Blog de Médiapart |15 Avril 2012, par Pascal Maillard
«Nous n’oublierons pas!» : lettre ouverte au Président Sarkozy
Cette lettre ouverte au Président Sarkozy est le texte support d’une
chaîne citoyenne pour la démocratie et contre l’oubli. Chacun est invité
à la diffuser à tous ses contacts par courrier électronique et sur les
réseaux sociaux.
Monsieur le Président,
Les citoyens français vous ont élu sur la foi et la sincérité d’un
programme politique dont vous n’avez pas respecté les engagements et
auquel vous avez maintes fois tourné le dos depuis votre élection, le 6
mai 2007.
Aujourd’hui vous vous présentez une nouvelle fois au suffrage du
peuple français et vous menez une campagne reposant sur une double
imposture : la promesse d’une nouvelle rupture et l’oubli de votre
bilan. Bien plus, vous utilisez les services de l’État au bénéfice de
votre campagne et vous n’hésitez pas à exploiter les événements
politiques, économiques et sociaux à des fins électoralistes et avec le
soutien de nombreux médias qui propagent une insidieuse politique de la
peur sur laquelle vous espérer bâtir une popularité.
Cette lettre citoyenne entend simplement vous rappeler les trop nombreux engagements que vous n’avez pas tenus.
Vous aviez promis en 2007 de maintenir le droit à la retraite à 60 ans :
vous l’avez repoussé autoritairement à 62 ans, contre l’avis de la
majorité des Français et au terme du plus long conflit social que la
France ait connu depuis très longtemps. Nous n’oublierons pas !
Vous avez souhaité dans vos propositions que « la formation initiale des enseignants soit assurée » :
votre réforme a supprimé l’année de stage et conduit des milliers de
jeunes enseignants non formés à exercer devant des élèves désemparés. Nous n’oublierons pas !
Vous avez voulu réformer en profondeur l’université et la
recherche et vous prétendez que cette réforme est le succès de votre
quinquennat : les milliards promis ne sont jamais arrivés et de
nombreux établissements de l’Enseignement supérieur sont aujourd’hui en
déficit tandis que les organismes de recherche sont démantelés. Nous n’oublierons pas !
Vous avez promis de « préserver l’excellence de notre système de
santé » et d’«améliorer les conditions de travail des professionnels de
la santé ». Vous avez fait fermer des hôpitaux et des maternités,
créé des déserts médicaux dans de nombreuses régions, supprimé des
dizaines de milliers de postes de personnels de santé et détérioré
gravement l’accès aux soins de millions de français. Nous n’oublierons pas !
Vous vous êtes engagé à « veiller rigoureusement à l’indépendance de la justice » :
les nombreuses affaires en cours montrent crument l’exercice d’un
pouvoir qui tend à privatiser la justice au service d’intérêts
financiers, personnels ou politiques, et qui contrevient gravement au
principe d’indépendance dont votre fonction vous fait pourtant le
garant. Vos gouvernements successifs ont enfreint sous votre autorité
l’Article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui
dispose que la loi « doit être la même pour tous ». Nous n’oublierons pas !
Votre politique a ainsi ébranlé les trois socles de la République française : la Sécurité sociale, l’École et la Justice. Nous n’oublierons pas !
Au chapitre des Droits de l’Homme vous aviez promis à vos
compatriotes de « franchir de nouvelles étapes dans la préservation et
la conquête des libertés ». Les seules étapes que vous avez fait
franchir à la société française constituent une inadmissible
régression des Droits de l’Homme : votre politique sécuritaire et
d’immigration, en flattant les idéologies d’extrême droite et en avivant
les haines comme les peurs, a porté non seulement atteinte dans son
application aux libertés démocratiques fondamentales, mais aussi aux
principes intangibles des grands textes fondateurs de notre histoire, et
que votre volonté politique a travaillé à déconstruire et à mettre en
péril : La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, la loi de
1905, les valeurs issues du Conseil National de la Résistance. Nous n’oublierons pas !
Sous votre présidence plusieurs ministres condamnés ou mis en
cause dans des procédures ou des informations judicaires, ont continué
impunément à exercer leurs fonctions alors que dans toute démocratie
digne de ce nom ils auraient dû se mettre en retrait. Vous avez
ainsi contribué à l’abaissement moral de la politique en la soumettant,
soit à une idéologie condamnable, soit aux intérêts d’une oligarchie
financière et d’un clan. Nous n’oublierons pas !
Aveuglé par votre hyperprésidence et votre conduite autoritaire
des affaires de l’Etat, vous avez dévalorisé le rôle du gouvernement et
du Parlement. En refusant obstinément de vous mettre à l’écoute des
citoyens, en méprisant les associations et les organisations syndicales,
vous avez délité les liens sociaux et provoqué une crise démocratique
et institutionnelle sans précédent dont vous portez l’entière
responsabilité. Responsabilité encore aggravée par le choix de la
provoquer en une période de grave crise économique et financière, crise
que vous exploitez et que votre politique alimente en choisissant
d’accabler les plus pauvres et en ne cessant d’enrichir la classe des
Français les plus aisés. En cinq années d’exercice de votre pouvoir, vos
gouvernements ont considérablement aggravé les inégalités sociales et
économiques. Nous n’oublierons pas !
Enfin, vous avez adopté à de multiples reprises un comportement public et fait des choix politiques qui ont rabaissé la fonction présidentielle ainsi que l’image, la culture et les valeurs de la France en Europe et dans le monde. Nous n’oublierons pas !
Pour toutes ces raisons, en allant voter les 22 avril et 6 mai prochains, nous n’oublierons pas que vous avez brisé le contrat social et politique qui vous unissait à nous. Vous avez perdu toute crédibilité.
Il est temps, Monsieur le Président, que vous redeveniez un citoyen et un justiciable ordinaires.
NE BRISONS PAS CETTE CHAINE CITOYENNE CONTRE L’OUBLI !
DEFENDONS TOUS ENSEMBLE LA DEMOCRATIE !
Cette lettre est une initiative participative et citoyenne. Son
rédacteur souhaite simplement donner aux lecteurs de Mediapart qui
pourraient la soutenir la possibilité de diffuser un texte
d’intervention qui a trois fonctions principales. Souligner tout d’abord
que l’élection présidentielle de 2012 comporte un enjeu exceptionnel :
la défense de la démocratie dont les valeurs ont été mises à mal par
cinq années de pouvoir autoritaire. Faire ensuite œuvre de mémoire en
rappelant le terrible passif de ce quinquennat : aucun des engagements
majeurs pris par le candidat de 2007 n’a été tenu. Cette lettre a enfin
pour fonction d’apporter une possible contribution à la lutte contre
l’abstention, qui, si elle devait être importante, pourrait faire le jeu
du président-candidat. Or la démocratie est l’affaire de toutes et de
tous.
Cette lettre ne s’adresse pas prioritairement au lectorat de
Mediapart, très majoritairement conscient des enjeux de cette élection.
Elle n’aura d’effet que si les lecteurs de Mediapart s’en emparent pour
la diffuser en premier lieu aux électrices et aux électeurs qui, à tort
ou à raison, doutent de la politique et s’apprêtent à ne pas aller
voter, c’est-à-dire, potentiellement plus d’un tiers de nos concitoyens.
A cette fin chaque lecteur est invité à diffuser le texte de cette
lettre à tous ses contacts par courrier électronique, en le copiant
dans un message qui pourrait avoir l’objet suivant : LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT SARKOZY – NE BRISEZ PAS CETTE CHAINE CITOYENNE. Les réseaux sociaux peuvent être aussi un relais efficace.
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