30 avril 2015

Emmanuel Todd : "Le 11 janvier a été une imposture"


 29 avril 2014, par L'Obs Bilbliobs

Quatre mois après les manifestations post-attentats, l’historien et démographe Emmanuel Todd publie un livre réquisitoire contre une France pétrie de bonne conscience, qui a fait sécession de son monde populaire. Entretien coup de poing.

Le 7 mai prochain, l’historien et démographe Emmanuel Todd publiera «Qui est Charlie ?» (Seuil), charge terrible contre la France de François Hollande. Un texte écrit dans la fièvre, au sujet duquel il a accordé à "L’Obs" un entretien exclusif. Son angle d’attaque, particulièrement original, consiste à observer l’origine régionale et socio-politique des manifestants du 11 janvier.

Sous les bons sentiments brandis, Todd fait parler les cartes et les statistiques pour comprendre la signification profonde de ce qui restera comme le plus important rassemblement de l’histoire moderne du pays. Et ce qu’il voit n’est pas destiné à plaire. Ce qu’il voit c’est un épisode de «fausse conscience» (Marx) d’une ampleur inouïe. Ce qu’il voit ce sont des millions de somnambules se précipiter derrière un Président escorté par tous les représentants de l’oligarchie mondiale, pour la défense du droit inconditionnel à piétiner Mahomet, «personnage central d’un groupe faible et discriminé». Ce qu’il voit c’est un mensonge d’unanimisme aussi, car ce jour-là, les milieux populaires n’étaient pas Charlie, les jeunes de banlieue, qu’ils fussent musulmans ou non, n’étaient pas Charlie, les ouvriers de province n’étaient pas Charlie.

Le grand entretien avec Emmanuel Todd est à retrouver en son intégralité dans "L'Obs" du 30 avril, ou dès aujourd'hui dans la zone abonnés. En voici des extraits. (...)
   
  
  

28 avril 2015

Loi Renseignement : quand Cazeneuve s'appuie sur une jurisprudence qui lui donne tort


Pour défendre son projet de loi Renseignement et la collecte massive de données de connexion, Bernard Cazeneuve s'appuie sur deux arrêts de jurisprudence, l'un de la Cour de justice de l'union européenne, l'autre de la Cour européenne des droits de l'homme. Mais ces deux arrêts ne disent pas ce que veut y voir le ministre de l'Intérieur, voire disent exactement le contraire ce qu'il dit y lire !
 
Suite sur Numerama ...
  

27 avril 2015

Noam Chomsky : l’interview qui dénonce l’Occident (vidéo euronews)


 (extrait)
Noam Chomsky : Au niveau mondial, nous courons vers un précipice : nous ne pouvons que chuter dans l’abîme, ce qui réduit fortement nos chances d’une survie décente.

Isabelle Kumar, euronews : De quel précipice s’agit-il?

Noam Chomsky : Il y en a deux en fait : le premier est environnemental. Une catastrophe écologique est imminente, et nous n’avons que très peu de temps pour en la limiter. Nous n’allons pas dans le bon sens. L’autre date de 70 ans, c’est la menace d’une guerre nucléaire, qui est en fait toujours croissante. Si vous regardez bien ce dossier, c’est un miracle que nous ayons survécu. (...)
Entretien télévisé à voir ici:
  

26 avril 2015

L’Essence même de la France


Quartiers libres | 24 avril 2015

Valls continue de vendre son pack sécuritaire et n’en finit plus de démontrer que le parti au pouvoir n’a pas d’autre programme que de protéger les classes favorisées en proposant de sacrifier une partie des classes populaires. Plus le temps passe et plus la différence avec le FN s’amoindrit. Une France policée et policière qui attaque tout ce qui peut lui rappeler que l’accumulation de richesses, y compris la sienne, se fait toujours grâce au pillage. Valls a décidé comme ses prédécesseurs que lutter contre les pauvres est plus profitable que lutter contre la pauvreté. Pour être efficace dans la mission de conservation des privilèges, il faut diviser les pauvres. Il y a ceux qui font partie de l’histoire de France et les autres, qu’on désigne sans les nommer.

