18 mai 2012

G8 l'imposture

Basta! | par Maxime Combes, le 18 mai 2012

Hollande au G8 : le changement, c’est en sortir maintenant !


Les pays du G8 représentent 13% de la population mondiale mais prennent des décisions qui impliquent l’ensemble de la planète. En s’y rendant, ces 18 et 19 mai, François Hollande légitime la séquestration de la démocratie mondiale. Alors que le changement aurait été d’en sortir... maintenant !





Établir la liste des pays membres du G8 suffit pour démontrer du caractère suranné et anachronique du G8. États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie. Le G8 fleure bon la domination politique, géopolitique et économique de la fin du siècle passé. Ceux qui furent « les plus puissants de la planète ». Ceux qui furent. En 2012, mettre sur la touche la Chine, l’Inde, le Brésil, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, etc. tourne au ridicule.

Il sera répondu « mais pourquoi diable les pays qui le souhaitent ne pourraient-ils pas se rencontrer » ? Exact, si l’on ne perçoit pas le symbole – chacun sait ô combien les symboles sont importants – de l’époque et de la réalité géopolitique qu’incarne cette vieillerie qu’est le G8. Exact si ces mêmes pays limitaient leur agenda de discussions à ce qui les concernent exclusivement. Or quel est le problème ? A partir du moment où un groupe de pays qui se réunit prend des décisions ou des orientations politiques qui concernent d’autres pays, et les populations qui vont avec, ces derniers devraient avoir leur mot à dire. Ce n’est pas le cas avec le G8 qui s’entretient de tout ce qui lui passe sous la main. Représentant à peine 13 % de la population mondiale, quelle est donc la légitimité des chefs d’État du G8 pour prendre des décisions qui concernent l’ensemble des pays et des populations mondiales ?

Voilà un profond déni de démocratie mondiale. Plus. C’est une confiscation des décisions fondamentales pour l’avenir de l’humanité, une séquestration de la démocratie.

Paroles, paroles...


Et les résultats du G8 ne sont même pas là pour le sauver. Au G8 2011 mitonné par Nicolas Sarkozy à Deauville, comme un mauvais remake, promesse a été faite de débloquer 40 milliards pour les pays du « Printemps arabe », une promesse doublée à 80 milliards en septembre 2011. Aux dernières nouvelles, rien ou pas grand chose n’avait été versé. Il en fut de même avec les promesses des G8 d’Evian en 2003 et de Gleneagles en 2005. Les pays du G8 n’ont jamais débloqué les montants nécessaires au développement économique des pays africains ou à la suppression de la pauvreté auxquels ils s’étaient engagés.

Ils n’ont pas été plus capables de s’entendre sur la suppression intégrale de la dette des pays pauvres pourtant exigée de toute part. Loin de stabiliser les grands déséquilibres économiques mondiaux, les pays du G8 ont contribué à les accroître par leurs politiques de libéralisation de l’ensemble des marchés mondiaux et d’extension des pouvoirs de la finance. Les pays du G8 possèdent 90 % des armes nucléaires et dépensent les trois quarts des budgets militaires. Sans avoir su assurer « la paix et la sécurité » qui revient pourtant comme un leitmotiv à chaque déclaration du G8.


Vestige du passé


Illégitime et sans résultat probant, le G8 mériterait d’être laissé aux historiens plutôt que le maintenir sous perfusion. Et ce d’autant plus que les crises financière et économique, la nouvelle donne géopolitique mondiale, le changement climatique et la raréfaction des ressources naturelles, ou les migrations internationales, sont autant de défis cruciaux qui concernent l’avenir de toutes les populations de la planète. En ce début du 21ème siècle, ces défis seront résolus pour tous ou ils ne le seront pour personne. Il y a des choix à faire. Se recroqueviller sur un G8 incarnant les dominations du siècle passé et la confiscation des décisions globales. Ou contribuer à l’émergence d’une véritable démocratie globale.

Bunkérisé et déplacé à Camp David pour échapper aux manifestations et apparitions des Occupy à Chicago, le G8 organisé par Obama pourrait être le dernier. Il suffirait pour cela que François Hollande le dise et le quitte. Toutes les traditions ne méritent pas d’être poursuivies. Sortir du G8 pour enterrer ce vestige du passé, voilà qui aurait de la classe. Comment faut-il dire ? « Le changement, c’est maintenant ! »


Maxime Combes, membre d’Attac France et de l’Aitec, engagé dans le projet Écho des Alternatives

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