bien après la bataille pour des centaines de millénaires en propageant partout les résidus aérosolisés des charges radioactives. Quoi qu'en dise la vulgate, une bombe atomique tue plus à retardement que sur l'instant. Mais elle tue alors d'une autre manière (surtout par contamination particulaire interne des êtres vivants mais aussi par le rayonnement gamma artificiel qui s'élève des sols pollués), sur une terrifiante durée et dans un espace sans frontières. Si l'arme atomique est bien l'arme de la fin du monde par excellence c'est en raison de son fallout ubiquitaire. Il est bon de s'en souvenir. On vit peu et mal sur une planète réduite à zone interdite. Le day-after des survivants n'est pas de tout repos... C'est donc bien cet indélébile fallout sale qui rend l'arme atomique, et le nucléaire en général, si démoniaque et non l'horrifiant carnage instantané ou l'amas de ruines immédiat promis par sa détonation. Or ce sale fallout guerrier peut également et très facilement surgir décuplé des déchets nucléaires de l'industrie civile. Il n'est nul besoin d'une bombe atomique pour amorcer un fallout. John Gofman, co-découvreur du plutonium et ami regretté de l'AIPRI, l'avait écrit tout cru et à la lettre, le nucléaire est avant tout un "Poisoned Power". Il n'y a dès lors meilleur furtif guerrier du fallout que l'atome de la paix. Il n'y a meilleure prolifération directe de la dissuasion sale que l'atome de la paix. L'AIEA arme quiconque. La guerre asymétrique sale prolifère sans moratoire sous sa tutelle.
L'atome de la paix constitue par conséquence la plus grave menace atomique concevable, plus superpuissante en terme de contamination, plus discrète (les retombées n'ont pas le bruit des bombes) et plus élémentaire que la menace atomique militaire. L'atome de la paix fabrique sans entraves les poisons de la guerre radiologique sale tôt comprise avant la bombe en 1943 dans le memorandum "Use of radioactive material as a military weapon" du brigadier général Leslie Groves, responsable du "projet Manhattan". L'atome de la paix n'est en définitive que la poursuite de la guerre atomique totale par d'autres et plus rudimentaires moyens. L'atome de la paix prépare l'enfer sur terre.
AIPRI, Août 2012
Rapportée aux 510 millions de km2 de la terre, cette activité correspond en outre à 280 Ci par km2 (1,43E11 Ci/5,10E8 km2 = 280 Ci/km2 pour environ 693 gr de déchets bruts au km2) soit 10,36 millions de Bq de poisons radioactifs durables par mètre carré de planète contenus dans 693 microgrammes de déchets bruts au m2 ! Compte tenu de la gamme des radioéléments impliqués ces déchets détiennent le potentiel de pouvoir contaminer de manière irrémédiable chaque km2 de la planète 260 fois au-delà de la valeur d'évacuation impérative ! En somme ces macabres déchets "éteints" sont pour l'heure, car ils vont croissant, en mesure de réduire à zone interdite une superficie 260 fois plus vaste que notre navette spatiale terre. A titre d'exemple signalons le Cs137 présent dans ces déchets à hauteur de 229,37 t. soit de 7,37E20 Bq. Il est à lui seul en mesure de réduire l'entière planète 2,6 fois à zone interdite. Ou encore le vaillant Sr90 dont les 111,27 t et les 5,68E20 Bq suffisent pour la transformer 8,5 fois en zone interdite. Il vaudra mieux qu'aucun météorite malveillant ne s'abatte jamais plus sur notre globe. Car la dispersion uniforme ne serait-ce que d'une infime partie (1/260 ème) de ces déchets réduirait à néant toute possibilité de renaissance de la vie sur terre. On est hélas loin des happy-end de rigueur des films catastrophe hollywoodiens.
Civil et militaire.