Quand Valls déclare : « Vouloir s’en prendre à une église, c’est s’en prendre à un symbole de la France, c’est l’essence même de la France qu’on a sans doute voulu viser », il pèse ses mots en bon communiquant.
Il est le symbole de l’hypocrisie de l’actuel gouvernement qui s’est couché devant la finance et n’a de cesse de mépriser voire persécuter les plus humbles. Chasse au Roms, acharnement sur les sans papiers, trahisons des ouvriers des hauts fourneaux, lutte contre le racisme qui s’apparente à une institutionnalisation des discriminations raciales. En bas de l’échelle, les mêmes. Nous, les habitants des quartiers.
Quand ça parle de l’essence d’un pays, c’est clair : on met sur la touche ce qui n’appartient pas à cette « essence ». On valorise le groupe majoritaire et on peut ensuite punir ce qui ne veut pas s’assimiler.
Valls et son gouvernement partage la même vision que celle de l’UDI, l’UMP et le FN : la France est blanche et chrétienne et seuls ceux qui veulent faire du clientélisme auront droit aux miettes.

Chacun sa vision de ce qu’est « l’essence même de la France ».
valls-medef

Si les églises sont l’essence même de la France pour Valls et les libéraux et conservateurs qui veulent être élus, pour les classes populaires l’essence même de la France, c’est autre chose.
L’essence même de la France elle arrive dans la pompe à carburant parce que la France pille depuis plusieurs centaines d’années d’autres territoires. Même du temps du bon roi « Louis ce que tu veux » ça pillait, ça pratiquait le servage et la déportation à fond de cale.

code-noir1
code-noir2

L’essence même de la France, le carburant arrive depuis le Congo, le Gabon, l’Algérie. Sans parler des essences rares et des « matières premières ». Pour construire les routes, les raffineries, les stations-services et les voitures que « l’essence même de la France » a siphonné aux populations locales après les avoir civilisé à coup de lattes, il a fallu faire venir en métropole la main d’œuvre qui n’est pas assimilable par essence et qui mérite donc toujours plus de coups de pieds dans la bouche.

Pour ces populations, ce qui fait « l’essence même de la France» ce n’est pas ses églises ou son climat et la douceur de ses terroirs. Ce qui fait qu’on vient en France c’est qu’en France il y a eu des mouvements de luttes sociales qui ont permis d’arracher des droits. De la guerre des farines (le carburant de l’ancien régime), qui aboutit à la Révolution Française en passant par le mouvement ouvrier qui a obtenu par le rapport de force l’assurance chômage, la sécurité sociale, de meilleurs logements et d’autres redistributions des richesses pour l’intérêts commun des populations, pour les gens des quartiers l’essence de la France c’est juste un peu plus de justice sociale qu’ailleurs dans le monde.

Pour Valls et les autres, ceux qui travaillent à la privatisation du bien commun, l’essence de la France c’est le temps des cathédrales.

La France carbure au sang et à la sueur des pauvres, c’est un moyen polluant de produire et c’est pour cacher les origines de la fumée que Valls oppose à une vision idéalisée AOC de la France, celle des tronches qu’il accuse de dénaturer le paysage.

Source : https://quartierslibres.wordpress.com/2015/04/24/lessence-meme-de-la-france/#more-9201
   

25 avril 2015

Contre le compteur Linky, mobilisation


Dans ce monde d’Orwell qu'on nous prépare à vitesse accélérée, il faudra également se farcir le sinistre compteur Linky, un autre ami qui nous veut du bien. Du moins si nous ne faisons rien pour nous y opposer tant qu'il en est encore temps. 

 Appel à mobilisation contre le compteur Linky

Source : Association Robin des toits, par mail-liste
 
La loi de transition énergétique, qui sera votée « avant l'été 2015 », prévoit de rendre obligatoire le Linky, un nouveau compteur électrique qui émet des radiofréquences, sous peine d'amende de 1.500 euros.

Les radiofréquences qu'émet le Linky sont classées « cancérogènes possibles » depuis le 31 mai 2011 par le Centre international de recherche sur le cancer, qui dépend de l'OMS.
 
Après l'installation d'un compteur Linky, tous les appareils électriques ré-émettent ces radiofréquences sur une distance de 2,50 mètres.

(voir la vidéo de mesures réalisée par l'association Next-up, en ligne sur http://www.santepublique-editions.fr/loi-de-transition-energetique-linky-3-mois-de-sursis-pour-les-victimes-c.html#videonext).

Si la loi de transition énergétique est adoptée en l'état par les députés et les sénateurs lors de son deuxième examen « avant l'été 2015 », personne ne pourra échapper aux radiofréquences.

