Eux et nous VII (V)
I. - Les (dé)raisons d’en haut.
II - La Machine en presque deux feuillets.
III - Les Contremaîtres.
IV - Les douleurs d’en bas
V - La Sexta
- - - PS à la Sexta,
VI - Les regards, 1.
- Les regards. 2 .
- Les regards. 3 .
- Les regards. 4.
- Les regards. 5.
- Les regards 6.
VII - Les plus petit•e•s
- Les plus petit.e.s 1.
- Les plus petit•e•s 2
- Les plus petit•e•s 3
- Les plus petit.e.s 4
- Les plus petit.e.s 5
- Les plus petit.e.s 6
- Les plus petit.e.s 7 (dernier)
Note : Le pognon, ou l’argent, la braise, les ronds, le blé, ze money, l’économie, les finances, etc. La question de l’économie n’est pas seulement d’où sortent les moyens (la curiosité morbide de certain•e•s sera satisfaite dans ce chapitre, pas de souci), elle a aussi à voir avec la façon dont on les manie (est-ce que les autorités ont un salaire ? est-ce qu’il n’y a pas des « dessous-de-table » pour intérêt personnel ? etc.) et, surtout, comment est-ce qu’on rend les comptes ? Un moment ! Les zapatistes ont-ils un système bancaire ?! Bon, on peut continuer à être scandalisé parce que, on le répète, c’est à ça que se consacrent les hommes et les femmes zapatistes, à perturber les bonnes consciences. Voici des extraits du partage sur l’économie des Conseils de bon gouvernement.
Alors, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de soutien avec de l’argent [pour les autorités du Conseil de bon gouvernement], c’est comme ça que nous nous sommes rendu compte que ce n’est pas l’argent qui peut faire le travail de l’autonomie ou le travail du gouvernement. Là-bas, nous nous en sommes rendu compte, parce que personne ne travaille à base d’argent. Bien sûr, il faut vous le dire, certains reçoivent un soutien de leur village à leur travail en grains de base, différents, selon ce que le village décide, mais pas question d’argent. Et c’est ainsi que nous avons travaillé ces neuf ans dans ce qui est le Conseil de bon gouvernement.
(…)
Les membres du Conseil, comment ils se rendent à leur Caracol ?
S’il existe des transports publics, eh bien on prend les transports publics, et s’il n’y en a pas, on y va à pied. Bon, leur billet est pris sur le peu de moyens dont dispose le Conseil, alors ils touchent juste le prix de leur billet, rien de plus. Si c’est 20 pesos, eh bien leurs 20 pesos quand ils arrivent, et ceux pour le retour.
Les compañeros et compañeras qui travaillent dans ces charges d’autorités, on a déjà mentionné que c’est par conscience, par volonté, mais ces compañeros vivent aussi dans des villages où il y a plusieurs compañeros, alors il existe aussi des travaux communaux, organisationnels pour organiser la résistance. Alors ces compañeros, quelques-uns d’entre eux ont le droit de s’acquitter de leurs tâches sur du temps libre, alors ils sont dispensés de travaux collectifs et travaux communaux.
Au sein du gouvernement autonome, on traite aussi les différents domaines de travail, comme l’éducation, le commerce, la santé, la communication, la justice, l’aspect agraire, le transport, les projets de campements, Banpaz (banque populaire autonome zapatiste), Banamaz (banque autonome des femmes zapatistes), et l’administration. Ce sont là les domaines de travail qui sont traités au sein du gouvernement autonome. Au début, quand ont démarré les Conseils de bon gouvernement, comme ils étaient peu, les compañeros avaient de trois à quatre domaines chacun, parce qu’ils étaient vraiment très peu. Dans la deuxième période du Conseil il y a eu douze compañeros, cela a permis d’équilibrer le travail que devaient mener les compañeros, il y avait deux ou trois domaines par compañero.
