6 septembre 2011

Fukushima : le scandale des eaux usées


Guillaume Duhamel | Zegreenweb | Lundi 5 septembre 2011 
Incroyable mais vrai : une partie des boues radioactives issues de la centrale de Fukushima 1 est revendue sous forme d'engrais à des agriculteurs japonais
« Avaler » le flux de boues radioactives qui s’accumulent sur le site de Fukushima 1 et les retraiter aussi vite que possible. Ce défi herculéen, l’opérateur TEPCO (Tokyo Electric Power COmpany), en pleine déliquescence depuis l’accident de la centrale, gérée pendant des années avec une légèreté coupable, ce qu’il a finalement payé au prix fort, ne pouvait le relever seul.

L’exploitant, qui n’est pas un acteur du nucléaire à proprement parler, a pu compter sur les renforts du numéro un mondial de l’atome Areva et de l’entreprise américaine Kurion, co-concepteurs d’un système de décontamination malheureusement en proie à de nombreux problèmes techniques. Les quantités à retraiter sont-elles trop importantes au regard de ses capacités d’absorption ? Ce dispositif est-il trop complexe ou au contraire trop rudimentaire pour être durablement efficace ? Toujours est-il qu’il a connu de multiples défaillances (certes de gravité inégale) depuis sa mise en service au début de l’été, rendant plus aléatoire encore la réussite des plans de TEPCO, dont il ne fait plus de doute aujourd’hui qu’il ne respectera pas la feuille de route initiale.


Dans le même temps, et dans l’indifférence générale, les travailleurs de l’usine de Saitama, située à deux cent soixante-dix kilomètres de la centrale accidentée et qui fait partie de la douzaine de sites en partie sinon totalement dédiés à leur accueil, voient défiler chaque jour d’importantes quantités d’eaux usées, dont une partie provenant de Fukushima 1 et de ses environs, celles-ci étant par essence contaminées. Une pollution impossible à traiter dans sa totalité et à évacuer dans les égouts que ces employés qui n’ont reçu aucune formation spécifique recouvrent de bâches imperméables, lesquelles s’étendent déjà sur un kilomètre de long ! Les usines dévolues au traitement desdites eaux usées devant pour certaines prochainement atteindre leurs capacités limites de stockage, on peut d’ores et déjà s’interroger sur l’avenir des opérations. Et ce n’est pas tout : d’après un reportage réalisé par nos confrères de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, une quantité non négligeable de ces eaux usées, considérée comme « plus sûre », serait transformée avant d’être revendue sous forme d’engrais à des agriculteurs japonais.

Le nouveau gouvernement de Yoshihiko Noda aura-t-il la décence de prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à cet abject recyclage, susceptible de faire courir des risques inacceptables à des millions de Japonais ? On ne pouvait en tout cas pas mieux faire pour entretenir la pollution radioactive dans les terres, la crise alimentaire - promise à devenir une dépression si cette aberration devait persister – bref aggraver les menaces nées du plus grave accident nucléaire qu’ait connu l’humanité depuis un quart de siècle. Ils voudraient entretenir le cercle vicieux qu’ils ne s’y prendraient pas autrement…

illustration: 410 Nonuke

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