De plus, le système Linky prévoit que des « opérateurs d'effacement » éteindront à distance nos appareils électriques pour lisser les « pointes » de consommation. Mais cette non-consommation ne diminuera pas nos factures, ce sont les « opérateurs d'effacement » (des sociétés privées) qui s'en mettront « plein les poches » selon l'expression toute crue utilisée en séance par un sénateur UMP le 18 février 2015.

La presse reste muette sur le sujet alors que 2.500 journalistes ont reçu par mail, entre le 3 février et le 3 mars 2015, des informations détaillées sur les raisons supplémentaires de ne pas déployer 35 millions de compteurs Linky en France :
  • l'augmentation des cas d'électro-hypersensibilité
  • la surveillance, à distance et en temps réel, de l'activité des occupants des logements
  • l'augmentation de 10 à 20 % de la consommation mesurée (et facturée), car le compteur Linky mesure la consommation réelle des appareils électriques munis de moteur, comme le lave-linge, l'aspirateur, les robots ménagers, l'outillage pour le bricolage, les ventilateurs, les climatiseurs, les pompes à chaleur, les appareils munis de tranformateurs et/ou de batteries rechargeables 
  • téléphone portable, ordinateur fixe et portable, imprimante, scanner, hifi, etc. (Tous les appareils électriques sont munis de moteurs, à l'exception de ceux qui produisent de la chaleur au moyen d'une résistance : radiateur, ballon d'eau chaude, four, plaque de cuisson, grille-pain, bouilloire, fer à repasser.)
Quant aux ampoules basse consommation fluocompactes, dont le Cosinus Phi est de 0,5, leur consommation mesurée (et facturée) va doubler. De plus, il faut savoir qu'après avoir été rendues obligatoires, ces ampoules sont d'ores et déjà interdites au niveau mondial à l'horizon 2020 par la Convention de Minimata, signée le 19 janvier 2013 à Genève par 140 Etats dont la France, en raison de leur teneur en mercure.

Tout ce qu'il faut savoir est en ligne sur le site http://www.santepublique-editions.fr

Voici des idées d'actions à mettre en oeuvre avant l'été 2015 afin de faire pression sur le gouvernement et sur le parlement pour qu'ils renoncent au déploiement du compteur Linky (le mode d'emploi détaillé de chaque action est en ligne sur le site http://www.santepublique-editions.fr)


Source : Asso Robin des toits, par mail-liste
   

23 avril 2015

Dimanche on ferme Golfech


Manifestation, On ferme Golfech, 25 ans ça suffit !

Dimanche 26 avril à 12h

 http://lot.demosphere.eu/files/docs/f-31531de746-empty-fname.pdf 
 

19 avril 2015

Comment je me suis radicalisé sur #Internet


Par JCFrogBlog4, le 19 avril 2015

Je suis un gentil garçon, très poli.

Issu des classes moyennes, j’ai vécu dans le confort économique entouré de parents aimants. De bonnes études qui me firent ingénieur et me promettaient une vie sans risque. Viscéralement rebelle, je n’ai jamais supporté l’adhésion au moindre groupe, mais je votais PS croyant que c’était un parti de gauche, un truc humaniste malgré tout. Je fus longtemps un ouiouiste convaincu que n’importe quelle Europe vaudrait toujours mieux que la désunion, parce que passionné et obnubilé par le cataclysme de la 2eme guerre mondiale il me semblait que nous avions touché le fond, que mieux informés nous ferions toujours mieux, que nous étions sauvés des moustachus tyranniques, que nous étions sevrés.

Puis vint le referendum, 2005, le choc. Les français rejettent clairement l’Europe, les cons. J’étais colère. Mais qu’est ce qu’ils ont dans la tête ces râleurs professionnels, jamais contents, inconscients des enjeux de l’Histoire, incapables de se soumettre au consensus nécessaire? Bref, ils n’avaient pas voté comme moi.

Moins de trois ans plus tard, l’Assemblée nationale et le Sénat adoptent largement le traité européen de Lisbonne.

Là il se passe quelque chose.

Je devrais être content, je ne le suis pas. J’essaye de m’auto convaincre des arguments pourris comme quoi les français ont élus un type qui avait dit qu’il passerait cette constitution, mais non, ça ne passe pas, je me rends bien compte qu’on s’assoit sur la Démocratie dont on cite si souvent le nom dans tous les discours, au point que ça en devient louche.

