28 janvier 2015

Auschwitz : L'ignoble affront fait à la mémoire

Photo Judith Gueyfier

Le blog de Djordje Kuzmanovic, 26 janvier 2015

Mardi 27 janvier sera commémoré le 70ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz.

C'est toujours une immense émotion de voir ces quelques vieillards, encore vaillants qui, vaille que vaille, fièrement, parfois les yeux humides, évoquent l'horreur absolue de la mort industrielle et le difficile retour à la vie.

Ce retour s'est fait dans la douleur des êtres chers perdus et aussi des fois avec la "culpabilité" de ceux qui ne comprennent pas pourquoi eux ont survécu et pas les autres.

Ce sera l’occasion de penser au massacre de ces millions de Juifs, de Tziganes, de Slaves, d'homosexuels et de prisonniers politiques, généralement communistes.

Plusieurs chefs d'Etat seront invités dans le cadre des commémorations officielles à Auschwitz, mais... pas Vladimir Poutine. La Russie n'est pas conviée.

Pourtant, le camp d'Auschwitz a été libéré par l'Armée Soviétique.
Mais cet aspect de l'Histoire semble avoir été oublié par certains. C'est une honte qui retombe sur les organisateurs, la Pologne et l'Union Européenne en particulier, et illustre la tragique dérive morale dans laquelle est plongée l'Europe officielle.
L'argument avancé pour ne pas inviter la Russie, mais inviter par contre l'Ukraine (sic!) est que le camp d'Auschwitz n'a pas été libéré par les Russes mais par... "Le Front Ukrainien". Soit ces organisateurs sont d'une bêtise crasse, soit ils sont d'une mauvaise fois sans égal. "Le Front Ukrainien" est le nom porté par une des lignes d'offensive de l'Armée Soviétique (comme il y avait "Le Front Biélorusse", "Le Front de la Baltique", "Le Front Volkov", "Le Front de la Vistule" etc.).
Le "Premier Front Ukrainien" était commandé par le général Ivan Koniev et composé de soldats soviétiques, donc de beaucoup de Russes, mais aussi d'Ukrainiens, de Kazakhs, de Géorgiens, d'Arméniens, etc., peuples composant l'URSS.

L'autre argument avancé par la fondation mémorielle d’Auschwitz est qu'aune invitation formelle n'a été envoyée. On peut en douter compte tenu de la présence annoncée de plusieurs chefs d'Etat - or, on a rarement vu un chef d'Etat, ne parlons pas de plusieurs en même temps, se rendre à une commémoration sans y avoir été conviés ; l'invitation est un élément basique du protocole dans ce genre de situation. L'argument avancé est d'autant plus honteux que le gouvernement russe a financé la fondation à hauteur d'un million de dollars afin de réaliser les investissements nécessaires à la préservation de ce lieu de mémoire.

La décision de ne pas inviter la Russie est politique. Elle s'inscrit dans le travail de révision historique sur la seconde guerre mondiale engagé depuis quelques années en Occident et initié aux Etats-Unis. Il s'agit d'un œuvre de récriture de l'Histoire dont l'objectif est d'atténuer, sinon d’effacer le rôle joué par l'Union Soviétique, par les Russe dans l'anéantissement du régime Troisième Reich. Déjà, bien des jeunes en France n'ont aucune idée du rôle qu'a pu joué l'Armée Soviétique ni les pertes et destructions endurées par les citoyens d'URSS. Or comment pourrait se faire un travail mémoriel sérieux, comment peut-il être transmis aux générations futures si on efface des tables de l'Histoire le pays qui a payé le plus lourd tribu dans la lutte contre les nazis ?

Alors que les Russes ont libéré la plus grandes parti des camps d’extermination et de concentration et aidé à préserver la mémoire de l'Holocauste et du génocide des Tziganes, comment pourraient-ils être jugés indignes d'être invités pour le 70ème anniversaire de la libération d'Auschwitz, symbole s'il en est de l'horreur nazie ?

Cet affront symbolique fort fait à la Russie n'a pour objectif que d'envenimer une situation géopolitique très tendue et dangereuse pour la paix en Europe.
La commémoration officielle sera d'autant plus tragiquement surprenante que l'Union Européenne, avec les Etats-Unis, se sont choisis en Ukraine des alliés se revendiquant ouvertement du nazisme, prônant, entre autres, le massacre des juifs et combattant en ce moment même des populations civiles d'Ukraine de l'est - le tout en arborant toute la panoplie de la symbolique nazie.

L'Union Européenne s'enfonce dans le sordide.

Heureusement, un souffle frais de liberté et de démocratie nous vient de Grèce.
 

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