Dans cette troisième période du Conseil de bon gouvernement, eh bien nous sommes vingt-quatre, le travail s’est équilibré. Dans ces différents domaines, il s’est équilibré entre compañeras et compañeros, car nous sommes deux équipes du Conseil, nous sommes vingt-quatre à former le Conseil de bon gouvernement et nous couvrons quinze jours chaque mois. Dans ces différents domaines, il y a deux compañeros et deux compañeras, c’est comme ça que fonctionne le Conseil de bon gouvernement, ce sont là les domaines qui sont traités. C’est tout, compañeros. Je laisse la parole au compañero suivant.
(…)
(…)
Dans les villages, ici nous étions en train de commenter avec les compañeros parce que nous avons une petite connaissance de la zone, il y a des milpas collectives de haricots, de maïs, des collectifs d’élevage, des collectifs de boutiques, des collectifs de poulet. Il y a de petits négoces, ce n’est pas qu’il s’agisse de négoces permanents qui sont là à demeure, mais par moments il y a de petits événements et c’est là que vont les compañeros avec leur petit négoce. La compañera nous disait que là-bas dans un village de sa région ils ont commencé avec un négoce d’une ferme de poulets, des poulets de ferme, et de temps en temps ils tuent un poulet, deux poulets, et ils font des tamales, ces tamales ils les vendent, et petit à petit ils ont réuni un fonds, et en fin de comptes avec ce fonds qu’ils avaient ils ont réussi à acheter un moulin à nixtamal [maïs à tortillas, NdT], c’est comme ça qu’ils ont créé leurs travaux.
Un autre compañero a connaissance d’un autre village qui a cette possibilité, c’est un centre où arrivent beaucoup de gens d’autres communautés, ces compañeras se sont organisées pour monter une fabrique de tortillas, mais ce n’est pas parce qu’elles ont acheté une de ces machines qu’on peut voir dans les villes qui est là à sortir les tortillas à la chaîne. Les compañeras font les tortillas soit tout à la main, soit avec une petite presse, et elles vont vendre leurs tortillas et les gens les achètent, ainsi, c’est vraiment un travail collectif.
C’est comme ça que s’organisent bien d’autres choses dans les villages. À quoi ça sert ? Eh bien pour qu’au compañero de ce village qui est promoteur d’éducation ou promoteur de santé, et qui doit aller faire son travail, on puisse lui donner de quoi payer son transport, ou quoi que ce soit qui puisse lui servir là où il va faire son travail.
(…)
Ici, au Caracol II d’Oventik, ici arrivent des visiteurs d’autres pays, des nationaux, des internationaux. Beaucoup de ceux qui arrivent viennent seulement visiter le centre-caracol, pour connaître, mais quelques-uns, quelques personnes qui viennent laissent un petit don, parce qu’ils veulent soutenir le village. Mais ce don qu’ils laissent, il est reçu par le Conseil, s’ils décident de faire un petit don, ils ne laissent pas beaucoup. Ce don est perçu ici, avec un reçu de la commission de surveillance. Le reçu est envoyé, il y a un exemplaire pour le CCRI, un pour le donateur, et l’original reste au Conseil. Les dons sont rassemblés et le Conseil administre les petits dons. Ils servent pour n’importe quelle dépense d’ici, du centre-caracol, c’est comme ça que sont dépensés les dons, mais il s’agit de petits dons, les gens ne laissent pas beaucoup, c’est selon la somme qu’ils veulent laisser, quarante, cinquante, cent pesos, c’est selon. Mais s’ils sont dépensés, le Conseil le sait, et en plus tous les mois le Conseil fait son rapport, tous les mois nous faisons un rapport pour la fin du mois.
Mais c’est le Conseil qui fait son rapport, ce ne sont pas les membres qui font ça chacun dans son coin, les vingt-huit membres que nous sommes sont réunis pour faire le rapport, et là sont intégrés quelques compañeros du CCRI, pour que tous ensemble on voie comment sont dépensées les ressources qu’il y a au Conseil, ici au centre-caracol, et comment les administre le Conseil de bon gouvernement.
