Agoravox 18 juillet 2011
Les missions humanitaires, d’amitiés et de solidarité internationales avec la Palestine « Flottille pour Gaza II » et « Bienvenue en Palestine » qui ont été empêchées de se réaliser ces dernières semaines ne sont pas ressenties par les participants, les organisations et associations qui en étaient parties prenantes, comme un échec ou la fin de la montée dans, l’opinion publique mondiale, d’un mouvement de soutien à la Cause palestinienne.
Ce soutien se nourrit chaque jour et partout du besoin grandissant de justice et de dignité pour tous les peuples, à commencer par les Palestiniens qui subissent, depuis plus de 60 années, les conséquences du besoin de soulagement de la mauvaise conscience de l’Occident vis à vis des juifs.
L’Etat d’Israël, né de la partition de la Palestine par un vote des Nations Unies en 1948, s’appuie sans vergogne sur ce fond de commerce pour brimer et écraser, dans l’impunité la plus totale, des populations qui ne sont en rien responsables des persécutions, pogroms et exterminations dont les juifs ont souffert pendant des siècles sous d’autres cieux que ceux de la Palestine, tout en lui déniant le droit à une existence nationale.
Une possibilité se fait jour aujourd’hui pour la reconnaissance de l’Etat Palestinien dans les termes que les Palestiniens eux-mêmes définiront lors de la présentation de leur requête en ce sens aux Nations Unies.
C’est une belle opportunité pour les énergies qui se sont mobilisées et se mobilisent chaque année pour soutenir les Palestiniens, de rebondir sur cette perspective en donnant aux liens tissés, depuis deux ans en ces occasions, la forme d’un groupe de pression citoyen international pour faire campagne et agir dans le sens d’un vote positif.
En mai 2010, la marine israélienne arraisonnait, avec une brutalité dénoncée par le monde entier, un convoi maritime composé de huit cargos, la « Flottille de la liberté », dans les eaux internationales de la Méditerranée.
Ce convoi acheminait un important tonnage d’aide humanitaire et de matériaux de construction pour les populations de la bande de Gaza soumises, depuis la prise de contrôle de ce territoire palestinien par le Hamas en juin 2007, à un implacable blocus israélien et égyptien, et durement éprouvées par ailleurs par l’offensive de destruction et de tueries massives, connue, de sinistre mémoire, sous le nom d’ « Opération plomb durci » de l’hiver 2008/2009.
L’intervention de la marine israélienne contre la « Flottille de la liberté » avait coûté la vie à 9 des 682 passagers originaires de 42 pays qui participaient à cette mission humanitaire internationale.
Un an à peine après ce massacre, deux autres évènements témoignant à la fois de la vigueur et de la montée du mouvement de soutien et de solidarité pour la Palestine au sein de l’opinion publique internationale ont, de nouveau, occupé le devant de la scène ces dernières semaines. Il s’agit de la 2ème flottille pour Gaza ou « Flottille pour Gaza II » et de la mission internationale appelée « Bienvenue en Palestine".
La « Flottille pour Gaza II » comprenait une douzaine de bateaux sur lesquels s’activaient plusieurs centaines de participants de 22 nationalités différentes en vue d’appareiller pour Gaza, avec, tout comme précédemment, dans les soutes de leurs bâtiments, un chargement d’aide humanitaire.
Cette entreprise de solidarité avec la Palestine a été immobilisée dans les ports de Grèce, grâce au zèle du Premier ministre ‘’socialiste’’ grec et de son gouvernement, confrontés, par ailleurs, à la résistance acharnée de leurs concitoyens à la politique d’austérité imposée par le FMI et l’Union européenne, face à une crise économique et financière profonde dont ils ne veulent, en aucun cas et à juste titre, accepter de faire les frais.
Parallèlement, un autre projet de solidarité internationale avec la Palestine a été porté à la connaissance du grand public, début juillet, par le retentissement médiatique des conditions dans lesquelles sa réalisation a été empêchée. Le théâtre des opérations n’était pas, cette fois, les ports grecs, mais les aéroports européens et d’Amérique du Nord.
Il s’agit de la mission internationale « Bienvenue en Palestine » Ce projet devait voir arriver par avion, via l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, 650 participants dont 300 Français, à bord d’une cinquantaine de vols réguliers, en provenance de plus d’une quinzaine de capitales et de villes européennes et d’Amérique du Nord.
