Agoravox | samedi 21 avril 2012, par Olivier Cabanel
A quelques jours du premier tour, alors que l’élu du PS est donné gagnant dans les sondages, il reste une possibilité qui pourrait faire basculer le vote : la fraude.
Au Cameroun, une mascarade électorale a été dénoncée, au Tchad, ce n’est guère mieux, tout comme au Togo, au Burundi, au Congo (avec les félicitations du gouvernement Sarközi) et ailleurs, (lien), mais en France nous sommes aussi assez performant dans ce domaine.
A Corbeil-Essonnes, par exemple, l’élection de Serge Dassault en 2008 a levé beaucoup de contestations, d’autant que l’écart avec son rival, le communiste Bruno Piriou, n’était que de 170 voix, et que des citoyens ont accusé Dassault d’avoir acheté des voix. lien
Tout le monde se souvient de l’affaire Tiberi, l’ancien maire de Paris, lequel donnait la parole aux morts, (lien) ou de Jean Paul Alduy, accusé d'avoir bourré les urnes après avoir caché des bulletins dans ses chaussettes. lien
Mais la fraude qui pourrait poser le plus de problème est liée au vote électronique.
Ce n’est pas anodin, puisqu’il sera largement utilisé le 22 avril prochain, et concernera 2,5 millions de votants, dont 1,5 millions hors de France.
En octobre 2011, Microsoft avait démontré la vulnérabilité des machines à voter, dont les procédures sont pourtant décrites comme « entièrement vérifiables », mais selon l’entreprise internationale, un pirate peut « modifier de manière indétectable un grand nombre de votes ». lien
D’ailleurs des scientifiques du laboratoire national Argonne ont décrit comment il était possible, moyennant 25 dollars de matériel, de modifier le vote électronique. lien
Pamela Smith, de la fondation VVF, affirme que ces études mettent en évidence le fait qu’il peut y avoir des problèmes « venant de l’extérieur, comme de l’intérieur ». Lien
Pour Dan Wallach, spécialiste de l’informatique à l’Université Ric, peu de choses ont changé depuis que de premières études ont mis en lumière la vulnérabilité de ces machines. Lien
Déjà en 2000, Al Gore, dans un premier temps avait été donné gagnant, mais sous la pression de la chaine Fox News, George Bush l’avait finalement emporté, tout ça suite à une contestation liée au vote électronique, (lien) et on se souvient de la campagne américaine de 2004 dans laquelle George W.Bush avait été élu d’un cheveu, face à John Kerry, campagne dans laquelle de lourdes présomptions portent encore aujourd’hui sur une possible fraude électorale.
Pour cette élection, Bev Harris, animatrice d’une association d’alerte contre les risques du vote électronique, a affirmé avoir découvert que l’ordinateur de centralisation des votes électroniques fourni par la société Diebold était des plus faciles à pirater, et donc à manipuler. lien
A l’époque le PDG de cette entreprise avait ouvertement déclaré ses sympathies pour le parti républicain, affirmant qu’il s’engageait à « aider l’Ohio à donner ses voix au président l’année prochaine ». lien
En tout cas, pour Richard Soudriette, président du centre pour la diplomatie et de la démocratie, au MIT (Massachusetts Institute of Technology) « il y a eu tellement de mauvaise publicité autour du vote électronique que je ne crois pas qu’on s’en remettra ».
Un informaticien Hollandais a démontré, vidéo à l’appui, qu’il suffit, en quelques minutes, de changer la puce électronique d’origine de la machine à voter, pour donner des voix à la personne qui n’a pas été choisie.
Or, le fabricant leader de machines à voter est néerlandais, et ce sont justement celles-ci qui sont majoritairement choisies en France. lien
Pour cette raison, de nombreux pays ont décidé de les interdire, comme par exemple les Pays Bas, l’Allemagne ou l’Irlande. lien
En effet, Nedap, le leader en la matière de ces machines a perdu sa certification en octobre 2007. lien
Rappelons que ce sont ces machines qui vont être largement utilisées en France pour l’élection qui vient. lien
D’après l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques) il y a dans notre pays 43 millions d’électeurs, (lien), et si on table sur 70% de votants, cela représente tout de même 30 millions d’électeurs, dont 8% pourraient voir leur vote détourné.
En 2007 l’écart de voix entre Sarközy et Royal était de 2 147 698 voix, soit moins que le nombre de votes électroniques (2 500 000) qui seront effectués en 2012. lien
Une fraude massive, et un écart de voix limité entre les deux postulants pourrait donc faire basculer l’élection.
Il y a un autre problème.
Des observateurs attentifs ont remarqué que le nombre d’expatriés inscrits sur les listes électorales a étrangement augmenté de 27% par rapport à 2007, et l’on sait que ce genre de pratique, consistant à faire voter des électeurs dont on est sur qu’ils ne se déplaceront pas pour l’élection, et à les inscrire à leur insu sur des listes électorales, pourrait bien être le signe d’une tentative de fraude.
On remarque d’ailleurs qu’en 2007 le nombre d’inscrits des français établis à l’étranger avait fait un bond remarquable, passant de 385 615 à 821 919. lien
Or si cette fraude est parfaitement détectable avec le vote classique, elle est beaucoup plus compliquée à mettre en évidence avec le vote électronique.
Suite à ces doutes qui pèsent sur la sincérité du vote, 8 des 12 candidats présents en 2007 avaient demandé en vain un moratoire, afin d’empêcher de pérenniser l’utilisation des machines électroniques, trois des candidats n’ont pas pris position et le seul candidat à soutenir cette pratique était un certain Nicolas Sarközi.
D’ailleurs, André Santini, soutenu par les marchands de machines à voter, est l’un des meilleurs promoteurs de ce système, semblant oublier le cout de l’opération qui se situe entre 3000 et 6000 € par machine ce qui fait tache à cette époque de crise et de quasi faillite de l’Etat. lien
Aujourd’hui, toute la procédure électorale repose sur les épaules d’un seul homme, un certain Claude Guéant, ministre de l’intérieur.
Pour signer la pétition pour le maintien du vote papier, c’est sur ce lien.
Ce qui est amusant c’est que la loi 69-419 du 10 mai 1969, décidée pour permettre l’utilisation des machines à voter, avait comme principal argument la lutte contre la fraude et ce fut la région parisienne et la Corse qui firent les frais des premières expérimentations, (lien) la Corse, cette jolie ile, connue pour son célèbre dicton « on a annulé les élections car on connaissait déjà les résultats ». lien
Comme dit mon vieil ami africain : « la route n’enseigne pas au voyageur ce qui l’attend à l’arrivée ».
L’image illustrant l’article provient de « canoe.ca »
Merci à Corinne Py pour son aide efficace.
Olivier Cabanel
Voir en ligne : Vol au-dessus d’un nid de cocus
(via Truks en Vrak)
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