Par Frédéric Lemaire | Bastamag | 25 octobre 2011
Face aux mesures d’hyper-austérité menées par le gouvernement britannique, un seul mot d’ordre : No Cuts ! – Non aux coupes budgétaires. Partie prenante du mouvement de fond qui traverse la Grande-Bretagne, le collectif UK Uncut invente de nouveaux modes d’organisation et d’action. Capable de transformer en quelques heures une banque en une bibliothèque municipale, ce mouvement citoyen prend de l’ampleur. Et témoigne d’un important réveil des mouvements sociaux en Grande-Bretagne.
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Contre « l’austérité juste » du gouvernement
L’État a renfloué les banques, dopées aux produits financiers toxiques, à hauteur de plus de 1 000 milliards d’euros. Et ce sont principalement les salariés et les précaires qui passent à la caisse. Le plan d’austérité du gouvernement prévoit des coupes considérables dans les dépenses publiques, à hauteur de 90 milliards d’euros d’ici à 2014. Soit une diminution d’environ 12 % du budget de l’État ! Au programme : des coupes dans la protection sociale (18 milliards), dans les services publics (36 milliards) et une hausse de la TVA. « Les mesures de rigueur les plus drastiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », selon Rowena Crawford, de l’Institut d’études fiscales. Et surtout, les 3 % de la population les plus vulnérables (personnes handicapés, personnes âgées, précaires…) se trouveront affectés par un quart des coupes budgétaires.
Face à cette situation, l’année 2011 a marqué au Royaume-Uni un regain considérable de mobilisation dans les mouvements sociaux. Un exemple marquant : la manifestation du 26 mars dernier, qui a rassemblé plus de 500 000 manifestants à Londres – la plus importante mobilisation sociale depuis les années Thatcher. Le programme d’hyper-austérité – ou d’« austérité juste » selon les termes employés par le Premier ministre, David Cameron, en 2010 – ravive la combativité de syndicats. La politique du gouvernement (qui compte à ce jour 18 millionnaires sur 25 de ses membres) n’est en effet sans doute jamais apparue aussi clairement inégalitaire aux yeux des Britanniques.
« UK Uncut, c’est une vraie bouffée d’air frais. » Vera Weghmann est une activiste londonienne impliquée dans les mouvements « no cuts ! » (non aux coupes budgétaires), et en particulier dans le collectif UK Uncut. Adepte des occupations festives de banques ou de magasins de luxe qui pratiquent l’évasion fiscale, UK Uncut mène des actions diverses et souvent très créatives. Le 8 octobre dernier, avec le soutien de syndicats, le collectif a bloqué le pont de Westminster en plein Londres pour protester contre le démantèlement par le gouvernement du système de santé public.
« UK Uncut rassemble de nombreux jeunes qui ne se retrouvent pas forcément dans les formes "traditionnelles" de mobilisations », témoigne Vera. Le contexte social, particulièrement tendu, semble favoriser le succès du collectif. Car depuis la déroute financière des subprimes, la Grande-Bretagne vacille.
« UK Uncut rassemble de nombreux jeunes qui ne se retrouvent pas forcément dans les formes "traditionnelles" de mobilisations », témoigne Vera. Le contexte social, particulièrement tendu, semble favoriser le succès du collectif. Car depuis la déroute financière des subprimes, la Grande-Bretagne vacille.
Contre « l’austérité juste » du gouvernement
L’État a renfloué les banques, dopées aux produits financiers toxiques, à hauteur de plus de 1 000 milliards d’euros. Et ce sont principalement les salariés et les précaires qui passent à la caisse. Le plan d’austérité du gouvernement prévoit des coupes considérables dans les dépenses publiques, à hauteur de 90 milliards d’euros d’ici à 2014. Soit une diminution d’environ 12 % du budget de l’État ! Au programme : des coupes dans la protection sociale (18 milliards), dans les services publics (36 milliards) et une hausse de la TVA. « Les mesures de rigueur les plus drastiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », selon Rowena Crawford, de l’Institut d’études fiscales. Et surtout, les 3 % de la population les plus vulnérables (personnes handicapés, personnes âgées, précaires…) se trouveront affectés par un quart des coupes budgétaires.
Face à cette situation, l’année 2011 a marqué au Royaume-Uni un regain considérable de mobilisation dans les mouvements sociaux. Un exemple marquant : la manifestation du 26 mars dernier, qui a rassemblé plus de 500 000 manifestants à Londres – la plus importante mobilisation sociale depuis les années Thatcher. Le programme d’hyper-austérité – ou d’« austérité juste » selon les termes employés par le Premier ministre, David Cameron, en 2010 – ravive la combativité de syndicats. La politique du gouvernement (qui compte à ce jour 18 millionnaires sur 25 de ses membres) n’est en effet sans doute jamais apparue aussi clairement inégalitaire aux yeux des Britanniques.
