2 mai 2012

Cahors : naissance d'un groupement d'achat


Le Lot en Action n°51. 13 avril 2012 par Sébastien Perroud


COURT-CIRCUIT : naissance d’un groupement d’achats à Cahors


Ce 30 mars 2012, une trentaine de personnes s’est réuni à la salle de la Bourse du Travail de Cahors, à l’appel d’un collectif de citoyens, afin de participer au lancement d’un groupement d’achats, dénommé Court-Circuit.


info-lot-groupement-d-achat-2.jpgL’idée a germé il y a trois-quatre ans dans l’esprit d’un petit groupe de personnes, qui souhaitaient promouvoir la production locale, de préférence biologique, tout en rejetant le modèle capitaliste : il fallait se passer de la grande distribution pour que les producteurs et productrices soient rémunéré(e)s à la hauteur de leurs efforts. Les bases étaient jetées et après de longues démarches et quelques contretemps, le fonctionnement global fut entériné.

Comme vient le rappeler la charte de ce groupement, « Le modèle actuel de production agricole menace l’environnement, ne garantit pas la sécurité alimentaire et provoque des inégalités sanitaires et économiques flagrantes. » Il devient donc urgent de «revaloriser les marchés locaux », ce que préconise même l’ONU, afin de mettre à profit « les savoirs-faire des communautés rurales […] qui savent concilier agriculture et préservation des ressources naturelles locales. »


C’est donc dans cette optique que le groupement d’achats a contacté nombre de producteurs et productrices locaux, dans des domaines aussi variés que la viticulture, la brasserie, l’agriculture céréalière, la cosmétique, la confiserie, et bien d’autres encore, afin de leur demander de participer au projet. Les réponses ont été nombreuses et très souvent enthousiastes. Il faut préciser qu’un des principes de ce groupement d’achats est de ne pas demander de ristourne aux producteurs et productrices, et de payer le prix demandé, « le prix juste » pour que les exploitant(e)s puissent vivre dignement de leur travail. Ce qui n’a pas empêché certains producteurs de proposer d’eux-mêmes un prix de gros.
info-lot-groupement-d-achat-3.jpgCette démarche s’inscrit clairement à l’extrême opposé des pratiques de la grande distribution, qui se voit donc « court-circuitée » par ce genre d’initiative, idée qui a donné son nom au groupement. Court-Circuit fait ainsi référence à ce concept mais également au « circuit court » entre les producteurs et les acheteurs, circuit vertueux qui fait économiser à la planète beaucoup de déplacements polluants. Vous ne trouverez donc pas de produits d’Afrique du Sud dans le catalogue de Court-Circuit... Qui plus est, ce groupement permettra aussi de tisser ou retisser le lien social entre tous les acteurs de ce projet car cette initiative locale s’inscrit dans un réseau d’alternatives qui tente d’apporter une réponse à la construction d’un monde plus solidaire.
Voilà en tout cas une initiative intéressante. Si vous résidez à Cahors ou dans sa proche périphérie, peut-être serez-vous tentés par l’aventure, mais attention, les places sont limitées. Dans ce cas, commencez par consulter la charte et le catalogue du groupement d’achats, disponibles sur le blog à l’adresse http://courtcircuit46.blogspot.com ou alors contactez le groupement à l’adresse mail achats46@gmail.com. Notez également que Court Circuit met à disposition de ceux qui le souhaitent, les documents tels que les catalogues, permettant ainsi de reproduire cette initiative ailleurs.

CHARTE DU GOUPEMENT D’ACHAT


L'objet du groupement d'achat est l'achat de denrées en commun entre ses membres dans le but de favoriser au maximum les productions locales de préférence issues de l'Agriculture Biologique.