Également dans les obligations en tant que gouvernement autonome, il y a administrer avec sincérité et honnêteté toutes les rentrées et sorties de ressources économiques qu’il y a dans chaque instance de gouvernement, parce que tous les biens et les matériaux qu’il y a, c’est pour l’ensemble du village, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, et les ressources que donnent les compañeros solidaires, en tant que Conseil, on ne les manie pas n’importe comment.
Chaque instance de gouvernement, dans les communes, dans le Conseil, fait son rapport mensuel, et les rapports, on les fait bien détaillés, même si c’est 50 pesos, si on les dépense, il faut le noter, dire clairement à quoi ont été dépensés ces 50 pesos, c’est comme ça que nous faisons notre rapport, comme je l’ai dit tout à l’heure, nous ne le faisons pas à un ou deux membres, nous le faisons à vingt-huit membres que nous sommes, nous sommes tous réunis et les compañeros du CCRI sont là aussi, c’est comme ça que nous travaillons ici, dans le centre-caracol.
(…)
Bon, il y a aussi « le » commission du fonds, c’est qu’ici, dans notre zone, nous avons un petit fonds ; la compañera nous a dit qu’il y a trois domaines de santé de femmes, par exemple les herboristes, les rebouteuses et les sages-femmes, et dans ce domaine de travail, une fois, un projet a été élaboré, mais ce n’est pas spécialement un projet des rebouteuses, des herboristes ni des sages-femmes, mais c’est à la clinique centrale, c’est-à-dire le domaine de la santé, alors on a inclus dans ce projet les trois groupes ou trois domaines de rebouteuses, d’herboristes et de sages-femmes ; mais dans ce projet on a pris un budget pour la nourriture, la nourriture, c’est 50 pesos par jour, mais l’atelier est de trois jours, c’est-à-dire qu’un stage revient à 150 pesos pour la nourriture, mais en plus, il y a aussi le transport, qui a été inclus aussi dans le budget, et ça dépend de la distance et de la somme que dépensent les compañeras. Donc dans ce budget, dans ce projet, dans toute la zone, toutes les autorités régionales, conseils autonomes, ont analysé et conclu qu’il était important de créer un fonds.
Selon l’accord atteint, la dépense de nourriture ne va pas se faire en entier, on va demander une petite coopération de 10 pesos à chaque compañera, mais comme c’est trois jours, on paie pour chaque journée, alors ça fait 30 pesos pour l’atelier, et comme il en reste, selon l’accord de l’assemblée des autorités le reste serait gardé comme fonds de la zone, pas de la région, mais de la zone. Pareil pour ce qui est du transport, d’après l’accord, on ne va dépenser que 50 pour cent, et le village va aussi coopérer pour 50 pour cent, alors 50 pour cent restent pour le fonds de la zone , NdT.
Mais pourquoi on a fait comme ça ? Parce que nous avons vu, ici, dans notre zone, que le peuple manque de plus en plus de ressources économiques quand il y a un déplacement, c’est pour ça qu’ils ont décidé de garder comme fonds ce qui resterait. C’est comme ça que s’est créé le soutien, le fonds de la zone, et c’est pour cette raison que s’est formée la commission du fonds, commission de l’épargne. Je ne sais pas si je réponds à vos questions.
(…)
Qui approuve le rapport de trésorerie et le rapport général, que c’est bien comme ça, qu’il n’y a pas un « dessous-de-table » caché quelque part ?