Ces 8478 tonnes de déchets de fission de l'industrie civile se révèlent enfin presque 23 fois supérieures aux quelques 13 tonnes produites par les essais atmosphériques et souterrains et les 360 tonnes de déchets de fission que pourrait au plus produire comme fallout l'arsenal atomique mondial ! (Le stock militaire mondial de matière fissile hautement enrichie passe pour être de 1750 t. de U235 et 250 t. de Pu239 avec lesquelles il est possible de construire au plus environ 112 mile bombes "minimalistes" de type Hiroshima (25 kg de U235) et Nagazaki (6 kg de Pu239) -70000 charges de 25 kg de U235 et 41700 charges de 6 kg de Pu239-. Si l'on concède généreusement un haut taux de fission de 18%, en pratique seulement une fraction mineure de la charge fissionne, autour de 10% en moyenne, porte à 360 tonnes fissionnables sur les 2000 tonnes des charges pour 6,316 millions de Kt réalisables (6316 Mt). -Cette masse de 360 tonnes est en gros d'une douzaine de tonnes supérieure à la masse annuelle fissionnée à l'heure actuelle dans le monde par les réacteurs électronucléaires.- Une bombe A virtuelle de cette colossale puissance aurait une boule de feu de 57,6 km de diamètre. NB. 1 Kt ≈ 57 gr fissionnés.) L'atome de la paix dispose donc bien de plus de venins contaminants que l'atome de la guerre ! Que les états-majors en aient tiré les conséquences géo-stratégiques ou non, l'atome de la paix est nettement plus superpuissant que l'atome explosif de la guerre sur le plan des retombées radioactives qu'il peut mettre en acte. Pour arriver à tant l'atome militaire devrait exploser plus de onze millions huit cent mille "petites" charges atomiques de la puissance de celle qui a dévasté Hiroshima (12,5 Kt. 0,7 kg fissionnés) pour disséminer sur terre autant de venins artificiels que "l'atome de la paix" ne l'a déjà fait (1,487E8/12,5 = 1,189E7). Ou bien il lui faudrait détoner plus de quatre vingt dix neuf mille "grosses" Tsar Bomba, la plus puissante ogive thermonucléaire connue, capables de réaliser plus 50.000 Kt dont 1500 à travers la fission (85,5 kg fissionnés), pour rejoindre une pareille quantité de produits de fission (1,487E8/1500 = 99157). Ou bien encore il lui faudrait plus de 16500 "grosses" charges de type Castle Bravo, une bombe H de plus 14.000 Kt dont bien 9000 obtenus, et inégalés, à travers la fission (513 kg fissionnés), pour parvenir à fissionner 8478 tonnes de matière. (1,487E8/9000 = 16526). Tout ceci va sans conteste au delà des capacités matérielles de l'entier arsenal nuke fissionnel mondial présent et passé réunis. L'atome de la guerre est incapable du fallout radioactif de l'atome de la paix. L'atome de la paix est résolument imbattable !
La prolifération du fallout.
La doctrine internationale en matière nucléaire distingue l'atome explosif de l'atome non explosif, l'atome de la guerre de l'atome de la paix et pose la frontière infranchissable en pratique. L'atome non retraité de la paix n'explose pas. Tout serait donc dit comme si l'atome guerrier n'était dangereux que parce qu'il détonne et non avant tout parce qu'il est radioactif. Comme si l'immanquable fallout radioactif qui suit la détonation n'avait lui aussi et à lui seul le pouvoir d'anéantir autrement un territoire, en le laissant intact en apparence mais invivable là où la radioactivité particulaire se dépose trop. Comme si de surcroit seulement une explosion atomique savait engendrer un fallout radioactif. Comme si le déconfinement guerrier des déchets civils pulvérisés était impossible, plus inoffensif et moins dissuasif que l'arsenal militaire. Que l'atome de la paix n'explose certes atomiquement pas (sagement empilé dans sa longue minigaine de zircaloy refroidie à l'eau borée) ne l'empêche pas de retomber une fois en l'air, ne l'empêche pas d'exhiber si besoin est la grandeur dissuasive (et persuasive) de son sale fallout radioactif. Et si l'atome de la paix n'a effectivement pas le pouvoir explosif immédiat de la bombe, il a néanmoins un pouvoir majoré de provoquer des retombées qui contaminent sans remède à jamais. L'atome de la paix est matériellement en mesure de transformer la terre entière en un vaste camp de concentration atomique à l'air libre mieux que ne saurait le faire l'atome militaire. Acclamer cet atome de la paix qui génère en plus grande quantité les mêmes déchets que l'atome de la guerre c'est pour autant promouvoir l'holocauste nucléaire que l'industrie civile prépare.
