9 octobre 2011

Dexia : le contribuable repasse à la caisse

Attac | 7 octobre 2011

La banque franco-belge Dexia est en situation de faillite, les gouvernements français et belges ont apporté en urgence leurs garanties aux dépôts et organisent la disparition de la banque. Avec son ratio de 11 % de fonds propres Dexia semblait être bien capitalisée. Dés lors quelle valeur accorder aux propos lénifiants du Premier ministre sur la santé des banques françaises si une banque de cette importance peut s’effondrer du jour au lendemain ? Quelle est la situation réelle de nos banques ?

Le parcours de Dexia illustre les turpitudes du néolibéralisme bancaire et les errements de l’État. Jusqu’à la fin des années 80, le Crédit Local de France, partie intégrante du secteur public car alors filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), assurait en toute sécurité les crédits aux collectivités locales. Sa privatisation et son entrée en Bourse , puis la fusion avec le Crédit Communal de Belgique belge pour former Dexia en 1996, ont ouvert la voie à une recherche frénétique de profits dans des opérations hasardeuses. Dexia n’a raté ni les subprimes américains, ni la spéculation sur les produits dérivés, ni l’arnaque des prêts « toxiques » aux collectivités locales. En septembre 2008, pris dans la tourmente des subprimes, le groupe a été sauvé in extremis par les gouvernements français et belges qui ont allongé plus de 6 milliards d’euros. Sauvetage sans conditions au seul profit des actionnaires, qui ont continué à engrangé les profits, alors que les actifs douteux ont été maintenus au bilan et se sont accrus de 23 milliards euros, qui sont autant de dettes publiques pour les États européens. Aujourd’hui sauvetage acte 2, dont le prix pour le contribuable risque d’être salé.

Le problème central est le devenir des actifs de Dexia dont une grande partie est suspectée d’être toxique. Le gouvernement ne voulant pas faire apparaitre un accroissement de la dette publique, demande à la Banque Postale et à la CDC d’entrer dans la danse en les alléchant avec l’activité prêt aux collectivités locales. Mais ni la Banque postale, ni surtout la CDC, déjà sollicitée en 2008 par l’État pour acheter des actions de Dexia à 9,90 euros qui valent aujourd’hui moins d’un euro, ne veulent devenir une bad bank. Celles-ci réclament une garantie de l’État, qui sera appelé à éponger les pertes.

Cette situation est directement liée à l’irresponsabilité de l'État français, qui suite à la crise de 2008 a renfloué de façon spectaculaire les principaux groupes bancaires sans jamais exiger en contrepartie de droit de regard sur leurs affaires. Dexia – et bien d’autres – ont pu continuer leurs pratiques à hauts risques, sachant que l’État – et les contribuables – seront toujours là pour éponger les pertes. Nous n'avons donc ni droit de regard, ni droit de cité dans les affaires bancaires, alors même que nous assumons leurs faillites. Les banques et leur gestion doivent être l'affaire de tous. Aussi, Attac et Les Amis de la Terre ont lancé au printemps une interpellation citoyenne des banques. Partout en France, les agences bancaires se sont vues remettre des questionnaires leur demandant de rendre des comptes précis sur les principaux aspects de leurs activités. De ces réponses, nous avons tiré un rapport d'analyse, que nous publierons à la fin du mois. Politiques de crédit aveugles, gestion humaine catastrophique, irresponsabilité environnementale, absence de démocratie interne, ce que nous y découvrons du monde bancaire permet de confirmer l’idée que seule une mise sous contrôle des banques par l’État et les citoyens peut résoudre l’ampleur de la crise actuelle.

Le 15 octobre, dans le cadre des actions du mouvement des indignés, nous invitons tous nos comités locaux et adhérent-e-s à agir, à montrer leur indignation, de manière unitaire, en dénonçant les banques et le déni de démocratie que représente la soumission des politiques aux intérêts financiers fauteurs de crise.

Attac France,
Paris, le 7 octobre 2011

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