Alors je relis sous un angle un peu plus ouvert mes internets. Sur tous les plans. Démocratie réelle, libertés individuelles, vie privée, transparence, anonymat, nombreux sont ceux que je lisais avec beaucoup d’intérêt, que je trouvais passionnants, pertinents, mais souvent un peu trop « paranos ».
Internet va alors me bousiller. A force de lire, de partager, de me documenter, de m’ouvrir réellement, d’accepter mes erreurs, je change: j’ai envie d’approfondir. Je me rééduque. Pas que j’ai été aussi naïf que je le laisse paraître au début de cet article, mais je découvre l’ampleur de la trahison. Je vogue dans des sphères d’hommes et de femmes qui réfléchissent, qui construisent des alternatives, qui me convainquent, que je convaincs aussi parfois, et surtout des gens qui n’ont rien à vendre, personne à séduire, aucun pouvoir à conquérir. Un monde horizontal.

Le constat de l’urgence s’y étale loin des coupables média de masse, que ce soit la crise écologique, la corruption de nos institutions, l’incompétence des décideurs, la résistance au changement, l’arrogance crasse d’un système qui n’a pour seule réponse à nos objections diverses que des accusations minables parce que systématiques de populisme, de conspirationnisme, regroupant dans un seul sac toutes les contradictions, quelles que soient leurs intentions ou leur sérieux.

Plus le temps passe, moins j’arrive à jouer le jeu d’avant la connexion. Je deviens à moitié fou. Je n’arrive plus à supporter l’idée que la connaissance et la culture puissent être objet de commerce, que nous soyons politiquement représentés comme des enfants, que je n’aie comme seul intérêt personnel que de trouver un job nuisible au commun. Je suis plus que jamais utopiste, intolérant au « réalisme » qui nous jette dans le mur.

Je suis toujours aussi gentil. Toujours aussi pacifique et humaniste, mais plus radical que jamais.

La faute à Internet.

source :  http://jcfrog.com/blog/comment-je-me-suis-radicalise-sur-internet/
 

Comment on muselle les lanceurs d’alerte au nom du « secret des affaires »

Street-art Lisboa
Le traité transatlantique désarme les États face aux multinationales. Dans le même temps, un projet de directive européenne s’attaque à tous ceux, salariés, journalistes ou ONG, qui pourraient mettre leur nez dans les secrets de fabrication des entreprises… Entretien avec Mathilde Dupré, chargée de campagne sur la responsabilité des entreprises au sein de CCFD, et opposée à la directive.
A lire sur l'Humanité ...

L’ombre des essais nucléaires plane sur la contestation du gaz de schiste en Algérie



A In Salah, dix jours après les affrontements, le calme est revenu, mais la mobilisation contre le gaz de schiste se poursuit. La mobilisation est alimentée par le traumatisme des essais nucléaires français effectués naguère dans le Sahara. Ils ont laissé dans la région des séquelles sanitaires et environnementales durables.

- Alger, correspondance
Plus de dix jours après les affrontements du samedi 28 février et dimanche 1er mars, les informations qui parviennent d’In Salah confirment à la fois le retour au calme et la poursuite du mouvement de contestation contre l’utilisation de la fracturation hydraulique. (...)

Suite sur Reporterre ...
 

18 avril 2015

Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait personne pour protester


Big Brother, c'est le grand frère qui ne veut que ton bien et ton bonheur, et il sait mieux que toi à quoi ça ressemble, donc prière de ne pas penser sans son accord.

Je croyais que le roman 1984 était de l'histoire ancienne, la dénonciation d'un âge sombre qui parlait de peuplades reculées dans le temps et l'espace. C'était peut-être d'actualité pour des barbares comme les Américains et les Chinois, mais nous, Français ? Ho non, trop bien éduqués pour ça. On "savait". On ne ferait jamais ça. On est le pays des Droits de l'Homme, nous. Liberté, égalité, fraternité, tout ces trucs.

Nous sommes en 2015. La démocratie vient de finir sa mue (...)
 
 

12 avril 2015

De qui se moque-t-on ? (Par R M Jennar)


Par Raoul Marc Jennar, le 11 avril 2015 | voir en ligne

Il y a en France des millions de femmes et d’hommes qui luttent chaque jour tout simplement pour faire face aux besoins élémentaires de la vie. La pauvreté, l’exclusion, le chômage, la précarité frappent durement des victimes toujours plus nombreuses d’un système capitaliste qui ne connaît plus aucune entrave.