Dès le 7 juillet, dans tous les aéroports européens et d’Amérique du Nord d’où devaient partir ces voyageurs, les autorités aéroportuaires et les compagnies aériennes ont refusé, avec l’aide musclée des forces de l’ordre, l’embarquement à des centaines de voyageurs dont les noms figuraient sur une liste noire de personnes indésirables, fournie par les services israéliens.
L’image de provocateurs, de hooligans, de fauteurs de troubles et d’extrémistes que les autorités israéliennes ont collée à ces voyageurs est évidemment un mensonge éhonté.
Il suffit de visiter le site internet www.BienvenuePalestine.com consacré à ce projet pour s’en rendre compte et mesurer, par la même occasion, l’inquiétude de l’Etat d’Israël devant la montée du mouvement de solidarité internationale en faveur des Palestiniens à travers le monde.
La mission internationale « Bienvenue en Palestine » consistait, en effet, en une invitation lancée par une quinzaine d’associations palestiniennes à tous ceux des sympathisants de cette Cause de par le monde, qui désiraient faire, à des fins d’information, l’expérience concrète de la vie dans les territoires occupés, en effectuant un séjour de 8 à 10 jours dans des familles palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Suite aux incidents, nombreux et parfois très durs, qui se sont déroulés aux guichets d’enregistrement et aux postes des derniers contrôles avant l’accès aux avions, en raison des protestations des participants refoulés, et la détention, plusieurs jours durant, de ceux d’entre eux qui avaient quand même pu arriver à Tel-Aviv, c’est de l’intérieur même de la classe politique et de l’exécutif israélien que des critiques se sont élevées.
Dans son édition du 8 juillet, le quotidien français Libération mentionnait celles dont les médias israéliens se sont faits l’écho. Ainsi, le quotidien à grand tirage Yédiot Aharanot titrait, au sujet de ces événements : « Nous sommes devenus cinglés » Ou encore Haaretz, un autre quotidien qui dénonce, par la voix d’un écrivain, Gidéon Levy, « Les réponses hystériques d’Israël qui ont donné de l’importance à un mouvement de protestation qui serait passé presque inaperçu (…) » « Cela menace Israël, plus que toute invasion de militants étrangers, en le privant de son arme la plus importante : le fait d’être une société ouverte et éclairée »
Ce que certains médias, comme Le Monde, ici en France, ont donc présenté comme étant deux succès diplomatiques et politiques du gouvernement israélien, en relatant la collaboration pleine et entière dont il a bénéficié auprès des pays européens pour faire échec à la réalisation de ces deux projets est, en fait, l’illustration des difficultés croissantes auxquelles Israël se trouvera confronté dans son entreprise démentielle d’étouffement et de mise à mort de la Cause palestinienne.
A considérer ce qu’il s’est passé pour la « Flottille Gaza II » dans les ports grecs et chypriotes, et la mission « Bienvenue en Palestine » dans les aéroports de Genève, Zurich, Rome, Bruxelles, Francfort, Budapest, Londres, Vienne, Istanbul, Athènes, Bucarest, Paris, sans compter les aéroports d’Amérique du Nord, l’image de l’extension du blocus israélien en Europe et dans le monde n’est pas exagérée. Et ce blocus concerne aujourd’hui, non plus seulement la bande de Gaza, mais toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Succès politico-diplomatique israélien, on peut en douter. Ces évènements sont la preuve de la vigueur et de la montée d’un mouvement mondial de soutien et de solidarité avec la Palestine. Ils interviennent dans un contexte où la question de la reconnaissance et donc de la création de l’Etat de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale fera l’objet d’un vote aux Nations Unies en septembre prochain.
La Palestine est actuellement reconnue par 98 pays sur près de 200 que compte cette organisation. Mais de nombreux autres pays comme la France, le Royaume Uni, l’Allemagne, les Etats Unis et bien d’autres, ne lui accordent qu’un statut diplomatique particulier sans aller jusqu’à une reconnaissance réelle en bonne et due forme.
Cette perspective est d’ores et déjà, et depuis des mois, au centre d’une offensive diplomatique israélienne très active et très agressive en vue de faire échec à cette initiative émanant de l’Autorité Palestinienne. De toutes parts s’exercent des pressions énormes pour faire perdurer la voie de l’impasse, archi-bétonnée par Israël, du processus sans fond des négociations et des pourparlers de paix.
L’une des satisfactions qu’il faut tirer des expériences des « Flottilles pour Gaza » et de la mission « Bienvenue en Palestine » est qu’elles ont permis de tisser l’amorce d’un vaste réseau citoyen international en faveur de la Cause palestinienne, de la paix, du développement et de la démocratie.