À notre époque où nous travaillions tous ensemble, tout le Conseil, il n’y avait personne pour vérifier le rapport, rien que toute l’équipe du Conseil. Mais à chaque mandat nous avons passé à la commission information une copie du rapport de dépenses ; tous les achats aussi, nous avons projeté avec l’information d’acheter quelques aliments ou quelques services. Tous ensemble nous avons décidé avec le bureau d’information, et aussi en présence des commissions de surveillance ; les trois bureaux se sont réunis, et là, nous avons conclu l’accord qu’on va acheter quelque chose, ou qu’il va y avoir une commission sur le montant de la dépense, et après ça on informera le Conseil des dépenses qui auront été faites. À chaque mandat, on rend des comptes, parce que en début de mandat on élit un secrétaire et un trésorier, qui a la haute main sur l’argent, qui a le contrôle, nous ne contrôlons pas tous ensemble. On le charge d’une somme de, par exemple, 10 000 pesos, un compañero se charge d’administrer pendant les dix jours, et ce compañero est celui qui se charge de contrôler l’économie, les dépenses, le secrétaire et le trésorier. Et en fin de comptes, nous voyons combien il a été dépensé, et si à un compañero il lui manque cent ou deux cents pesos, cela reste comme sa dette à lui, parce que c’est lui qui s’est chargé d’administrer pendant les dix jours. C’est ce que nous avons fait à chaque mandat, voir si les comptes retombaient juste, on n’accumule pas jusqu’à la fin, mais à chaque mandat nous avons vérifié si retombaient bien les 10 000 pesos qu’on laissait pour les dix jours de mandat. Et les achats se faisaient toujours par accord des trois bureaux.
La question est jusqu’où une certaine pièce a fourni alors une base à ces compañeros, pour qu’ils disent la vérité, qu’ils ne commettent pas de faute. Sur quelles pièces ils s’appuient ?
Compañeros, la réponse à cette question, c’est le reçu, la rentrée d’argent. S’il y a une certaine somme, mettons qu’il y ait 50 000 pesos, pour une rentrée pendant un certain temps, alors le compa dont arrive le tour, comme vous l’a indiqué le compañero, va manier en dix jours ces 50 000 pesos. Alors, s’il a dépensé trois mille ou quatre mille pesos, il doit rendre compte de quelles sont les dépenses avec les reçus de ce qui a été acheté, ou le rapport de commission qui dit qu’il n’y a pas eu de dépenses, mais combien il y a eu de nourriture, et alors on vérifie l’opération. Si vraiment ça retombe juste ; et ce n’est pas seulement pour l’administrateur ou celui qui tient le compte, mais avec la surveillance et l’information, parce que eux aussi ont leur liste de quelle est la somme qui est maniée.
Et s’ils ne le remettent pas contre reçu, comment on peut vérifier ?
Ce qui se passe, c’est que tout argent qui rentre, ça doit se faire contre reçu, parce que si un frère solidaire arrive à faire un don, ça doit être contre reçu, parce que lui aussi doit le remettre ou dire à son collectif ou son organisation la somme qu’il a remise. Alors cette copie reste au Conseil et à l’information, c’est pour ça qu’il n’y a aucune perte, parce que ce sont des rentrées d’argent. Et pour les sorties, c’est le Conseil qui s’en occupe avec la commission qui à présent est en train de s’entraîner à rendre des comptes.
(à suivre)
II - La Machine en presque deux feuillets.
III - Les Contremaîtres.
IV - Les douleurs d’en bas
V - La Sexta
- - - PS à la Sexta,
VI - Les regards, 1.
- Les regards. 2 .
- Les regards. 3 .
- Les regards. 4.
- Les regards. 5.
- Les regards 6.
VII - Les plus petit•e•s
- Les plus petit.e.s 1.