Le mouvement étudiant a fait l’effet d’un « électrochoc »
Dès décembre 2010, le mouvement étudiant contre l’augmentation des frais d’inscription à l’université a surpris par son ampleur et sa radicalité. Les étudiants ont manifesté en nombre, occupé les universités – et même le siège du Parti conservateur –, du jamais vu depuis les années 1960. Par cette première mobilisation d’ampleur contre les politiques d’austérité, le mouvement étudiant apparaît comme un précurseur de la mobilisation unitaire de mars. Il a agi « comme un électrochoc au mouvement syndical », analyse un responsable d’Unite, le principal syndicat britannique.
De nombreux jeunes mobilisés contre l’augmentation des frais d’inscription ont continué à militer dans les mouvements « no cuts », et notamment à UK Uncut. « Suite aux mobilisations étudiantes, nous avons constaté une importante augmentation de nos militants », témoigne Anna Walker, membre du collectif.
Dès décembre 2010, le mouvement étudiant contre l’augmentation des frais d’inscription à l’université a surpris par son ampleur et sa radicalité. Les étudiants ont manifesté en nombre, occupé les universités – et même le siège du Parti conservateur –, du jamais vu depuis les années 1960. Par cette première mobilisation d’ampleur contre les politiques d’austérité, le mouvement étudiant apparaît comme un précurseur de la mobilisation unitaire de mars. Il a agi « comme un électrochoc au mouvement syndical », analyse un responsable d’Unite, le principal syndicat britannique.
De nombreux jeunes mobilisés contre l’augmentation des frais d’inscription ont continué à militer dans les mouvements « no cuts », et notamment à UK Uncut. « Suite aux mobilisations étudiantes, nous avons constaté une importante augmentation de nos militants », témoigne Anna Walker, membre du collectif.
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La mobilisation des étudiants a aussi contribué à donner un nouveau souffle à l’action militante, au travers de nouvelles méthodes de communication utilisant Internet et les réseaux sociaux. Le site web de UK Uncut fonctionne en partie comme un
« facilitateur » de mobilisations : le site et les réseaux sociaux facilitent la coordination et l’émergence d’initiatives locales ou nationales. Organiser la transformation d’une banque en bibliothèque municipale ? Rien de plus simple. « Via le site, on peut contacter les activistes proches de chez soi, trouver des idées, des infos pratiques et des argumentaires pour faciliter l’organisation d’actions décentralisées », explique Vera. Les initiateurs peuvent diffuser l’information en inscrivant leur initiative sur le calendrier en ligne. Et une fois l’action réalisée, ils peuvent en rendre compte en publiant leurs vidéos.
Des mouvements « anticoupes » décentralisés
Avec la décentralisation budgétaire, le gouvernement a trouvé un moyen pratique de diffuser et diluer les effets de son plan d’austérité. En effet, les coupes budgétaires sont souvent mises en œuvre par les collectivités locales. En retour, les initiatives et collectifs « anticoupes », rassemblant citoyens, syndicalistes et activistes, présentent un fort ancrage local – à l’image de « Save our services » à Lambeth, « Leeds against cuts », ou encore de la « Coalition against austerity » à Southport. Mais cet ancrage local qui fait la force du mouvement peut aussi se révéler être une faiblesse, avec l’éparpillement des initiatives.
Outre UK Uncut (qui demeure une plateforme informelle), le mouvement est néanmoins relayé à l’échelle nationale par la Coalition of Resistance, qui s’est constituée sur la base d’un appel signé par des responsables politiques, des syndicalistes et des personnalités de la gauche britannique. L’enjeu pour cette coalition ? Rassembler le mouvement « no cuts » et élaborer un calendrier commun à l’échelle nationale.
Uncut débarque en France
Cette nouvelle dynamique s’inscrit dans une perspective plus large que le seul horizon britannique : le mouvement Uncut a dépassé les frontières de la Grande-Bretagne, avec le développement de groupes aux États-Unis, au Portugal ou en France, et entre en résonance avec le mouvement global des Indignés. Quant à la Coalition of Resistance, elle a été à l’initiative d’une « conférence européenne contre l’austérité » le 1er octobre à Londres, rassemblant partis politiques, syndicats et mouvements européens. Dans sa déclaration finale, les participants en appellent à une grève européenne commune contre l’austérité.
Dans l’immédiat, la prochaine étape sera la grande journée de manifestation du 30 novembre, à l’appel de l’intersyndicale, contre la réforme des retraites. Les organisateurs espèrent réitérer le succès du 26 mars, qui devait déjà beaucoup à la participation des mouvements « de base », étudiants et « anticoupes ».
Source
Frédéric Lemaire
http://www.bastamag.net/article1848.html
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