Et pendant ce temps-là, que voit-on ? Toutes les préoccupations, tous les efforts au plus haut niveau de l’Etat, au gouvernement et à la direction du PS sont tendus vers quoi ? Réunir une majorité sur une motion pour le congrès d’un parti. Et bien entendu, c’est cela qui préoccupe le plus la majorité des média. Et on nous présente comme un événement de première importance, digne de faire la une des journaux parlés et télévisés et les gros titres des quotidiens, le ralliement d’Aubry à la motion signée par Valls et Cambadélis !

La comédie qui se joue à l’Elysée, à Matignon et rue de Solférino est le révélateur, un de plus et c’est loin d’être le premier, d’un système politique au bout de sa décadence. Car, qui peut être dupe quand on sait que Hollande comme Aubry, comme tant d’autres dirigeants du PS, sont tous deux membres d’un même cercle dont les objectifs sont ceux de tous les libéraux qu’ils soient de droite ou qu’ils prétendent être de gauche : le groupe de Bilderberg.

Les objectifs de ce groupe ont été clairement définis par son fondateur, David Rockefeller : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. » C’est que mettent en œuvre les accords de l’OMC ; c’est l’ambition des traités comme celui entre l’UE et le Canada, celui entre l’UE et les USA, celui sur les services ; c’est le sens de toutes les décisions de l’UE et c’est ce que fait Hollande depuis 2012.

Alors, cessons d’accorder le moindre crédit aux gesticulations du PS et du gouvernement Hollande-Valls. Et aux médias qui en font un événement.
rmj

3 avril 2015

Lettre ouverte aux traîtres à la République



Par Laurent Chemla, le 3 avril 2015 | Son blog

C'est à vous, députés et sénateurs qui allez bientôt voter d'une seule voix le projet de loi sur le renseignement présenté par le gouvernement, c'est à vous que ce message s'adresse.

Nous le savons déjà: vous allez le voter. Sans aléa, après un débat cosmétique qui ne servira qu'à corriger quelque coquille ici ou là, vous allez le voter.

Contre l'avis de deux juges antiterroristes, contre les avis du Syndicat de la Magistrature, de la CNCDH, de l'ordre des Avocats de Paris, de la CNIL, de l'Unions Syndicale des Magistrats, vous allez le voter.

Contre l'avis d'Amnesty, de RSF, de la LDH et de la Quadrature du Net, vous allez le voter.

Alors que, de partout, les mises en garde affluent, que le New York Times fait sa Une sur "La France, État de surveillance", que le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe s'inquiète de la dérive sécuritaire liberticide que cette loi implique, et que même le président de l'actuelle commission de contrôle des interceptions de sécurité dénonce la faiblesse des garanties qu'apporte ce texte, vous allez le voter.

Mesdames, messieurs, vous qui, en théorie, représentez la voix du peuple, c'est ce même peuple que vous vous apprêtez à trahir.

En mettant (quel que soit l'enrobage sur le pseudo-anonymat des données reccueillies) la totalité de la population sur écoute, en traitant chaque citoyen de ce pays comme un terroriste en puissance, c'est le peuple que vous vous apprêtez à dénoncer comme votre ennemi.

Je vous engage à relire, avant de voter, la définition de ce qu'est un État policier selon Raymond Carré de Malberg:
L'État de police est celui dans lequel l'autorité administrative peut, d'une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l'initiative, en vue de faire face aux circonstances et d'atteindre à chaque moment les fins qu'elle se propose : ce régime de police est fondé sur l'idée que la fin suffit à justifier les moyens. À L'État de police s'oppose à l'État de droit.

En écartant le juge judiciaire de toute autorisation préalable aux écoutes administratives, c'est l'État de droit que vous détruisez: garant des libertés individuelles, sa remise en cause nie le principe de séparation des pouvoirs.

Et tout ça pour quoi ?
S'il fallait en croire les maigres débats - imposés par la procédure d'urgence choisie par le gouvernement - cette négation de tous nos principes fondateurs serait nécessaire pour lutter contre le terrorisme.
Mais cette loi ne concerne pas que la lutte antiterroriste, loin de là: elle s'applique à tous les domaines de la vie en société. "Engagements internationaux", "Intérêt public", "Intérêts économiques et scientifiques", voici quelques-uns des motifs pour lesquels vous allez autoriser, sans contrôle, la surveillance de chaque citoyen.