- Les plus petit•e•s 2
- Les plus petit•e•s 3
- Les plus petit.e.s 4
- Les plus petit.e.s 5
- Les plus petit.e.s 6
- Les plus petit.e.s 7 (dernier)
5. Le pognon
Samedi 2 mars 2013, par SCI MarcosNote : Le pognon, ou l’argent, la braise, les ronds, le blé, ze money, l’économie, les finances, etc. La question de l’économie n’est pas seulement d’où sortent les moyens (la curiosité morbide de certain•e•s sera satisfaite dans ce chapitre, pas de souci), elle a aussi à voir avec la façon dont on les manie (est-ce que les autorités ont un salaire ? est-ce qu’il n’y a pas des « dessous-de-table » pour intérêt personnel ? etc.) et, surtout, comment est-ce qu’on rend les comptes ? Un moment ! Les zapatistes ont-ils un système bancaire ?! Bon, on peut continuer à être scandalisé parce que, on le répète, c’est à ça que se consacrent les hommes et les femmes zapatistes, à perturber les bonnes consciences. Voici des extraits du partage sur l’économie des Conseils de bon gouvernement.
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Alors, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de soutien avec de l’argent [pour les autorités du Conseil de bon gouvernement], c’est comme ça que nous nous sommes rendu compte que ce n’est pas l’argent qui peut faire le travail de l’autonomie ou le travail du gouvernement. Là-bas, nous nous en sommes rendu compte, parce que personne ne travaille à base d’argent. Bien sûr, il faut vous le dire, certains reçoivent un soutien de leur village à leur travail en grains de base, différents, selon ce que le village décide, mais pas question d’argent. Et c’est ainsi que nous avons travaillé ces neuf ans dans ce qui est le Conseil de bon gouvernement.
(…)
Les membres du Conseil, comment ils se rendent à leur Caracol ?
S’il existe des transports publics, eh bien on prend les transports publics, et s’il n’y en a pas, on y va à pied. Bon, leur billet est pris sur le peu de moyens dont dispose le Conseil, alors ils touchent juste le prix de leur billet, rien de plus. Si c’est 20 pesos, eh bien leurs 20 pesos quand ils arrivent, et ceux pour le retour.
Les compañeros et compañeras qui travaillent dans ces charges d’autorités, on a déjà mentionné que c’est par conscience, par volonté, mais ces compañeros vivent aussi dans des villages où il y a plusieurs compañeros, alors il existe aussi des travaux communaux, organisationnels pour organiser la résistance. Alors ces compañeros, quelques-uns d’entre eux ont le droit de s’acquitter de leurs tâches sur du temps libre, alors ils sont dispensés de travaux collectifs et travaux communaux.
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Au sein du gouvernement autonome, on traite aussi les différents domaines de travail, comme l’éducation, le commerce, la santé, la communication, la justice, l’aspect agraire, le transport, les projets de campements, Banpaz (banque populaire autonome zapatiste), Banamaz (banque autonome des femmes zapatistes), et l’administration. Ce sont là les domaines de travail qui sont traités au sein du gouvernement autonome. Au début, quand ont démarré les Conseils de bon gouvernement, comme ils étaient peu, les compañeros avaient de trois à quatre domaines chacun, parce qu’ils étaient vraiment très peu. Dans la deuxième période du Conseil il y a eu douze compañeros, cela a permis d’équilibrer le travail que devaient mener les compañeros, il y avait deux ou trois domaines par compañero.
Dans cette troisième période du Conseil de bon gouvernement, eh bien nous sommes vingt-quatre, le travail s’est équilibré. Dans ces différents domaines, il s’est équilibré entre compañeras et compañeros, car nous sommes deux équipes du Conseil, nous sommes vingt-quatre à former le Conseil de bon gouvernement et nous couvrons quinze jours chaque mois. Dans ces différents domaines, il y a deux compañeros et deux compañeras, c’est comme ça que fonctionne le Conseil de bon gouvernement, ce sont là les domaines qui sont traités. C’est tout, compañeros. Je laisse la parole au compañero suivant.