La terreur asymétrique
Du point de vue de la sécurité des états même cette doctrine de l'atome de la paix est gravement trompeuse car elle efface l'impact stratégique du fallout atomique dont les bombes n'ont pas l'exclusive et dont les déchets sont de fait l'émissaire premier. C'est une doctrine suicidaire qui croit la superpuissance limitée à la détention de la bombe, qui confondant dissuasion et explosion oublie que le terrifiant fallout n'est pas monopole de la bombe. L'explosivité, en rien négligeable bien sûr, n'est cependant une condition nécessaire de la superpuissance que pour ceux qui ignorent que les bombes atomiques sont l'enfer non pour massacrer en masse d'un seul coup par la seule force de leur détonation et de leur prompte radioactivité neutronique et gamma, s'il en était ainsi l'entier arsenal atomique mondial ne suffirait pas à emporter l'humanité car ses explosions ne couvriraient pas toute la surface habitée, mais pour empoisonner de manière irréversible le monde entier et continuer en silence à tuer bien après la bataille pour des centaines de millénaires en propageant partout les résidus aérosolisés des charges radioactives. Quoi qu'en dise la vulgate, une bombe atomique tue plus à retardement que sur l'instant. Mais elle tue alors d'une autre manière (surtout par contamination particulaire interne des êtres vivants mais aussi par le rayonnement gamma artificiel qui s'élève des sols pollués), sur une terrifiante durée et dans un espace sans frontières. Si l'arme atomique est bien l'arme de la fin du monde par excellence c'est en raison de son fallout ubiquitaire. Il est bon de s'en souvenir. On vit peu et mal sur une planète réduite à zone interdite. Le day-after des survivants n'est pas de tout repos... C'est donc bien cet indélébile fallout sale qui rend l'arme atomique, et le nucléaire en général, si démoniaque et non l'horrifiant carnage instantané ou l'amas de ruines immédiat promis par sa détonation. Or ce sale fallout guerrier peut également et très facilement surgir décuplé des déchets nucléaires de l'industrie civile. Il n'est nul besoin d'une bombe atomique pour amorcer un fallout. John Gofman, co-découvreur du plutonium et ami regretté de l'AIPRI, l'avait écrit tout cru et à la lettre, le nucléaire est avant tout un "Poisoned Power". Il n'y a dès lors meilleur furtif guerrier du fallout que l'atome de la paix. Il n'y a meilleure prolifération directe de la dissuasion sale que l'atome de la paix. L'AIEA arme quiconque. La guerre asymétrique sale prolifère sans moratoire sous sa tutelle.
L'atome de la paix constitue par conséquence la plus grave menace atomique concevable, plus superpuissante en terme de contamination, plus discrète (les retombées n'ont pas le bruit des bombes) et plus élémentaire que la menace atomique militaire. L'atome de la paix fabrique sans entraves les poisons de la guerre radiologique sale tôt comprise avant la bombe en 1943 dans le memorandum "Use of radioactive material as a military weapon" du brigadier général Leslie Groves, responsable du "projet Manhattan". L'atome de la paix n'est en définitive que la poursuite de la guerre atomique totale par d'autres et plus rudimentaires moyens. L'atome de la paix prépare l'enfer sur terre.
AIPRI, Août 2012
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