Oh, bien sûr, pendant le débat public on ne vous agitera que la menace terroriste, à l'instar de la fiole censée prouver l'existence d'armes de destruction massives en Irak, on vous répètera l'argument mensonger selon lequel "90% des jihadistes se sont radicalisés sur Internet". Oh, oui, si vous osez vous opposer à ce déni de démocratie, on vous accusera d'être responsable des attentats qui pourraient avoir lieu sans ce texte.
Le même argument vous a déjà été servi pour justifier le récent texte qui permet la censure administrative - sans juge - de n'importe quel site Internet (et dont l'OSCE demande déjà qu'on le reconsidère).

Pourtant, dans cette période où chacun s'interroge sur ce qui nous définit comme une société, c'est justement le moment de vous souvenir des principes qui ont fondé ce pays.

Mais, dans ce moment où le terrorisme n'a de cesse que de voir disparaître toute pratique démocratique, c'est justement l'instant où vous devez vous lever pour défendre les droits fondamentaux et pour rejeter les arguments démagogiques.

Mesdames, messieurs, s'il vous reste ne serait-ce qu'une once de probité, vous lirez les arguments des opposants à ce texte, sans oeillères et sans calcul politique de bas étage.

Et si vous ne voulez pas être un traître à la république, madame, monsieur, vous vous y opposerez à votre tour.

2 avril 2015

La Loi Renseignement, Patriot Act à la française : Décryptage

 


Le 14 janvier, peu après les massacres de Charlie et de l’hypercacher, Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat chargée du Numérique, a annoncé sa volonté de ne pas adopter de « Patriot Act à la française ». Pour rappel, le Patriot Act est une loi américaine votée peu après le drame du 11 septembre 2001, qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, a aliéné la grande majorité de la population (contrôle des communications, gardes à vue arbitraires …).

Le problème, c’est que Manuel Valls, Bernand Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian n’écoutent pas Mme Lemaire, et cherchent à pousser la Loi Renseignement, qui sera votée d’urgence à l’Assemblée. Qu’est-ce qu’elle vise à faire ? Quelques morceaux choisis :

1 La Loi Renseignement va mettre en place chez les fournisseurs d’accès à Internet des « boîtes noires ». Les technophiles parlent de Deep Packet Inspection. En gros, la boîte noire va lire tout ce que vous cherchez à faire sur Internet : Recherches, messages envoyés sur les réseaux sociaux, les choses que vous achetez sur vos sites marchands favoris … Des programmes vont ensuite analyser ce que vous faites, et déterminer si vous êtes un dangereux terroriste …Ou autre chose, si ça leur chante. (...)

Lire la suite sur L'étudiant Autonome ...

  

Un OGM lâché sur le Canal du Midi !


Guérir les platanes du Canal du Midi : quand la Recherche cherche avant tout le « buzz » médiatique …

Par François Carbonne, biologiste et élu local du Canal, via Friture Mag, le 1er avril 2015


Depuis fin 2014, plusieurs articles de presse relatent l’initiative d’un groupe d’ étudiants de l’INSA Toulouse (http://2014.igem.org/Team:Toulouse), encadrés par leurs enseignants et des chercheurs de l’INRA, visant à mettre en place un protocole de traitement des platanes atteint par une maladie mortelle (« le chancre coloré »), due à un champignon microscopique.

La maladie du chancre coloré progresse rapidement le long du canal depuis plusieurs années. Cantonnée jusqu’à présent au versant méditerranéen, elle est apparue depuis l’automne 2014 en banlieue toulousaine, créant l’émoi auprès des habitants et des responsables, pour qui les abords du canal présentent un enjeu important en terme d’espace de loisir et de préservation du paysage urbain.
Présenté aux chercheurs du centre INRA en janvier, ce travail et la publicité qui en est faite pose plusieurs problèmes de fond.