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Dans les villages, ici nous étions en train de commenter avec les compañeros parce que nous avons une petite connaissance de la zone, il y a des milpas collectives de haricots, de maïs, des collectifs d’élevage, des collectifs de boutiques, des collectifs de poulet. Il y a de petits négoces, ce n’est pas qu’il s’agisse de négoces permanents qui sont là à demeure, mais par moments il y a de petits événements et c’est là que vont les compañeros avec leur petit négoce. La compañera nous disait que là-bas dans un village de sa région ils ont commencé avec un négoce d’une ferme de poulets, des poulets de ferme, et de temps en temps ils tuent un poulet, deux poulets, et ils font des tamales, ces tamales ils les vendent, et petit à petit ils ont réuni un fonds, et en fin de comptes avec ce fonds qu’ils avaient ils ont réussi à acheter un moulin à nixtamal [maïs à tortillas, NdT], c’est comme ça qu’ils ont créé leurs travaux.
Un autre compañero a connaissance d’un autre village qui a cette possibilité, c’est un centre où arrivent beaucoup de gens d’autres communautés, ces compañeras se sont organisées pour monter une fabrique de tortillas, mais ce n’est pas parce qu’elles ont acheté une de ces machines qu’on peut voir dans les villes qui est là à sortir les tortillas à la chaîne. Les compañeras font les tortillas soit tout à la main, soit avec une petite presse, et elles vont vendre leurs tortillas et les gens les achètent, ainsi, c’est vraiment un travail collectif.
C’est comme ça que s’organisent bien d’autres choses dans les villages. À quoi ça sert ? Eh bien pour qu’au compañero de ce village qui est promoteur d’éducation ou promoteur de santé, et qui doit aller faire son travail, on puisse lui donner de quoi payer son transport, ou quoi que ce soit qui puisse lui servir là où il va faire son travail.
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Ici, au Caracol II d’Oventik, ici arrivent des visiteurs d’autres pays, des nationaux, des internationaux. Beaucoup de ceux qui arrivent viennent seulement visiter le centre-caracol, pour connaître, mais quelques-uns, quelques personnes qui viennent laissent un petit don, parce qu’ils veulent soutenir le village. Mais ce don qu’ils laissent, il est reçu par le Conseil, s’ils décident de faire un petit don, ils ne laissent pas beaucoup. Ce don est perçu ici, avec un reçu de la commission de surveillance. Le reçu est envoyé, il y a un exemplaire pour le CCRI, un pour le donateur, et l’original reste au Conseil. Les dons sont rassemblés et le Conseil administre les petits dons. Ils servent pour n’importe quelle dépense d’ici, du centre-caracol, c’est comme ça que sont dépensés les dons, mais il s’agit de petits dons, les gens ne laissent pas beaucoup, c’est selon la somme qu’ils veulent laisser, quarante, cinquante, cent pesos, c’est selon. Mais s’ils sont dépensés, le Conseil le sait, et en plus tous les mois le Conseil fait son rapport, tous les mois nous faisons un rapport pour la fin du mois.
Mais c’est le Conseil qui fait son rapport, ce ne sont pas les membres qui font ça chacun dans son coin, les vingt-huit membres que nous sommes sont réunis pour faire le rapport, et là sont intégrés quelques compañeros du CCRI, pour que tous ensemble on voie comment sont dépensées les ressources qu’il y a au Conseil, ici au centre-caracol, et comment les administre le Conseil de bon gouvernement.
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Également dans les obligations en tant que gouvernement autonome, il y a administrer avec sincérité et honnêteté toutes les rentrées et sorties de ressources économiques qu’il y a dans chaque instance de gouvernement, parce que tous les biens et les matériaux qu’il y a, c’est pour l’ensemble du village, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, et les ressources que donnent les compañeros solidaires, en tant que Conseil, on ne les manie pas n’importe comment.