Je propose à tous ceux qui se sont mobilisés pour ces missions de réfléchir à la possibilité de se fédérer sur le plan national et international, au travers de leurs organisations et associations respectives et avec elles, afin d’ériger un groupe de pression international, ayant pour objectif de contribuer à la victoire d’un vote positif, en septembre prochain, dans le Palais de verre à New-York.
Ce convoi acheminait un important tonnage d’aide humanitaire et de matériaux de construction pour les populations de la bande de Gaza soumises, depuis la prise de contrôle de ce territoire palestinien par le Hamas en juin 2007, à un implacable blocus israélien et égyptien, et durement éprouvées par ailleurs par l’offensive de destruction et de tueries massives, connue, de sinistre mémoire, sous le nom d’ « Opération plomb durci » de l’hiver 2008/2009.
L’intervention de la marine israélienne contre la « Flottille de la liberté » avait coûté la vie à 9 des 682 passagers originaires de 42 pays qui participaient à cette mission humanitaire internationale.
Un an à peine après ce massacre, deux autres évènements témoignant à la fois de la vigueur et de la montée du mouvement de soutien et de solidarité pour la Palestine au sein de l’opinion publique internationale ont, de nouveau, occupé le devant de la scène ces dernières semaines. Il s’agit de la 2ème flottille pour Gaza ou « Flottille pour Gaza II » et de la mission internationale appelée « Bienvenue en Palestine".
La « Flottille pour Gaza II » comprenait une douzaine de bateaux sur lesquels s’activaient plusieurs centaines de participants de 22 nationalités différentes en vue d’appareiller pour Gaza, avec, tout comme précédemment, dans les soutes de leurs bâtiments, un chargement d’aide humanitaire.
Cette entreprise de solidarité avec la Palestine a été immobilisée dans les ports de Grèce, grâce au zèle du Premier ministre ‘’socialiste’’ grec et de son gouvernement, confrontés, par ailleurs, à la résistance acharnée de leurs concitoyens à la politique d’austérité imposée par le FMI et l’Union européenne, face à une crise économique et financière profonde dont ils ne veulent, en aucun cas et à juste titre, accepter de faire les frais.
Parallèlement, un autre projet de solidarité internationale avec la Palestine a été porté à la connaissance du grand public, début juillet, par le retentissement médiatique des conditions dans lesquelles sa réalisation a été empêchée. Le théâtre des opérations n’était pas, cette fois, les ports grecs, mais les aéroports européens et d’Amérique du Nord.
Il s’agit de la mission internationale « Bienvenue en Palestine » Ce projet devait voir arriver par avion, via l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, 650 participants dont 300 Français, à bord d’une cinquantaine de vols réguliers, en provenance de plus d’une quinzaine de capitales et de villes européennes et d’Amérique du Nord.
Dès le 7 juillet, dans tous les aéroports européens et d’Amérique du Nord d’où devaient partir ces voyageurs, les autorités aéroportuaires et les compagnies aériennes ont refusé, avec l’aide musclée des forces de l’ordre, l’embarquement à des centaines de voyageurs dont les noms figuraient sur une liste noire de personnes indésirables, fournie par les services israéliens.
L’image de provocateurs, de hooligans, de fauteurs de troubles et d’extrémistes que les autorités israéliennes ont collée à ces voyageurs est évidemment un mensonge éhonté.
Il suffit de visiter le site internet www.BienvenuePalestine.com consacré à ce projet pour s’en rendre compte et mesurer, par la même occasion, l’inquiétude de l’Etat d’Israël devant la montée du mouvement de solidarité internationale en faveur des Palestiniens à travers le monde.
La mission internationale « Bienvenue en Palestine » consistait, en effet, en une invitation lancée par une quinzaine d’associations palestiniennes à tous ceux des sympathisants de cette Cause de par le monde, qui désiraient faire, à des fins d’information, l’expérience concrète de la vie dans les territoires occupés, en effectuant un séjour de 8 à 10 jours dans des familles palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Suite aux incidents, nombreux et parfois très durs, qui se sont déroulés aux guichets d’enregistrement et aux postes des derniers contrôles avant l’accès aux avions, en raison des protestations des participants refoulés, et la détention, plusieurs jours durant, de ceux d’entre eux qui avaient quand même pu arriver à Tel-Aviv, c’est de l’intérieur même de la classe politique et de l’exécutif israélien que des critiques se sont élevées.