– usage potentiellement dangereux d’un OGM
La stratégie choisie est celle de transformer génétiquement une bactérie (Bacillus subtillis) en lui conférant la capacité de fabriquer des fongicides, puis de l’introduire dans l’arbre, dans l’objectif de tuer le champignon du chancre coloré présent dans le bois. Fondamentalement, l’introduction de telles bactéries est potentiellement dangereuse pour l’environnement. Elles appartiennent à une espèce très courante et peuvent conférer cette capacité de proche en proche à d’autres bactéries voire à d’autres micro-organismes si cela leur donne un avantage adaptatif. La présence d’eau est un facteur aggravant dans la propagation potentielle d’organismes dangereux.
De plus, s’il existe de nombreux champignons pathogènes, d’autres espèces de champignons vivent en symbiose au niveau des racines des plantes et leur sont bénéfiques. C’est le cas du blé et du tournesol qui poussent en bordure du canal.
L’agriculture pourrait donc être affectée par la dissémination d’une bactérie capable de tuer des champignons de façon non-spécifique.
interdiction réglementaire

Ces risques expliquent en général l’interdiction par la loi du « lâcher » d’ OGM en milieu naturel. Or les promoteurs de cette technique avouent sans honte avoir des contacts avec le ministère/ Législateur pour obtenir des dérogations, alors que les gardes fous techniques ne sont pas en place…
En attendant, le procédé qu’ils envisagent reste interdit.

Efficacité à prouver

Si quelques expériences conduites en quelques mois d’été ont effectivement montré des résultats intéressants, ils ont été obtenus en « tubes à essai ». Chaque scientifique sait très bien que ce genre de recherche appliquée nécessite des années voire une dizaine d’années d’expériences, de répétitions, de validations, de transpositions (comment injecter dans un platane centenaire ?). Or le chancre coloré va « miter » malheureusement ce bel alignement d’arbres dans un premier temps, avant de connaître un développement exponentiel. Même si LE remède était trouvé rapidement, les platanes survivants et guéris devraient être abattus. En effet, l’objectif est de reconstituer le monument classé qu’est le canal par la plantation d’un alignement d’arbres identiques ( au niveau de l’« essence jalon ») . La « Commission supérieure des sites, perspectives et paysages » l’a décidé.

Manipulation de la formation et de l’information

On pourrait s’attendre à ce que des chercheurs et enseignants expérimentés sachent canaliser l’enthousiasme bien naturel d’élèves ingénieurs lors du développement de leur « plan de com ». On pourrait même imaginer que l’enseignement de l’objectivité, de l’approche systémique d’un problème et de la pondération, fasse partie du cursus. Visiblement ce ne fut pas le cas : à aucun moment le mot OGM n’a été prononcé lors des rendez vous « presse », et l’impossibilité juridique de cette « solution » n’a pas été évoquée. Pire, le procédé est présenté par les auteurs comme une « alternative biologique permettant de lutter contre le champignon » …. Le fait d’entretenir une ambiguïté sur le sens du mot biologique en dit long sur la rigueur scientifique.

– volonté de se servir du platane comme « cheval de Troie » de l’industrie OGM ?

Il est légitime de se poser la question sur le sens de cette désinformation. Si une certaine naïveté peut être attribuée aux étudiants, les encadrants ne peuvent ignorer que la mise en avant d’une cause « sympathique » peut permettre d’enfoncer un « coin » dans les pratiques et la réglementation des OGM en France. Ce projet a été primé au « concours international de machines [biologiques] génétiquement modifié » (IGEM) aux USA. L’IGEM souhaite développer la biologie synthétique dont le but est de construire des organismes accomplissant des fonctions biologiques, à partir d’assemblage de séquences d’ADN prélevées dans des organismes existants ou fabriquées de façon artificielle. Les êtres vivants sont vus par les tenants de cette approche, en provenance des États-unis, comme de simples machines qu’il faut élaborer, à des fins souvent mercantiles. Ils ont déjà réussi à fabriquer la première bactérie artificielle…et tentent de la breveter ! Beaucoup de chercheurs opposent des arguments de bioéthique à cette approche, ce qui n’a pas semblé déranger les responsables de ce projet.
En conclusion, cette initiative peut présenter un intérêt en recherche fondamentale, et a sûrement été formatrice pour ces étudiants. Mais ils ont suscité un emballement médiatique qui diffuse l’idée, fausse, que le remède à la maladie du platane est en passe d’être trouvé. De plus, les risques pour l’environnement sont volontairement occultés, ce qui pose la question des contrôles que la société peut mettre en place contre les apprentis sorciers, si enthousiastes et sympathiques soient ils.
 
  

 

blogger templates