24 janvier 2015

Greek crisis: Podemos

Alexis Tsípras et Pablo Iglesias, Athènes, le 22 janvier

Par Panagiotis Grigoriou sur Greek crisis | vendredi 23 janvier 2015

Notre petite radio était plus rouge que jamais. Et nous, assis en cercle, plus d’une quarantaine de personnes dans un petit studio, (nous) avons accueilli jeudi 22 janvier à la Radio 105,5 “Sto Kókkino - Au Rouge”, Pablo Manuel Iglesias Turrión de Podemos et de tout cœur surtout. L’histoire émouvante en direct, tandis qu’au même moment, les petits navrants s’en vont déjà. Vassílis Kikílias, ministre de l’Ordre public a fait le tour des bureaux dans son ministère vendredi 23 janvier faisant ses adieux.

Inutile de reproduire en longueur ce que l’on sait déjà du reportage: “Le vent d’un changement démocratique souffle sur l’Europe, s’exclame Pablo Iglesias. Jusqu‘à la victoire, SYRIZA Podemos, nous vaincrons ! Selon Pablo Iglesias, le succès de SYRIZA s’explique par un besoin de souveraineté nationale. Les Grecs en ont assez de voir leur politique dictée par l’extérieur”. Étranges moments vraiment, lorsque les... énormes médias font semblant de découvrir les propos forts et les évidences alors que jusque là, seuls certains “extrémistes” comme nous en faisions l’écho.

L’interview accordée la radio 105,5 a duré environ 25 minutes et elle a commencé en musique, sous le “Canto General”, poème épique en quinze chants du poète chilien Pablo Neruda, publié en 1950 à Mexico, dont Míkis Theodorakis a fait un oratorio. “Nous envisageons aussi le changement à travers la musique” a dit Pablo Iglesias. “En Espagne nous avons tous chanté: ‘Cambia todo’ qui signifie: En chantant, tout change”.


Neruda & Θεοδωράκης - La United Fruit Co... par Naisbit

Pour nous, Samaras et Rajoy sont ces piètres... versions d’Angela Merkel et dont les politiques suivies, ont aggravé le chômage, l'austérité et la dette. Pour inverser cette situation nous avons besoin d’une grande réaction de la part des citoyens. Nous disons pour l’instant ‘oui’ à l'euro puisqu’il est inévitable, mais non pas, à la manière dont fonctionne en ce moment la zone euro”, a déclaré Pablo Iglesias.

 S’adressant aux électeurs plus âgés, il a déclaré: “Les personnes âgées ne devraient pas succomber à la peur. Ils devraient au contraire inciter leurs enfants et leurs petits-enfants à voter en faveur du changement. Suite aux élections dimanche, les Grecs auront enfin un Premier ministre grec et non pas un valet de Merkel. SYRIZA, PODEMOS et le Sinn Féin en Irlande, sont la promesse d’avenir possible pour la majorité des peuples en Europe. Cette promesse cependant, doit être en même temps soutenue par un grand mouvement populaire d’en bas”.

Il se concrétise alors quelque chose, quelque part, entre Athènes et Madrid... en passant par Bruxelles. En studio jeudi après-midi, nous avons commenté la dernière décision de la BCE, de manière disons positive, tandis que de son côté, Jacques Sapir remarque que “l’annonce qu’il vient de faire le jeudi 22 janvier restera dans les annales. La Banque Centrale Européenne s’est donc converti à ‘l’assouplissement’, ce que l’on appelle le ‘quantitative easing’ (ou QE pour les initiés. Mais, il s’agit d’une mesure désespérée. Rien ne prouve qu’elle donne les résultats espérés. Elle soulève par ailleurs de nombreuses questions. En un sens, on peut y voir aussi, et c’est là peut-être le point le plus important, l’amorce d’une reconnaissance que la zone Euro ne fonctionne plus et qu’il convient d’en préparer la dissolution”. L’avenir alors se fera tôt ou tard.