Dans son édition du 8 juillet, le quotidien français Libération mentionnait celles dont les médias israéliens se sont faits l’écho. Ainsi, le quotidien à grand tirage Yédiot Aharanot titrait, au sujet de ces événements : « Nous sommes devenus cinglés » Ou encore Haaretz, un autre quotidien qui dénonce, par la voix d’un écrivain, Gidéon Levy, « Les réponses hystériques d’Israël qui ont donné de l’importance à un mouvement de protestation qui serait passé presque inaperçu (…) » « Cela menace Israël, plus que toute invasion de militants étrangers, en le privant de son arme la plus importante : le fait d’être une société ouverte et éclairée »
Ce que certains médias, comme Le Monde, ici en France, ont donc présenté comme étant deux succès diplomatiques et politiques du gouvernement israélien, en relatant la collaboration pleine et entière dont il a bénéficié auprès des pays européens pour faire échec à la réalisation de ces deux projets est, en fait, l’illustration des difficultés croissantes auxquelles Israël se trouvera confronté dans son entreprise démentielle d’étouffement et de mise à mort de la Cause palestinienne.
A considérer ce qu’il s’est passé pour la « Flottille Gaza II » dans les ports grecs et chypriotes, et la mission « Bienvenue en Palestine » dans les aéroports de Genève, Zurich, Rome, Bruxelles, Francfort, Budapest, Londres, Vienne, Istanbul, Athènes, Bucarest, Paris, sans compter les aéroports d’Amérique du Nord, l’image de l’extension du blocus israélien en Europe et dans le monde n’est pas exagérée. Et ce blocus concerne aujourd’hui, non plus seulement la bande de Gaza, mais toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Succès politico-diplomatique israélien, on peut en douter. Ces évènements sont la preuve de la vigueur et de la montée d’un mouvement mondial de soutien et de solidarité avec la Palestine. Ils interviennent dans un contexte où la question de la reconnaissance et donc de la création de l’Etat de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale fera l’objet d’un vote aux Nations Unies en septembre prochain.
La Palestine est actuellement reconnue par 98 pays sur près de 200 que compte cette organisation. Mais de nombreux autres pays comme la France, le Royaume Uni, l’Allemagne, les Etats Unis et bien d’autres, ne lui accordent qu’un statut diplomatique particulier sans aller jusqu’à une reconnaissance réelle en bonne et due forme.
Cette perspective est d’ores et déjà, et depuis des mois, au centre d’une offensive diplomatique israélienne très active et très agressive en vue de faire échec à cette initiative émanant de l’Autorité Palestinienne. De toutes parts s’exercent des pressions énormes pour faire perdurer la voie de l’impasse, archi-bétonnée par Israël, du processus sans fond des négociations et des pourparlers de paix.
L’une des satisfactions qu’il faut tirer des expériences des « Flottilles pour Gaza » et de la mission « Bienvenue en Palestine » est qu’elles ont permis de tisser l’amorce d’un vaste réseau citoyen international en faveur de la Cause palestinienne, de la paix, du développement et de la démocratie.
Je propose à tous ceux qui se sont mobilisés pour ces missions de réfléchir à la possibilité de se fédérer sur le plan national et international, au travers de leurs organisations et associations respectives et avec elles, afin d’ériger un groupe de pression international, ayant pour objectif de contribuer à la victoire d’un vote positif, en septembre prochain, dans le Palais de verre à New-York.
Il me semble urgent qu’une telle proposition soit diffusée le plus largement possible et donne lieu, dans le court terme, à des concertations pour étudier sa mise en œuvre dans les conditions et modalités propres à chacun des pays de résidence des participants.
Ma conviction est que les associations et organisations qui se sont impliquées en mobilisant leurs adhérents et en allant au devant du public, dans leurs régions et pays respectifs, tant pour informer, sensibiliser et collecter des fonds, ont fait preuve de suffisamment de maturité pour relever ce challenge. Il faut maintenant mettre à profit ces capacités organisationnelles pour aller encore de l’avant.
Jean-Marie TOKO, sociologue-démographe.
Ma conviction est que les associations et organisations qui se sont impliquées en mobilisant leurs adhérents et en allant au devant du public, dans leurs régions et pays respectifs, tant pour informer, sensibiliser et collecter des fonds, ont fait preuve de suffisamment de maturité pour relever ce challenge. Il faut maintenant mettre à profit ces capacités organisationnelles pour aller encore de l’avant.
Jean-Marie TOKO, sociologue-démographe.
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