Chaque instance de gouvernement, dans les communes, dans le Conseil, fait son rapport mensuel, et les rapports, on les fait bien détaillés, même si c’est 50 pesos, si on les dépense, il faut le noter, dire clairement à quoi ont été dépensés ces 50 pesos, c’est comme ça que nous faisons notre rapport, comme je l’ai dit tout à l’heure, nous ne le faisons pas à un ou deux membres, nous le faisons à vingt-huit membres que nous sommes, nous sommes tous réunis et les compañeros du CCRI sont là aussi, c’est comme ça que nous travaillons ici, dans le centre-caracol.
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Bon, il y a aussi « le » commission du fonds, c’est qu’ici, dans notre zone, nous avons un petit fonds ; la compañera nous a dit qu’il y a trois domaines de santé de femmes, par exemple les herboristes, les rebouteuses et les sages-femmes, et dans ce domaine de travail, une fois, un projet a été élaboré, mais ce n’est pas spécialement un projet des rebouteuses, des herboristes ni des sages-femmes, mais c’est à la clinique centrale, c’est-à-dire le domaine de la santé, alors on a inclus dans ce projet les trois groupes ou trois domaines de rebouteuses, d’herboristes et de sages-femmes ; mais dans ce projet on a pris un budget pour la nourriture, la nourriture, c’est 50 pesos par jour, mais l’atelier est de trois jours, c’est-à-dire qu’un stage revient à 150 pesos pour la nourriture, mais en plus, il y a aussi le transport, qui a été inclus aussi dans le budget, et ça dépend de la distance et de la somme que dépensent les compañeras. Donc dans ce budget, dans ce projet, dans toute la zone, toutes les autorités régionales, conseils autonomes, ont analysé et conclu qu’il était important de créer un fonds.
Selon l’accord atteint, la dépense de nourriture ne va pas se faire en entier, on va demander une petite coopération de 10 pesos à chaque compañera, mais comme c’est trois jours, on paie pour chaque journée, alors ça fait 30 pesos pour l’atelier, et comme il en reste, selon l’accord de l’assemblée des autorités le reste serait gardé comme fonds de la zone, pas de la région, mais de la zone. Pareil pour ce qui est du transport, d’après l’accord, on ne va dépenser que 50 pour cent, et le village va aussi coopérer pour 50 pour cent, alors 50 pour cent restent pour le fonds de la zone , NdT.
Mais pourquoi on a fait comme ça ? Parce que nous avons vu, ici, dans notre zone, que le peuple manque de plus en plus de ressources économiques quand il y a un déplacement, c’est pour ça qu’ils ont décidé de garder comme fonds ce qui resterait. C’est comme ça que s’est créé le soutien, le fonds de la zone, et c’est pour cette raison que s’est formée la commission du fonds, commission de l’épargne. Je ne sais pas si je réponds à vos questions.
(…)
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Qui approuve le rapport de trésorerie et le rapport général, que c’est bien comme ça, qu’il n’y a pas un « dessous-de-table » caché quelque part ?
À notre époque où nous travaillions tous ensemble, tout le Conseil, il n’y avait personne pour vérifier le rapport, rien que toute l’équipe du Conseil. Mais à chaque mandat nous avons passé à la commission information une copie du rapport de dépenses ; tous les achats aussi, nous avons projeté avec l’information d’acheter quelques aliments ou quelques services. Tous ensemble nous avons décidé avec le bureau d’information, et aussi en présence des commissions de surveillance ; les trois bureaux se sont réunis, et là, nous avons conclu l’accord qu’on va acheter quelque chose, ou qu’il va y avoir une commission sur le montant de la dépense, et après ça on informera le Conseil des dépenses qui auront été faites. À chaque mandat, on rend des comptes, parce que en début de mandat on élit un secrétaire et un trésorier, qui a la haute main sur l’argent, qui a le contrôle, nous ne contrôlons pas tous ensemble. On le charge d’une somme de, par exemple, 10 000 pesos, un compañero se charge d’administrer pendant les dix jours, et ce compañero est celui qui se charge de contrôler l’économie, les dépenses, le secrétaire et le trésorier. Et en fin de comptes, nous voyons combien il a été dépensé, et si à un compañero il lui manque cent ou deux cents pesos, cela reste comme sa dette à lui, parce que c’est lui qui s’est chargé d’administrer pendant les dix jours. C’est ce que nous avons fait à chaque mandat, voir si les comptes retombaient juste, on n’accumule pas jusqu’à la fin, mais à chaque mandat nous avons vérifié si retombaient bien les 10 000 pesos qu’on laissait pour les dix jours de mandat. Et les achats se faisaient toujours par accord des trois bureaux.