L'heure la plus grande c’est maintenant. “
Quotidien des Rédacteurs” du 23 janvier

Nos amis et analystes sur 105,5 expriment alors l’essentiel (23 janvier): “C’est une élection capitale. La Patrie et la Démocratie sont en danger. L’Europe cessera d’être un monstre ou sinon, elle cessera tout court d’exister. Nous disons Non, et définitivement non à cette Europe actuelle qui s’apparente à une piètre copie du 4ème Reich. Nos âmes et consciences sont fatiguées, extenuées par cette atrocité que nous vivons, d’ou ce changement en douceur, par le vote et sans trop de fracas dans les rues. Un gouvernement de Gauche, doit d’abord restaurer la dignité et le visage humain, le nôtre et celui de tous. Toutes nos luttes historiques depuis le temps de la dictature convergent alors ce dimanche. Le visage humain, rien que ce visage humain, déjà, par le retour des Conventions collectives et par l’arrêt des saisies de la résidence principale, cela, à titre d’exemple. Les gens aussi doivent changer, ne plus accepter l’immoralité, ni voter en faveur des escrocs sous prétexte d’en tirer quelques maigres avantages clientélistes, au détriment des concitoyens et évidemment d’eux-mêmes.”.

Le même soir, toute la sociologie de SYRIZA, autrement-dit, l’immensité de l’ex-classe moyenne a rempli la place Omónia (de la Concorde) lors du dernier grand meeting SYRIZA dans la capitale. Impossible alors de rejoindre certains amis comme lors du meeting de 2012. La foule était si dense. Autant que les attentes. “Ne nous trahissez pas, nous en avons assez des traitres de la patrie et de la société” criaient alors certains. Patientons alors jusqu’à dimanche.


La peur orchestrée par le camp rapproché du lugubre Samarás n’a pas fonctionné. Déjà à droite on commence par exiger sa... tête politique. Vendredi midi, l’hebdomadaire politique et satirique “To Pontíki” (ainsi que les autres medias), rapportent cette communication entre Gíkas Hardoúvelis, le banquier et ministre des Finances et Yannis Dragasákis, économiste SYRIZA et très probable prochain ministre des Finances en cas de victoire claire et nette de SYRIZA. D’après le reportage, dorénavant, toute correspondance entre le ministère et la Troïka pour ce qui est des positions grecques, incorporeront celles de SYRIZA en vue du prochain Eurogroupe lundi 26 janvier.

Étranges moments vraiment, et jeudi soir c’était également le moment du meeting du parti communiste (KKE) place de la Constitution, assez suivi, il faut dire. Étrange moment lorsqu’au slogan de SYRIZA “L'espoir est en route”, les cousins... éloignés du KKE (lequel rejette tout soutien à un probable gouvernement formé par le parti d’Alexis Tsípras) opposent alors le leur: “L'espoir est là”. Sur place, la sociologie plus populaire du KKE ne entretenait déjà plus l’élan du passé je dirais. Pour toute la Gauche en Grèce, l’absentéisme historique de son plus vieux parti relève alors du traumatisme... déjà dépassé.
 Le temps change et la pluie reviendra ce week-end en Grèce. Sur l’Internet grec on ironise aussi sur ces conditions météo, “elles entraveront enfin le chemin vers les urnes pour les vieux, électeurs traditionnels de la Nouvelle démocratie”.

Dans le Financial Times du 23 janvier, et par une lettre signée par dix-huit économistes de renommée internationale (parmi eux, Joseph Stiglitz), préconisent la réduction de la dette grecque en prolongeant la période de grâce. Ils soulignent que cela peut enfin fournir l'occasion d'un nouveau départ pour l'économie grecque. Ce n’est pas une politique de gauche, et c’est déjà un changement impensable sans SYRIZA, sans PODEMOS et sans le Sinn Féin.

Le voisin Chrístos et son épouse, tous deux au chômage, la voisine Georgía au chômage depuis une semaine, ainsi que mon (autre) cousin Kóstas, retrouvent enfin le sourire. “Tout le quartier vote SYRIZA et n'a plus peur. Basta.” Des quartiers sud aux quartiers ouest, en passant même par les quartiers nord plus aisés, SYRIZA triomphera. Nous pensons à nous, aux nôtres mais aussi à nos morts ou à nos émigrés. Notre petite Europe est plus colorée que jamais. Venceremos.

Voir en ligne : http://www.greekcrisis.fr/2015/01/Fr0399.html

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