Pourquoi ?


info-lot-groupement-d-achat-4.jpgLe modèle actuel de production agricole ne fonctionne pas. Focalisé sur la hausse de ses rendements, il menace l’environnement, ne garantit pas la sécurité alimentaire et provoque des inégalités sanitaires et économiques flagrantes. Telle est, en substance, la conclusion de l’Évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement. Une prise de conscience historique. Plusieurs institutions internationales, dont la Banque mondiale et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ont soutenu ce rapport. Une soixantaine de gouvernements l’ont approuvé à Johannesburg, le 12 avril 2008. Seuls l’Australie, le Canada et les États-Unis émettent quelques réserves sur « le résumé global à destination des décideurs ».


Face aux dérives de l’agro-industrie, ce rapport officiel propose de revaloriser les marchés locaux. Un changement de cap radical après cinquante années d’aveuglement productiviste. Les scientifiques tiennent aussi à promouvoir les savoirs-faire des communautés rurales. Car, depuis toujours, celles-ci savent concilier l’agriculture et la préservation des ressources naturelles locales.

Au niveau national, l'agriculture conventionnelle est maintenue sous perfusion des deniers publics en permanence et pourtant 35000 exploitations continuent de disparaître chaque année. Alors que les fermes bios et paysannes créent de l'emploi.

Notre groupement entend donc participer à la relocalisation de l'agriculture et plus généralement de l'économie.



Le capitalisme repose sur l’exploitation infinie des ressources naturelles et sur la guerre pour leur appropriation. Notre façon de vivre basée sur la consommation à outrance et le maintien de plus de la moitié de l'humanité dans la pauvreté n’est pas possible à l’échelle du monde. Il faudrait 2 ou 3 planètes supplémentaires compte tenu de la prédation accélérée exercée sur les ressources naturelles.

Nous vivons dans une société de « l'avoir » où les individus, réduits au seul rang de consommateurs, sont priés de détenir de plus en plus d'objets, garants de la réussite sociale et donc du bonheur. Cette société atomise les individus en leur faisant croire qu'ils ne sont responsables que d'eux-mêmes.

Notre initiative s'inscrit dans une démarche de création d'alternative concrète au système capitaliste, notamment en court-circuitant la grande distribution. Elle a pour objet la réappropriation citoyenne d’espaces économiques, la recréation de lien social.

Concrètement le groupement permettra de favoriser les circuits courts avec les producteurs locaux et ainsi de leur payer le prix juste qui leur permettra de vivre correctement de leur production.

Notre groupement a aussi pour but de valoriser sa démarche pour en faire un argument politique de persuasion vis à vis des citoyens et aussi des décideurs afin qu'elle soit généralisée.
 

Comment ?


Nous avons répertorié les producteurs locaux susceptibles de fonctionner avec nous. Chaque adhérent établi sa commande à partir du catalogue (produits secs) de producteurs locaux établi par le groupement. Fréquence : tous les 2 mois. Les commandes individuelles sont envoyées (soit par courriel, soit par courrier) à la personne mandatée par le groupement. Elles sont regroupées en une commande collective pour chaque producteur avec ajustement si besoin ( si nécessaire au moyen d'une réunion d'adhérents) sur les quantités pour respecter le colisage. La livraison par les producteurs se fera en un lieu unique. La répartition à tous les adhérents se fera un samedi, décidé à l'avance. Chacun essaie de venir ce jour-là, amène ses contenants (poches, sacs, cartons). Ce sera un lieu d'échange, de partage, de convivialité. Réunion, à la fin de la distribution, pour faire le point sur la vie du groupement.

Des commandes ponctuelles sur des produits frais pourront être organisées.

1 équipe de 4 à 5 membres sera chargée de collecter les commandes, constituer les commandes groupées par producteur et de contacter ces derniers. Les commandes individuelles doivent parvenir 1 mois avant la distribution à la personne mandatée.

Pour le reste des achats, un partenariat a été établi avec certaines enseignes de vente de produits biologiques.

Le groupement est organisé en association pour faciliter la gestion de la trésorerie et aussi avoir pignon sur rue et ainsi tenter de peser sur les décisions politiques.


« Qui s'instruit sans agir, laboure sans semer » Proverbe africain.

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