La question est jusqu’où une certaine pièce a fourni alors une base à ces compañeros, pour qu’ils disent la vérité, qu’ils ne commettent pas de faute. Sur quelles pièces ils s’appuient ?
Compañeros, la réponse à cette question, c’est le reçu, la rentrée d’argent. S’il y a une certaine somme, mettons qu’il y ait 50 000 pesos, pour une rentrée pendant un certain temps, alors le compa dont arrive le tour, comme vous l’a indiqué le compañero, va manier en dix jours ces 50 000 pesos. Alors, s’il a dépensé trois mille ou quatre mille pesos, il doit rendre compte de quelles sont les dépenses avec les reçus de ce qui a été acheté, ou le rapport de commission qui dit qu’il n’y a pas eu de dépenses, mais combien il y a eu de nourriture, et alors on vérifie l’opération. Si vraiment ça retombe juste ; et ce n’est pas seulement pour l’administrateur ou celui qui tient le compte, mais avec la surveillance et l’information, parce que eux aussi ont leur liste de quelle est la somme qui est maniée.
Et s’ils ne le remettent pas contre reçu, comment on peut vérifier ?
Ce qui se passe, c’est que tout argent qui rentre, ça doit se faire contre reçu, parce que si un frère solidaire arrive à faire un don, ça doit être contre reçu, parce que lui aussi doit le remettre ou dire à son collectif ou son organisation la somme qu’il a remise. Alors cette copie reste au Conseil et à l’information, c’est pour ça qu’il n’y a aucune perte, parce que ce sont des rentrées d’argent. Et pour les sorties, c’est le Conseil qui s’en occupe avec la commission qui à présent est en train de s’entraîner à rendre des comptes.
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(à suivre)
J’atteste l’authenticité de ce qui précède.
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,
sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, mars 2013.
sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, mars 2013.
Zapatista avec le groupe Louis Lingg and the Bombs, de Paris (France).
Rock punk anarchiste. La chanson est sur le disque Long Live the Anarchist Revolutionairies !
Ils doivent leur nom à Louis Ling, né en Allemagne et émigré aux États-Unis à la fin du XIXe siècle (1885) ;
quand il a été condamné à la pendaison, Louis a déclaré aux représentants de la loi capitaliste :
« Je vous méprise ; je méprise votre ordre, vos lois, votre force, votre autorité. PENDEZ-MOI ! »
Dédié à tou•te•s les compas anarchistes de la Sexta.
Le groupe Zamandoque Tarahum, depuis Chicago (Illinois, USA),
avec ce rock intitulé Zapatista.
D’Afrique du Sud, le Mouvement des habitants de maisons en carton
(Abahlali baseMjondolo), qui lutte pour la terre et un logement digne, envoie un salut
aux communautés indigènes zapatistes au travers de nos compas du Movimiento por Justicia del Barrio,
dans l’autre New York (USA). La résistance et la rébellion faisant fraterniser Mexique, États-Unis,
Afrique du Sud en bas et à gauche.
Traduit à grand’ peine par El Viejo,
qui ne comprendra jamais tout à fait
les histoires de pognon…
qui ne comprendra jamais tout à fait
les histoires de pognon…
Souce: La voie du jaguar
Source du texte original :
Enlace Zapatista
Enlace Zapatista
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